1-Awful Waste of Space 1.41
2-Ellie's Bogey 3.23
3-The Primer 6.19
4-Really Confused 1.18
5-Test Run Bomber 4.25
6-Heart Attack 1.29
7-Media Event 1.24
8-Button Me Up 1.18
9-Good To Go 5.11
10-No Words 1.42
11-Small Moves 5.35
12-I Believe Her 2.31
13-Contact-End Credits 7.58

Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:

Warner Bros Label 9362-46811-2

Album Produit par:
Alan Silvestri
Montage de la musique:
Kenneth Karman
Assistant monteur:
Jacqui Tager
Directeur en charge de la musique
pour Warner Bros:
Gary LeMel
and Doug Frank
Directeur en charge de la
musique pour Warner Bros. Records:
Danny Bramson

Artwork and pictures (c) 1997 Warner Bros/Warner Bros Records, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
CONTACT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
Film assez personnel de Robert Zemeckis adapté du roman éponyme de Carl Sagan, « Contact » évoque l’histoire d’Ellie Arroway (Jodie Foster), une brillante scientifique américaine qui recherche activement les signes d’une quelconque intelligence extraterrestre et qui travaille depuis quelques années avec une équipe de chercheurs du SETI. Alors qu’elle doit se heurter sans arrêt à l’incrédulité de son entourage, Ellie réussit un jour à détecter un mystérieux message d’origine inconnue, qui provient de l’étoile Vega, à une vingtaine d’années lumières de notre système solaire. Ellie finit par décoder le message et comprend qu’il s’agit du plan d’une machine de transport interstellaire. Cette découverte bouscule alors toutes les croyances et les convictions de chacun : certains y voient un signe du renouveau de l’humanité, une chance de rencontrer enfin d’autres peuples vivants dans d’autres galaxies, mais d’autres au contraire y voient l’annonce fatale de la fin du monde. Pour Ellie, ce sera le début d’un périple fantastique au-delà des frontières du rationnel et de notre monde. « Contact » nous propose ainsi une réflexion émouvante sur l'homme et ses quêtes métaphysiques, un très beau film qui ne mérite pas l'avalanche de mauvaises critiques qu'il a reçu dès sa sortie en salle en 1997. Le film avait au moins l’audace d’opposer la science et la foi sur fond de recherches d’intelligence extraterrestre. Mais à l’inverse de bon nombre de films américains qui évoquent le thème ultra rabâché des extraterrestres, « Contact » utilise à bon escient cette idée de rencontre entre l’homme et les aliens pour soutenir sa réflexion sur un certain mysticisme religieux et scientifique qui finissent par se rejoindre : ainsi donc, l’expérience que vit Ellie à la fin du film tient plus de la description d’une mort proche - Ellie retrouve finalement son père comme dans un rêve - ne dit-on pas que ceux qui ont frôlé la mort ont revu des visages anciens et familiers dans leur esprit ? Robert Zemeckis maintient une certaine ambigüité sur cette conclusion finale, à tel point que ceux qui s’attendent à un film à la « The Arrival » risquent fort d’être déçus. Les extraterrestres ne sont jamais montrés mais leur signal est omniprésent pendant une bonne partie du film. Film de science-fiction intelligent et émouvant, « Contact » fait partie de ces productions rares, réalisé avec une certaine finesse et servi par l’interprétation magistrale de la magnifique Jodie Foster.

Comme à l'accoutumé, Robert Zemeckis retrouve sur « Contact » son éternel complice, Alan Silvestri, qui a composé pour ce film une partition intime très touchante. Le thème principal de « Contact » est associé tout au long du film au personnage de Jodie Foster, Ellie Arroway, bouleversée par la mort de son père. C’est une femme passionnée par l'astronomie. Dès son plus jeune âge, son père aimait ainsi lui montrer les étoiles dans le ciel ou la faire parler dans une radio (« Awful Waste of Space »). A l’âge adulte, Ellie fera de sa passion son métier. Le thème de Silvestri retranscrit donc à l’écran la sensibilité et la foi de ce personnage fragile en quête de réponse, une musique plus intime, poétique et chaleureuse utilisant principalement le piano qui suggère ici l’introspection et les émotions de la jeune femme, et qui rappelle par moment la partition de « Forrest Gump ». Ce thème est développé dans toute sa splendeur lors du générique de fin du film (« Contact - End Credits »), Silvestri aidant ainsi sa mélodie à s’épanouir à travers l’apport et la chaleur incomparable des cordes et de l’ensemble de l’orchestre accompagné du piano.

Avec « Contact », c’est donc au Alan Silvestri de l’introspection et de l’émotion que nous avons bel et bien à faire, le film de Robert Zemeckis permettant ainsi au compositeur de nous rappeler sa grande sensibilité et son goût pour les mélodies plus poétiques et intimes. Le film en lui-même contient finalement très peu d’action, tout comme le score de Silvestri. Néanmoins, certains morceaux plus sombres - vers le milieu du film - font intervenir les synthétiseurs pour suggérer l'aspect futuriste de l'histoire - et notamment lors de la magnifique scène du voyage dans la galaxie (« Small Moves »), morceau représentant habilement le mystère d'un monde inconnu s'ouvrant aux hommes, avec ses sonorités électroniques surréalistes et oniriques. Certains passages, plus rythmés, nous permettent de retrouver un Silvestri plus exubérant et énergique comme « Ellie’s Bogey » et ses cordes agitées tout à fait typiques du compositeur, un morceau aux orchestrations extrêmement bien soignées, pour la scène où Ellie reçoit le mystérieux message extraterrestre et s’active pour tenter de le décoder. « Ellie’s Bogey » se rapproche par moment des rythmes et du style action de « Volcano » ou de « Eraser », du Silvestri à 100% donc ! La musique se veut aussi plus sombre et mystérieuse dans « The Primer » et ses longues plages synthétiques inquiétantes et quasi surréalistes, un morceau atmosphérique particulièrement impressionnant qui développe une atmosphère onirique assez sombre sur plus de 6 minutes.

La musique alterne ainsi dans le film entre l’introspection liée au personnage de Jodie Foster (le très beau « No Words » ou « Really Confused » et sa reprise délicate du thème à la harpe) et les moments plus sombres comme l’atmosphérique « Test Run Bomber » avec ses synthétiseurs inquiétants pour la séquence de l’attentat suicide du kamikaze, sans oublier les moments plus dramatiques comme « Heart Attack » et les passages plus solennels comme « Media Event » et sa trompette quasi patriotique. « Media Event » apporte quand à lui un sentiment d’espoir, de détermination, avec des harmonies plus raffinées et recherchées qui rappelle encore une fois les talents de compositeur d’Alan Silvestri, débouchant sur le poignant « Button Me Up », autre bel exemple de morceau aux harmonies plus élaborées. La pièce s’articule ici autour d’une descente d’accords porteurs d’une certaine émotion toujours très palpable à l’écran, lorsqu’Ellie décide de tenter à son tour l’expérience. Et c’est « Good To Go » qui accompagne son départ pour la mission avec un ostinato électronique du plus bel effet et un orchestre dominé par des rythmes martelés typiques du compositeur, symbolisant ici la détermination de l’héroïne dans le film. Silvestri réutilise enfin son thème principal repris aux cordes dans la séquence du voyage dans l’espace et pour le final (« I Believe Her »), avec son thème de piano conclusif poignant.

« Contact » s’avère être au final une partition de qualité de la part d’Alan Silvestri, une musique plus personnelle et aussi plus humaine et chaleureuse, qui illustre à la fois l’excitation unique de cette grande aventure scientifique/humaine et les sentiments du personnage principal incarné à l’écran par Jodie Foster. Alan Silvestri se tourne encore une fois vers le passé pour écrire la musique du film de Robert Zemeckis, une musique plus proche du lyrisme poétique et délicat de « Forrest Gump » et des rythmes plus modernes entre « Eraser » et « Volcano » - certains passages rappellent même par moment des mesures du score rejeté de Silvestri pour le film « Mission : Impossible » de Brian De Palma !). Nouvelle grande réussite qui rappelle l’incroyable qualité de la collaboration Alan Silvestri/Robert Zemeckis, « Contact » est une partition simple et émouvante qui ne recherche pas les grands effets complexes ou modernes mais préfère jouer à contrario sur une évocation plus franche et poignante des états d’âme d’une jeune femme en quête de réponses, face à l’expérience la plus grandiose et la plus puissante de toute sa vie. Entre la beauté du thème de piano délicat d’Ellie et le pouvoir évocateur des synthétiseurs new-age entendus lors des scènes de contact extraterrestre, la partition de Silvestri possède indubitablement toutes les qualités requises pour en faire une oeuvre de choix dans la collaboration très riche entre Zemeckis et Silvestri, car sans être un chef-d’oeuvre absolu en soi, « Contact » n’en demeure pas moins une partition d’une grande beauté, en adéquation totale avec les images du film de Robert Zemeckis. Que du très bon, en somme !



---Quentin Billard