1-If We Could Remember 3.33*
2-The Mission, Includes
"If We Could Remember"** 6.00
3-The Bomb 2.59
4-That Went Well 2.48
5-Clear The Stadium 1.36
6-If We Get Through This*** 3.40
7-The Deal 2.38
8-Changes 2.30
9-Snap Count 2.16
10-His Name is Olson 1.55
11-Nessun Dorma
from 'Turandot'+ 3.02
12-Deserted Lab 1.55
13-Real Time 2.54
14-How Close? 6.09
15-The Same Air 2.01
16-If We Could Remember
(Reprise)* 3.34

*Ecrit par Jerry Goldsmith,
et Paul Williams
Interprété par Yolanda Adams
**Ecrit par Jerry Goldsmith
et Paul Williams
Interprété par Shana Blake Hill
***Ecrit par Carole King,
Tabitha Fair, John Parish
Interprété par Tabitha Fair
+Ecrit par Giacomo Puccini,
Guiseppe Adami, Renato Simoni
Interprété par Bruce Sledge
Conduit par Lawrence Foster

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Elektra Records
62786-2

Album produit par:
Jerry Goldsmith
Producteurs exécutifs:
Mace Neufeld, Phil Alden Robinson
Monteur superviseur:
Kenny Hall
Assistant de Mr.Goldsmith:
Lois Carruth

"If We Could Remember"

Produit par:
Trevor Horn

"The Mission
Inclut 'If We Could Remember'"

Produit par:
Jerry Goldsmith

"If We Get Through This"

Produit par:
Robbie Kondor

"Nessun Dorma from Turandot"

Produit par:
Jerry Goldsmith

"If We Could Remember (Reprise)"

Produit par:
Trevor Horn

Artwork and pictures (c) 2002 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE SUM OF ALL FEARS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Quatrième épisode des aventures de Jack Ryan toujours basé sur un roman de Tom Clancy, 'The Sum of All Fears' (traduisez littéralement: 'La somme de toutes les peurs') de Phil Alden Robinson permet de retrouver le héros de 'The Hunt for The Red October' (1990), 'Patriot Games' (1992) 'Clear and Present Danger' (1994). Après Alec Baldwin dans le superbe film de John McTiernan et Harrison Ford dans les deux films de Phillip Noyce, c'est au tour de Ben Affleck de se glisser dans la peau du fameux analyste de la CIA Jack Ryan, un Ryan cette fois-ci rajeuni pour les besoins du film. (on découvre ainsi comment il en est arrivé à travailler pour la CIA) Dans ce film agité, les Etats-Unis et la Russie sont confrontés à la très sérieuse menace d'une guerre nucléaire pouvant entraîner la destruction totale des deux pays. Alors qu'un groupe de terroristes néo-nazis s'empare d'une arme nucléaire acheté en Israël pour une bouchée de pain, la bombe est lâchée sur les Etats-Unis, faisant beaucoup de morts et de nombreux blessés. Croyant que cette attaque lâche sur des innocents provient des Russes, le Président des Etats-Unis Robert Fowler (James Cromwell, décidément à l'aise dans tous les rôles) n'a pas d'autre choix que de décréter la guerre à la Russie en contre-attaquant sans pour autant opter pour l'arme nucléaire. La terreur va monter de plus en plus au fur et à mesure que les deux camps vont devoir se rendre à l'évidence: les deux grandes nations vont être amenés à se détruire mutuellement. Le Président russe Nemerov ne peut plus arrêter ce qu'il n'a jamais déclenché et la menace d'un conflit nucléaire semble avoir complètement inévitable. Mais c'est sans compter sur l'aide de Jack Ryan qui va tout faire pour découvrir la vérité avec l'aide de son complice John Clarke (Liev Schreiber) et tenter de ramener les deux pays à la raison et de les empêcher de provoquer une catastrophe nucléaire qui serait alors sans précédent dans l'histoire de l'humanité. La mise en scène du film reste du début jusqu'à la fin très prenante, tout comme l'était le splendide 'Hunt for The Red October' de McTiernan. 'The Sum of All Fears' propose une vision intéressante de ce qui pourrait se passer si un tel scénario se produisait, et la peur que cette histoire provoque est d'autant plus forte lorsque l'on sait qu'une telle chose pourrait très bien arriver en vrai un jour ou l'autre. Certes, 'The Sum of All Fears' est un thriller politique rondement mené et très prenant, mais son aspect spectaculaire (la scène de l'explosion de la bombe est visuellement extraordinaire) et divertissant ne doit pas nous faire oublier le danger réel des armes nucléaires qui, placées entre de mauvaises mains, peuvent raser un pays entier. En tout cas, 'The Sum of All Fears' marque le retour fracassant des aventures du plus célèbre analyste de la CIA.

'The Sum of All Fears', ce n'est pas seulement le retour de Jack Ryan, c'est aussi celui de Jerry Goldsmith qui a composé une musique très apprécié et que beaucoup considèrent comme le retour en force du compositeur après quelques années molles et peu inspirées. Nous tempérerons cet avis en disant que le score de 'The Sum of All Fears' n'est pas le nouveau chef-d'oeuvre du compositeur, même s'il est certain que cette BO possède de très bons moments qui en font un score au dessus de partitions récentes et décevantes comme 'Along Came a Spider' ou 'The Last Castle'. Le score de 'The Sum of All Fears' se résume en gros comme un score thriller/suspens/action avec un thème russe et un thème d'action à la Air Force One, et un thème principal peu utilisé durant le film mais réellement très beau. C'est le superbe 'Main Title' qui permet de retrouver un Goldsmith inspiré. 'The Mission' est une sorte d'élégie vibrante pour voix et orchestre confié à la soprano Shana Blake Hill sur la mélodie du thème principal, alors que le générique de début se déroule et que l'on voit des plans du désert Israélien. Construit comme une sorte d'air d'Opéra, le morceau prend de l'ampleur alors qu'un choeur vient rejoindre la soprano et donner une dimension dramatique et émouvante à une très belle ouverture qui semble être déjà très populaire parmi le milieu des béophiles. On regrettera cependant que le compositeur ait peu réutilisé ce thème durant tout le film, même s'il fait une petite réapparition discrète vers la fin du film au sein de l'orchestre. Ce thème exprime le fait de se souvenir des erreurs que nous commettons dans le passé pour ne plus jamais avoir à les affronter de nouveau. C'est un thème sur la mémoire, le souvenir des blessures du passé qui doivent aujourd'hui nous permettre d'avancer. Ici, c'est la réminiscence de toutes les saletés issues de la Guerre Froide qui renforce la tension extrême qui s'instaure progressivement entre les Etats-Unis et la Russie. Le président Nemerov fait d'ailleurs allusion à un moment à la bombe atomique larguée par les Américains en Août 1945 sur Hiroshima et Nagasaki. Selon certains, il semblerait aussi que ce thème soit une autre composition venant rejoindre le sujet du thème de 'The Last Castle', à savoir un hommage aux victimes de l'attentat du 11 Septembre 2001 aux Etats-Unis. En tout cas, le thème de la mémoire pourrait ici très bien se rapprocher avec l'idée de la mémoire des victimes de l'attentat. Si tel fut réellement la motivation du compositeur, c'est à la fois très réussi musicalement (ce morceau est vraiment magnifique) et très inspirant. Le compositeur propose une deuxième version de ce thème sous la forme d'une chanson interprétée par la chanteuse Yolanda Adams et que l'on entend uniquement dans le générique de fin du film, 'If We Could Remember' (toujours cette idée de mémoire).

Passé cette très belle ouverture, le score devient plus sombre et plus menaçant. Si dans un premier temps Goldsmith conserve encore un tempo lent mais néanmoins inquiétant (on sent que quelque chose de terrible va finir par arriver), c'est la thématique qui se déroule progressivement, à savoir dans un premier temps le thème Russe assez proche dans le style du thème des terroristes russes de 'Air Force One' (1997). Au fur et à mesure que l'histoire avance et après la mort de l'ancien président russe et l'arrivée de Nemerov au pouvoir en Russie, Goldsmith développe progressivement son thème Russe qui est très réussi et auquel le compositeur ajoute dans une scène un choeur pour le rendre plus puissant et solennel à la fois. On retrouve autour de ce thème les orchestrations typiques du compositeur ainsi que ses habituels éléments de synthétiseur (souvent dans les basses ou les lignes de basse rythmiques) pour renforcer le climat suspens/intriguant de certains passages. Mais Goldsmith fait aussi contraster son thème Russe avec des passages de style plus orientaux et ethniques en utilisant une guitare arabe, des percussions ethniques et des harmonies orientales comme il le fit dans 'The Mummy' et 'The 13th Warrior', les passages orientaux du score étant d'ailleurs très proche de ces deux scores du compositeur californien.

La progression du score est très bien amenée. Goldsmith nous fait comprendre à travers sa musique tous les enjeux de l'histoire et il installe un véritable climat de menace saisissant dans sa musique, quelque chose qui apparaît en tout cas très fort dans le film (peut être moins fort que le fit Trevor Jones dans 'Thirteen Days' sur un sujet assez similaire mais tout de même d'assez prenant). La séquence où John Clark (Liev Schreiber) s'introduit dans le laboratoire déserté des 3 scientifiques russes est illustré avec une musique de suspens intrigante, Goldsmith favorisant les cordes graves et un effet de synthé en écho tout droit sorti de 'Along Came a Spider', l'aspect intéressant de ce passage étant les silences qu'incorpore Goldsmith dans ce morceau, les cordes graves bouillonnantes étant sans cesse entrecoupées de silences qui rendent la scène encore plus tendue. Mais au fur et à mesure que la menace d'un conflit nucléaire se rapproche de plus en plus, la musique de Goldsmith se tourne alors vers l'action et un nouveau thème apparaît, un motif basé sur le même rythme que la cellule issue de la tête du thème de 'Air Force One' (et que l'on entendait très clairement développé dans le superbe 'The Hijacking') et qui exprime ici la double lutte, celle entre les Etats-Unis et la Russie et celle de Jack Ryan qui va tout faire pour empêcher qu'un holocauste nucléaire. Le thème exprime donc l'urgence la situation et possède un côté entraînant et pas forcément très sombre. Il conviendrait mieux alors de lui attribuer le nom de 'thème d'action'. Les parties d'action sont justement typiques du compositeur. Ne vous attendez donc pas à quelque chose de très original de ce côté: on trouve ici un mix entre le style action de 'Air Force One'/'U.S. Marshals'/'Star Trek Insurrection' pour ne citer que quelques exemples évidents. Et comme d'habitude avec Goldsmith, dans le film: ça marche à merveille! Reste qu'en écoute isolé le score peut apparaître assez répétitif dans les parties d'action/suspens ce qui explique sûrement une fois de plus le peu de score sélectionné par le compositeur pour l'album de la BO (seulement 35 minutes de score, mais probablement les parties les plus intéressantes de la partition du maestro). Un passage particulièrement excitant reste la musique pour l'évacuation du stade, un morceau où les cordes installent un rythme de plus en plus speedé pour évoquer l'urgence de la situation (le thème action apparaît alors). On notera que c'est le morceau que Goldsmith avait décidé de faire entendre sur le site officiel du film, bien avant sa sortie en France.

Avec 'The Sum of All Fears', Goldsmith a une fois de plus réussi à cerner le film et les différents éléments de l'histoire. Le climat de tension et de danger qu'il installe dans la deuxième partie du film est très forte à l'écran et on peut vraiment dire qu'il a saisi l'intensité de la peur véhiculée par la menace nucléaire. Comme nous l'avons déjà dit un peu plus haut, on pourra simplement regretter le fait que le thème de 'The Mission' et 'If We Could Remember' ne soit pas plus utilisé que cela dans le film, car il est dommage qu'il faille attendre la fin du film pour réentendre ce très beau thème principal. En fin de compte, 'The Sum of All Fears' apparaîtra une fois de plus comme un score action/suspense typique de ce qu'il écrit depuis de nombreuses années déjà. Rien de bien original si ce n'est un 'Main Title' prenant et des passages intéressants mais guère original pour le compositeur. Mais ne boudons pas notre plaisir. Pour un retour en force, c'est bel et bien un retour en force, et il est toujours plaisant d'entendre le maestro saisir son orchestre pour se lancer à fond tête baissée dans un film de ce genre. Un nouveau score réussi du compositeur à la queue de cheval!


---Quentin Billard