1-Introitus (Entrance) 8.07
2-Kyrie Eleison
(Lord Have Mercy Upon Us) 11.47
3-Dies Irae (Day of Wrath) 13.05
4-Agnus Dei (Lamb of God) 13.06
5-Lux Aeterna (Eternal Light) 6.45

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

GNP Crescendo
GNPD-8066

Album produit par:
Christopher Young
Flavio Motalla

Montage musique:
Tanya Noel Hill

Artwork and pictures (c) 2000 Paramount Pictures/GNP Crescendo. All rights reserved.

Note: ****
BLESS THE CHILD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
« Bless The Child » (L’élue) est une énième production horrifique sur le thème ultra rabâché du diable comme on en a déjà vu à la pelle dans le cinéma d’épouvante américain ! Cette fois, le bien et le mal s'affrontent respectivement sous les traits d'une jeune fillette, la réincarnation de l'élue venue sauver l’humanité, face à un être satanique, Eric Stark, interprété par l’excellent Rufus Sewell (vu dans « Dark City »). Kim Basinger y interprète Magie O'Connor, une infirmière qui voit son existence bousculée par l’arrivée de la petite fille de sa jeune soeur Jenna (Angela Bettis), une toxicomane qui réapparaît subitement après des années d’absence pour lui confier la garde de sa petite Cody, frappée d’autisme. Jeanna disparaît ensuite à nouveau sans laisser la moindre trace. Maggie décide alors de placer la petite fille dans une école religieuse spécialisée dans ce type de troubles, mais petit à petit, l’infirmière comprend que la petite Cody est très particulière et que ce n’est pas une fillette comme les autres : d’étranges phénomènes se produisent en sa présence. Six ans plus tard, Jeanna réapparaît avec son mari Eric Stark (Rufus Sewell), chef spirituel de la secte de « L’Aube Nouvelle » qui prépare la venue de diable sur Terre. Stark kidnappe alors Cody et projette de l’initier à son culte satanique. Au même moment, l’agent du FBI John Travis (Jimmy Smits) enquête sur les nombreuses disparitions d’enfants qui se sont multipliées au cours des derniers mois. Maggie fait alors appel à Travis pour tenter de retrouver l’enfant et de la libérer des griffes de la secte satanique. Rien de bien neuf dans un sujet qui sent le déjà-vu à plein nez. On nous ressasse encore une fois le thème immortel de la confrontation entre le bien et du mal, réalisé par Chuck Russel (« Nightmare on Elm Street 3 », « The Blob », « The Scorpion King ») et produit par Mace Neufeld. A ce sujet, impossible de ne pas remarquer les grosses ressemblances entre « Bless The Child » et « The Omen », déjà produit à l’origine par Mace Neufeld, et qui souhaitait ainsi renouer avec le succès du grand classique du cinéma d’épouvante des années 70, sauf qu’ici, la mayonnaise ne prend pas : le script s’avère être très faible et peu inspiré, la mise en scène conventionnelle et sans grande idée, et les acteurs plutôt ternes (malgré un Rufus Sewell excellent dans le rôle du grand méchant de service !). Avec quelques effets spéciaux réussis et quelques scènes d’épouvante efficaces mais très ordinaires, « Bless The Child » tente de surfer sur la vague millénariste des catastrophes annoncées pour le passage à l’an 2000 (fin du monde, retour de l’antéchrist, etc.) avec une pléiade de films similaires sortis au même moment (« End of Days », « Stigmata »). Ici, tous les poncifs du genre y passent de façon laborieuse, Chuck Russell n’arrivant même pas à installer la moindre tension ou le moindre suspense dans un film qui frôle le navet à plusieurs reprises !

Avec un sujet pareil, quelques noms de compositeur nous viennent immédiatement à l'esprit. Mais un retiendra évidemment beaucoup plus notre attention : Christopher Young ! Effectivement, ce n'est plus à démontrer, Young a toujours excellé dans le domaine des films d'horreur/thriller, genre qu’il maîtrise parfaitement depuis plus d’une décennie déjà. Avec « Bless The Child », Christopher Young a écrit une partition ténébreuse, gothique, sombre et réellement prenante, comme il sait si bien le faire. Evidemment, le lien avec sa fameuse partition de « Hellraiser » paraît ici plus qu'évident, en particulier pour le caractère ténébreux mais aussi pour l'utilisation de choeurs pour lesquels le compositeur de « Jennifer 8 » et « The Fly 2 » a écrit ici sous la forme d'un grand Requiem latin (la traditionnelle messe des morts dans la religion catholique), un concept plus que bienvenue étant donné le sujet satanique/religieux du film de Chuck Russell. La section chorale de la partition de « Bless The Child » est donc très imposante, tout comme la partie orchestrale et l'emploi traditionnel de quelques percussions synthétiques. Avec le générique de début, Chris Young utilise un violon soliste sinistre et glacial au sein même de l'orchestre afin d’instaurer d’emblée un climat inquiétant et menaçant alors que l'on aperçoit à l’écran des plans d'une gargouille défiler devant nos yeux. Mais c'est l'utilisation de choeurs d'homme graves qui marquent immédiatement l'oreille de l'auditeur/spectateur. Le ton est clair : Young veut nous entraîner directement dans les enfers, et il y arrive ! Dans la première partie du film, la musique conserve ce ton résolument menaçant et oppressant. Les choeurs en latin sont là pour suggérer constamment l’omniprésence du mal, bien décidé à frapper. Maggie et Cody ne savent pas encore ce qui les attend. On appréciera ainsi le fait que Young emploie les choeurs d'hommes lorsque l'on aperçoit dans le film les deux individus suspects tatoués d'un mystérieux symbole emmener un jeune garçon dans une camionnette pour lui faire passer un test étrange. C'est très simpliste mais l'effet y est vraiment : le compositeur nous fait clairement comprendre que ces deux hommes sont liés à l’organisation maléfique qui va se déchaîner dans la seconde partie du film.

Progressivement, la musique de Young devient de plus en plus sombre, de plus en plus tendue. La thématique de la partition n'est pas très évidente et même si l'on distingue un ou deux motifs, ce n'est vraiment pas ce qui prédomine ici. Alors qu’Eric Stark s'est emparé de Cody, la musique devient plus pressante dans le film, plus diabolique. Stark a ainsi dévoilé sa personnalité satanique et veut désormais convertir l'élue de Dieu au satanisme afin de l'entraîner dans les enfers. A noter d'ailleurs l'utilisation de l'orgue (un cliché bien évidemment, mais utilisé ici de façon très efficace !) dans une scène d'église dans « Agnus Dei », la partie du score concernant évidemment Cody et l'ignoble Eric Stark. La partition prend alors une tournure résolument plus sombre et brutale, dans un style action/thriller avec l'agité « Dies Irae » (en français : jour de colère), Maggie poursuivant alors Stark et ses sbires afin de sauver la petite fille. La partie action reste très dissonante et incroyablement agressive, comme le reste du score. De plus, l'utilisation des percussions dans certaines scènes de poursuite rappelle beaucoup le style de « Hard Rain », « Copycat », « Species » ou bien encore « Urban Legend ».

On appréciera aussi les grands moments de douceur et d'espoir qui réussissent à se dégager progressivement de la masse sonore et ténébreuse du score. Ce sont évidemment tous les passages liés à l'innocence et aux miracles de Cody, l'élue envoyée par Dieu sur terre pour sauver les hommes et leur rappeler que le seigneur est toujours là. En bref, il s’agit de tous les passages liés à la foi et la religion, et par opposition aux choeurs graves d'hommes, les voix de femmes et les quelques solos de soprano quasi opératiques sont là pour évoquer la bonté de Cody et ses 'miracles' (scène du mendiant, scène de l'handicapé dans le fauteuil roulant, etc.). Christopher Young utilise alors une orchestration plus restreinte dans ces morceaux spirituels et plein d’espoir, une orchestration plus lumineuse et à base de solistes (et notamment un violoncelle). On passe par moment d'un climat de douceur et de pureté à des passages vraiment plus agressifs, sombres et menaçants. C'est la représentation musicale parfaite de la confrontation entre le bien et le mal ! L'affrontement entre ces deux individus aboutit alors à sa conclusion dans le superbe « Lux Aeterna » (en français : Lumière Eternelle) lors du dernier miracle de Cody et de la défaite du mal. Les choeurs angéliques font leur apparition alors que l'on aperçoit justement à l'écran des anges illuminer la scène conclusive de l'église. Un thème clairement libérateur et solennel se fait alors entendre, interprété par cette chorale triomphante d'une grande beauté, une très belle conclusion pour un film finalement assez médiocre et très quelconque.

Un dernier point à noter, et vous l'avez sûrement déjà remarqué, c'est le séquençage des pistes sur le CD. Christopher Young a voulu présenter ici sa musique en cinq grandes parties correspondant aux titres de quelques sections majeures de la messe catholique traditionnelle en latin (dommage que certains morceaux n’aient pas été inclus sur CD, à commencer par l’excellent générique de fin ou l’ouverture du film !). Cela permet aussi au compositeur de réaffirmer le ton spirituel et religieux de sa partition, une très grande oeuvre qui, à défaut de révolutionner le genre, apporte un souffle gothique, sombre et ténébreux au film de Chuck Russell. En conclusion, Christopher Young fait preuve avec « Bless The Child » d’un talent sûr pour les sonorités sombres et envoûtantes d’une très grande richesse, une partition massive et très prenante à savourer sur les images du (très mauvais) film de Chuck Russell. Amateur de partition gothique et terrifiante : « Bless The Child » est pour vous ! Incontournable, tout simplement !


---Quentin Billard