1-Overture 2.57
2-An Incident 0.53
3-Clear all Moorings* 1.39
4-Assassination 4.45
5-Surrender For Peace 2.46
6-Death of Gorkon 1.10
7-Rura Penthe 4.22
8-Revealed 2.38
9-Escape from Rura Penthe 5.34
10-Dining on Ashes 1.00
11-The Battle for Peace 8.03
12-Sign Off* 3.13
13-Star Trek VI Suite 6.18

*Contient le thème de
Star Trek TV Series
composé par Alexandre Courage

Musique  composée par:

Cliff Eidelman

Editeur:

MCA Records MCD 10512

Album produit par:
Cliff Eidelman
Monteur musique:
Bunny Andrews

Artwork and pictures (c) 1991 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***
STAR TREK VI:
THE UNDISCOVERED COUNTRY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Cliff Eidelman
Pour la dernière aventure du Capitaine Kirk et de son fidèle équipage (Spock, McCoy, Chekov, Scott, Uhura, Sulu, etc.), c'est Nicholas Meyer qui revient à la réalisation après un 'Star Trek II' qui était assez réussi. Pour ce sixième épisode de la saga 'Star Trek', Kirk doit faire face à un nouveau grand problème: alors qu'il ne reste plus que 50 ans à vivre pour l'empire Klingon dû à l'explosion de Praxis, une de leur planète minière, le peuple Klingon se voit contraint d'entamer un processus de paix avec la Fédération et mettre ainsi fin à de nombreuses années de guerre. L'équipage de Kirk sur l'Enterprise-A est chargé d'escorter le vaisseau des Klingons sur terre afin qu'ils puissent commencer les négociations avec la Fédération. Mais le voyage vers la terre tourne mal alors que des torpilles sont tirées et touchent le vaisseau Klingons. Deux individus en combinaison se télétransportent alors sur le vaisseau des Klingons et assassinent le Chancelier Klingon ainsi qu'une bonne partie de ses compagnons. Les torpilles ont été identifiées comme provenant de l'Enterprise et malgré le fait que Kirk et McCoy fassent tout pour sauver le Chancelier mourant, les deux amis sont arrêtés et condamnés par un tribunal Klingon pour assassinat. Plutôt que de les exécuter, ce qui serait très mal vue en période de négociations avec la Fédération, la justice Klingonaise (étonnamment proche du système judiciaire humain) décide d'envoyer Kirk et McCoy sur Rura Penthe, un camp de prisonnier perdu dans une immense planète de glace où les deux individus devront purger une peine à vie. Pendant que nos deux héros doivent se débattre sur Rura Penthe pour tenter de s'échapper, Spock et le reste de l'équipage de l'Enterprise vont tout faire pour chercher les vrais responsables du meurtre du Chancelier Klingon. Ils vont alors découvrir qu'un véritable complot se cache derrière tout ca, un complot destiné à détruire toute négociations avec les Klingons en compromettant tout espoir de paix. L'originalité de ce nouveau 'Star Trek' vient de l'intrigue politique très intéressante et qui rappelle par moment le style d'histoire politique qu'aime bien écrire le romancier Tom Clancy. On retrouve une fois de plus William Shatner et Léonard Nimoy dans leurs rôles respectifs de Kirk et Spock, deux grands amis que l'on découvre vieillissant dans leur dernière aventure (Shatner cédera ensuite la place à Patrick Stewart dans le rôle de Jean-Luc Picard pour 'Star Trek: Generations'). Les effets spéciaux sont très réussis, la séquence de la bataille avec le vaisseau de Change est elle aussi très réussie (mention spéciale à l'excellent Christopher Plummer dans le rôle du Klingon guerrier et de son vaisseau camouflé capable de tirer tout en étant invisible). Une fois de plus, on a à faire à un épisode de qualité pour une nouvelle grande aventure spatiale, la dernière pour l'équipe vieillissante du capitaine Kirk.

Nicholas Meyer souhaitait au départ utiliser le fameux 'Mars' de la suite symphonique des Planètes de Gustav Holst (pièce symphonique très célèbre ayant servi plus d'une fois de source d'inspiration pour les compositeurs de film, que ce soit Hans Zimmer pour 'Gladiator' ou Bill Conti pour 'The Right Stuff', sans oublier David Arnold dans 'Godzilla', etc.) qui collait parfaitement bien au film (qui, comme le morceau de Holst, aborde le thème de la guerre). Mais les droits de réutilisation du morceau étaient très élevés et la production ne pouvait pas se permettre une telle dépense. Plutôt que de réengager un compositeur coûteux tel que Jerry Goldsmith ou James Horner (plus connu en 1991 qu'il ne l'était en 1982 et 1984), le réalisateur décida de faire appel à un jeune compositeur peu connu (et donc bon marché), Cliff Eidelman alors que ce dernier proposa une démo intéressante qui séduisit le réalisateur, voyant en lui le trait d'union entre les influences classiques imposés par le réalisateur et le style du compositeur. Pari tenu, pari réussi, Cliff Eidelman a donc du composer une partition modelée autour de deux grandes influences: celle de 'Mars' des Planètes de Holst et celle du thème d'ouverture du célèbre ballet russe de 'L'Oiseau de feu' d'Igor Stravinsky, un motif de six notes que le compositeur réemploie avec brio au sein d'une partition étonnamment sombre et menaçante.

Effectivement, le score de 'Star Trek VI' se démarque amplement des autres de par son aspect très sombre et par le simple fait que le Main Title omet pour une fois l'utilisation de la traditionnelle fanfare d'ouverture d'Alexandre Courage, le réalisateur ayant décidé qu'il fallait imposer un changement de climat musical radical pour évoquer cette ultime aventure charnière entre l'ancienne et la nouvelle génération de 'Star Trek' (d'où le titre de 'Star Trek: Generations' pour le septième épisode réalisé par David Carson en 1994). Dès les premières secondes du générique de début, Eidelman nous plonge dans un morceau opressant reprenant les accents guerriers et l'ostinato rythmique inspiré du 'Mars' de Holst. Excitant, cette brillante ouverture superbement orchestrée impose un tempo d'action à l'orchestre évitant tout les aspects mélodique et héroïque que l'on pouvait trouver dans les 'Main Title' des précédents 'Star Trek'. Cliff Eidelman évoque l'aspect guerrier du film et le climat de guerre pour la paix qui constitue l'enjeu principal de cette nouvelle aventure, mais sans faire allusion au thème d'Alexandre Courage, ce qui constitue ici la grande nouveauté dans la musique de ce nouvel opus.

Autre nouveauté, c'est l'utilisation de choeurs dans la musique. Même si les choeurs n'apparaissent que peu de fois durant le film (on les entend surtout lors de la séquence de l'assassinat, Eidelman décrivant la scène de manière très sombre, la noirceur de ce passage étant renforcé par des choeurs tout aussi sombres et clairement menaçants) C'est quelque chose de nouveau dans la saga musicale des 'Star Trek'. A part ça, rien de bien original si ce n'est que Eidelman a composé un nouveau thème pour ce sixième épisode et qui est très peu réutilisé durant le film, le compositeur ayant opté pour un style plus sombre que le style aventure/action. Les parties action (en particulier pour la séquence finale de l'affrontement contre le vaisseau Klingon invisible) reprennent toujours le motif de l'Oiseau de feu ainsi que les ostinatos guerriers inspirés de Mars, tandis que Spock a droit au début du film à une pièce aux sonorités électroniques cristallines reprise de 'Star Trek II' de James Horner (probablement imposé par le réalisateur ayant lui même dirigé 'Star Trek II') lorsque Spock parle au Lieutenant Valeris (la musique rappelle brièvement que Spock est un Vulcain et non un être humain, même si une partie de lui est humaine).

La musique de 'Star Trek VI' est assez déroutante. Il y'a peu de moments réellement accrocheurs dans cette partition et il faut sûrement plusieurs écoutes pour pouvoir réellement apprécier ce score à sa juste valeur. Il n'y a pas énormément de musique dans ce film et l'ensemble du score semble ne jamais vraiment avancer ou ne jamais vraiment évoluer. On reste toujours autant d'un climat noir renforcé par des cordes sombres et menaçantes évoquant la menace des Klingons et du complot contre lequel Kirk et ses hommes se battent. (Eidelman a d'ailleurs très bien réussi à cerner toute l'intensité du complot dans sa musique, en particulier en utilisant ses cordes graves dans des passages lents reprenant souvent le motif de 6 notes repris de Stravinsky. En tout cas, l'effet dans le film est indéniable: on sent très bien la menace qui pèse sur Kirk et McCoy ainsi que sur les espoirs de paix entre les Klingons et la Fédération) La musique sur la planète Rura Penthe est très sombre et pleine de suspense, Eidelman utilisant un sombre choeur d'hommes (notons l'utilisation de paroles 'To be or not to be', un petit clin d'œil à Shakespeare puisque le méchant de l'histoire y fait allusion plus d'une fois), de percussions (style tambours) et d'un piano renforçant l'aspect suspense de la fuite de Kirk et McCoy hors du bagne de la planète de glace. Le morceau est intéressant et montre que Eidelman possède plus d'un tour dans son sac malgré son expérience récente dans la musique de film) Les touches synthétiques sont peu nombreuses mais néanmoins présentes même si elles ne constituent pas une texture importante au sein de l'orchestre comme c'est plus le cas chez Goldsmith. Toute la partie se déroulant sur Rura Penthe est intéressante sur le plan des divers instruments utilisés donnant une couleur plus tribale à cette sombre planète pénitentiaire. (les orchestrations sont elles aussi très réussies dans cette séquence du milieu du film)

Eidelman fait heureusement allusion de temps en temps à son thème principal, notamment pour l'excellente séquence du départ de l'Enterprise ou lors du final du film faisant allusion au fameux thème d'Alexandre Courage, et tout cela avant la Suite du 'End Titles' reprenant le thème principal dans sa forme originale, un thème ample et héroïque rendant une dernière fois hommage à la bravoure du capitaine Kirk et de l'équipage de l'Enterprise. Après avoir décrit le thème dans toute sa longueur, Eidelman reprend l'ouverture agitée du film et conclut de manière héroïque le générique de fin.

Conclusion en demi-teinte pour un score moins prenant que ses précédents et avec un sentiment d'aventure quasiment absent. 'Star Trek VI' est quasiment conçu comme une sorte de thriller spatial et ce malgré les quelques résurgences du thème principal plus dans l'esprit d'aventure traditionnel des 'Star Trek'. Cliff Eidelman surprend pour un score qui l'a fait connaître même si aujourd'hui encore, les occasions de mettre en musique ce genre de grande production d'aventure restent rares pour lui (Eidelman est souvent catalogué - à tort - comme un compositeur de comédie romantique du style de 'My Girl 2', 'Now and Then' ou bien encore 'A Simple Twist of Fate'). On souhaite maintenant que les réalisateurs proposent d'autres films de ce genre, ce qui permettrait alors à ce jeune compositeur d'épanouir son style qui ne demande qu'à mûrir. Déroutante, la musique de 'Star Trek VI' surprend et s'affirme au final comme le plus sombre score de la saga des 'Star Trek'. Malheureusement, ce n'est pas le plus inspiré puisque, comme nous l'avons déjà signalé précédemment, la musique au sein du film semble ne jamais trop évoluer et le ton lent et sombre du score semble souvent s'éterniser à l'écran. C'est dommage. A part cela, ce score reste l'un des plus apprécié de toute la saga avec le premier opus écrit par Jerry Goldsmith.


---Quentin Billard