1-Ricochet* 5.01
2-Main Title 2.12
3-Showdown 2.27
4-Gladiator Fight 2.27
5-The Escape 2.04
6-Viking Funeral 1.04
7-Power Out 5.31
8-Bed and Breakfast 2.55
9-Drunken Nick 1.17
10-Nazi Bookstore 1.13
11-Nick Styles Show 2.00
12-Blake Gets The Point 5.20
13-Silver Pictures Logo 0.19

*Ecrit par Ice-T
Interprété et arrangé par Ice-T

Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5344

Produit par:
Alan Silvestri
Producteur exécutif:
Robert Townson
Monteur superviseur de
la musique:
Kenneth Karman
Montage de la musique:
Jacqueline Tager
Assistant de production:
Tom Null
"Ricochet"
Producteur exécutif:
Ice-T for Rhyme
Syndicate Records

Produit par:
D.J. Aladdin, Ice-T

Artwork and pictures (c) 1991 Warner Bros Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
RICOCHET
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
Pour une fois, soyons direct, 'Ricochet' est le navet hollywoodien par excellence: des situations grotesques, un scénario inexistant, des protagonistes dénués de toute forme de personnalité, etc. Le vide total en somme! C'est le tâcheron Russell Mulcahy qui s'empresse de nous prouver une fois encore qu'il n'a décidément aucun talent, lui qui ne connut finalement qu'un seul grand succès dans sa carrière, un certain 'Highlander', etc. L'histoire de ce thriller ultra banal est on ne peut plus simple: un soir, le jeune policier Nick Styles (Denzel Washington) patrouille avec son équipier Larry Doyle (Kevin Pollack) lorsqu'il croise par hasard le chemin d'Earl Talbott Blake (John Lithgow), un criminel qui vient d'assassiner plusieurs truands pour les dévaliser. Après une altercation musclée, Styles arrête Blake. Quelques années plus tard, Styles est devenu assistant du procureur Priscilla Brimleigh (Lindsay Wagner) et a fondé une famille. Pendant ce temps, Blake, furieux, organise son évasion avec l'aide d'un sinistre néo-nazi. Il va alors préparer sa vengeance et tout faire pour pourrir la vie de Nick Styles, jusqu'à ce que ce dernier décide de se rebiffer et de régler son compte à Blake en lui tendant un piège. Thriller basique par excellence, 'Ricochet' est une énième variante du thème de la vengeance, appliqué ici à la lettre alors que le film porte bien son nom: une vengeance qui finit par faire ricochet et en entraîne une autre, la loi du talion en somme! Une fois encore, Denzel Washington s'impose par son charisme naturel tandis que John Lithgow nous prouve qu'il est décidément passé maître dans l'art de camper les méchants sans scrupules. Pour le reste, on devra supporter pendant 90 minutes une intrigue revancharde qui tient sur une ligne, de la violence gratuite et un dénouement expéditif et grotesque. Quand on sait que c'est le médiocre Steven E. De Souza qui a écrit le scénario (auteur du scénario de 'Commando', si l'on ose affirmer qu'il y a bien un scénario dans ce film...), il n'y a pas de quoi être surpris concernant la nullité du script de 'Ricochet', et la platitude pitoyable de la réalisation. Bref, un thriller sans intérêt à oublier!

Alan Silvestri compose la musique de 'Ricochet' la même année que celle de 'Shattered' de Wolfgang Petersen, deux partitions thriller au style similaire. 'Ricochet' est certainement la partition de Silvestri qui se rapproche le plus de celle de 'Predator' (1987). On y retrouve cette même férocité orchestrale, ces mêmes martèlements rythmiques, ces rythmes 'labyrinthiques' répétitif (qui donnent l'impression de toujours revenir sur la même chose, au même endroit) et ce même goût pour une sauvagerie orchestrale totalement maîtrisée. Ainsi, toutes les marques de fabriques du compositeur dans le domaine des thriller ressortent dans le score du film de Russell Mulcahy. Le 'Main Title' donne d'emblée le ton du score. Silvestri ouvre le film avec ces hypnotisants rythmes "labyrinthiques" martelés et répétés inlassablement, qui donnent l'impression de ne jamais pouvoir trouver d'issue (d'où l'expression "labyrinthique"). Le 'Main Title' réutilise ce matériel rythmique qui plonge de suite l'auditeur dans le climat typiquement thriller du film, vu ici sous un angle agressif et menaçant. Les rythmes martelés pourraient aussi se voir comme une sorte d'astucieuse métaphore musicale des ricochets, une sorte de ricochet rythmique que le compositeur assume pleinement tout au long du film, suggérant avec une certaine violence l'inexorabilité de la vengeance de Blake et de Styles, et l'imminence d'un futur affrontement entre les deux ennemis jurés. Du point de vue purement instrument, Silvestri fonctionne toujours avec les mêmes ingrédients: coups de timbales avec piano, cordes tendues et cuivres agressifs et dissonants. Le compositeur annonce aussi dès ce 'Main Title' l'unique thème principal du film, un motif de cordes ascendants qui évoque clairement la menace qui pèsera tout au long du film sur Nick Styles, pris pour cible par un Blake revanchard. Il est amusant de constater à quel point la rythmique obsessionnelle du thème rappelle beaucoup celle du thème de 'Psycho' de Bernard Herrmann, qui reste décidément la référence musicale incontournable en matière de musique de thriller! Ce thème sert en tout cas d'élément fédérateur à la partition.

La sauvagerie de Blake est clairement évoquée dans le sauvage 'Gladiator Fight' alors que ce dernier se bat en prison dans un tournoi de gladiateurs contre un membre d'un groupe nazis que Blake a violenté dès son arrivée en prison. Ici, cuivres et timbales sont particulièrement mis en avant dans des rythmes martelés sauvagement pour évoquer la brutalité extrême de la scène. Cette illustration orchestrale de la violence du personnage qu'interprète à merveille John Lithgow se retrouvera tout au long de la partition et dans les principaux morceaux d'action, d'une efficacité redoutable dans le film. Silvestri illustre aussi les moments de suspense et de tension plus proche du style de 'Shattered', comme par exemple le sombre 'Power Out' pour la scène où Blake s'introduit chez Nick après avoir coupé le courant en se faisant passer pour un réparateur d'électricité (sans aucun l'un des morceaux de suspense les plus sinistres de toute la partition de 'Ricochet'), ou comme dans le sombre 'Bed and Breakfast', lorsque Nick est kidnappé et drogué par Blake, qui prépare sa vengeance vicieuse. Ces passages de tension orchestrale sont particulièrement efficaces et apportent un certain relief entre deux déchaînements orchestraux, la majorité du score étant finalement constitué de parties d'action particulièrement agressives. A ce sujet, on pourrait par exemple citer le frénétique 'The Escape' pour la scène où Blake s'évade de la prison, soutenue par des nouvelles formules rythmiques martelées de manière répétitive.

On respire finalement avec 'Drunken Nick', lorsque Styles est saoul et qu'il voit sa réputation dégradée par de fausses accusations dont Blake est le responsable direct. Le morceau utilise une formation instrumentale plus intimiste, incluant harpe, flûtes et cordes douces, suggérant un climat plus reposant et plus tendre, Styles se retrouvant face à ses problèmes alors qu'il commence à plonger dans l'alcool. A noter que Silvestri réutilisera ce thème pour la fin du film, lorsque Nick retrouve sa femme pour le traditionnel happy-end (morceau non présent sur l'album). On notera ensuite le morceau 'Nazi Bookstore' non retenu pour le film mais qui constitue une véritable petite surprise au sein de cet album: une marche nazie qui aurait du servir à l'origine pour la scène où Nick vient dans une boutique nazie pour faire parler sous la menace le libraire de la boutique. Cette marche nazie, dérangeante dans ce qu'elle cherche à évoquer, n'a pas été utilisée pour la scène.

Après le sombre 'Nick Styles Show', la confrontation finale entre Styles et Blake atteint son climax dans 'Blake Gets The Point' alors que les deux ennemis s'affrontent en haut d'une tour en construction. Certainement le meilleur passage d'action du score de 'Ricochet', 'Blake Gets The Point' illustre l'affrontement final avec une sauvagerie orchestrale d'une efficacité redoutable à l'écran, confrontation qui se conclura inexorablement sur la mort de l'un des deux adversaires, "un combat de la vie et de la mort" comme le suggère d'ailleurs une journaliste à la fin du film. En l'espace de 5 minutes 20, Alan Silvestri nous démontre tout son savoir-faire dans un dernier morceau d'action tonitruant à souhait, usant de sursauts orchestraux, de rythmes agressifs, de percussions martelées sauvagement, de cuivres et de cordes massifs (on pense ici à certains passages d'action de 'The Abyss' ou de 'Back To The Future II'). Vous l'aurez compris, 'Ricochet' n'est pas un score très original de la part d'Alan Silvestri, tant l'on y reconnaît ici toutes les traditionnelles marques de fabrique du compositeur, qui lorgne décidément du côté de 'Predator', dont il a hérité ce goût pour les rythmes martelés d'une sauvagerie extrême, et ce pour les besoins du thriller de Russell Mulcahy. Ainsi, malgré son manque de surprise et d'originalité, la BO de 'Ricochet' colle à merveille au film et nous permet de retrouver le grand Alan Silvestri des musiques de thrillers et des films d'action, un compositeur visiblement en pleine forme ici. On regrettera le fait que l'album soit finalement assez court (à peine 30 minutes) et omette de nombreux passages d'action/suspense du score, même si l'essentiel y est néanmoins résumé. Attention: amateur de subtilité, s'abstenir! 'Ricochet' est un score bourrin par excellence, assez jouissif, qui devrait séduire les aficionados d'Alan Silvestri mais risque de laisser indifférent les autres!


---Quentin Billard