1-Tara Theme-Main Title
(including David O. Selznick's trademark) 4.12*
2-The Barbecue at
Twelve Oaks 3.29
3-The Ball 2.30
(Charleston Heel & Toe Polka/
Irish Washerwoman/Garry Owen/
Southern Belle Waltz)*
4-Ashley and Scarlett 2.35
5-Mammy 2.25
6-Christmas In Atlanta 4.58
7-Fall Of The South 1.23*
8-Intermission Music 1.25*
9-Sherman's March
Through Georgia 1.59
10-Ashley's Return
From The War 3.13
11-Scarlett and Rhett At Tara 2.26
12-Belle Watling 3.21
13-Rhett and Bonnie 2.37*
14-Scarlett's Fall-
Rhet's Remorse 3.35
15-Bonnie's Death 2.01
16-Tomorrow Is Another Day
-Finale 1.24

*Previously unreleased.

Musique  composée par:

Max Steiner

Editeur:

Polydor 817 116-2


Artwork and pictures (c) 1939 Selznick International Pictures. All rights reserved.

Note: ****1/2
GONE WITH THE WIND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Max Steiner
Avec 'Gone With The Wind' (Autant en Emporte le Vent) de Victor Fleming, c'est toute la dimension épique des grosses productions de l'âge d'or Hollywoodien qui prenait forme. Avec ces quelques 4 heures de film, Fleming et toute son équipe ont sut repousser toutes les limites et les contraintes techniques de l'époque pour faire de 'Gone With The Wind' un grand drame humain mêlant le romantisme et les sentiments sur fond de guerre de sécession entre le Nord et le Sud américain. Clarke Gable et Vivian Leigh ont littéralement immortalisés par leurs deux compositions respectives légendaires les personnages du capitaine Rhett Butler et de l'ambitieuse Scarlett O'Hara. Une telle splendeur cinématographique surprend encore les cinéphiles d'aujourd'hui. Avoir pris le pari de créer un film d'une telle envergure en 1939 repoussait toutes les limites. Ce fut un exploit sur bien des tableaux.

Pour la musique de Gone With The Wind, Max Steiner a composé près de trois heures de musique ce qui est absolument colossal évidemment. Si la plupart des enregistrements restituent les 38 minutes sélectionnées par Steiner pour représenter sa partition, les éditions discographiques de 'Gone With The Wind' n'en demeurent pas moins indispensables à toute bonne collection de béophile. Avec ce film immense, Steiner a montré tout ce qui faisait les ingrédients d'une grande partition musicale pour une grosse production épique Hollywoodienne: une musique pour un grand orchestre symphonique (larges sections de cordes et de cuivres, tissu orchestral très riche devant faire ressortir la splendeur des décors et des émotions), des nombreux morceaux répartis en grande séquence musicale pour illustrer les grandes séquences du film, des leitmotivs dans la plus pure tradition Wagnérienne représentant la plupart des personnages principaux du film, et surtout: un grand thème principal marquant, célèbre et principal intérêt de l'immense partition de Steiner.

Ainsi, le célèbre thème principal entendu dès l'ouverture du film est en fait lié à Tara, la terre-propriété de la famille de Scarlett O'Hara. Il évoque la magnificence du domaine, le côté épique des décors mais aussi la grandeur des sentiments et des émotions. Steiner fait monter son orchestre dans un tutti brillant et annonce son thème avec une belle et forte majestuosité. Il nous plonge dans le ton du film, il émeut le spectateur/auditeur un tant soit peu réceptif à une musique dans un générique de début et nous annonce tout le film à travers ce thème. Les cordes mélangées aux cuivres rendent ce thème épique et son côté romantique et majestueux ne cesse de faire vibrer les béophiles du monde entier (en tout cas ceux qui s'intéressent aux travaux de l'un des maîtres de l'âge d'Or Hollywoodien). La dernière partie du 'Main Title' permet à Steiner d'avoir recours à un choeur alors que le prologue annonce l'histoire: celle du très grand Sud Américain qui va vivre dans la douleur sa fin lors de la victoire des Yankees pendant la Guerre de Sécession. Le choeur donne ici aussi un côté épique. Steiner semble vouloir rendre hommage dans ce très court passage de la fin du 'Main Title' à tous ces hommes qui se sont battus et sont morts pour défendre une cause perdue d'avance (n'oublions pas tout de même que les Sudistes étaient pour l'esclavagisme). La manière dont Steiner fait chanter le choeur (plutôt doux sans grande vocalise ni effets vocaux particuliers) sonne évidemment un peu kitsch mais le ton est bel et bien donné et cela conclut à merveille le superbe 'Main Title'.

Steiner développe ensuite les différents aspects de sa musique à travers son grand orchestre. Le début du film dans la demeure des O'Hara et lors de leur petite fête est illustrée de manière joyeuse et sautillante à l'orchestre. (Steiner écrit une valse très "Straussienne" pour la scène de l'invitation à la danse) Steiner commence à développer ses quelques motifs attribués aux personnages principaux. On retient particulièrement au début celui de Gérald O'Hara, le père de Scarlett et celui de Mammy, la domestique de Scarlett qui deviendra vite une amie précieuse pour Scarlett. On trouve dans le motif de Gérald un côté plutôt frais, chantant et joyeux voire bon enfant tandis que celui de Mammy est un peu plus rythmique. D'une manière générale, il y'a toujours cet esprit bon enfant dans la musique de Steiner, rivalisant avec les moments sombres et dramatiques de la guerre. L'atout de Steiner est de savoir utiliser des airs populaires dans sa musique. L'un des fameux moments concernent celui où Scarlett se retrouve dans la gare où des milliers de blessés sont soignés. Dans ces séquences, Steiner utilise l'hymne traditionnel américain 'Johnny's Coming Home' (déjà entendu dans 'Die Hard 3' de Kamen puis par John Powell et H.G.Williams dans 'Antz') qu'il adapte avec habileté dans son orchestre pour évoquer ainsi la présence de la guerre dans un sud ravagé par les attaques incessantes des yankees. Steiner utilise aussi d'autres airs populaires qu'il adapte soigneusement toujours dans son écriture orchestrale. Quoiqu'il en soit, la partition regorge de petites idées comme celles-ci qui montrent toute l'étendue du travail et de la réflexion de Steiner vis-à-vis de son oeuvre. Evidemment, il conserve toujours le thème principal de Tara même au sein de ces nombreux motifs. On en trouvera un autre plus loin attaché au personnage de Belle, un motif toujours assez léger avec cet esprit bon enfant (voire un peu naïf) très années 30!). Les choeurs font leur réapparition pour la scène du voyage de noce de Scarlett et Butler à bord d'une magnifique bateau à vapeur (ils chantent toujours avec ce côté doux un peu kitsch).

Mais Steiner ne se contente pas simplement d'évoquer les sentiments. De grands moments d'aventure défilent à travers sa brillante partition symphonique. Les deux pièces les plus marquantes à ce propos restent celles qui illustrent respectivement la fuite de Scarlett et Rhett à bord d'un chariot alors qu'une partie de la ville brûle puis celle de l'attaque du chariot de Scarlett par des brigands. Ces deux séquences permettent à Steiner de libérer son orchestre qui décrit des moments d'action/aventure plutôt agité en faisant simplement ressortir à chaque fois le côté menaçant et le danger de ces deux situations (la section des cuivres étant particulièrement mise en valeur dans ces deux passages). L'une des réussites de la partition réside dans le fait que Steiner arrive avec beaucoup de talent à passer d'une scène à l'autre, d'une séquence à l'autre et d'une émotion à l'autre dans sa musique, tout en sachant toujours conserver une unité au sein de sa partition, largement entretenue par une orchestration toujours très soutenue et des leitmotivs plus ou moins présents tout au long des 4 heures du film. On passe vite de la naïveté et la joie de la vie à Tara au début du film à la guerre et ses méfaits tragiques dans la suite. La partie concernant la guerre est évidemment très cuivrée pour certains passages, mais Steiner y évoque aussi le drame humain sans forcément tomber dans des excès de sentimentalisme (on y remarque ainsi les emprunts à des airs traditionnels ou populaires).

Evidemment, 'Gone With The Wind' c'est aussi beaucoup de romantisme, et le Love Theme entre Mélanie et Ashley puis toute la partie concernant Rhett et Scarlett ou Scarlett et Ashley sont autant de moments romantiques que de séquences musicales tendres et douces. Malheureusement, ce ne sont pas forcément les passages les plus intéressants dans la musique de Max Steiner. Mis à part les leitmotivs que cela permet de véhiculer, l'ensemble de ces passages reste toujours un peu superficiel et n'atteint pas par exemple les moments romantiques de 'The Private Lives of Elizabeth and Essex' de Korngold qui eux étaient beaucoup plus intéressants musicalement. Ici, Steiner se contente de violons mielleux et d'une ambiance un peu monotone pour ces séquences, ce qui est dommage. En tout cas, Steiner suit de très près ces quelques quatre heures de film et passe avec habileté d'une émotion à l'autre. Pour récapituler, on a au début du film la description de la vie agréable à Tara, puis c'est le départ de la guerre et des ses tragédies. Scarlett se retrouve éloignée de sa famille avant de tomber sur Butler qui va l'aider à quitter la ville ravagée par les Nordistes. De retour à Tara, elle jure de ne jamais plus avoir à souffrir de la faim et des problèmes financiers (ce qui permet une très belle réutilisation du thème principal alors que l'on a ce plan d'une Scarlett se tenant fermement debout de manière fière devant un ciel très coloré, exprimant son serment) et ses affaires commerciales commencent. La dernière partie suivra son aventure et son mariage foireux avec Rhett Butler qui finira par quitter une Scarlett attristé qui comprendra alors qu'elle a mal agi durant tout cette période de sa vie. La fin plutôt brève et "cash" permet une magnifique reprise finale du thème de Tara pour conclure le film sur une note optimiste et épique: Steiner reprend son superbe thème cette fois accompagné du choeur qui le rend plus puissant que jamais.

En conclusion, 'Gone With The Wind' est une partition immense, un gigantesque travail de composition pour Max Steiner. Après le colossal 'King Kong', Max Steiner repoussait les limites de la musique de film avec une oeuvre très longue (épuisante à écouter dans son intégralité malheureusement!) et gigantesque, possédant une thématique puissante et une ambiance symphonique très riche, teintée des diverses émotions du film (drame, romantisme, gaieté, etc.). Que peut-on dire de plus? C'est un grand chef-d'œuvre incontournable de la musique de film, tout simplement!


---Quentin Billard