1-Su-Chou Prison 5.00
2-Muir Races to Work 3.32
3-"...He's Been
Arrested for Espionage." 1.23
4-Red Shirt 5.07
5-Training Montage 2.34
6-Berlin 2.18
7-"It's not a Game" 2.34
8-"You're Going to Miss it" 9.15
9-Beirut, A War Zone 3.20
10-"My Name is Tom" 2.41
11-All Hell Breaks Loose 6.19
12-Explosion & Aftermath 2.50
13-Parting Company 2.08
14-Harker Tracks Muir 3.28
15-The Long Night 1.46
16-Muir's In The Hot Seat 5.08
17-Back at Su-Chou Prison 2.18
18-Operation Dinner Out 4.50
19-Spies (Ryebot Remix)* 2.19
20-Dinner Out
(Rothrock Remix)** 2.38

*Ecrit par H.Gregson-Williams
Remixé par Ryeland Allison
**Ecrit par H.Gregson-Williams
Remixé par Tom Rothrock

Musique  composée par:

Harry Gregson-Williams

Editeur:

Decca Records
016 190-2 DH

Musique produite par:
Harry Gregson-Williams
Producteur exécutif:
G.Marq Roswell
Directeurs en charge de
la musique pour
Universal Pictures:
Kathy Nelson, Harry Garfield
Coordinateur du soundtrack:
Meredith Friedman,
Leah M.Panlilio

Monteur de la musique:
Richard Whitfield
Superviseur de production:
Gretchen O'Neal

Artwork and pictures (c) 2001 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***1/2
SPY GAME
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Gregson-Williams
Le réalisateur Tony Scott revient de nouveau au monde l’espionnage avec Spy Game, film assez réussi qui analyse la vie des espions et les enjeux de l’espionnage. Robert Redford incarne Nathan Muir, un membre de la CIA qui part à la retraite au moment où il apprend que son protégé Tom Bishop (Brad Pitt, toujours à l’aise dans ses rôles) a été arrêté en Chine pour espionnage. Dans 24 heures, il sera exécuté, à moins que le Président des Etats-Unis en personne se charge de le faire libérer, chose que la CIA a bien l’intention d’éviter pour des raisons diplomatiques. Interrogé par des membres de la CIA à propos de Bishop, Muir va tout mettre en oeuvre pour tenter de libérer Bishop, l’homme qu’il a recruté et entraîné alors qu’ils étaient tout les deux au Viêt-nam. Ce sera aussi pour lui l’occasion de se souvenir des différentes missions qu’ils ont effectués ensemble, avec les moments forts et les moments difficiles. (la majorité de l’histoire se déroule sous forme de flash-back) Muir devra agir en secret et contre la CIA. La mise en scène de Tony Scott reste égale à elle même: montage speedé de style clip MTV (influence du style Bruckheimer sans aucun doute, même si le fameux producteur américain ne faisait pas partie du jeu cette fois ci) mouvements de caméras avec effets d’accélération et de ralentis typiques, utilisation de filtre, personnages typés, situations et rythme soutenu, etc. 'Spy Game' est un thriller d’espionnage tout à fait classique dans le genre, la bonne idée du film étant que l’on a une vision plus nette de la manière dont les espions vivent leurs missions et jusqu’où leur métier peut les faire aller.

Habitué à collaborer avec l’équipe des musiciens de chez Media-Ventures, Tony Scott a une fois de plus fait appel à l’un d’entre eux pour 'Spy Game'. Cette fois, c’est Harry Gregson-Williams qui s’y colle, un compositeur dont les musiques additionnelles sont plus fréquentes que ses partitions en solo - notons tout de même les scores de ‘Liar (Deceiver)’, ‘The Borrowers’, ‘The Tigger Movie’ ou bien encore ‘The Replacement Killers’. 'Spy Game' s’annonce comme un nouveau score thriller à la Enemy of The State pour les sonorités électroniques et orchestrales employés, mais avec moins d’action. Effectivement, 'Spy Game' est plus une BO d’atmosphère plutôt qu’un score d’action à proprement parler (même si les rares passages d’action sont néanmoins présent). Ceux qui s’attendent donc à retrouver un ‘The Rock’ ou un ‘The Peacemaker’ seront plutôt déçus. Le score de Gregson-Williams est du synthético-orchestral traditionnel et sans surprise, un style de musique que l’écurie de Hans Zimmer produit depuis plusieurs années déjà et avec un manque d’originalité de plus en plus flagrant. Néanmoins, le score pour le film de Tony Scott possède de nombreux atouts qui en font l’une des oeuvres de Gregson-Williams la plus aboutie pour l’instant.

Sombre, le score l’est résolument. Dès l’introduction du film avec la scène de la prison de Su-Chou, Gregson-Williams installe ses principaux matériaux pour sa musique. Sonorités exotiques évoquées à travers des instruments à vents aux couleurs locales (le début du film se passe en Chine), rythmiques de synthé et sonorités électroniques habituelles, orchestre présent, tempo d’action très speedé alors que Bishop tente de s’échapper hors de la prison avec une détenue, Gregson-Williams frappe fort d’entrée avec une introduction déjà très sombre qui permet de faire entendre des prémisses du thème principal. Evidemment, un score de Media-Ventures ne serait rien sans thème, et c’est là que Gregson-Williams se montre plus subtil qu’à l’accoutumée. Le thème principal sonne dramatique et est tout sauf mélodique. Pas de grand thème à la ‘Enemy of The State’ ou ‘The Rock’. Le thème de 'Spy Game' évoque l’aspect dramatique de l’histoire et de ces individus confrontés à la difficulté et au souffrance que peuvent parfois provoquer le dur métier d’espion. Le thème souligne aussi le combat que mène Muir pour faire libérer son ami, et se distingue par son aspect harmonique descendant qui renforce le côté dramatique du thème en évitant tout les clichés mélodiques habituels. Si l’effet se fait assez peu ressentir au départ, le thème monte de plus en plus au fur et à mesure que l’histoire avance, et il finit par installer un véritable climat dramatique, parfois très présent. Le deuxième thème est moins présent dans le film et on pourrait l’appeler ‘Love Theme’. Il évoque la liaison naissante entre Bishop et Elizabeth Hadley (Cathernie McCormack) et se présente comme étant très clairement mélodique. Accompagné par l’orchestre et le chant d’un jeune garçon soprano Timothy Washburn, ce très beau thème renforce le côté dramatique de l’histoire en soulignant la difficulté de Bishop à mener une vie sentimentale avec son métier. (le thème renforce aussi la séparation progressive des deux individus)

Placé au cœur des intrigues d’espionnage, on retrouve les rythmes techno/pop électroniques et les percussions de synthé typiques de chez Media-Ventures, la musique de Gregson-Williams conservant toujours un certain rythme et une dynamique importante dans le film, même dans les moments creux (c’est aussi cela qui fait le charme de la mise en scène du film) ou les passages au rythme plus lent. Autre élément important à noter, c’est l’utilisation de touches ethniques dans la musique. Pour suivre les différents pays visités par les deux espions dans l’histoire raconté par Muir, le compositeur a utilisé différentes touches ethniques comme par exemple les sonorités asiatiques pour la Chine (flûte chinoise, Erhu, cymbalum), les guitares à Berlin ou les sonorités orientales pour tous les passages se déroulant à Beyrouth. Pour les passages à Beyrouth, Gregson-Williams a utilisé un chanteur arabe pour donner une couleur locale plus crédible (l’aspect vocal est très réussi sans être original). A ce propos, on notera la manière dont Gregson-Williams souligne la séquence de l’attentat suicide à Beyrouth, là où il utilise des chœurs pour renforcer un sentiment dramatique déjà très présent au sein d’un score à la fois lent et rythmé.

Malgré le fait que ce soit plus le style suspense dramatique de ‘Enemy of The State’ ou de ‘Metal Gear Solid 2’ (autre BO de Gregson-Williams proche du style de ‘Spy Game’) qui prédomine dans ce score, l’action est présente dans certains passages et l'on pense notamment à la séquence au Viêt-nam où Bishop est poursuivi par un hélicoptère avant que Muir viennent le récupérer. On retrouve à ce moment là un sentiment d’action héroïque/dramatique très Media-Venturien avec un côté intense qui illumine la scène. Un bon passage de plus à rajouter aux atouts de ce score qui n’en manque pas. On notera aussi les passages d'action pour le sauvetage final et la scène d'entraînement vers le début (avec percussions et rythmique techno). Vous l’aurez donc compris, 'Spy Game' est un score réussi qui donne beaucoup de rythme au film mais dont le plus gros défaut reste une fois encore un manque flagrant d’originalité. On dirait que les musiciens de chez Media-Ventures sont aujourd’hui obligés de se recycler, faute d’inspiration. (on pourrait presque dire la même chose pour certains réalisateurs américains de maintenant) Les fans de gros scores d’action à la ‘The Rock’ risquent d’être déçus: la musique de 'Spy Game' est un peu plus subtile que la BO calibrée et excitante pour le film de Michael Bay. Malgré son manque d’originalité et une sensation de déjà entendu assez fort, 'Spy Game' prouve une fois de plus qu'Harry Gregson-Williams est capable d’écrire de très bonne musique en solo, à condition qu’on lui en donne les moyens.


---Quentin Billard