1-Anvil of Crom 2.34
2-Riddle of Steel/Riders of Doom 5.36
3-Gift of Fury 3.50
4-Wheel of Pain 4.09
5-Atlantean Sword 3.50
6-Theology/Civilization 3.13
7-Wiefing-Theme of Love
from "Conan the Barbarian" 2.10
8-The Leaving/the Search 5.59
9-Mountain of Power Procession 3.21
10-The Tree of Woe 3.31
11-Recovery 2.11
12-The Kitchen/The Orgy 6.30
13-Funeral Pyre 4.29
14-Battle of the Mounds 4.52
15-Death of Rexor 5.34
16-Orphans of Doom/
the Awakening 5.31

Musique  composée par:

Basil Poledouris

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5390

Textes de:
Basil Poledouris
"The Orgy"

Written by:
Basil and
Zoe Poledouris
Album Produit par:
Basil Poledouris
Producteurs exécutifs:
John Milius & Jason E.Squire
Préparation pour l'édition à Varèse Sarabande:
Robert Townson

Artwork and pictures (c) 1982 Universal City Studios, inc. All rights reserved.

Note: *****
CONAN THE BARBARIAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Basil Poledouris
« Conan the Barbarian » de John Milius, réalisé en 1981, fut l'un des premiers grands rôles d'Arnold Schwarzenegger, incarnant Conan le Barbare, célèbre personnage né d'un roman de l'écrivain Robert E. Howard paru en 1932. Il s’agit de l’un des premiers grands films d’heroic-fantasy des années 80, un film qui contribua d’ailleurs largement à rendre ce genre très populaire dans le cinéma de divertissement hollywoodien des ‘eighties’. Le scénario coécrit par Oliver Stone et John Milius faisait la part belle aux scènes de bataille sanglantes, aux méchants maléfiques et bien sûr, à la musculature impressionnante d’un Arnold Schwarzenegger dans un de ses premiers rôles majeurs au cinéma - le succès du film lui ayant ainsi permis de faire décoller sa carrière au cinéma. « Conan the Barbarian » connut un tel succès qu’il rentra très vite dans la culture populaire et devint une figure emblématique du cinéma d’heroic-fantasy guerrier des années 80. Le producteur Dino de Laurentiis avait prévu cinq films à l’origine, mais le gouffre financier du « Dune » de David Lynch provoqua sa ruine et l’empêcha de concrétiser ce projet. Cependant, le film fut très souvent imité par la suite (« Red Sonja », « The Beastmaster », « Kull the Conqueror, » etc.) et donna même lieu à une suite : « Conan the Destroyer » (1984), une sorte de spin-off, « Red Sonja » (1985), une série TV en 1997 et un remake réalisé par Marcus Nispel, « Conan », prévu pour 2010. L’histoire se déroule 12000 ans avant notre ère. Alors que le jeune cimmérien Conan voit ses parents se faire assassiner par les guerriers du cruel Thulsa Doom, il est emmené dans un camp d'esclave où il deviendra un guerrier redoutable, utilisant sa force et l’enseignement de son maître qui lui apprendra l'art du combat. Arrive alors le jour où son maître lui rend enfin sa liberté. C'est l'occasion pour Conan de se faire de nouveaux alliés et de partir à la recherche de Doom afin de venger la mort de ses parents.

Basil Poledouris écrivit en 1982 ce qui s'avère être son plus grand chef-d'œuvre, un très grand classique de la musique de film américaine des années 80. Fait tout à fait étonnant : Dino de Laurentiis proposa à l’origine la musique de « Conan the Barbarian » à Vladimir Cosma, qui s’était fait connaître aux Etats-Unis grâce au succès du film « Diva ». Mais le compositeur refusa finalement de se déplacer jusqu’aux Etats-Unis par peur de l’avion (véridique !). Basil Poledouris saisit alors sa chance sur « Conan the Barbarian » et signa une partition puissante au souffle épique incontestable. « Conan the Barbarian » s'appuie sur un Love Theme splendide faisant office de thème principal, entendu dès le générique de début (« Anvil of Crom »), une ouverture guerrière avec cuivres et percussions représentant l'aventure mouvementée qui attend Conan tout au long de son périple (et que Jerry Goldsmith citera dans l’ouverture de sa partition pour « Total Recall » en 1990). « Riddle of Steel/Riders of Doom » introduit ensuite l’histoire en annonçant dans un premier temps le thème de Conan - qui n’est encore qu’un enfant au début du film - thème interprété ici de façon plus douce et nostalgique, et qui deviendra par la suite le somptueux Love Theme du film.

Puis, la seconde partie du morceau permet à Poledouris d’illustrer l'attaque des cavaliers de Doom dans le village de Conan et l’assassinat de ses parents. Le compositeur signe ici une des pièces maîtresses de toute sa carrière : « Riders of Doom », un pur moment d’anthologie de la musique de film ! Ecrit pour une grande formation chorale chantant sur un texte original de Poledouris accompagné par un orchestre très énergique, « Riders of Doom » apporte à cette scène un souffle épique exceptionnel, une pièce puissante et guerrière qui sera d’ailleurs très souvent réutilisé par la suite dans des bandes-annonces de film, notamment dans l’un des trailers du « Gladiator » de Ridley Scott et dans une publicité pour le jeu vidéo « Zelda 64 ». L'écriture chorale/orchestrale de cette pièce est incroyablement maîtrisée, le résultat demeurant très spectaculaire à l'écran. L’approche quasi opératique de Poledouris sur cette scène apporte une emphase incroyable aux images, dans un style que l’on a parfois comparé aux opéras de Richard Wagner. On retrouve d'ailleurs cette pièce lors d'une scène de bataille entre Conan et les sbires de Doom, scène illuminée par la force incomparable de « Riders of Doom », une chorale puissante et guerrière, une pièce emphatique rythmée par les percussions, le tambourin et l’énergie incroyable qui se dégage de l’orchestre.

Mais, loin de se limiter au caractère épique et guerrier du film, la musique de Basil Poledouris possède aussi un lyrisme classique d’une grande beauté et une émotion qui rend l’oeuvre du compositeur encore plus puissante et riche à l’écran, une musique bien plus humaine et complexe que le film n’y paraît. Ainsi donc, le « Love Theme » reste l’une des plus belles pièces qu'ai écrit Basil Poledouris dans toute sa carrière, illustrant dans le film l’idylle naissante entre Conan et Valéria, la guerrière brillamment interprétée par Sendahl Bergman. Fait marquant pour l’époque, la partition de « Conan the Barbarian » démontre de façon assez exceptionnelle toute l’étendue des talents d’un Basil Poledouris encore assez jeune et peu connu à l’époque, un talent reflété par la qualité incroyable de l’écriture symphonique du compositeur. En effet, il n’est pas rare de ressentir dans plusieurs mesures de cette partition l’influence notable que semble avoir exercée la musique du Golden Age hollywoodien sur celle de « Conan the Barbarian ». Poledouris s’inscrivait ainsi dès 1982 en digne successeur de Miklos Rozsa, l’un des maîtres de l’âge d’or hollywoodien spécialisé dans les musiques épiques pour les grands péplums d’antan. La partition symphonique de Poledouris révèle un classicisme d’écriture d’une richesse incroyable, alternant entre la sauvagerie guerrière de l’histoire et un lyrisme époustouflant et raffiné d’une rare beauté, à la façon du légendaire Miklos Rozsa.

« The Orgy » est un autre morceau incontournable de la partition de « Conan the Barbarian », une danse à trois temps aux accents médiévaux accompagnant l'orgie à l'intérieur du temple de Doom. Cette excellente pièce à été écrite par Basil Poledouris et sa fille Zöe, qui a apporté ici sa contribution personnelle à l'oeuvre de son père. « The Orgy » fait à son tour référence au style des nombreuses danses que Miklos Rozsa écrivit pour plusieurs péplums hollywoodiens des années 50/60. On ne pourra pas passer à côté du superbe « Theology/Civilization », lorsque Conan et son nouvel ami discutent de leurs religions respectives et de leurs pays d'origine. Le thème décolle ici à travers une grande envolée de cordes majestueuses qui illustre avec un certain lyrisme l'amitié unissant les deux hommes. Poledouris fait ainsi de nombreuses références à la musique médiévale et accompagne les scènes guerrières avec la puissance orchestrale et le souffle épique de ses choeurs. Loin de sombrer dans la cacophonie pour les séquences de bataille, Basil Poledouris privilégie à contrario une écriture orchestrale plus classique et opératique d’esprit, aux orchestrations extrêmement riches, détaillées et inspirées, à la manière des grandes oeuvres classiques d’antan.

Le final du film, la mort de Thulsa Doom et le réveil des esclaves ensorcelés, est accompagné par un choeur féminin d'une très grande beauté. Conan a vengé sa femme Valéria et par la même occasion ses parents. Le choeur féminin pourrait ainsi représenter les voix des fantômes, celles de Valéria et des parents de Conan. Mais le choeur évoque aussi le réveil des esclaves ensorcelés. On reste alors étonné par l’approche voulue par Poledouris sur les images de cette scène, apportant une mélancolie et une amertume plutôt inattendue à première vue mais tout à fait justifiée. Plutôt que d’évoquer directement le triomphe de Conan, Basil Poledouris préfère là aussi souligner les sentiments du personnage d’Arnold Schwarzenegger qui prend alors conscience d’avoir dû accomplir sa vengeance dans le sang et la mort, une victoire bien amère pour ce grand guerrier - le final même du film semble évoquer les sentiments ambigus du héros qui, assit sur son nouveau trône, semble refléter dans à travers son expression une amertume profonde, une résignation quasi totale. Guerrier, romantique, barbare, épique, opératique, « Conan the Barbarian » reste bel et bien un chef d'oeuvre de la musique de film et probablement la plus grande partition du compositeur Basil Poledouris. Un trésor de la musique de film maintenant disponible dans sa version intégrale aux éditions Varèse Sarabande. Un must !


---Quentin Billard