1-Part I 12.14
2-Part II 7.26
3-Part III 9.24
4-Part IV 8.05

Musique  composée par:

Hans Zimmer

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5286

Produit par:
Hans Zimmer, Jay Rifkin
Assisté de:
Laura Perlman
Producteur exécutif:
Robert Townson
Superviseur de production:
Tom Null

Artwork and pictures (c) 1990 Morgan Creek Film Parnters I. All rights reserved.

Note: ***
PACIFIC HEIGHTS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer
Le réalisateur John Schlesinger nous livre avec Pacific Heights (Fenêtre sur Pacifique) un thriller très efficace qui pour une fois sort un peu du rang des thrillers basiques d’Hollywood, et ca grâce à un scénario intéressant et une intrigue originale, pour une fois. Melanie Griffith et Matthew Modine interprètent respectivement Patty Palmer et Drake Goodman, un couple qui décide de s’installer dans la maison de leur rêve à San Fransisco. Ils décident alors de faire louer le rez-de-chaussée dans l’espoir de payer les frais de l’installation. Après plusieurs clients hésitants, c’est Carter Hayes (Michael Keaton), un homme poli qui vient louer le rez-de-chaussée de cet appartement. Très vite, les choses commencent à se dégrader alors que le nouveau locataire ne paye pas son loyer et refuser de quitter sa pièce dans laquelle il se barricade. Patty et Drake, tout deux excédés, décident alors de clouer à sa porte un avis d’expulsion pour le forcer à payer son loyer, mais le résultat se fait toujours attendre. Le couple veut alors tenter de lui faire un procès mais malheureusement, l’homme à l’apparence poli s’est arrangé pour mettre tout les atouts de son côté et la justice va se retourner contre le malheureux couple qui est à la limite de se faire expulser de son propre appartement. Carter s’avère très vite être un escroc dangereux et dérangé qui usurpe un nom ainsi que la carte de crédit de Drake. C’est la descente aux enfers pour le couple qui doit subir les petits jeux psychologiques du taré qui se barricade chez eux, et alors que Carter envoie un soir Drake à l’hôpital après lui avoir tiré dessus, Patty va tout faire pour démasquer l’imposteur et faire retourner son jeu contre lui pour se venger. Très captivant, le film de Schlesinger est un thriller psychologique tendu et l’on assiste vraiment à la descente aux enfers progressive de ce couple innocent qui ne demande qu’à vivre en paix. Le film montre aussi à quel point certaines personnes peuvent être perverses derrière leur apparence polie et douce, et l’on assiste dans le film aux problèmes de dysfonctionnement de la justice américaine souvent très injuste. Un très bon film pour résumer, un thriller original! Mention spéciale à Michael Keaton qui est superbe dans le rôle du gros taré de service.

En 1990, Hans Zimmer venait d’achever ses premières grandes œuvres telles que ‘Rain Man’ (1988), ‘A World Apart’ (1988), ‘Driving Miss Daisy’ (1989) et surtout ‘Black Rain’ en 1989, un score mi-synthétique mi-orchestral (les synthés prédominaient par dessus les parties orchestrales) dans lequel il amorçait son futur style de musique d’action qu’il va nettement formaliser grâce à son écurie fondé il y’a une dizaine d’années déjà environ, Media-Ventures. Sur ‘Black Rain’, il s’était fait épauler par Shirley Walker qui avait assuré les orchestrations du score. Pour ‘Pacific Heights’, Zimmer retrouve de nouveau Shirley Walker qui a accomplit un travail remarquable sur ce score qui ne serait rien sans elle. Quand à Zimmer, il a composé une de ses musiques les plus originale pour l’époque, abordant le film sous divers angles musicaux et avec une certaine recherche rendant sa musique plutôt complexe et subtile. Si l’approche vis-à-vis des images reste toujours très unilatérale (pas de possibilité d’interpréter sous différentes angles une approche musicale par rapport à une scène) comme par exemple le fait que Zimmer utilise des couleurs nippones (réminiscences de ‘Black Rain’) pour les quelques séquences concernant les locataires japonais du Patty et Drake, l’ensemble du score apparaît pourtant assez complexe tant le compositeur allemand s’est amusé à suivre différentes pistes sur son score et pas seulement le côté thriller. Dramatique, mystérieuse, sombre et parfois inquiétante, la musique de Pacific Heights montre une certaine recherche propre au Zimmer de cette époque qui appréciait ce style de défis musicaux.

La partie orchestrale est beaucoup plus importante qu’elle ne l’était dans ‘Black Rain’, Shirley Walker ayant réussi à maîtriser une orchestration remarquable et riche. Zimmer inclut avec son orchestre et ce dés le générique une multitude d’instruments tels qu’ un saxophone, la voix de la chanteuse Carmen Twilley, une trompette en sourdine jazzy ainsi qu’un piano et une basse (sans oublier l’utilisation d’un banjo pour évoquer les quelques scènes où Patty traverse en voiture le désert pour suivre la trace de Carter, le banjo renvoyant directement aux futurs scores de ‘Thelma & Louise’ et de ‘Broken Arrow’). Le sax apparaît au début du film pour évoquer le côté faussement séducteur du personnage pervers de Carter alias Mr.Keaton. Le thème principal apparaît alors, il évoque le couple Patty/Drake à l’aide du piano et d’orchestrations chaleureuses (ceci dit, ce thème apparaît légèrement rassurant et dramatique à la fois, comme pour évoquer l’innocence du couple qui va être confronté à de futurs ennuis). Ceux qui s’attendent à un thème très mémorisable à la Broken Arrow ou à la Rock seront très déçus: il n’y a rien de toute cela dans Pacific Heights. C’est un score complexe et très travaillé dans lequel Zimmer a réalisé une fusion intéressante entre parties orchestrales/instrumentales/synthétiseurs, car l’élément traditionnel de Zimmer, les synthés, sont eux aussi très présents tout au long du score.

Malgré le fait que la descente aux enfers commence pour le couple, Zimmer garde toujours une certaine retenue en évitant de sombre dans les clichés de musique de thriller, même si sa musique devient de plus en plus sombre. Le score est plus intriguant que réellement flippant en réalité, on est donc loin d’un score psychologique à la Christopher Young ou à la Howard Shore. Sa musique évoque plutôt le combat du couple pour sortir de cet enfer qu’ils n’ont pas du tout vu venir. Carter est évoqué avec un motif de quelques notes (avec parfois l’utilisation du sax ou de la voix de Carment Twilley) qui souligne le côté inquiétant de ce personnage sans pour autant être un thème très sombre. C’est l’aspect intriguant de la musique que l’on retient même si certains moments sont plus sombre que d’autre, comme c’est le cas pour la séquence plus action où Patty fuit hors de l’hôtel après avoir démasqué Carter et bloqué sa carte de crédit, la poursuite entre Patty et Carter étant suivi par une pièce avec percussions et synthé très rythmé étant assez connu pour avoir été utilisé de nombreuses fois dans des bandes-annonces de film (c’est le cas par exemple du trailer de 'The Insider' de Michael Mann pour ne citer qu’un exemple connu). D’une manière générale, Zimmer ménage son suspense pour des moments forts et il suit véritablement cette lutte acharné de Patty et Drake pour retrouver la paix dans leur vie. C’est pour cela que leur thème apparaît souvent dans les moments assez dramatique du film, comme pour rappeler qu’ils forment un couple et qu’ils doivent se soutenir dans les moments durs.

Mais le suspense et la terreur prennent le pas sur la fin de la partition avec l’inévitable confrontation finale où Zimmer accentue ses synthés/percussions avec l’orchestre dans un véritable morceau de terreur violent proche du style thriller du futur score de ‘Hannibal’. C’est le seul véritable moment de terreur du score, qui trouve alors une conclusion plutôt lyrique avec la reprise du thème du couple de manière harmonieuse au piano avec l’orchestre et le synthé, les moments lyriques restant toujours présent dans ce score assez déroutant. Vous l’aurez donc compris, Pacific Heights n’est pas le score action/thriller du Zimmer habituel. Il n’y a presque aucune partie d’action dans ce score excepté la poursuite à la sortie de l’hôtel (rendue populaire comme nous l’avons déjà signalé par les bandes-annonces de film) et le violent affrontement final. Ne vous attendez pas à retrouver des grands thèmes très mélodiques ou épiques dans ce score, les thèmes n’étant pas fait pour être chantés à la sortie du film. Subtil, le score l’est assurément et l’intérêt que crée la musique dans le film est indéniable, renforçant l’atmosphère menaçante du film en apportant une touche d’inquiétude supplémentaire. Pacific Heights est donc un score assez original de la part d’un Zimmer qui semble avoir trouvé sa voie à l’époque et à qui on devrait plus souvent confier des thrillers plutôt que des films d’action de bas étage comme il en a fait très souvent. Ceci étant dit, l’écoute du score risque fort d’en déstabiliser plus d’un la première fois, et il est nécessaire de signaler qu’il faudra sûrement plusieurs écoutes avant de véritablement apprécier ce score de Hans Zimmer à sa juste valeur.


---Quentin Billard