1-Main Titles 1.37
2-Woe, The Darkman...Woe 6.09
3-Rebuilding/Failure 3.16
4-Love Theme 0.56
5-Julie Transforms 1.11
6-Rage/Peppy Science 1.37
7-Creating Pauley 3.19
8-Double Durante 1.50
9-The Plot Unfolds
(Dancing Freak) 7.01
10-Carnival From Hell 3.16
11-Julie Discovers Darkman 1.59
12-High Steel 4.19
13-Finale/End Credits 3.39

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

MCA Records
MCAD-10094

Producteur exécutif:
Kathy Nelson
Monteur de la musique:
Bob Badami
Représentant de la
musique de film de
Mr.Elfman:
Richard Kraft, ICM

Artwork and pictures (c) 1990 Universal City Studiosn, Inc/MCA Records, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
DARKMAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Sam Raimi venait de finir le très amusant 'Evil Dead II' en 1987 lorsqu'il arriva finalement sur un film à plus gros budget dont l'histoire reposerait autour d'une sorte de sombre super-héros échappé tout droit d'un comics américain à la Frank Miller (on pense au sombre 'Batman: The Dark Knight Returns' évoquant un Batman plus sombre dans un futur très noir). Pour son premier grand blockbuster après des films à plus petit budget tels que les deux premiers 'Evil Dead' et 'Crimewave', Raimi a réalisé avec 'Darkman' l'exploit de narrer le récit d'un scientifique complètement défiguré à la suite de l'explosion de son laboratoire et qui part pour se venger des criminels qui l'ont mis dans cet état, tout en changeant petit à petit de personnalité. Liam Neeson interprète Peyton Westlake, un scientifique qui travaille sur la recherche d'une peau synthétique qui permettrait de remplacer les peaux humaines brûlées. Son expérience ne fonctionne alors qu'à moitié lorsqu'il s'aperçoit que cette nouvelle peau est photosensible et se détruit au bout de 90 minutes. A la suite d'un problème de pot-de-vin que sa petite amie Julie (Frances McDormand) a découvert chez son employeur Louis Strack, le cruel Robert Durant (excellent Larry Drake dans un rôle de méchant comme on les adore) est envoyé chez Peyton pour retrouver le papier compromettant. Avec l'aide de ses hommes, ils agressent très violemment Peyton après l'avoir torturé et font exploser son laboratoire. Atrocement défiguré, Peyton se retrouve seul à errer dans la rue avec un bandage autour de son visage méconnaissable. Tentant de reprendre ses expériences de peau synthétique (cela rappelle le truc des masques de Grant Collier dans la série Mission: Impossible de 1988 à 1900), Peyton retrouve la trace de Julie et lui fait croire que tout est à nouveau possible entre eux deux. Mais il lui cache alors qu'il porte une fausse peau sur le visage et qu'il a véritablement changé depuis cette terrible agression. Enragé, il n'a plus qu'une idée en tête: retrouver tous les coupables de ce crime et se venger. La vendetta du sombre 'Darkman' commence alors. Le film de Raimi est très bien réalisé, on retrouve les plans un peu dingue du réalisateur et des passages fantaisistes qui rappellent le style des 'Evil Dead'. Très rythmé, le film évite les clichés des séries-B du genre même si le scénario reste assez limité (c'est une énième histoire de vengeance à la Robocop!). Les effets spéciaux font bien années 90 et même s'ils ont un tout petit peu vieilli, le film reste très impressionnant. Dans le genre, c'est donc une petite réussite et un bon film de Sam Raimi, un réalisateur qui sait se monter inspiré lorsqu'il s'en donne les moyens.

Danny Elfman a été choisi pour mettre en musique le sombre film de Sam Raimi. Son choix paraît évident puisqu'un an avant 'Darkman', Elfman venait de composer un score pour un autre film de super-héros, 'Batman' de Tim Burton. Le score de 'Darkman' est nettement plus sombre que celui de 'Batman'. La musique est plus proche du style thriller. Reposant autour d'un thème principal très développé durant tout le film, la partition d'Elfman est typique de ce que le compositeur écrit depuis les années 90, même si l'on retrouve encore dans 'Darkman' quelques traces de fantaisie qui aura tendance à se faire plutôt rare dans ses scores d'après 1995. Le thème principal se reconnaît à un motif de 4 notes qui évoque le côté sombre et dramatique de Peyton/Darkman. Ne vous attendez pas ici à un thème très mémorisable comme l'était celui de 'Batman'. Le thème a beau passer plutôt inaperçu à la première écoute, il est néanmoins là et accompagne les sombres aventures de 'Darkman'. Les orchestrations d'Elfman sont amples, et ce dès le début. Privilégiant percussions, cuivres sombres et cordes torturées, le score d'Elfman évoque cette soif de vengeance qui obsède Darkman bien décidé à faire la peau à tout ceux qui l'ont mis dans cet état. Alors que Peyton se retrouve dans la rue la nuit après s'être échappé de l'hôpital où il était, Elfman fait intervenir un orgue pour amplifier l'aspect dramatique et sombre de la séquence. L'orgue donne évidemment un côté gothique à ce sombre personnage et apporte une légère petite touche de fantaisie au sein d'une écriture orchestrale très mouvementée et typique d'Elfman. On notera le fait qu'Elfman ait particulièrement accentué le pupitre des percussions pour renforcer l'aspect action très présent dans ce score. (on pense au style action du futur 'Mission: Impossible' voire à la fureur de 'Sleepy Hollow', l'aspect choral en moins)

Elfman évoque au début du film la relation amoureuse entre Peyton et Julie en utilisant une sorte de petit 'Love Theme' pour cordes assez dramatique, comme s'il voulait nous dire que les choses vont tourner très mal pour le couple. Le Love Theme est très peu présent durant le film et Elfman s'en sert assez peu. C'est véritablement le thème principal qui reste l'élément unificateur de la partition. On trouve des moments très fantaisistes dans ce score même s'ils sont moins nombreux que dans d'autres partitions plus anciennes d'Elfman. Les plans où Peyton voit des flash-back quasi halluciné de son agression dans le laboratoire contient des choeurs d'enfants excités avec un xylophone, le tout donnant un côté fantaisiste halluciné et étrange, ce qui renforce l'aspect inquiétant du personnage de Darkman qui sombre dans la soif de vengeance la plus sommaire qu'il soit. Ce genre de petites touches de fantaisie est typique du Elfman que les béophiles apprécient en règle générale. En parlant de fantaisie, on parle très souvent de la fameuse musique pour la séquence du cirque, et il est clair qu'il s'agit probablement là du passage fantaisiste le plus surprenant. Notons la valse furieuse que Elfman a écrit pour la scène de bal, là où Peyton voit les responsables de son état et se prépare à en chopper un à la sortie. Mais que l'on ne s'y trompe pas, le score de 'Darkman' est loin d'être ce qu'Elfman a fait de plus original dans le domaine. L'ensemble se résume essentiellement à un excitant score d'action plein de fureur. Les moments d'action sont nombreux: la poursuite en hélicoptère ou l'affrontement final dans l'immeuble en construction sont les deux moments les plus impressionnants et qui renvoient très clairement aux passages d'action de 'Batman'. Les orchestrations de Steve Bartek et de Shirley Walker sont tout simplement superbes, accentuant les sonorités sombres et menaçantes de l'orchestre. (à propos d'aspect menaçant, il est marrant d'entendre Elfman réutiliser un motif de 3 notes déjà utilisé par James Horner dans 'Battle Beyond The Stars' et qui provenait chez Horner du 'Alexandre Nevsky' de Sergei Prokofiev. Est-ce aussi la même chose chez Elfman ou bien est-ce une coïncidence? On lui accordera le bénéfice du doute) Très présent, le thème principal est particulièrement bien développé tout au long de la partition et prend différentes tournures, sombre et dramatique lorsque Peyton se lamente sur son triste sort, enragé et entêté lorsque Darkman combat les méchants, etc. Bref, un thème principal très travaillé et qui s'impose vite au sein de la partition.

En fin de compte, 'Darkman' est un sombre score d'action d'un Elfman encore plus ou moins proche du style de 'Batman' mais qui annonce déjà avec ce score son style post-95 dans des futurs scores tels que 'Mission: Impossible', 'Sleepy Hollow', 'The Frighteners', 'Extreme Measures', 'Spider-Man', etc. Excitant, le score de 'Darkman' l'est assurément. Même si l'ensemble n'a pas l'inspiration de 'Batman', cette BO n'en reste pas moins un score d'action solide pour un Danny Elfman qui a bien fait son boulot, mais sans la petite touche magique de ses musiques pour les films de Tim Burton.


---Quentin Billard