1-A Kaleidoscope of Mathematics 4.55
2-Playing a Game of "Go!" 3.34
3-Looking for the Next Great Idea 3.02
4-Creating "Governing Dynamics" 2.33
5-Cracking The Russian Codes 3.22
6-Nash Descends Into
Parcher's World 4.39
7-First Drop-Off/First Kiss 5.15
8-The Car Chase 2.24
9-Alicia Discovers
Nash's Dark World 8.29
10-Real or Imagined ? 5.47
11-Of One Heart, Of One Mind 6.21
12-Saying Goodbye To Those
You so Love 6.43
13-Teaching Mathematics Again 3.16
14-The Prize of One's Life...
The Prize of One's Mind 3.02
15-All Love Can Be 3.17
16-Closing Credits 4.48

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Decca Records 440 016 191-2

Album produit par:
Simon Rhodes,
James Horner


"All Love Can Be"
Interprété par:
Charlotte Church
Paroles de:
Will Jennings
Musique de:
James Horner

Artwork and pictures (c) 2001 Universal Classics Group. All rights reserved.

Note: ***1/2
A BEAUTIFUL MIND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Avec « A Beautiful Mind » (Un Homme d'Exception), Ron Howard nous livre là un film touchant, très humain, basé sur l'histoire vraie du mathématicien John Nash (Prix Nobel 1994) atteint d'une maladie terrible : la schizophrénie. Ron Howard nous invite à suivre progressivement le parcours douloureux d'un homme condamné à passer toute sa vie aux côtés de personnages qui n'existent que dans sa tête, se croyant être un agent secret employé par le gouvernement américain, d'où cette idée très stéréotypée du dédoublement de personnalité chez les schizophrènes - en réalité, cette maladie s’avère être bien plus compliquée que cela ! Inutile de préciser que l'interprétation de Russel Crowe est exemplaire, et que l'on parle déjà de quelques nominations aux Oscars pour l’acteur mais aussi pour le film lui-même. Entouré de la belle et ravissante Jennifer Connelly qui joue le rôle de sa femme Alicia, Russel Crowe démontre encore une fois toute l’étendue de ses talents d’acteur, un comédien hors pair qui sait s'investir à fond dans ses rôles pour nous convaincre plus profondément de l'émotion qu'il véhicule à travers ses personnages. La réalisation de Ron Howard reste très académique tout en incluant quelques idées intéressantes. Mieux encore, le voyage dans l'esprit torturé de Nash est véritablement prenant, bouleversant même. Le message du film est évidemment un message d'amour, comme nous le rappelle la très belle fin du film lors de la remise du prix Nobel en 1994, John Nash ayant partiellement réussi à traverser son propre calvaire grâce à l'amour inconditionnel de sa femme qui a toujours été à ses côtés pour le soutenir et l'aider à surmonter sa maladie, une maladie dont on sait encore peu de chose aujourd'hui.

Qui dit Ron Howard à la réalisation dit bien évidemment James Horner à la musique. Horner retrouve donc le réalisateur de « Apollo13 » et de « Willow » sur un film plus dramatique et humain, un long-métrage poignant qui permet bien évidemment au compositeur de s'exprimer dans un registre qu’il maîtrise parfaitement : la musique poétique, lyrique et humaine. Evidemment, on retrouve dans « A Beautiful Mind » tous les clichés habituels des oeuvres de James Horner, avec les sempiternels repiquages d'anciens thèmes d'Horner et de diverses influences de ses anciennes oeuvres. Et comme c'est souvent le cas chez Horner, le score de « A Beautiful Mind » est assez caractéristique du paradoxe du compositeur de « Titanic » : faire une musique touchante qui nous va droit au coeur et qui possède "le truc" propre au film, et tout cela à partir d'éléments pourtant maintes fois rabâchés et entendus d’un film à l’autre ! Effectivement, si le premier thème de « A Beautiful Mind » est repris directement des scores de « Sneakers » (1992) et « Searching for Bobby Fischer » (1993), sans oublier sa grande ressemblance avec le « Main Title » de « Bicentennial Man », on ne pourra qu'être touché par l'émotion omniprésente dans cette très belle partition qui met un peu de temps à s’installer dans le film (le premier thème étant d'abord très répété au début de l’histoire), mais qui reste néanmoins très convaincante aussi bien à l'image que sur l’album de la musique.

Les thèmes possèdent ici une certaine importance dans la musique de James Horner. Le premier thème est ainsi confié à la très belle voix de la jeune chanteuse soprano Charlotte Church, parfois accompagnée de quelques choeurs, une interprète à qui Horner offrira quelques très beaux solos dans le film. Ce thème tourne autour d'un motif de 3 notes plutôt minimaliste - repiqué d’oeuvres antérieures de Horner - un motif d’une grande sobriété qui illustre dans le film l'esprit génial et la fougue du mathématicien John Nash, bien décidé à trouver son "idée originale". Le « Main Title » du film installe donc ce climat orchestral émouvant soutenu par la voix de Charlotte Church, avec ce premier thème navigant sur des harmonies très mouvantes et des enchaînements d'accords très modulants, le tout dans un style calqué quasiment note pour note sur le « Main Title » de « Bicentennial Man » - à vrai dire, ceux qui connaissent la musique de « Bicentennial Man » auront bien du mal à ne pas penser à cette oeuvre d’Horner à l’écoute du « Main Title » de « A Beautiful Mind » ! Le second thème va ensuite se dévoiler progressivement tout au long de la musique, un thème plus sombre qui suit les péripéties de John Nash lorsqu’il est victime de ses hallucinations et qu'il croit être un agent secret au service du gouvernement américain, un thème très sombre de 4 notes qui possède à la fois un aspect menaçant mais aussi dramatique avec une basse sombre typique d'Horner (l'accord de piano dans le grave au sein des contrebasses et des violoncelles, un tic d’écriture du compositeur). Le dit thème évoque ainsi le monde intérieur sombre et torturé de Nash, un thème réellement prenant oscillant entre le drame et l'inquiétude. Toute la première partie du film est admirablement bien soutenue par la musique de James Horner, illustrant la schizophrénie grandissante de John Nash. Puis, Horner casse alors l'aspect touchant et harmonieux de la première partie de sa musique en offrant un ton plus grave à sa musique, s’orientant davantage vers un style plus suspense/thriller dans lequel on pourra d’ailleurs entendre une utilisation assez originale de sons métalliques qui renforcent la tension de certaines scènes du film.

James Horner a sut évoquer parfaitement à travers sa musique les méandres fumeuses de l’esprit torturé d'un homme atteint de schizophrénie. Sa vision musicale ne prend pas simplement forme qu’à partir de l'intrigue à suspense fictive inventée par l'esprit de John Nash, mais bel et bien au drame intime que vit cet homme totalement inconscient de sa maladie, ignorant complètement qu'il fait souffrir sa femme et dérange son entourage, inconscient qu'il ne mène pas une existence normale. Le compositeur nous offre finalement un troisième grand thème dans sa partition pour « A Beautiful Mind », l’inévitable « Love Theme » très souvent confié aux cordes (les harmonies rappellent beaucoup ici celles de « Legends of The Fall »), avec ces tics d'écriture typiques d'Horner, afin de renforcer la sensibilité et l’expressivité de sa mélodie. Après une partie centrale sombre, dramatique et agitée, la musique débouchera finalement sur une éclaircie touchante alors qu’Horner utilise son « Love Theme » pour illustrer l’amour qui unit Alicia et John malgré les souffrances que le couple endure ensemble. James Horner atteint même un climax d'émotion lors de la scène où John décide de faire ses adieux à ses trois personnages imaginaires qui le suivent partout où il va mais qui n'existent que dans sa tête, une musique qui illumine radicalement la scène d’une façon quasi bouleversante, même si l’on regrettera encore une fois les trop grandes ressemblances avec des oeuvres antérieures de James Horner. Enfin, le dernier thème majeur de la partition de « A Beautiful Mind » reste celui que Charlotte Church interprète dans « All Love Can Be », l’inévitable chanson du générique de fin du film, un thème mémorable et émouvant qui possède ce caractère dramatique et très humain, un thème que l'on entend alors qu’Alicia tente de soutenir jusqu'au bout son mari malgré les ennuis qu'il subit à cause de sa maladie.

En résumé et pour aller à l'essentiel, « A Beautiful Mind » propose ainsi deux axes majeurs dans la musique du film, le tout structuré autour de 4 thèmes : une partie plutôt sombre, dramatique et agitée, puis un côté plus humain, intime, harmonieux et touchant, qui nous va droit au coeur. La partition aurait put gagner davantage en intérêt si James Horner n’avait pas écrit un motif extrêmement ordinaire pour Nash au début du film, un motif d’une grande banalité qui, curieusement, sera d’ailleurs très peu repris dans le reste du film, sans oublier de mentionner à nouveau que le dit motif rappelle beaucoup trop certains thèmes plus anciens de James Horner ! Ceci étant dit, « A Beautiful Mind » réussit malgré tout à nous prouver qu'Horner n'est pas "mort" comme le prétendent certains et qu'il sait toujours écrire des partitions de qualité, des oeuvres qui n’échappent malheureusement pas au systématisme facile des emprunts aux œuvres antérieures de James Horner, procédé décidément très critiquable et un peu fatiguant à la longue. Au final, voilà une BO touchante, peu originale mais néanmoins très réussie, qui apporte une émotion poignante au film de Ron Howard !



----Quentin Billard