1-The Bridge 2.05
2-The Meet 2.57
3-The Hospital 2.17
4-When I Was a Kid 2.21
5-The Cabin 1.06
6-The King Maker 2.22
7-Old Friends 2.49
8-Swartz is Dead 2.45
9-Think About It 1.22
10-The Report 1.37
11-Take A Vacation 3.31
12-Count On It 4.50

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5699

Album produit par:
Jerry Goldsmith
Producteur exécutif:
Robert Townson

Artwork and pictures (c) 1996 Columbia Pictures - Castle Rock Entertainment. All rights reserved.

Note: ***
CITY HALL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Le thriller politique de Harold Becker montre comment les affaires se déroulent à la Mairie d'une ville aussi importante que New York. Al Pacino interprète le Maire John Pappas épaulé par son fidèle adjoint, Kevin Calhoun (John Cusack), jeune député idéaliste qui voue une admiration sans borne pour Pappas. Les ennuis commencent lorsqu'un enfant meurent à la suite d'une fusillade entre un policier et un dealer. S'ensuit alors une sombre histoire de corruption et de scandale qui va remonter jusqu'au Maire lui-même, et ce à la surprise d'un Calhoun qui tombe véritablement des nus lorsqu'il découvre que son "modèle" n'est pas si pur qu'il le pensait. Manipulation, corruption, suspense, désillusion, tels sont les mots-clés de ce thriller politique conventionnel et passable.

Jerry Goldsmith a composé un score typique de son style thriller/action, bien que 'City Hall' soit clairement plus orienté sur l'aspect suspense que sur le côté action finalement assez peu présent tout au long du film. La particularité du score de 'City Hall' c'est ses couleurs jazzy qui parcourent l'ensemble de la partition, des éléments jazzy qui créent un climat de suspense policier à l'ancienne (on pense aux musiques de films policiers des années 50/60, 'Bullitt' de Lalo Schiffrin étant un bon exemple!) et que l'on retrouvera un an après cette musique dans l'excellent 'L.A. Confidential' (pour le non-moins excellent film de Curtis Hanson; on pense aussi à la musique de 'The Russia House') Dans un registre encore plus jazzy limite blues, Goldsmith s'était déjà amusé à créer ce type d'ambiance dans 'Chinatown' dont on se souvient du superbe Love Theme de son fameux solo de trompette jazz. Moins axé sur ce type de musique, 'City Hall' se reconnaît cependant par ses quelques harmonies jazzy à la Bernstein (notons aussi l'excellent 'The King Maker' et son piano blues surprenant) et qui se reconnaissent clairement dès la première scène majeure du film, celle de la fusillade entre deux hommes et qui va coûter la vie à un enfant. La musique de cette scène ('The Meet') de distingue par son utilisation remarquable d'un rythme de timbales en ostinato et qui renforce évidemment la tension de la scène (rajoutons à cela l'emploi d'un percussions au sein d'une orchestration typique de Goldsmith ---notons par exemple l'emploi de xylophones qui viennent renforcer les rythmes de l'orchestre, un tic d'orchestration typique de Goldsmith que l'on retrouvera aussi dans 'L.A. Confidential'!). Le thème aux sonorités jazzy de ce morceau impose évidemment le caractère rythmique de cette musique qui évoque le simple fait que quelque chose de grave va se passer sans que l'on puisse vraiment savoir à l'avance ce qui va suivre.

Le générique de début ('The Bridge') impose quand à lui un climat plus doux voire mélancolique et lent et qui expose le thème principal qui possède un côté assez dramatique (après tout, cette sombre histoire politique est entourée de nombreux morts ce qui pourrait expliquer l'aspect assez dramatique de cette musique, une facette du score s'opposant à tout le climat suspense/action que Goldsmith brode autour). On remarquera aussi avec quelle habileté Goldsmith arrive à renforcer ce climat dramatique pour la fin du film entre Pappas et Calhoun ou pour la scène du juge (Martin Landau) confronté malgré lui aux erreurs d'un de ses anciens procès.

A côté de cela, Goldsmith ne cesse de faire monter la tension sans jamais vraiment la faire exploser. On pense par exemple à une scène où l'un des hommes censé aider Calhoun dans son enquête se fait tuer par un type de la mafia, Calhoun devant alors s'enfuir à toute vitesse pour éviter de tomber nez-à-nez avec ce tueur. Pour cette scène, Goldsmith laisse place à son matériau habituel d'action à la 'Basic Instinct'/'L.A. Confidential', les percussions étant ici aussi un élément principal pour ces parties du score peu nombreuses dans l'ensemble de la musique de 'City Hall'. On distinguera aussi dans les quelques vagues moments de suspense l'utilisation typiquement Goldsmithienne de ce que l'on appelle habituellement le "piano-thriller", quelque chose qui sera superbement bien mis en valeur dans L.A. Confidential mais que l'on trouve déjà dans Basic Instinct, The Edge ou bien encore The River Wild pour ne citer que quelques exemples représentatifs.

Goldsmith a donc crée un climat de thriller politique peu axé sur l'action mais tournant toujours autour d'orchestrations faite de cordes ambigües, de vents jazzy (trompettes ou clarinettes par exemple) et de percussions importantes et en particulier les timbales de 'The Meet' (probablement le morceau le plus généralement apprécié de cette BO!). Les deux thèmes sont assez peu importants dans la partition mais suivent néanmoins les 2 aspects du film: une histoire d'hommes solidaires dans une même cause et une enquête agitée pour découvrir ce qui se cache derrière cette histoire de corruption liant un caïd de la Mafia avec la Justice américaine. Généralement très sous-éstimé, 'City Hall' mérite votre attention même si rien de ce que l'on pourra entendre là dedans ne nous surprendra. C'est du travail bien fait, comme d'habitude, un score qui suit très bien le film et évoque clairement toutes ces idées. On appréciera comme d'habitude l'écriture et les orchestrations de Goldsmith guère originales mais toujours aussi convaincantes. En somme, 'City Hall' fait partie de ces scores oubliés de Goldsmith qui méritent amplement une chance d'être un peu plus connu!


---Quentin Billard