1-Une hirondelle a fait
le printemps 2.56
2-Promenade 0.56
3-Visite de la ferme 0.49
4-La randonnée 0.44
5-L'homme delta 0.45
6-Adrien espionne le gite 1.05
7-L'attaque d'Adrien 0.49
8-Sandrine thème 1.32*
9-"La valse au village" 2.43**
10-Paysage de neige 0.32*
11-La tempête 1.25*
12-Le rêve 0.50
13-Une nouvelle saison 0.19*
14-Paris by Night 0.51*
15-"Je tire ma révérence" 2.57**
16-L'album photo 0.56*
17-Les vaches folles 2.24
18-"Daisy" 4.11***
19-Le retour d'Adrien 1.29*
20-Séparation 1.06*
21-Sandrine et Adrien 0.44*
22-Les souvenirs d'Adrien 3.19
23-"Lullaby" 2.12+
24-Une hirondelle a fait le printemps
(reprise) 4.26*

*Piano interprété par Philippe Rombi
**Interprété par Jean Sablon
***Interprété par Christophe
+Interprété par Pink Martini.

Musique  composée par:

Philippe Rombi

Editeur:

EMI Records 5351512

Album produit par:
Philippe Rombi

Artwork (c) 2001 Artémis Productions/Cofimage 12/Le Studio Canal +/Studio Canal/M.S. Productions/Mars Films/Nord-Ouest Productions/Procirep/Centre Européen Cinématographique Rhône-Alpes.

Note: ****
UNE HIRONDELLE A FAIT LE PRINTEMPS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Philippe Rombi
Christian Carion nous propose un bon bol d'air frais pour son deuxième film : 'Une Hirondelle a fait le printemps', film mettant en scène Michel Serrault et Mathilde Seigner dans une ferme de campagne de la région Rhône-Alpes. A une époque où les films sont de plus en plus violents, rapides et formatés, il est bon de revenir aux sources en pleine nature pour respirer un bon coup et s'apaiser l'esprit. C'est ce que propose 'Une Hirondelle a fait le printemps', l'histoire d'une jeune femme, Sandrine Dumez (Mathilde Seigner) qui quitte Paris pour s'installer dans une ferme à la campagne afin de devenir agricultrice. Là bas, elle loue une ferme et rencontre son propriétaire, Adrien (Michel Serrault), un vieux paysan grincheux et aigri qui vit comme un ours et dépourvu de tout sens de l'hospitalité. Malgré la tension qui subsistera pendant un certains temps entre les deux individus, la vie dans cette ferme va les rapprocher et permettra à Adrien de se libérer d'un poids en partageant avec elle ses souvenirs de sa femme défunte ainsi que de son troupeau de vaches qui du être abattu du jour au lendemain (à cause du syndrome de 'la vache folle') alors qu'il avait mis plus de 20 ans avec sa femme pour les élever. Cruel, la vie le fut incontestablement envers ce vieil homme : que doit-on ressentir lorsque l'on aime ses bêtes, qu'on les a nourries et élevées pendant de nombreuses années jusqu'au jour où elles doivent être abattues alors que la plupart sont sûrement en bonne santé ? Adrien partagera ainsi avec la jeune apprentie son expérience de paysan. Le film montre à quel point la vie à la ferme est particulièrement difficile et que le métier de paysan n'est pas fait pour les âmes sensibles. Ce métier impose d'avoir un fort caractère, des nerfs d'acier, une bonne santé et une très grande patience. Le long-métrage de Christian Carion parle aussi de ces choix que l'on est amené à faire un jour ou l’autre dans notre vie, des choix qui peuvent nous changer à jamais, parfois en bien, parfois en mal. Sandrine a fait le choix de devenir agricultrice alors qu'elle était promise à un grand avenir en tant qu'informaticienne. Elle en subira les conséquences et découvrira à quel point la vie à la ferme est très dure. La relation de complicité naissante entre Adrien et Sandrine deviendra vraiment touchante à la fin du film, d'autant que les acteurs ont adorés faire ce film --- nous le prouve d’ailleurs le superbe making-of du film. En clair, un très beau film français qui pour une fois, apporte un peu de pudeur à une histoire loin des clichés d'une certaine forme du cinéma français traditionnel (les disputes de couple, les séparations et l’adultère). Un film juste, sincère et plein de tendresse, servi par de très bons acteurs.

Après ses partitions pour les films de François Ozon, le jeune Philippe Rombi compose la très belle partition de 'Une Hirondelle a fait le printemps', une musique qu'il semble vraiment avoir écrit en toute sincérité, avec le coeur. La partition est entièrement orchestrale, avec l'utilisation d'instruments solistes comme le piano (interprété par le compositeur lui-même), un violon soliste, un cor anglais, un cor soliste, un violoncelle, une flûte et des guitares. Le générique de début nous permet ainsi d’entendre le très beau thème principal que Rombi réutilisera du début jusqu'à la fin du film, même si le film, dans un souci de réalisme bien français, contient assez peu de musique (mais une musique de qualité !). Extrêmement mélodique - une marque de fabrique de ce jeune compositeur - le thème rappelle vaguement le célèbre thème principal de la musique de ballet pour le 'Lac des Cygnes' de Tchaïkovski. Mais la ressemblance reste vague et ne va pas plus loin que cela. Ce très beau générique de début magnifiquement orchestré possède un côté à la fois nostalgique, rêveur, avec ses cordes et ses vents tendres et aériens à la fois, le tout agrémenté d’une très belle partie de guitare nostalgique. Rombi semble avoir été particulièrement inspiré par le film de Christian Carion. La vision des paysages magnifiques du Sud-est de la France lui a inspiré une très belle musique pleine de charme, qui apporte un véritable climat de tendresse et de sérénité particulièrement juste dans le film, une musique jamais envahissante mais toujours appropriée aux images. On retrouve notamment ce thème lorsque Sandrine rêve qu’elle voit un homme voler au dessus d'une plaine en deltaplane (cela renforce l'aspect un peu aérien et onirique du thème). Serein et véritablement très touchant, le thème principal sera très utilisé jusqu'au bout de la musique, Philippe Rombi nous proposant diverses petites variations orchestrales de sa mélodie pour accompagner l'histoire du film - le thème se trouve être aussi celui de Sandrine. L'utilisation du violon soliste ou de la flûte et surtout du cor anglais renforce le climat pastoral et apaisant de cette musique illuminée par le soleil du Sud-est de la France.

Parfois plus dramatique ou mélancolique, la musique de ‘Une Hirondelle a fait le printemps’ reste toujours un peu en retrait par rapport aux images. Les passages plus dramatiques - lorsque Sandrine craque et veut retourner à Paris où lorsque Adrien se confie à elle - font intervenir le piano et des cordes plus sombres, mais d'une manière générale, c'est l'atmosphère à la fois pastorale et nostalgique qui prédomine dans cette très belle partition. Rombi utilisera beaucoup le piano pour renforcer le caractère intime et tendre de ce score rafraîchissant. Le compositeur utilise aussi un autre thème, plus dramatique, le thème d'Adrien, qui évoque les souvenirs douloureux et les conditions difficiles de la vie du vieil homme, qui lui ont véritablement forgé un caractère en acier trempé. Préférant axer ses orchestrations autour des cordes et de la harpe, Philippe Rombi se montre tout aussi juste dans les passages plus dramatiques comme c’est le cas pour le très beau thème d'Adrien. A noter un morceau un peu à part dans le score, le morceau plus sinistre illustrant la séquence où Adrien rêve de ses vaches emmenées à l'abattoir parce qu’elles ont la ‘vache folle’ : très atmosphérique, utilisant des sonorités électroniques plus glauques, le morceau souligne le caractère cruel de cette scène. Rombi sait aussi nous étonner dans un score à l'apparence anodine mais qui contient toujours quelles belles surprises (c'est aussi le cas pour son excellent score du film 'Oui, mais'). A noter aussi la traversée de Paris en voiture, lorsque Sandrine revient pour dépanner son ami pour son travail. La pièce de piano composée par Philippe Rombi pour cette scène nous propose une petite variation pianistique assez sympathique du thème principal, celui de Sandrine).

En conclusion, ‘Une Hirondelle a fait le printemps’ est une partition simple et étonnamment rafraîchissante, illustration parfaite de la beauté de la campagne du Sud-est de la France et du bienfait de la campagne contre le stress de la ville. Parfois dramatique et parfois plus léger, le score de Rombi possède cette sincérité d'écriture qui caractérise si bien ce jeune compositeur extrêmement prometteur. On ne pourra d’ailleurs que féliciter le jeune Philippe Rombi qui doit continuer d’écrire des musiques d'une telle qualité et surtout d'une telle sincérité, quelque chose qui devient malheureusement bien trop rare dans la musique de film française d'aujourd'hui ! Bravo !



---Quentin Billard