1-Main Titles 2.08
2-My Cousin Sophie 2.55
3-Airport Goodbye 1.57
4-Enter Berlin 3.48
5-The Boathouse 5.05
6-Kinderstrasse 5.04
7-Escape to Margrete 3.49
8-Gestapo Search 4.17
9-Exit Berlin 5.30
10-The Swiss Border 3.31
11-End Credits 2.24
12-I'll Be Seeing You* 3.25

*Interprété par Deirdre Harrison
Ecrit par Sammy Fain
et Irving Kahal
arrangé par John Fiddy

Musique  composée par:

Michael Kamen

Editeur:

Milan Records 262 742

Album produit par:
Michael Kamen,
Stephen McLaughlin
Christopher Brooks

Supervisé pour la
20th Century Fox par:
Elliot Lurie
Coordinateur musical:
Christopher Brooks
Montage de la musique:
Joseph S.DeBeasi
Assistant montage:
Pierre Kahn

Artwork and pictures (c) 1992 Twentieth Century Fox Film Corporation/Milan America, Inc. All rights reserved.

Note: ****
SHINING THROUGH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Kamen
'Shining Through' (Une Lueur dans la Nuit) de David Seltzer est un thriller dramatique sur fond de seconde guerre mondiale évoquant la difficulté des espions américains durant le conflit. Le film montre les dangers de ce métier pourtant indispensable en période de guerre. L’histoire est entièrement raconté par Linda Voss (Mélanie Griffith, très convaincante dans ce rôle), la secrétaire de Ed Leland (Michael Douglas), un homme d’affaire qui cache en fait son véritable métier: un espion travaillant pour le compte des Etats-Unis (Ed Leland est devenu plus tard son mari). Passionné de films de guerre, Linda connaît tout des ficelles du métier et en tapant des messages en langue allemande pour Ed (elle sait très bien parler l’allemand), elle comprends que ce dernier est en fait un espion. Finalement, elle va tout faire pour que Ed l’envoie en mission d’espionnage à Berlin dans le but de prendre en photo des documents militaires secrets Nazis. Ce sera aussi pour elle l’occasion de retrouver sa cousine Sophie qui est juive et qui est restée à Berlin. Après beaucoup d’hésitation, Ed se décidera enfin à accepter que Linda parte accomplir en Allemagne cette mission suicide. Son opération à Berlin sera hautement périlleuse. 'Shining Through' est avant tout une émouvante histoire d’amour sur fond de guerre et d’espionnage. La mise en scène n’est pas originale mais le tout reste très captivant et surtout très prenant, et ce jusqu’à la fin. Enfin, on notera l’interprétation magistrale de Melanie Griffith dans ce rôle assez fort.

Michael Kamen a écrit un score très réussi pour ce film, à la fois dramatique et sombre, tout à l’image du film. Le compositeur montre tout son talent pour maîtriser l’orchestration et une écriture symphonique souvent assez dense. Le score de 'Shining Through' est entièrement symphonique comme au bon vieux temps de l’âge d’or Hollywoodien. En parlant de cela, le très beau thème principal que Kamen a écrit pour ce score renvoie tout droit aux grandes partitions romantiques du ‘Golden Age Hollywoodien' avec une touche vaguement Européenne. Entendu dès le générique de début (Main Titles), le thème principal est romantique à souhait, exposé au piano avec des cordes amples et passionnées. Très mélodique, le thème nous renvoie au style très romantique du Love Theme de 'Robin Hood' de Kamen, les deux thèmes ayant une grande parenté de style. Ce Love Theme servira de leitmotiv pour l’amour qui va progressivement unir le couple Ed/Linda à travers cette sombre histoire d’espionnage chez les Nazis. Le deuxième thème est moins présent dans le film, mais il évoque la quête désespérée de Linda pour retrouver sa cousine Sophie qui se cache quelque part en Allemagne. Entendu dès ‘My Cousin Sophie’ où Kamen met en avant ses cordes sombres, le thème au profil mélodique très chantant apparaît à la fois très dramatique (le fait de choisir la flûte pour sa première apparition n’est sûrement pas anodin - la cousine de Linda est une flûtiste dans le film -), le compositeur rendant son orchestration de plus en plus dense et avec un talent certain. On sent dès ce morceau tout le drame qui va se jouer progressivement dans le film, et ce bien avant que Linda parte en mission pour Berlin. Avec ‘Airport Goodbyes’, on monte d’un cran dans l’émotion puisque le couple est amené à se séparer à l’aéroport alors que Ed explique à Linda qu’il doit partir et qu’il ne préfère pas qu’elle souffre à l’attendre pendant longtemps. Kamen réutilise son thème principal de manière très poignant avec que les cordes reprennent le thème dans un élan dramatique parfaitement maîtrisé et renvoyant une fois de plus à certains clichés de musique au romantisme flamboyant du Golden Age Hollywoodien (mais la partition de Kamen est certainement dix fois moins mielleuse que certaines BO des années 30 ou 40 dans ce style là).

La partition prend véritablement une tournure très sombre dans ‘Enter Berlin’ alors que Linda arrive à Berlin pour sa mission. L’arrivée du train à Berlin et la séquence des troupes Nazies passant dans la ville est illustré avec une musique au chromatisme Wagnérien exacerbé dans un style quasi apocalyptique et torturé, avec en plus quelques accents martiaux évoquant la puissance de l’empire d’Hitler. Ce passage du score est assez intense. Kamen décrit l’arrivée de Linda dans Berlin comme si elle arrivait dans les Enfers (ce qui est assez évident en fait). Sombre et menaçant à la fois, c’est la qualité des orchestrations qui mettent ici en avant l’intensité de la musique sur les premiers plans sombres de Berlin (rajoutons à cela qu’en plus, l’héroïne arrive en Allemagne la nuit). Le drame prend toute son ampleur dans le tragique ‘Kinderstrasse’ alors que Linda a retrouvé l’endroit où se cachait sa cousine. Elle s’aperçoit alors qu’elle n’est plus ici et comprends qu’elle a été emmené dans un camp de concentration. Kamen augmente l’aspect dramatique de cette scène en utilisant un choeur de femmes et une harpe au sein de l’orchestre alors que le thème dramatique refait son apparition (à la flûte, toujours pour évoquer la cousine flûtiste de Linda qu’elle ne reverra plus jamais) avant une envolée tragique et poignante du choeur et de l’orchestre alors que Linda retrouve par terre un bout cassé de la flûte de sa cousine.

La dernière partie du film est probablement la plus sombre et aussi la plus agitée. C’est là que Kamen déploie tout le côté thriller de sa musique alors que Linda va tout faire pour tenter de fuir l’Allemagne et de retrouver Ed qui l’attends pour aller en Suisse, là où la Gestapo ne pourra plus rien faire contre eux. Avec le très sombre ‘Escape to Margrete’, c’est une envolée progressive et agitée de l’orchestre qui fait comprendre que Margrete Von Eberstein (Joely Richardson) est en fait une traîtresse et que Linda doit tout faire pour partir de chez elle et récupérer son microfilm contenant toutes les photographies des documents militaires secrets. Une fois encore, Kamen montre tout son talent pour maîtriser l’orchestre et donner une densité orchestrale saisissante à sa musique (la densité orchestrale renvoyant aussi à la densité de la scène). La musique devient très vite terrifiante et tout cela ne fait que s’amplifier dans les très sombres ‘Gestapo Search’ et ‘Exit Berlin’. ‘Gestapo Search’ met en scène différents effets orchestraux pour évoquer la traque menée par les agents de la Gestapo pour retrouver Linda. Kamen nous fait ressentir toute l’intensité de ces scènes de traque et du danger qui guète Linda à tout moment. Alors que cette dernière prend le train, elle découvre que Ed est à bord et qu’il est prêt à l’aider à rejoindre la Suisse. Dans le très intense ‘Exit Berlin’, la réapparition de Ed dans ce train se fait évidemment avec le retour suggéré du Love Theme apportant une touche d’espoir pour le couple fugitif. Mais sa réapparition est brève et Kamen fait progressivement monter la tension au fur et à mesure que le couple se rapproche de la frontière Suisse. Dans ‘ The Swiss Border’ (qui évoque au début le style d’ambiance suspense que l’on pouvait trouver dans Die Hard), la tension atteint son paroxysme jusqu’au final du film.

Kamen réutilise son très beau thème principal dans le générique de fin ('End Credits') concluant le film sur une touche d’émotion romantique vraiment poignante, concluant un film assez réussi et une BO dramatiquement riche et intense à la fois. 'Shining Through' montre tout le talent de Kamen à maîtriser l’orchestre et à apporter une couleur aux images comme il le fit dans certaines de ses BO plus anciennes telle que 'Die Hard', 'Dead Zone' ou bien encore 'Brazil'. Le score fait malheureusement partie des partitions assez méconnue du compositeur alors qu’elle possède beaucoup de qualité dont l’une est d’être superbement écrite et interprété. En clair, 'Shining Through' fait partie des scores de Kamen à découvrir si ce n’est pas déjà fait.


---Quentin Billard