1-Prologue 2.12
2-Harry's Wondrous World 5.20
3-The Arrival of Baby Harry 4.25
4-Visit to The Zoo and
Letters from Hogwarts 3.23
5-Diagon Alley and
The Gringotts Vault 4.06
6-Platform Nine-and-Three Quarters and The Journey
To Hogwarts 3.13
7-Entry Into The Great Hall
and The Banquet 3.42
8-Mr.Longbottom Flies 3.34
9-Hogwarts Forever! and
The Moving Stairs 3.46
10-The Norwegian Ridgeback
and a Change of Season 2.47
11-The Quidditch Match 8.28
12-Christmas at Hogwarts 2.55
13-The Invisibility Cloak
and The Library Scene 3.16
14-Fluffy's Harp 2.38
15-In The Devil's Snare
and The Flying Keys 2.20
16-The Chess Game 3.48
17-The Face of Voldemort 6.10
18-Leaving Hogwarts 2.13
19-Hedwig's Theme 5.11

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Warner Sunset/Atlantic Records
7567-93086-2

Album produit par:
John Williams
Monteur superviseur musique:
Ken Wannberg
Monteur musique:
Peter Myles
Directeurs en charge de la musique
pour Warner Bros. Pictures:
Gary LeMel, Doug Frank
Directeurs en charge de la musique
pour Atlantic Records:
Darren Higman

Artwork and pictures (c) 2001 Warner Bros. pour les USA et WEA International Inc. pour le reste du monde. All rights reserved.

Note: *****
HARRY POTTER AND
THE SORCERER'S STONE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Rarement un livre comme le « Harry Potter » de J.K. Rowling aura connu un tel succès auprès d'un public aussi bien jeune qu’âgé. Il était donc par conséquent normal qu’Hollywood envisage une adaptation cinématographique. C'est finalement le réalisateur Chris Colombus qui a été choisi par les producteurs de la Warner pour mettre en scène les aventures du jeune Harry Potter à l'école des sorciers de Poudlard. C’est le jeune acteur britannique Daniel Radcliffe (encore inconnu du public à cette époque) qui a été choisi par la production pour interpréter le rôle que beaucoup d'enfants ont rêvés de jouer à sa place, Harry Potter, un enfant de 11 ans élevé par un oncle et une tante détestables et qui croisera un jour le chemin de Hagrid (Robbie Coltrane), un géant qui révélera ses dons pour la magie et l'emmènera à Poudlard, l'école de sorcellerie où on l'attend depuis très longtemps. Ses parents furent de célèbres sorciers assassinés par le maléfique Lord Voldemort (celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom) il y a 11 ans. Le film suit ainsi la première année d’Harry à l’école des sorciers, et sa rencontre avec ceux qui deviendront ses deux plus fidèles amis : Ron Weasley (Rupert Grint) et Hermione Granger (Emma Watson). Ce sera aussi l’occasion de découvrir l’univers magique de Poudlard et des ses occupants, élèves comme professeurs - et parmi eux, le directeur de l’école, Dumbledore (Richard Harris) et le sinistre Severus Rogue (Alan Rickman), qui semble avoir une dent contre Harry Potter, pour une raison que ce dernier ignore encore. Cette première aventure permettra à Harry Potter de découvrir quelques uns des secrets de Poudlard et de retrouver la trace de la mystérieuse pierre philosophale, convoitée par un être maléfique. Evidemment, tous les fans du livre attendaient le film de Chris Colombus au tournant et ne furent pas déçu, même si l’on reprocha au réalisateur d’adopter un ton trop académique et lisse qui empêcha réellement tout le potentiel magique et fantaisiste du livre d’origine d’atteindre ici toute sa plénitude. Et pourtant, le réalisateur signe là un grand divertissement quasiment exclusivement dominé par un casting britannique (une constante dans la franchise voulue à l’origine par J.K. Rowling elle-même !), un film réjouissant aux effets spéciaux épatants, parsemé de quelques scènes mémorables de grande qualité (la scène du match de Quidditch, la scène avec le chien à trois têtes, la scène du troll, l’affrontement final, etc.). Quand à ceux qui ne sont pas réceptifs au livre d’origine, il leur faudra apprécier ce genre d'histoire faite de magiciens, de sorciers, de trolls et autres créatures étranges.

La musique de John Williams a sans aucun doute contribué au succès du film de Chris Colombus. « Harry Potter and the Sorcerer’s Stone » marque ainsi le retour du maestro Williams sur un film de Chris Colombus après « Home Alone » (1990), « Home Alone 2 : Lost In New York » (1992) et « Stepmom » (1998). La musique de « Harry Potter » représente la quintessence même de la personnalité musicale de John Williams, qui résume à travers cette partition d'une grande richesse l’essentiel de son style aventure/comédie/fantastique, servie par l’interprétation sans faille du London Symphony Orchestra. Constitué de deux thèmes mémorables, celui d'Harry Potter (composé de deux fragments mélodiques bien distincts mais formant néanmoins un seul bloc) et celui plus intime concernant les parents d'Harry et les souvenirs qu'il garde d'eux (ce thème faisant un peu penser par moment à « Hook », probablement l'une des oeuvres de Williams se rapprochant le plus de « Harry Potter »), John Williams a construit une partition symphonique d’une richesse incroyable pour ce film, une oeuvre qui rappelle même les plus grandes heures de sa collaboration avec Steven Spielberg. Malgré son âge, le maestro est toujours en pleine forme et illustre avec brio les aventures magiques et fantaisistes du célèbre sorcier à la cicatrice légendaire, insufflant une jeunesse et une certaine insouciance à sa musique, une insouciance qui sera d’ailleurs très vite tempérée vers le milieu de la partition.

Le thème principal est donc ici l'élément clé de la partition, un thème entendu dès le début du film et faisant intervenir le célesta, instrument fétiche de John Williams (déjà bien mis en valeur dans le « Home Alone » du même Chris Colombus) qui apporte au film un côté magique, avec les cordes et les cuivres sans oublier les quelques choeurs qui traversent la partition et qui accentuent le caractère magique et grandiose du film. Le fameux « Hedwig’s Theme » a ainsi acquis très vite une grande célébrité, une nouvelle mélodie extrêmement populaire de John Williams - et qu’on appela dès la sortie du film un « classique instantané » - un thème connu et reconnu par tous, et qui vient rejoindre à ce titre quelques unes des autres mélodies célèbres du compositeur (« Jaws », « E.T. », « Indiana Jones », etc.). Totalement indissociable de l’univers de Harry Potter, le « Hedwig’s Theme » est un nouveau titre de gloire de la part du maestro, une sorte de mélodie à trois temps confiée à un célesta, et qui, avec ses harmonies mineures osées et sa mélodie aux intervalles torturées, résume parfaitement le mystère et la magie du mythe d’Harry Potter : un grand classique !

Certes, on pourra toujours reprocher à John Williams d’avoir un peu trop lorgné ici à plusieurs reprises sur certaines de ses partitions plus anciennes, qu’il s’agisse de « Hook », « Home Alone » ou bien encore « E.T. The Extra-Terrerstrial ». Le « Hedwig’s Theme » rappelle même par moment le thème de « Home Alone » (qui était écrit dans un style tout à fait similaire). On pourrait aussi penser à une danse du « Casse Noisette » de Tchaïkovski qui a sans aucun doute servi de modèle pour le compositeur. A noter que le morceau s’amplifie ici avec le rajout des différents instruments de l’orchestre qui reprennent et développent le thème de valse dans toute sa splendeur, accompagné de grands arpèges virtuoses de cordes/célesta du plus bel effet. Quoiqu’il en soit, s’il fallait retenir une couleur instrumentale particulière dans la partition de « Harry Potter », ce serait bel et bien le célesta, instrument indissociable du jeune sorcier de Poudlard ! John Williams semble vouloir renouer sur ce film avec l’esprit de certaines de ses plus grandes partitions, et l'influence plus que notable de « Hook », « Witches of Eastwick » (pour l'écriture de l’orchestre), « Home Alone » et par moment « Star Wars Episode I : The Phantom Menace » (pour certaines orchestrations) ne font que renforcer quelques vives impressions de déjà entendu. Néanmoins, il serait assez regrettable de ne s’arrêter qu’aux ressemblances de ce score à certaines oeuvres plus anciennes du maestro, car John Williams a véritablement écrit un nouveau chef-d’oeuvre pour le film de Chris Colombus.

Le thème de Harry (« Hedwig’s Theme ») évoque à merveille toute la magie du film avec son côté vaguement mystérieux et faussement sombre à la « Witches of Eastwick » (une autre partition de Williams qui se rapproche beaucoup de Harry Potter et qui traitait déjà de sorcellerie), sans oublier le rythme ternaire du thème qui s’apparente clairement à une valse un brin mystérieuse et magique - valse que Williams composa d’ailleurs à l’origine pour le trailer du film et qu’il réutilisa ensuite pour le score lui-même. Composé de deux parties que Williams n'hésite pas à séparer pour mieux les réunir ensuite, c'est la véritable colonne vertébrale de la partition autour de laquelle tournera aussi le thème plus intime d’Harry. Et puisqu’on parle de « Witches of Eastwick », signalons au passage la scène des marchés et de la banque Gringotts (« Diagon Alley and the Gringotts’s Vault »), Williams utilisant de manière très fantaisiste un violon soliste et une flûte à bec aux accents baroques, avec un style très fantaisiste qui rappelle la musique composée pour le film de George Miller datant de 1987. Les choeurs sont très présents dans la scène du banquet pour illustrer la magie de cette séquence (un morceau qui, là aussi, rappelle parfois la musique du banquet de « Hook »), des choeurs qui reviennent assez fréquemment au sein d’orchestrations toujours très riches et extrêmement soignées. La musique évoque dès le début du film l’excitation de la découverte d’un nouveau monde fait de magie, de sorcier et d’êtres insolites. Williams évoque avec brio l’insouciance de l’enfance, à un âge où tout semble encore possible. C’est d’ailleurs en ce sens l’une des plus belles réussites du score de « Harry Potter and the Sorcerer’s Stone » : avoir su renouer avec notre âme d’enfant sans jamais trahir les qualités de la musique et l’élégance d’un classicisme d’écriture riche et complexe, qui doit aussi beaucoup à la musique anglo-saxonne.

A ce sujet, l’exemple le plus flagrant reste sans aucun doute le superbe hymne triomphant et solennel que Williams a écrit pour l’école de Gryffondor à laquelle appartiennent Harry et ses amis, un thème aux notes ascendantes qui exprime clairement la fierté et la noblesse d’âme de ses dignes représentants (et que Williams développera de façon extrêmement exubérante dans le magistral « Harry’s Wondrous World »). A ce sujet, « Hogwarts Forever ! » est assez représentatif ici aussi de ce mélange habile entre un classicisme d’écriture très 19èmiste et une exubérance bouillonnante associée au monde de l’enfance. L’arrangement de l’hymne de Gryffondor que nous propose Williams pour son quatuor de trombones dans « Hogwarts Forever ! » est tout simplement splendide encore une fois : le compositeur se paie même le luxe de nous offrir ici un morceau élaboré sur un contrepoint assez complexe, digne des grandes oeuvres d’antan (on pense clairement ici à Elgar !). Et toujours dans le sujet des thèmes du score, on notera un thème plus énergique et rythmé associé à l’amitié entre Harry, Ron et Hermione, et que l’on entend à plusieurs reprises dans « The Quidditch Match » et « Harry’s Wondrous World », un thème énergique et rafraîchissant constitué en deux parties : une mélodie ample aux cordes, et une seconde partie aux cuivres, répétant trois fois un même motif de quatre notes. Ce thème apporte une fraîcheur et une insouciance élégante à la relation amicale entre le trio de jeunes sorciers dans le film, une autre grande réussite du score ! On n’omettra pas non plus de mentionner le très beau thème familial qui évoque les souvenirs des parents d’Harry, entendu ici aussi à plusieurs reprises tout au long du film, un thème familial très touchant et assez simple, reposant d’ailleurs sur des harmonies plutôt suaves et bien trouvées.

Avec son atmosphère de magie et de mystère, John Williams nous fait très rapidement rentrer dans l'histoire imaginée par J.K. Rowling avec force et conviction, une puissance flagrante dans deux grandes scènes du film : celle du match de Quidditch (sorte de match de foot se jouant sur des balais volants) et celle du jeu d'échec. La première (« The Quidditch Match ») utilise des orchestrations cuivrées et un caractère plus majestueux et martial (cuivres particulièrement mis en avant) qui rappelle beaucoup la musique de la course de vaisseaux de « Flag Parade » dans « Star Wars Episode I : The Phantom Menace » (on pense aussi à « Anakin Defeats Sebulba » « Star Wars Episode 1 » !) par son aspect majestueux et cuivré. Il s’agit donc d’un long morceau d'action pur et dur renforçant les frissons du match de Quidditch, une séquence pour laquelle John Williams a écrit une excellente pièce d'action/aventure orchestrale démontrant encore une fois à quel point Williams sait maîtriser l'écriture symphonique dans toute sa splendeur. Sa musique apporte une puissance, un rythme et une excitation incroyable à cette scène. Comme toujours, l’écriture orchestrale du maestro s’avère être éminemment riche et complexe, bourrée de multiples détails instrumentaux (et contenant aussi quelques uns des tics d’écriture du compositeur !), sans aucun doute l’un des meilleurs morceaux de la partition de « Harry Potter ». Le deuxième grand tour de force orchestral de la partition de Williams est bien sûr celui de la scène du jeu d'échec vers la fin du film (« The Chess Game »), morceau largement valorisé par l'utilisation très appuyée et surprenante de percussions diverses qui viennent rompre le climat mystérieux et un tantinet ironique de la partition. Les diverses percussions apportent une force incroyable à cette scène du jeu d’échec, pièce dans laquelle les percussions prennent le relais de manière inattendue et renforcent le suspense de cette superbe séquence dans laquelle Harry et ses deux amis doivent subir une épreuve pour pouvoir traverser la pièce suivante les conduisant tout droit au mystérieux individu qui recherche la pierre philosophale. La caisse claire martiale ainsi que les tambours et les xylophones renforcent ici l'intensité de cette scène, dans un style qui n’est pas sans rappeler le « Ionisation » d’Edgar Varèse : un autre grand moment de la partition de « Harry Potter » !

Au fur et à mesure que l'histoire avance, la musique de John Williams devient de plus en plus sombre (le climat étant évidemment atteint lors de la confrontation finale contre Voldemort), avec notamment les séquences concernant le chien à trois têtes ou bien encore la scène dans la forêt avec le cadavre du Tricorne, sans oublier un autre passage à part dans la partition de Williams et qui se distingue par sa terrifiante ambiance de mystère sinistre, la séquence où Harry met sa cape d’invisibilité et traverse ainsi la bibliothèque de l'école avant de découvrir le miroir magique du Risèd (« The Invisibility Cloak and the Library Scene »). Ici, la musique nous plonge dans une ambiance sombre et retenue dans laquelle une sonorité électronique étrange et caverneuse traverse le morceau pour apporter une atmosphère froide et sinistre au morceau, le tout renforcé par quelques choeurs qui semblent chuchoter par endroit, un morceau absolument prenant dans le film et qui valorise tout particulièrement cette séquence du film. Notons aussi le passage avec la harpe qui endort le cerbère (« Fluffy’s Harp »), la pièce que joue elle-même la harpe ensorcelée étant évidemment composée par Williams - le maestro se fait plaisir ici et nous offre un petit duo étrange entre la harpe et un contrebasson sous la forme d’un dialogue entre les deux instruments : une jolie surprise, avec, en plus, une écriture assez élégante de la harpe qui alterne partie mélodiques et trilles du plus bel effet ! John Williams se fait véritablement plaisir et arrive à nous glisser de bien belles surprises entre deux gros mastodontes orchestraux où règnent la magie et l’aventure, variant ainsi les ambiances à loisir avec une grande inventivité.

Finalement, la partie plus sombre de l’histoire est essentiellement représentée par les pièces illustrant l’énigme de la pierre philosophale ou de Voldemort. C’est le terrifiant « The Face of Voldemort » qui résume à lui tout seul toute la facette plus noire de cette partition monumentale, le morceau illustrant le final où Harry rencontre enfin le cruel Voldemort, scène que John Williams a rendu particulièrement intense en condensant toutes les idées thématiques liées à Voldemort et à la pierre philosophale dans le film. Ainsi donc, la pierre a droit à son propre motif dans le film, un motif de 3 notes mystérieuses et sombres entendu pour la première fois dans « The Gringotts’s Vault » lorsqu’Hagrid vient chercher la pierre philosophale en compagnie d’Harry, pour l’emmener ensuite en lieu sûr. A noter d’ailleurs que cette première apparition du motif est accompagnée à ce moment précis par une utilisation assez ténébreuse et mystérieuse de choeurs amples qui apportent un éclairage plus inquiétant et énigmatique à cette scène dans le coffre souterrain de Gringotts. Le motif de 3 notes revient tout au long du film comme une sorte de leitmotiv entêtant associé à l’énigme de la pierre philosophale. Et c’est avec « The Face of Voldemort » que le motif culminera enfin, associé cette fois-ci à un autre thème entendu plusieurs dans le score par bribe, et qui sera enfin exposé ici dans toute sa splendeur : le thème de Voldemort. Les auditeurs les plus attentifs pourront ainsi remarquer que le thème de Voldemort est déjà brièvement suggéré dans « The Quidditch Match », pour la scène où l’on voit Rogue marmonner des incantations au loin en fixant un Harry en difficulté (ses amis croient alors que Rogue est en train d’ensorceler le balai du jeune sorcier pour le forcer à chuter !). Avec « The Face of Voldemort », fini l’insouciance du début !

La musique bascule soudainement dans une atmosphère plus sombre, plus mystérieuse et fascinante, et aussi plus maléfique. La musique semble à la fois retenue et bouillonnante, prête à exploser au moindre instant, sournoise au plus haut point. Le motif de 3 notes revient et finit par se superposer au thème de Voldemort, exposé ici dans son intégralité de façon plus puissante. John Williams a crée des couleurs orchestrales assez saisissantes pour Voldemort : choeurs féminins mystérieux, sonorités électroniques aigues associées au motif de la pierre, cordes en harmonique, bois aigus, etc. Le compositeur développe ici des sonorités plus sombres et étranges, reprenant au passage quelques bribes du « Hedwig’s Theme » et du thème familial, lorsque le méchant force Harry à regarder le miroir du Risèd. On appréciera tout particulièrement la façon dont le thème familial - brièvement suggéré dans la scène lorsque Voldemort fait une fausse preuve à Harry en lui promettant de ressusciter ses parents s’il choisit de lui obéir - est repris ici sur un fond de cordes plus dissonantes, la nostalgie émouvante de ce très beau thème cédant cette fois la place à un thème ambigu qui semble sonner volontairement « faux » et sournois, comme pour faire comprendre au spectateur que quelque chose ne colle pas, que Voldemort est en train de manipuler le jeune Harry pour arriver à ses fins. Puis, le morceau explose enfin dans une conclusion plus chaotique précédée d’une longue montée de tension réellement impressionnante. Comme toujours, les orchestrations sont ainsi complexes et incroyablement maîtrisées, Williams faisant décidément preuve d’un brio rare lorsqu’il s’agit d’évoquer dans le film les passages les plus sombres ou les plus mystérieux (« The Invisibility Cloak and the Library Scene » par exemple, ou bien encore « In The Devil’s Snare and the Flying Keys »). Quand au thème de Voldemort, il n’a pas été écrit par hasard puisque les auditeurs les plus attentifs remarqueront que sa mélodie ressemble beaucoup par moment au thème d’Harry : par exemple, les deux mélodies se concluent quasiment de la même façon, par un même enchaînement de notes. Coïncidence ? Sûrement pas, le message est on ne peut plus simple : Williams suggère ainsi astucieusement le lien secret qui unit Harry et Voldemort, un lien que tous deux ignorent encore pour le moment mais qui prendra une plus grande ampleur par la suite.

Pour finir, on ne pourra pas terminer cette critique sans mentionner le somptueux et extraordinaire « Harry’s Wondrous World », une sorte de suite de concert des différents thèmes de la partition de Williams repris et développés ici sur plus de 5 minutes, une suite d’une fraîcheur exubérante incroyable, débordant de magie, de fantaisie, d’exaltation et aussi d’énergie et de joie vivre. Tout y passe ici - à part les thèmes plus sombres du score : le thème d’Hedwig/Harry, le thème familial, le thème de Gryffondor et le thème de l’amitié ! Un morceau extrêmement prenant et très entraînant, qui devrait ravir tous les fans du compositeur et des amateurs de l’univers d’Harry Potter. « Harry’s Wondrous World » (utilisé dans le film pour le générique de fin) représente aussi toute la magie du monde de l’enfance, d’où son caractère exalté et extrêmement enjoué : une grande réussite ! Au final, vous l’aurez donc compris, « Harry Potter and the Sorcerer’s Stone » est incontestablement le nouveau chef-d’oeuvre de John Williams, un compositeur qui semble avoir été particulièrement inspiré par son sujet puisque le compositeur déclara à la sortie du film que le long-métrage de Chris Colombus l’avait particulièrement enchanté et lui avait même donné envie de lire les romans de J.K Rowling. Avec une partition à la fois enchanteresse, magique, exubérante, inventive, fraîche, énergique, touchante et sombre à la fois, John Williams a parfaitement compris l’esprit de l’oeuvre originelle de Rowling et a su retranscrire dans sa musique l’âme même de l’univers de « Harry Potter », une musique d'une très grande richesse, désormais indissociable de cet univers de sorcier et de magie à l’école de Poudlard : un nouveau chef-d’oeuvre de John Williams, incontournable !


---Quentin Billard