1-Main Title 2.29
2-Pencil Neck 1.05
3-Hans Verbosemann 1.47
4-House Humongous 1.20
5-Johannes Brahms:
Piano Quartet In G Minor
Op.25, Excerpt
Arr. Don Davis 2.32
6-Funky Old House 1.52
7-No Exit 1.08
8-Gun Control 1.25
9-Surprise 1.20
10-Price Pestiferous 1.35
11-Misty Misogamy 1.53
12-Coagulatory Calamity 3.59
13-Melissa In Wonderland 3.45
14-Sorry, Tulip 1.25
15-Struggling To Escape 1.47
16-Soiree A Saturation 3.18
17-On The House 1.34
18-Dead But Nice 2.05
19-Blackburn's Surprise 0.48
20-Encountering
Mr.Blackburn 2.03
21-The Price Petard 1.58
22-Epiphanic Evelyn 3.48
23-The Corpus Delicti
Committee Meeting 2.26
24-Price In Perpetuity 2.55
25-The Beast With The Least 3.06

Musique  composée par:

Don Davis

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6088

Album produit par:
Don Davis
Co-produit par:
Robert Townson
Monté par:
Joe E.Rand

Artwork and pictures (c) 1999 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ****
HOUSE ON HAUNTED HILL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Don Davis
Réalisé par William Malone, obscur réalisateur des années 80 spécialisé dans l’épouvante, « House on Haunted Hill » (La Maison de L'Horreur) n’est autre que le remake du film éponyme de 1959 réalisé par William Castle, reprenant quelques éléments du film « Don’t Look in the Basement » de S.F. Brownrigg datant de 1973. Produit par Robert Zemeckis et Joel Silver, « House on Haunted Hill » nous ramène dans la maison hantée du film de 1959. Le milliardaire Steven Price (Geoffrey Rush) décide de fêter l’anniversaire de sa femme Evelyn (Famke Janssen), qu’il sait infidèle, dans son nouveau parc d’attractions sur le thème de l’horreur et du fantastique, à l’intérieur d’un gigantesque manoir spécialement aménagé pour l’occasion. Et pour se faire, Price, en tant que richissime forain, va inviter plusieurs personnes pour inaugurer sa toute dernière attraction dans le manoir hanté : survivre à une nuit de terreur à l’intérieur même de l’immense demeure. Le survivant qui se manifestera au petit matin gagnera la modique somme de un million de dollars. Seulement voilà : les invités ne sont pas ceux que Price avait prévus sur sa liste. Qu’à cela ne tienne, le jeu peut désormais commencer. Mais ce que le richissime organisateur de la soirée à sensation n’avait pas prévu, c’est que le manoir se trouve être réellement hanté par les âmes maudites des anciennes victimes d’un médecin tortionnaire qui sévit dans les années 30. Avec ses quelques trouvailles visuelles fortes et ses scènes gores d’usage, « House on Haunted Hill » aurait pu gagner en intérêt si sa dernière partie n’avait pas sombré dans de l’image de synthé de bas étage, à l'instar de l'insipide « The Haunting » de Jan De Bont (sur un sujet assez similaire). Quoiqu'il en soit, William Malone a quand même réussi à insuffler à son film un véritable climat de terreur frénétique et de folie totale, gâché par une dernière partie trop hollywoodienne pour être honnête (production Warner oblige !). Dommage, le film avait pourtant un vrai potentiel que le réalisateur a gâché par une utilisation peu crédible des images numériques et un scénario ultra prévisible.

Don Davis revient après « The Matrix » et le navrant « Universal Soldiers : The Return » dans « House on Haunted Hill », une terrifiante partition à vous glacer le sang, une oeuvre baignant dans la dissonance psychotique, le chaos des sons, le choc de l'orchestre. Véritable défouloir à dissonances, la partition concoctée par le compositeur de « Matrix » remet constamment l'oreille de l'auditeur en question. Tout ce qui fait l'intérêt de cette musique réside essentiellement dans le fait que Don Davis a su trouver un compromis assez génial entre certaines conventions musicales du genre et quelques touches fantaisies plus personnelles révélatrices d'un talent qui ne cesse de s’épanouir depuis l'excellent « Matrix ». Evidemment, le compositeur utilise l’orchestre symphonique et des effets plus conventionnels pour créer la tension et la terreur qui ne cesse de grandir au sein de cette maison des horreurs, lieu maudit hanté par les esprits des nombreux morts causés par le sinistre docteur Vannacutt. Don Davis ajoute aussi à son orchestre un orgue qui apporte un souffle gothique puissante à la partition, à l’instar des musiques des grands films de maison hantée d’antan. Enfin, le compositeur utilise un choeur de façon plus hystérique et frénétique, un véritable amas de cris chaotiques et de cris que l'on n'avait rarement entendu depuis « The Omen » de Jerry Goldsmith. Cet excellent travail vocal s'inspire des oeuvres de compositeurs savants contemporains du 20ème siècle. On pense notamment à Penderecki dont on retiendra par exemple « Le Réveil de Jacob » (brillamment utilisé par Kubrick dans « The Shining »), le « Dies Irae à la mémoire des victimes d'Auschwitz » ou la « Passion selon St-Luc », qui se rapproche beaucoup du style vocal des choeurs dans « House on Haunted Hill ». Enfin pour finir, Don Davis nous offre quelques petites surprises et introduit par exemple de façon inattendue une guitare électrique avec des percussions rock dans un morceau du score, ou nous offre quelques pièces plus calmes et purement musicales comme la valse de « Hans Verbosemann » que l'on entend tout au début du film (un médecin l'écoute sur une machine pendant que ses collègues commettent des atrocités sur des patients) ou bien encore le magnifique « Sorry Tulip » avec ses arpèges d'orgue et sa mélodie mélancolique, sans oublier le morceau pour choeur écrit à la manière d'un Requiem classique, le magnifique « Price Petard ».

D'une manière globale, Don Davis a pu explorer sa propre voie musicale sur ce score aux nombreux effets doté d'un thème principal excellent et inspiré, entendu dès le « Main Title » -les premières notes de la mélodie sont en fait repiquées d'un thème préexistant composé par Don Davis pour le score de « House of Frankenstein ». Le thème de « House on Haunted Hill » pose d’emblée le climat de mystère et de frisson qui hante cette sombre maison des horreurs lors d'un générique de début aux images étranges et décalées. L'orchestre et l'orgue rendent le thème particulièrement inquiétant et pesant alors que l'orgue apporte cette ambiance gothique, mystique et ténébreuse, en hommage aux musiques de films de maison hantée à l'ancienne (dans le style des années 50), un instrument qui servaient alors à décrire ces maisons comme des monuments du passé hantées par des esprits malveillants et démoniaques. Le compositeur réutilise constamment son thème tout en le développant au sein de son orchestre, tandis qu'il illustre pour l’occasion le caractère horrifique et terrorisante de certaines scènes en ayant recours à un choeur diabolique et déchaîné qui prononce de façon aléatoire une série de phrases latines rendues incompréhensibles par un débits souvent extrêmes de notes, et un rendu polyphonique particulièrement chaotique et véritablement effrayant : l'effet fonctionne à merveille dans le film ! Cette utilisation très originale d'un choeur devrait d’ailleurs permettre à Don Davis d'être considéré comme un digne successeur des grands musiciens savants comme Penderecki, Ligeti ou bien encore Lutoslawski. On notera surtout cela dans les passages horrifiques ou gores du film (cf. scène où Price retrouve son complice chargé de gérer les pièges électroniques de la maison avec le visage arraché), ces passages de terreur musicale se métamorphosant ainsi en cris de terreur, des cris qui semblent surgir de nos peurs les plus profondes, du chaos de l'angoisse humaine dans toute son horreur.

Pris dans les choeurs de la terreur, Don Davis déchaîne son orchestre et accentue les effets de dissonances qu'il avait déjà beaucoup expérimenté dans des partitions telles que « Bound » ou « The Matrix » (on se souvient des excellents « Unable To Speak » ou « Exit Mr.Hat » par exemple), et plus particulièrement dans son emploi caractéristique des cuivres qui empilent par cascade progressive des intervalles de demi tons de façon frénétiques, à l'instar de « Exit Mr.Hat » dans « The Matrix » (une fameuse marque de fabrique du compositeur). Quoiqu'il en soit, Don Davis prolonge avec « House on Haunted Hill » son approche contemporaine et avant-gardiste de l’écriture orchestrale pour accompagner cette sombre descente aux enfers dans une maison "vivante", cherchant à tuer chacun des occupants qui tentent désespérément de sortir de cet enfer. Autre marque de fabrique du compositeur, cette utilisation très caractéristique de percussions métalliques qui martèlent certains morceaux comme dans « Trinity Infinity » ou « The Hotel Ambush » de « The Matrix ». La musique de Davis évoque l'impossibilité de sortir de ce cauchemar sans fin. Elle évoque aussi l'horreur qui guette à tout moment les malheureux invités de cette demeure infernale. Et pour renforcer l'aspect dérangeant de certains passages du film, le compositeur a aussi recours à des effets de synthétiseur particulièrement étranges qui renforcent le climat malsain du film, notamment dans la séquence où Price se retrouve enfermé dans une machine qui fait véhiculer des images qui rendent fou, la texture sonore des synthétiseurs étant particulièrement dérangeante voire malsaine dans « Soirée à Saturation ». Malgré tous ces passages chaotiques et frénétiques, Don Davis arrive malgré tout à céder parfois la place à quelques rares moments de grande émotion. On notera ainsi le très beau « Sorry Tulip » et ces arpèges d'orgue dramatiques, ainsi que le magnifique « Price Petard » et sa chorale grandiose et tragique qui fait penser à un Requiem. L'aspect dramatique de cette très magnifique pièce orchestrale/vocale transcende la scène où Jennifer, paniquée, tire sur Price avec son pistolet, Jennifer étant persuadée que Price est responsable de tout ce carnage. Le choeur dramatique de « Price Petard » est non seulement magnifique mais il évoque à la fois la détresse du milliardaire qui essaie de comprendre ce qu'il se passe ici et le triste sort que lui réserve une Jennifer armée. Ces rares moments d'émotion apportent un relief incroyable à une musique cauchemardesque et suffocante. Davis rehausse de façon spectaculaire l’intérêt de sa partition et apporte un éclectisme inattendu à la musique du film de William Malone.

Puis, lorsque le groupe se met en quête d'une sortie pour tenter de quitter cet enfer, Davis utilise une guitare électrique et une batterie rock qui apporte un certain fun inattendu et original à la scène. On notera aussi l’emploi tout aussi inattendu de sonorités arabisantes et synthétiques dans « Price Pestiferous » qui évoquent les soupçons des invités envers un pauvre Price innocent mais que l'on accuse lâchement d’avoir organisé toutes ces horreurs. Evidemment, les parties chorales hystériques et démoniaques restent les passages les plus mémorables de la partition, avec « Pencil Neck » ou le final chaotique de « The Beast With The Least ». Le problème vient surtout du montage de la musique dans le film : certaines parties chorales ont été retirées du mix du film et l'ensemble a parfois tendance à être trop écrasé par les différentes ambiances sonores du film. C'est pour cela que l'écoute sur l'album publié par Varèse Sarabande est tout simplement indispensable, afin de restituer toute la qualité de cette superbe composition de Don Davis.

Au final, « House on Haunted Hill » est une terrifiante partition remplie de petites surprises et de trouvailles en tout genre, chose étonnante dans un genre aussi conventionnel que la musique de film d’horreur. Don Davis nous rappelle encore une fois qu’il possède une réelle qualité d'écriture et une grande maîtrise du langage musical avant-gardiste qui apporte à ce score une énergie terrifiante et une noirceur gothique colossale. Avec « House on Haunted Hill », Don Davis continue son exploration de l'atonalité dissonante et expérimentale, entamée avec les brillants « The Matrix » et « Bound », et nous offre enfin une conclusion cauchemardesque et terrifiante sur l'éprouvant score de « House on Haunted Hill ». Une oeuvre captivante et profondément noire, une oeuvre d’une grande complexité et d’un éclectisme tout à fait étonnant et rafraîchissant, à découvrir sans plus tarder, une partition ténébreuse et extrêmement prenante à réserver surtout à tous ceux qui s'intéressent aux travaux chaotiques et atonaux d'un compositeur toujours aussi inspiré ! Une très grande oeuvre musicale, en somme !


---Quentin Billard