1-Honor To Us All (Song) 3.03
2-Reflection (Song) 2.27
3-I'll Make a Man
Out of You (Song) 3.21
4-A Girl Worth
Fighting For (Song) 2.26
5-True To Your Heart
(Song - Single) 4.16
6-Suite from Mulan+ 7.06
7-Attack at The Wall* 4.59
8-Mulan's Decision* 3.23
9-Blossoms* 6.27
10-The Huns Attack* 4.30
11-The Burned-Out Village* 5.53
12-Reflection (Pop Version)
(Song) 3.36

+Score Version of Songs
*Score by Jerry Goldsmith

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith/Matthew Wilder

Editeur:

Walt Disney 60631-2

Album produit par:
Jerry Goldsmith, Matthew Wilder
Montage de la musique:
Ken Hall
Chansons écrites par:
Matthew Wilder
Paroles de:
David Zippel
Assistant de Mr.Goldsmith:
Lois Carruth

"Honor To Us All"

Interprété par Beth Fowler

"Reflection"

Interprété par Lea Salonga

"I'll Make a Man
Out of You"

Interprété par
Donny & Choru Osmond

"A Girl Worth
Fighting For"

Interprété par Harvey Fierstein

"True To Your Heart (Single)"

Interprété par 98°
et Stevie Wonder

"Reflection (Pop Version)"

Interprété par Christina Aguilera

Artwork and pictures (c) 1998 Walt Disney Pictures. All rights reserved.

Note: ****
MULAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith/Matthew Wilder
Grand film Disney dans la plus pure tradition du genre (incluant le personnage comique aidant le héros et les chansons en numéro de comédie musicale), Mulan du duo gagnant Tony Bancroft et Barry Cook est une petite réussite du genre. Cette superbe production d’animation se déroulant dans la vieille Chine raconte l’histoire de la jeune Mulan qui va partir à la guerre après la menace d’invasion des Huns en se faisant passer pour un garçon, empêchant ainsi son père d’aller se faire tuer à la guerre. Aidé par le dragon Mushu envoyé par les ancêtres de la famille, Mulan va tout faire pour faire partie de l’armée et jouer le jeu à fond. Après avoir sauvé le général dirigeant son armée lors d’une attaque des Huns dans la montagne, Mulan se retrouve blessée et ne peut plus cacher son secret. Démasquée, elle se retrouve déshonoré ainsi que son père et sa famille. Décidant qu’il avait une dette envers elle, le général ne la punit pas et rentre au palais impérial pour être honoré de sa victoire contre les Huns. Mulan, désespéré, n’a plus qu’à rentrer chez elle et à subir la colère de son père. Mais elle change alors d’avis lorsqu’elle aperçoit des Huns toujours là et s’approchant du palais impérial qu’ils s’apprêtent à envahir. Sans perdre une minute, Mulan fonce pour prévenir l’empereur du danger qu’il court, mais comme personne ne veut l’écouter, elle va tenter de se débrouiller toute seule avec l’aide des soldats pour stopper définitivement les agissements des Huns et de leur sombre chef, Shan-Yu. L’histoire est on ne peut plus simple mais et même si le film n’a pas la poésie exacerbé de certains anciens Disney, Mulan n’en demeure pas moins une véritable réussite qui respecte les règles du genre, et ce avant que les producteurs de chez Disney décident d’opérer un sérieux changement de cap avec ‘Dinosaur’ et ‘Atlantis’, deux films d’animation de chez Disney réalisés après Mulan et qui afficheront une réelle envie de briser les conventions du dessin animé Disney en omettant les chansons et en ajoutant une touche sombre dans l’action. (sans oublier l’arrivée de James Newton Howard sur les deux très sérieux scores de ‘Dinosaur’ et ‘Atlantis’, et cette fois sans chansons) En clair, en 1998, Mulan est le dernier film Disney dans sa catégorie avant un changement de ton assez radical, et pour un final, c’est un beau final.

Néanmoins, Mulan amorçait déjà cette réelle envie de passer à autre chose dans les films Disney, à quelque chose de moins nian-nian, de plus adulte, même si la magie Disney est plus ou moins toujours là et notamment grâce aux chansons de Matthew Wilder (c’est la première fois que ce compositeur écrit des chansons pour un film d’animation. En fait, c’est le compositeur Stephen Schwartz qui faillit écrire les musiques du film au début, avant que la production se tourne vers le méconnu Matthew Wilder) et au superbe score de Jerry Goldsmith, dont le choix inattendu en a surpris et épaté plus d’un. Goldsmith avait déjà composé en 1982 la musique pour un autre dessin animé, ‘The Secret of NIMH’ (Brisby et le secret de NIMH), une partition splendide qui montrait que le compositeur était très à l’aise même sur un dessin animé. Pour Mulan, le compositeur a puisé dans son style d’écriture action/aventure typique de ses scores du genre des années 90 (on pense à ‘First Knight’, à ‘The Mummy’, etc…). Reposant sur quelques thèmes importants, Goldsmith a écrit une partition symphonique entraînante teintée de touche asiatique (surtout au début du film) et de quelques pointes de synthé souvent utilisé pour renforcer la couleur asiatique du score. Dès la superbe ouverture du film, le maestro californien nous plonge magnifiquement dans l’ambiance: choeur et orchestre entament un morceau majestueux et solennel à la fois avec une mélodie aux contours chinois et aux harmonies évoquant la splendeur de l’ancienne Chine. (notons que le compositeur fait une très brève référence au thème de la chanson de Wilder ‘Reflection’, qui sera interprété au violon par Vanessa Mae dans le générique de fin) Dès le début du film, le compositeur nous plonge dans l’action alors que les Huns attaquent la muraille de Chine. Goldsmith utilise un son sinistre du synthétiseur pour évoquer la présence menaçante de l’aigle du sinistre Shan-Yu. A l’aide d’un thème rythmique renforcé par une petite rythmique de synthé accentuant les à-coups orchestraux du thème, Goldsmith évoque la menace que représente le sombre chef des Huns. Le thème suivant accompagne l’arrivée du général chez l’empereur de Chine. Sa musique prend alors une tournure plus légère et amusante pour la séquence suivante où l’on voit Mulan se préparer pour aller se présenter devant la marieuse. Enjouée, la musique de Goldsmith est plus proche du style mickey-mousing en utilisant quelques petites sonorités synthétiques accentuant les touches asiatiques (on pense parfois aux sons de synthés de ‘Legend’) de ce passage dans lequel Goldsmith semble s’être plutôt amusé. Tendre et enjoué à la fois, le compositeur nous rappelle qu’il sait aussi bien écrire pour un dessin animé et qu’il n’est pas simplement le compositeur de l’action comme certains pourraient le croire par manque de connaissance sur Goldsmith. C’est durant cette première partie du film que la musique de Goldsmith sonne la plus clairement asiatique, le maestro utilisant une flûte asiatique (on pense parfois à ‘Congo’ pour certaines sonorités de flûte ethnique) en particulier dans l’amusante scène avec la marieuse. A l’aide de quelques instruments aux couleurs ‘locales’, le compositeur créer une brève texture asiatique qui aura une importance moindre dans la seconde partie du film mais qui prime dans ce début lorsque Mulan est encore chez elle. Lors de la séquence avant que Mulan prenne sa décision, Goldsmith utilise un thème solennel évoquant le départ du père à la guerre et le côté déterminé de Mulan qui ne veut pas que son père parte au massacre. Goldsmith annonce pour la première fois le thème de Mulan au hautbois alors que son père lui a dit qu’elle devait trouver sa place. (Entre temps, on a eu deux chansons de Wilder et notamment celle de ‘Reflection’ chantée par le personnage de Mulan dans le film, très belle chanson à propos d’un personnage qui se cherche) Déterminé, Mulan prend alors la décision de se couper les cheveux pour ressembler à un homme et partir à la guerre en prenant l’armure et l’épée de son père. Le morceau est une superbe ex
position du thème de Mulan aux trombones suivi par une très étonnante batterie (samplé au synthé) et un accompagnement de synthé, une touche surprenante dans la scène et qui donne un côté déterminé au personnage de Mulan. C’est le seul passage du film où Goldsmith utilise ainsi le synthé et la batterie avec l’orchestre, le compositeur ayant vu dans cette scène l’occasion de mettre plus en avant sa musique plus forte cette scène. (il est dommage que la batterie ait été inexplicablement retiré de ‘Mulan’s Decision’ sur l’album) Ce morceau surprenant dans le film rappelle une fois de plus combien la musique de Goldsmith peut parfois être très puissante dans une scène qui l’inspire plus qu’une autre. C’est ce que l’on sent particulièrement sur cette scène.

Après quelques morceaux plutôt enjoués dans les premières scènes dans le camp militaire, la musique devient plus sombre alors qu’elle évoque la présence menaçante des Huns (Shan-Yu étant toujours représenté par un petit thème rythmique plutôt menaçant…notons la manière dont Goldsmith met en avant l’aspect dangereux de ce personnage en accentuant les cuivres graves -trombones principalement- et les timbales guerrières) Goldsmith continue alors à évoquer les déboires de Mulan à l’intérieur de ce camp militaire et au sein d’une troupe de soldats stéréotypés au possible. Avec quelques petites touches d’humour (notons l’utilisation très cliché de la caisse militaire), Goldsmith arrive à retranscrire une certaine dérision contre les clichés d’armée, quelque chose de déjà très présent dans ces séquences du film. La troupe (avec Mulan) part alors au combat. Arrive alors une autre chanson de Wilder, plutôt inintéressante cette fois ci pour accompagner les soldats sur le chemin, la chanson étant brutalement interrompu alors que les soldats découvrent un village en feu qui a été complètement dévasté par les Huns. Goldsmith crée alors une ambiance plutôt sombre et dramatique en même temps (notons la réutilisation du thème guerrier avec un caractère plutôt désolée ici - il est marrant de constater la similitude de ce thème avec un autre thème du score de ‘The Ghost & The Darkness’ de Goldsmith. Ce thème apparaissait déjà brièvement dans la scène du début du film où le général venait voir l’empereur de Chine. Goldsmith le développe beaucoup tout au long de sa partition)

Le score plonge alors dans l’action avec l’attaque des Huns dans la montagne. On retrouve le grand Goldsmith de l’action avec une rythmique orchestrale typique du compositeur et qui rappelle énormément certains passages d’action du score de ‘The Mummy’. Goldsmith fait alors un excellent travail de développement du thème de Mulan s’opposant aux rythmiques guerrières plutôt associés aux Huns et au personnage de Shan-Yu. Le thème de Mulan (souvent aux trombones) prend une tournure plutôt héroïque et déterminé ici. Il évoque la tentative de Mulan de contrer les Huns en tirant une fusée avec le canon sur Shan-Yu qu’elle rate alors, la fusée déclenchant une avalanche derrière les Huns, l’avalanche emportant aussi Mulan et le général avec elle. La musique pour la séquence de l’avalanche permet au compositeur de prolonger son travail de rythmique orchestrale et du développement héroïque du thème de Mulan qui sauve alors Li Shang. Excitants, ces passages d’action typiques du compositeur californien donnent une grande force à ces séquences très réussies dans le film. Devenant plus sombre après que le général ait découvert la véritable identité de Mulan, la musique évolue très vite vers un affrontement final semblant inévitable alors que Mulan voit les Huns se diriger vers le palais impérial. La musique devient très rapidement menaçante avant que Mulan ne se décide à foncer elle aussi au palais avant que les Huns n’arrivent. Si la séquence du palais est illustré avec une musique de procession chinoise typique, c’est la musique pour la confrontation finale qui est la plus intéressante et qui permet à Goldsmith de terminer cette longue séquence dans l’action épique, mélange entre ‘First Knight’ et ‘The Mummy’ (que Goldsmith composera un an après 'Mulan'). Le sons de synthé menaçant évoquant l’aigle de Shan-Yu refait son apparition alors que ce dernier se montre et s’empare de l’empereur. L’action trouve son apogée dans cet ultime affrontement où Goldsmith prolonge une dernière fois son travail autour du thème héroïque et déterminé de Mulan s’opposant au thème rythmique guerrier et cuivrée de Shan-Yu. Superbe morceau d’aventure/action, cet affrontement final (sur le toit) finit de manière très solennelle alors que Mulan a sauvé le royaume et que l’empereur la récompense, Goldsmith réutilisant pour cette scène le choeur puissant déjà présent dans le Main Title. Son retour chez son père se fait avec l’utilisation d’un thème doux très utilisé par Goldsmith dans les moments plus calmes ou intimes du score. Le thème évoque la famille de Mulan mais aussi son lien naissant avec le capitaine Li Shang (on pense par moment au thème pastoral de ‘Star Trek: Insurrection’ ou au thème romantique de ‘Air Force One’). Le générique de fin laisse finalement la part belle aux chansons, ‘Reflection’ arrivant à la fin sous la forme instrumentale, interprété par la violoniste Vanessa Mae dans une très bel arrangement mettant particulièrement bien en valeur le violon. Cette belle chanson pleine de sens dans le film possède un superbe arrangement à sa hauteur, de même que Goldsmith semble s’y être aussi intéressé puisqu’il en a fait un arrangement dans la superbe Suite de 7 minutes qu’il a écrit pour l’album.

En conclusion, Mulan apparaît donc comme une BO assez différente de l’univers musical habituel des films Disney. Plus sérieuse, la musique se tourne vers l’aventure épique et l’action sans oublier une part d’émotion importante et les chansons assez réussies (mais de qualité très inégale) de Matthew Wilder. Mulan prouve une fois encore la talent de Goldsmith, même dans un dessin animé, un genre cinématographique qu’il a très peu abordé dans son immense carrière (Mulan n’est que sa deuxième partition pour un film d’animation) et dans lequel il semble se montrer tout aussi à l’aise que dans n’importe quel autre genre. Grande BO de l’année 98 pour Goldsmith, le score de Mulan est très vite devenu populaire au sein des béophiles qui ont vu dans ce score le retour du grand Goldsmith inspiré et toujours autant en forme. A noter qu’un album promotionnel a été édité par Disney Records en édition limitée pour les Oscars et que le score de Goldsmith s’y trouve au complet, permettant d’avoir une meilleure vue d’ensemble de la partition (il manque énormément de score sur l’album officiel décidément très décevant). En clair: Une grande BO du maître!


---Quentin Billard