1-Katya 3.57
2-Introductions 3.12
3-The Conversation 4.13
4-Training 2.01
5-Katya and Barley 2.32
6-First Name, Yakov 2.53
7-Bon Voyage 2.11
8-The Meeting 3.59
9-I'm With You/What Is
This Thing Called Love* 2.39
10-Alone In The World** 1.52
11-The Gift 2.34
12-Full Marks 2.27
13-Barley's Love 3.24
14-My Only Country 4.34
15-Crossing Over 4.13
16-The Deal 4.09
17-The Family Arrives 7.38

*Composé par Cole Porter
**Ecrit par Jerry Goldsmith
Paroles de Alan &
Marilyn Bergman

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

MCA Records 10136

Produit par:
Jerry Goldsmith
Coordinateur du soundtrack:
Richard Kraft
Superviseur de la musique
pour Pathé:
Joachim H.Hansch
Superviseur pour
MCA Soundtracks:
Kathy Nelson
Assistant de Mr.Goldsmith:
Lois Carruth
"Alone In The World"

Produit par:
Jeremy Lubbock,
Marilyn Bergman


"What Is This Thing
Called Love"

Produit par:
Branford Marsalis

Artwork and pictures (c) 1990 Pathé Entertainment, Inc. All rights reserved.

Note: ****
THE RUSSIA HOUSE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Le réalisateur Fred Schepisi a fait plusieurs films aujourd'hui un peu tombé dans l'oubli. Parmi ces films, on notera 'I.Q.' (l'amour en équation), 'Six Degrees of Separation', 'Mr.Baseball' ou bien encore 'Iceman'. 'The Russia House' est une adaptation du roman homonyme de John LeCarré narrant l'histoire de Bartholomew 'Barley' Scott Blair (Sean Connery) et Katya Orlova (Michelle Pfeiffer), l'un étant anglais l'autre russe, et qui vont se croiser et s'aimer lors de l'opération secrète qu'entreprend Barley pour le compte des services secrets anglais à propos de documents renfermant des secrets militaires Russes. Pris au jeu, Barley va tout faire pour protéger Katya et trahir son pays, se débarrassant finalement d'une mission qu'il n'a jamais voulu depuis le début. 'The Russia House' (La Maison Russie) est un joli film qui souffre juste d'une mise en scène incroyablement banale (comme toujours chez Schepisi) dépourvue de toute originalité. Ceci dit, l'histoire est très bien racontée et on se plaît à suivre Barley dans cette aventure d'espionnage de plus en plus complexe. Mention spéciale au couple charmant que forment Sean Connery et Michelle Pfeiffer tout deux parfaits dans leurs rôles respectifs.

Après avoir participé quelques temps aux films de Schepisi, le compositeur Bruce Smeaton ('Devil's Playground', 'The Chant of Jimmie Blacksmith', 'Barbarosa', 'Iceman', 'Plenty', 'Roxanne', 'A Cry in The Dark') cède la place à Jerry Goldsmith pour 'The Russia House', à une époque où Goldsmith a déjà laissé derrière lui de grands chefs-d'oeuvre restés encore aujourd'hui inégalé. Pour le film de Schepisi, Goldsmith a composé une de ses plus belle BO des années 90 ('The Russia House' rivalise sans difficulté aux côtés du très poétique 'Powder'), à la même époque où il compose la partition très musclée pour 'Total Recall' de Paul Veroheven. Avec 'The Russia House', Goldsmith délaisse ses grosses musiques d'action traditionnelles pour se concentrer sur un climat romantique/espionnage/jazz du plus bel effet. Effectivement, 'The Russia House' est composé de trois thèmes qui seront en fait les articulations principales de sa partition: on n'entendra pratiquement qu'eux durant tout le film. Dès le générique de début ('Katya'), Goldsmith annonce son thème: piano, saxophone, cordes et quelques couleurs de synthétiseur. Romantique à souhait, quasi rêveur, le thème principal de 'The Russia House' est l'un des plus beau thème que le compositeur californien a put créer dans les années 90. Il exprime aussi la romance naissante entre Katya et Barley et ce malgré l'épreuve difficile que les deux individus doivent traverser. On notera les nombreux solos de sax interprété par le grand saxophoniste de jazz Branford Marsalis, Goldsmith ayant particulièrement privilégié les parties de saxophone dans un score plein de couleurs jazz. Ce choix ne peut que paraître évident puisque le personnage qu'interprète dans le film Sean Connery est un saxophoniste amateur de jazz. Le résultat à l'écran est très intéressant et cela apporte une couleur supplémentaire à cette histoire d'espionnage assez compliqué. Le thème reste très présent durant tout le film et se présente véritablement comme le leitmotiv des deux amoureux. Le deuxième thème entendu dans 'Introductions' (alors que l'on explique à Barley ce qu'il va devoir faire durant sa mission et comment il va devoir procéder. Un briefing quoi!) est le thème d'espionnage. Plus sombre, il se caractérise par l'utilisation assez répétitive d'une rythmique de synthétiseur sur des accords mineurs descendants de piano, l'utilisation de pizz de contrebasse (John Patitucci, habitué à travailler avec Chick Corea), quelques cordes et la partie soliste de sax, toujours présent et qui sert ici à décrire la mélodie que supporte la partie rythmique composé du synthé, piano, basse et cordes. Ce thème qui restera inchangé durant toute la partition est encore plus présent que le thème principal (on le retrouve dans 'Training' avec toujours la même formation instrumentale et ses touches jazzy) et souligne très clairement la partie espionnage du film et la mission que les services secrets anglais ont confiés à Barley. Le troisième thème, plus dramatique et plus lyrique semble plutôt évoquer le personnage de Katya. On le trouve dans 'Katya and Barley' aux cordes et son côté très chantant reste assez marquant.

Une grande partie du film se passe en Russie. Plutôt que de centrer sa partition sur un style de musique russe, Goldsmith a préféré opter pour une approche jazzy, lié au personnage de Barley. Mais deux éléments russes sont soulignés dans la musique: tout d'abord par l'utilisation du duduk, une sorte de hautbois arménien (et donc d'esprit Russe) que l'on d'ailleurs l'occasion de voir dans le film (un musicien en joue dans une séquence d'un restaurant Russe) et l'utilisation de balalaïkas, les fameuses guitares russes que Goldsmith inclut par moment dans sa musique (notons par exemple l'emploie de balalaïkas dans 'First Name, Yakov' alors que Barley tente de demander à Katya des renseignements à propos du mystérieux Dante). Très réussi, ces touches 'à la russe' cohabitent parfaitement avec les touches plus jazzy du score comme on peut l'entendre par exemple dans 'Bon Voyage' reprenant une fois de plus le thème principal avec son piano jazzy et le saxophone de Branford Marsalis (sans oublier les cordes doublé par du synthé) suivi par les pizz de contrebasse. Cet alliage russe/jazz semble à mon avis parfaitement évoquer l'union Barley/Katya à travers leur nationalité respective. C'est quelque chose de très simple mais cela fonctionne aussi bien dans le film que dans la musique. (l'astuce serait de dire que la cohabitation de ces deux instruments parfois mis en parallèle s'avère tellement marquante que l'on finit vite par oublier les légères différences de timbre entre ces deux instruments, l'un finissant alors par se confondre avec l'autre, ce qui serait évidemment très symbolique par rapport au film puisque cela évoquerait alors l'union Barley/Katya et donc Anglo-saxons/Russe)

Goldsmith suit progressivement la mission périlleuse de Barley avec son thème d'espionnage (on le trouve encore dans 'The Meeting' alors que Barley doit rencontrer Katya et lui échanger des informations importantes.le morceau garde toujours un côté assez mystérieux et sombre sans pour autant sombrer dans le suspens de style thriller, quelque chose que Goldsmith a brillamment évité dans cette musique, ayant plutôt privilégié une approche plus retenue et mystérieuse que réellement sombre dans ces passages là). Les parties de duduk interviennent dans 'The Conversation', 'I'm With You', 'Full Marks' et 'The Deal' et sont liés non seulement au paysage Russe mais aussi quelque part au personnage de Dante puisque la première apparition de cet instrument apparaît dans 'The Conversation', scène où Barley parle à Dante dans un cimetière sans savoir vraiment ce que cet individu attend de lui. C'est réellement la partie espionnage qui ressort la plus dans la musique de Goldsmith si l'on considère la place qu'occupe le thème d'espionnage dans la partition du compositeur (avant d'être une simple histoire d'amour, 'The Russia House' est avant tout une histoire d'espionnage) avec toujours cette hypnotisante ligne de basse synthétique qui apparaît de manière immuable dans toutes les apparitions (nombreuses) du thème d'espionnage.

En fin de compte, le score de Goldsmith, très riche, donne une énergie considérable dans le film de Schepisi. Plutôt que d'utiliser un orchestre symphonique traditionnel, Goldsmith a préféré retenir pour ce film une écriture de solistes divers comme le saxophone, le piano, la basse, le duduk, le synthé (sans oublier le groupe des cordes et des quelques balalaïkas). La cohabitation des influences jazz/russe est parfaite, aussi bien pour la musique que pour le film et incontestablement 'The Russia House' fait partie des grandes BO du Goldsmith début 90. Avec 'The Family Arrives', on arrive au final du film et au générique de fin pour lequel Goldsmith réserve une superbe reprise du thème principal sous forme d'improvisation jazz sur la grille du thème entre le piano de Michael Lang, la basse de John Patitucci et le sax de Branford Marsalis. Arrive ensuite le thème d'espionnage et son implacable rythmique du synthé qui se déroule de manière obsédante (cela pourrait-il évoquer la difficulté de Barley à s'échapper de cette mission-piège?) pour finir sur une autre très belle reprise du thème principal. En définitive, 'The Russia House' apparaît comme un score original et inspiré pour un film fort sympathique. Les fans du Goldsmith action risquent d'être déçus: 'The Russia House', c'est le Goldsmith de l'émotion, du romantisme, du jazz (dans le même style que la première partie de 'Family Arrives', Goldsmith écrira une très belle reprise du thème principal de 'The Edge' en 1997 pour le générique de fin de ce film). Les fans du compositeur et les autres béophiles ne pourront que déguster cette excellente BO, preuve du talent incontestable de l'un des maîtres de la musique de film.


---Quentin Billard