Une fois de plus, Don Bluth signe avec 'The Land Before Time' (Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles en V.F.) un grand dessin animé, considéré comme un classique du genre, un très beau film d'animation qui a laissé la place à de nombreuses suites généralement moins appréciées. Spécialiste des dessins animés et ancien chef animateur pour Disney, Don Bluth s'est très rapidement retrouvé entouré d'une nouvelle équipe pour palier à la baisse de qualité des films Disney produits après la fin des années 70. C'est en nous livrant 'The Secret of NIMH' (1982) que Don Bluth et son équipe ont imposés leur style et leur maîtrise technique du film d'animation pour ce qui reste encore aujourd'hui l'un des meilleurs films d'animation de Bluth et son équipe. Après 'An American Tail' en 1986, Bluth revient à la charge pour 'The Land Before Time', film racontant l'histoire de Petit-Pied, le petit dinosaure entouré de ses amis Cera, Petrie, Pointu et Becky partant à l'aventure pour trouver la vallée des merveilles, la fameuse grande vallée verdoyante où il y'a assez de nourriture pour que tout le monde puisse y vivre en paix et en famille. Mais leur chemin sera périlleux, sans cesse poursuivis par Longues Dents, l'immense Tyrannosaure. Petit Pied perd sa mère à la suite du terrible tremblement de terre au début du film et il se retrouve seul, mettant un peu de temps à comprendre qu'il ne reverra plus jamais sa mère et qu'il devra chercher la vallée des merveilles sans elle, même si, quelque part, elle reste toujours près de lui. Même si le film est avant tout réservé aux enfants, ces derniers ne risquent pas forcément de saisir tous ces thèmes: en gros, et c'est ca l'atout majeur des films de Don Bluth, 'The Land Before Time' parle d'amitié, de valeur familiale, de l'entraide entre individus et ce malgré les différences de race. Les personnages sont tous très attachants, chacun possédant sa propre personnalité tout en parlant et en se comportant comme des êtres humains (mais à quatre pattes), ce qui les rend encore plus attachants. Le film nous montre aussi une vision simplifiée du monde des dinosaures pour peu que l'on sache avec exactitude à quoi il ressemblait. Humour, gaieté, tendresse mais aussi dangers, action et aventure, 'The Land Before Time' est vraiment une belle réussite dans le genre, et ce bien que le film soit un brin trop court (un tout petit peu plus d'une heure seulement).

Après 'An American Tail', James Horner revient à nouveau sur un film de Don Bluth, 'The Land Before Time', film d'animation pour lequel Horner a probablement composé l'une de ses meilleures partitions pour un dessin animé (et aussi l'une de ses meilleures BO de la fin des années 80). Horner a écrit une superbe partition symphonique avec des choeurs restituant tout le côté féerique et émouvant de cette belle histoire. Basé autour de quelques thèmes, la musique donne réellement un fort sentiment d'aventure et de magie au sein du film. Le compositeur y aborde toutes les émotions, que ce soit les scènes de chasse avec le Tyrannosaure, ou les moments de tendresse entre les amis, sans oublier les passages féerique illuminés par les choeurs. Le premier thème entendu à la flûte pour la scène de migrations au début du film pose le côté aventure du film. On entend aussi un petit thème qui ouvre le film alors que l'on voit un plan se déroulant sous l'eau (ce thème réapparaîtra lors d'une séquence où Petit Pied et ses amis traversent un petit lac. Malheureusement, l'ouverture du film est très inspirée d'un thème d'une oeuvre de Bartok, 'Le prince en bois'). Le premier point noir à noter, c'est le fait que le thème de la migration est en fait directement repris du thème principal de 'The Journey of Natty Gann' (1985). L'écoute de ce thème dans le film devrait sans aucun doute rappeler quelque chose aux auditeurs sans qu'ils puissent forcément remettre un nom dessus, car ceux qui connaissent bien Horner ne peuvent que réagir face à une énième 'redite-personnelle' de plus à rajouter dans l'univers musical du compositeur. Et pour enfoncer le clou, signalons simplement qu’un autre thème entendu à plusieurs reprises dans le score est calqué note pour note sur le septième mouvement « Victoire » de la « Cantate pour le 20e anniversaire de la révolution d’octobre » de Serguei Prokofiev, un rapprochement totalement évident pour ceux qui connaissent bien l’oeuvre du compositeur russe. Un autre thème interviendra plus tard dans les passages d'aventure/action, ce que l'on pourrait considérer comme un petit thème d'aventure assez sympa et qui donne un ton plutôt léger à ces scènes de poursuite avec le Tyrannosaure, scènes pourtant plus sérieuses que ne l'est la musique d'Horner plus légère et toujours superbement orchestrée et bien rythmée.

Notons aussi un petit thème espiègle entendu lorsque Petit Pied sort de son oeuf, petit thème que l'on retrouve aussi dans 'Foraging For Food' (le thème est une fois encore repiquée d'une ancienne oeuvre puisqu'il s'agit d'une citation note pour note d'un thème de '*Batteries Not Included'). Mais c'est le thème principal qui reste l'atout majeur de la partition, un thème mélodique très marquant (que l'on aura vite fait de rapprocher du thème romantique de 'Cocoon' - 1985) rendu 'magique' par l'ajout d'un choeur d'enfants donnant un côté féerique à ce très beau thème. Le thème principal évoque bien évidemment Petit Pied, le héros de ce film, mais aussi sa quête de la vallée des merveilles. Le thème évoque aussi l'espoir que l'on doit toujours entretenir de voir un jour nos rêves s'accomplir. Le très beau thème principal de 'The Land Before Time' fait désormais partie des grands thèmes d'Horner, au moins du Horner des années 80, le genre de thème qui évoque tout de suite des images du film lorsqu'on l'entend, le genre de thème très touchant qui nous va droit au coeur. Le thème restera très présent tout au long du film pour suivre l'aventure de Petit Pied en quête de la vallée de ses rêves, en sachant que l'esprit bienveillant de sa mère morte veille toujours sur lui. Ce thème apporte en fin de compte une touche de poésie émouvante dans le film. On appréciera quelques passages assez légers au début du film comme pour la séquence avec les oiseaux se disputant pour manger une cerise, la séquence étant illustré à l'aide d'une série de flûtes évoquant les oiseaux dans un style plutôt impressionniste. Le score évoque le côté mickeymousing traditionnel pour se concentrer autour d'un travail d'écriture thématique remarquable (on compte au moins 5 thèmes dans cette musique).

L'aventure est aussi au rendez-vous, Horner favorisant comme à l'accoutumée des orchestrations très soignées dans les passages d'action/aventure tournant principalement autour des scènes de poursuite avec l'immense Tyrannosaure qui n'a qu'une idée en tête: bouffer tout cru Petit Pied et ses amis. Le style des parties action/aventure rappelle par moment à 'Project X' (1987) ou 'Willow' (composé la même année) mais en moins lourd, tandis que certains passages assez enjoués nous renvoie plus ou moins à 'Krull' (mais en plus évolué). Le petit thème d'aventure donne un côté entraînant dans ces passages qui ne sont pas forcément les meilleurs dans le score. La musique est presque utilisé non-stop dans le film, les 6 mouvements de l'album étant tous assez long (comme dans 'Willow'...la longueur des mouvements orchestraux d'Horner est une marque de fabrique du compositeur depuis la fin des années 80. Dans les années 90, on aura dans le même genre 'Deep Impact' par exemple) et bien développés tout au long du film. Après des passages plus mouvementés, Petit Pied et ses amis arrivent enfin à la Vallée des Merveilles. C'est le thème principal qui est repris dans toute sa splendeur de manière quasi épique avec les choeurs féeriques venant accompagner ce très beau final avant un générique de fin permettant de faire le récapitulatif des principaux thèmes du score, après la chanson 'If We Hold On Together', interprétée par Diana Ross, la chanson étant basé sur le thème principal ainsi que le thème de la migration. (la chanson parle du besoin d'être solidaire pour s'entraider dans les moments difficiles)

Le score oscille donc entre tendresse, moments plus tristes (la mort de la mère de Petit Pied et sa solitude conséquente - dans les passages plus tristes, Horner réutilise le thème principal mais sous une forme alterné qui se remarque avec l'utilisation de quelques demis tons descendants, ce qui change un peu le caractère de ce thème) et parties d'aventure plutôt entraînantes. Au final, The Land Before Time apparaît comme un score d'aventure très attachant, plein de poésie et de tendresse, le genre de superbe partition qu'Horner écrit pour les films d'animation (ce qu'il fera plus tard sur 'Balto' sera dans la même veine - superbes thèmes, orchestrations très réussies, etc.). Considéré comme une des grandes oeuvres du Horner des années 80, 'The Land Before Time' ne peut qu'être conseillé pour ceux qui veulent entendre une BO d'Horner attachante et vraiment émouvante.


---Quentin Billard