1-Hymn 1.53
2-Unseen 4.35
3-Ruby 2.45
4-Rebecca 2.38
5-Rochester 1.41
6-Robbery 3.37
7-Ball 3.56
8-Chance 2.17
9-Businnes 4.06
10-Chance's Men 0.44
11-Revelations 2.53
12-Trouble 0.20
13-Duel 1.49
14-Love Declared 1.11
15-Disaster 2.06
16-Hanging 4.17
17-Escape 1.15
18-Resolutions 2.37
19-Houses In Motion * 4.04
20-Childhood 1.49

* Ecrit par David Byrne, Brian Eno
Interprété par Helen White,
Lewis Parker

Musique  composée par:

Craig Armstrong

Editeur:

Melankolic
7243-8-47350-29

Album produit par:
Craig Armstrong
Stephen Hilton

Artwork and pictures (c) 1999 Working Title Films. All rights reserved.

Note: ***1/2
PLUNKETT & MACLEANE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Craig Armstrong
Pour un premier film, 'Plunkett & Macleane' (Guns 1748) de Jake Scott (le fils de Ridley Scott) ne restera pas dans les mémoires. Certes, la réalisation est maîtrisée tout comme le sujet du film mais le tout laisse vraiment indifférent déjà par le fait qu'il faut malheureusement attendre la dernière partie du film pour que les deux héros, 'Plunkett et Macleane', incarnés respectivement par Robert Carlyle et Jonny Lee Miller, deviennent plus attachant et un peu moins repoussant qu'au début du film où ils apparaissent comme deux ignobles rustres matérialistes et sans âme. Ensuite, certains personnages sont assez irritants comme, dans un premier temps, Plunkett et Macleane, mais aussi les personnages de l'aristocratie puante que côtoie Macleane dans le Londres du 18ème siècle et ce dans le but de détrousser les riches de leurs objets de valeur. Les aristocrates sont montrés dans le film comme des personnages vulgairement efféminées et repoussants à souhait (sans oublier ses chansons nullissimes avec accordéon que l'on entend deux ou trois fois dans ces scènes, le chanteur ou la chanteuse ayant une voix vraiment ignoble!). L'environnement qui entoure le film n'est guère plus chaleureux. En clair, il faut réellement attendre la dernière partie du film pour voir quelque chose d'un peu plus 'humain', d'un peu plus attachant alors que l'histoire d'amour (d'une banalité sans nom) entre Lord Rebecca Gibson (adorable Liv Tyler) et Macleane évolue. Mais ce n'est pas suffisant pour sauver le film d'un certain ennui. Après un premier essai aussi décevant, il n'est guère surprenant de constater que Jake Scott n'a pas fait d'autres long-métrages depuis 'Plunkett & Macleane'.

Craig Armstrong a réussit à trouver avec le film de Jake Scott un terrain d'expérimentation parfait pour son style musical éclectique et souvent très original. Comme dans 'Roméo + Juliet' (l'un des scores les plus populaires du compositeur), Armstrong a composé une musique alliant symphonique classique et musique techno moderne anachronique avec la période de l'histoire (le 18ème siècle). Le meilleur exemple reste la scène du bal où les danseurs se pavanent sur une rythmique techno totalement anachronique avec la scène. L'effet est certes très facile mais cela passe quand même si l'on pourra critiquer le style 'rentre-dedans' de ce genre de procédé discutable. Avec 'Plunkett & MacLeane', difficile de parler de thématique ou de quelque chose de ce genre. La partition de Armstrong reste assez atmosphérique sans oublier le fait qu'elle privilégie aussi les différents aspects du film. D'un point de vue émotionnel, le score est très réussi car l'on passe très vite d'une ambiance à une autre en variant les styles musicaux. Des choeurs avec orchestre de 'Hymn' ou 'Hanging' avec la première apparition du sinistre Chance (formidable Ken Stott) dans la scène de la prison au début du film ('Unseen'), en passant par de la dance (associé à un quatuor à cordes classique) dans la scène du bal ('Ball') et évidemment la techno bien hard dans la séquence où les deux héros pillent leurs victimes les unes à la suite des autres, un morceau de techo entièrement électronique qui se différencie du reste de la partition, à tendance orchestrale malgré quelques touches de synthé toujours assez bien placé. On notera aussi 'Business, Pts. 1-3' dans lequel on pourra entendre lors d'une autre scène de vol durant un banquet une pièce faite d'arpèges de cordes très classiques d'esprit et vite rejoint par une rythmique de synthé 'pop music' moderne, le tout caractérisé par une certaine énergie lié aux méfaits des deux malicieux compères.

Un élément très remarquable reste la manière dont Armstrong évoque le sinistre personnage de Chance, une brute épaisse dotée d'une cruauté sans nom. Dans 'Chance', Armstrong fait entendre ce que l'on peut considérer comme le thème de Chance, motif confié à des voix sombres, menaçantes et dissonantes mélangées au sein de synthé lugubre (le traitement sonore des voix du motif de Chance rappelle beaucoup par moment le style du fameux 'Lux Aeterna' de Ligeti). Ce thème respire l'inquiétude et l'angoisse morbide, et constitue la représentation musicale parfaite du sinistre Chance, un thème que l'on retrouve d'ailleurs dans 'Disaster' et la scène finale du film et le trio s'échappe dans les égouts, poursuivi par Chance et ses hommes (on admirera d'ailleurs dans 'Resolutions' le traitement sonore des voix vraiment terrifiantes qui collent à merveille à l'ambiance de la scène des égouts à la fin du film). Dans 'Chances Men', Armstrong décrit alors la brutalité de Chance de manière terrifiante au sein de l'orchestre couplé ici aussi avec des sinistres sonorités électroniques. La deuxième et dernière partie du film prend une tournure beaucoup plus dramatique et ce dès 'Revelations', morceau entièrement orchestrale.

Alors que les ennuis commencent pour Plunkett, Macleane et Lady Rebecca, Craig Armstrong plonge de plus en plus sa musique dans de l'atmosphérique sombre et un style plus mélancolique, plus dramatique (cela commence déjà pour la scène du duel utilisant des choeurs qui rappellent beaucoup ici le style qu'écrira Armstrong pour 'The Bone Collector') et c'est dans cette seconde partie que le compositeur dévoile son meilleur matériau musical, en particulier tout ce qui est lié à l'amour entre Rebecca et Macleane. C'est évidemment le cas dans le dramatique 'Love Declared'. Mais les passages les plus appréciés et aussi les plus connus de la BO de 'Plunkett & MacLeane' restent les puissants 'Hanging' et 'Escape' pour la scène de la pendaison de Macleane et de son évasion. Armstrong fait alors intervenir de nouveau les choeurs de 'Hymn' dans une pièce au sentiment tragique et épique véritablement poignant. Les choeurs en latin de 'Hanging' résonnent à travers le thème mélodique des choeurs comme un véritable Requiem accompagnant la lente marche funèbre du Capitaine Macleane, sentant sa fin proche alors qu'il a encore tant de choses à vivre avec la fille qu'il aime. Profondément tragique, 'Hanging' viens apporter ce souffle épique qui manquait au score de Armstrong pour en faire une oeuvre émotionnelle de premier plan. 'Escape' se veut alors comme la grande conclusion épique de 'Hanging', à savoir que Plunkett arrive finalement juste à temps pour permettre à Macleane de s'enfuir avec Rebecca. Les choeurs de 'Escape' sonnent encore ici de façon très dramatique avec un climax épique du plus bel effet, agrémenté de percussions électroniques. La fin du film se conclut finalement dans la noirceur totale avec 'Resolutions' pour la confrontation finale dans les égouts.

Si l'on devait en fin de compte résumer le score de Craig Armstrong pour le film de Jake Scott, il faudrait d'abord signaler que sa partition offre une énergie plus qu'imposante au sein du film. Scott et Armstrong ont été sur la même longueur d'onde et cela se sent! Le compositeur précise d'ailleurs lui même que le réalisateur savait toujours très bien ce qu'il attendait de lui. Le problème de la BO de 'Plunkett & MacLeane' reste le fait que l'ensemble manque cruellement d'unité et s'avère être particulièrement décousu. Pas de thème récurrent si ce n'est l'ambiance menaçante qui est liée au personnage de Chance, un véritable Javair à l'anglaise! L'ensemble est un peu trop 'fourre-tout' et l'on regrettera le fait qu'Armstrong se soit un peu trop concentré sur son trip 'cocktail-musical' qui est assez réussi malgré tout. Si l'on excuse l'aspect assez inégal de certains passages et le caractère extrêmement décousu de la partition de 'Punkett & Macleane', on avouera ne pas rester indifférent devant cette solide partition éclectique. Dommage qu'il faille attendre la fin du film pour frissonner en entendant les sublimes 'Hanging' et 'Escape' et tout ce qui a traite de l'histoire d'amour entre Rebecca et Macleane. En tout cas, 'Plunkett & Macleane' est incontestablement une excellente partition de Craig Armstrong à découvrir, pour tout ceux qui s'intéressent aux expérimentations techno/symphonique/pop du compositeur de 'Romeo + Juliet'!


---Quentin Billard