1-La Folie des Grandeurs 2.38
2-Flamenco Blaze,
Interprété par Yves Montand 4.39
3-Thème d'Amour 2.09
4-Strip-Tease de la duègne
(Version Cuivres) 1.21
5-Les Barbaresques 0.10
6-La Noria 2.37
7-L'Arrivée du Roi à L'Escurial 1.23
8-La Capture de César 1.25
9-Dona Salluste 3.08
10-Thème Myosotis 0.37
11-Strip-Tease de la duègne
(Version trio+cordes) 1.23
12-Tango de l'Arène 0.46
13-Thème Myosotis et
Valse des Courtisanes 1.52
14-La Fuite de Blaze/
L'Arrivée du Taureau 2.19
15-Flamenco Blaze
(Version alternative) 3.44
16-Thème d'Amour
(maquette inédite) 2.34
17-La Folie des Grandeurs
(Version Play-Back) 2.42

Musique  composée par:

Michel Polnareff

Editeur:

Emancy/Universal Music France
159 945-2

Direction musicale:
Michel Polnareff
Avec la participation de:
Yves Montand
(P) 1971 Sido Music / Hortensia/
Meridian. Editions Sido Music.

Artwork and pictures (c) 2000 Universal Music Jazz France. All rights reserved.

Note: ***1/2
LA FOLIE DES GRANDEURS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michel Polnareff
Grand classique incontournable de Gérard Oury, « La Folie des Grandeurs » met en scène un duo d'enfer, Louis De Funès et Yves Montand dans les rôles respectifs de Don Salluste le ministre des impôts et de la police du roi d'Espagne et Blaze, le valet de Don Salluste, dans cette adaptation très libre du « Ruy Blas » de Victor Hugo. Ministre du roi d’Espagne, Don Salluste est un être fourbe, hypocrite et manipulateur qui s’occupe lui-même de collecter les impôts pour le compte du roi. Mais ce que le roi ignore, c’est que son propre ministre détourne en partie l’argent des impôts pour s’enrichir sur le dos du peuple. Un jour, la reine accuse Don Salluste d’avoir fait un enfant illégitime à l’une de ses dames d’honneur. Condamné, le ministre est déchu de ses fonctions et doit désormais se retirer dans un monastère. Il décide alors d’organiser sa vengeance et demande de l’aide à son cousin César qui refuse. Don Salluste le fait alors capturer et l’envoie comme esclave aux Barbaresques. Il décide ensuite d’utiliser Blaze, son valet, qu’il fera passer auprès des autres pour César et l’aidera à séduire la reine afin d’assouvir sa soif de vengeance contre le roi. A son arrivée à la cour du roi, Blaze, déguisé en gentilhomme, déjoue un attentat contre le roi, ce qui lui vaut d’obtenir très rapidement les faveurs du couple royal et d’être nommé nouveau ministre du royaume. Tout fonctionne parfaitement pour Don Salluste jusqu’à ce qu’il finisse par découvrir qu’un nouvel attentat se prépare cette fois-ci contre Blaze, ce qui risque de faire échouer ses plans. Et comme si cela ne suffisait pas, Blaze a commis une maladresse de taille : croyant adresser sa flamme à la reine, le malchanceux valet découvre en réalité qu’il a fait sa déclaration à la duègne qui ne cesse de le poursuivre partout où il va. Au même moment, César est de retour, bien décidé à se venger de Don Salluste. Le film de Gérard Oury est un classique irrésistible de la comédie française des années 70, une grande farce dans laquelle Louis De Funès nous offre une interprétation magistrale et haute en couleur d’un Don Salluste détestable à souhait, la farce fonctionnant à merveille! Le film nous offre même quelques scènes d’anthologie pure (« monseignor, il est l’or de se réveillor ! ») et de belles séquences d’aventure. En bref, du cinéma de divertissement populaire de haut niveau, tout bonnement incontournable !

Le compositeur/chanteur Michel Polnareff a signé quelques partitions pour le cinéma français à l'instar de Serge Gainsbourg. La même année que la « Folie des Grandeurs » (1971), Polnareff composa aussi la musique du film « Ca n'arrive qu'aux autres » de Nadine Traintignant (avec Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni) puis pour « Les 3 Mousquetaires » de John Halas en 1974, « Lipstick » de Lamont Johnson en 1976 et « La Vengeance du Serpent à Plumes » de Gérard Oury avec Coluche en 1984. Pour « La Folie des Grandeurs », Polnareff utilise l'orchestre symphonique typique des années 70 en articulant son travail autour de deux thèmes principaux peu développés dans le film mais dont les apparitions ne font que renforcer le plaisir qui se dégage à l'écoute de cette excellente BO ! Le thème principal est un habile hommage à Ennio Morricone et à ses musiques de western-spaghetti des années 60/70, et plus particulièrement aux musiques des films de Sergio Leone. Très inspiré du style de Morricone même jusque dans les harmonies employées et dans le choix de l'instrumentation, on retrouve dans la musique de Polnareff les choeurs épiques et les fameux riffs de guitare électrique typiques des travaux de Morricone dans ces années là (« C'era la Volta Il West », « Il Buono Il Brutto Il Cattivo », etc.), le tout agrémenté de percussions enjouées et un ensemble instrumentale évoquant les chevauchées de cow-boys dans le Far-West d’antan. Ici, ce n'est pas le Far-West à proprement parler mais l'Espagne, et la transposition de ce style musical dans le contexte du film de Gérard Oury est tout bonnement irrésistible et savoureuse : une très bonne idée qui apporte incontestablement au film une certaine identité musicale forte.

Ainsi donc, le thème principal de « La Folie des Grandeurs », facilement mémorisable dès la première écoute, demeure particulièrement vif et entraînant, plongeant le spectateur dans un univers qui lui est familier, Gérard Oury ayant probablement voulu ainsi rendre hommage aux westerns spaghettis de Sergio Léone et aux classiques indémodables d’Ennio Morricone. Le deuxième thème principal de la partition de Michel Polnareff est le thème d'amour évoquant l’idylle naissante entre Blaze et la reine (interprétée par Karin Schubert et son accent germanique volontairement exagéré), dans un style nostalgique rétro très sixties/seventies (utilisation d’un clavier électrique, sonorités très kitsch proche du style des chansons des années 60). Le thème romantique apparaît pour la première fois dans le film lors de la scène des fleurs, puis lors des retrouvailles des deux personnages dans le jardin (une scène qui rappelle un peu le Shakespeare de « Roméo et Juliette »), un très beau thème principal qui s’avère être lui aussi facilement mémorisable, le parallèle entre les deux thèmes pourtant très éloignés l'un de l'autre (l'un évoquant l'aventure et les chevauchées western, l'autre l'amour et la passion) permettant d'offrir au film et à sa musique un petit plus émotionnel tout à fait remarquable. Michel Polnareff évoque aussi la conspiration visant à assassiner le roi en utilisant des sonorités plus ironiques que réellement sombres (le film est avant tout une comédie qui refuse constamment de se prendre au sérieux !). L'humour est néanmoins très présent dans la musique de « La Folie des Grandeurs ». Hormis un ou deux passages plutôt orienté vers les chevauchées héroïques du début, on retrouve aussi quelques danses fort agréables comme le flamenco de Blaze qui réveille en pleine nuit un Don Salluste furieux (scène hilarante !) ou la musique de la séquence dans l'arène en forme de tango, sans oublier le strip-tease de la duègne en forme de musique jazzy amusante et faussement sensuelle. Polnareff se permet même un petit anachronisme "musical" en utilisant une batterie pop/rock pour la scène du retour du roi à Escurial : autant dire que le compositeur semble s’être bien amusé en écrivant la musique du film de Gérard Oury, une musique populaire et accessible dans le bon sens du terme, écrite avec un soin tout particulier.

Que dire de plus si ce n'est que « La Folie des Grandeurs » s’apparente à ce style de partition que l'on apprécie aisément dès les premières écoutes et qui évoque à merveille les images du film tout au long de l’écoute. Michel Polnareff mélange les genres musicaux avec une aisance rare (chevauchée western/romantique/flamenco/danse hispanique...) et entraîne l'auditeur dans le ton comédie/aventure de l’excellent film de Gérard Oury. L'ensemble reste très entraînant et assez irrésistible, une partition à recommander chaleureusement à tous ceux qui voudraient s'intéresser aux quelques rares incursions de Michel Polnareff dans le monde de la musique de film française !



---Quentin Billard