1-Navajo Dawn 7.54
2-A New Assignement 4.38
3-An Act of Heroism 5.59
4-Taking The Beachhead 6.17
5-"First Blood" Ceremony 2.09
6-The Night Before 3.32
7-Marine Assault 5.40
8-Losses Mounting 5.06
9-Friends In War 7.56
10-A Sacrifice Never
Forgotten 7.11
11-Calling To The Wind 10.33

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

RCA Victor
09026-63867-2

Album produit par:
James Horner
Simon Rhodes

Montage musique:
Jim Henrikson

Artwork and pictures (c) 2002 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. All rights reserved.

Note: **1/2
WINDTALKERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
A l'annonce du nouveau film de John Woo, beaucoup ont commencés à s'inquiéter sérieusement quand à la réelle qualité du film, et ce avant même d'en avoir quelques images. John Woo, l'un des pionniers du film d'action ultra chorégraphié made in Hong Kong et artisan peu inspiré depuis sa venue à Hollywood (exception faite du fabuleux 'Face/Off', son seul film américain véritablement intéressant) qui se met à la réalisation d'un film de guerre! Comment John Woo pouvait-il réussir un film de guerre reposant sur un morceau de l'histoire de la seconde guerre mondiale alors qu'il ne s'était jusqu'à présent cantonné que dans le style des gros films d'action bien stylé, très violent et pleinement spectaculaires? Après la première vision, le bilan semble plutôt mitigé: John Woo a accouché d'un film très moyen, passable, qui n'évite malheureusement pas son goût pour le spectaculaire alors qu'un vrai film de guerre ne devrait certainement jamais montrer la guerre comme une sorte de gigantesque combat d'action spectaculaire. C'est pourtant ce que le réalisateur a fait et c'est ce qui paraissait si inévitable et que l'on craignait le plus à l'annonce de son nouveau film. 'Windtalkers' (Les Messagers du Vent) retranscrit un épisode de la 2ème Guerre Mondiale dans la bataille de Saipan en 1943 avec les américains contre l'armée japonaise et l'importance des indiens Navajo qui permirent grâce à leur langue de créer un code inviolable pour aider les américains à gagner la guerre dans le Pacifique. Le film se centre autour du personnage qu'interprète à merveille Nicolas Cage (qui retrouve de nouveau John Woo après 'Face/Off'), Joe Enders, vétéran de la guerre qui repart sur le front malgré un grave problème auditif. Lui et le sergent Ryan Anderson (Christian Slater qui retrouve lui aussi John Woo après 'Broken Arrow') sont chargés de protéger durant leur mission deux Navajos, Ben Yahzee (Adam Beach) et Charlie Whitehorse (Roger Willie) qui devront aider les américains à communiquer leur code par radio. Leur mission sera donc périlleuse puisqu'ils devront évoluer au milieu du front japonais tout en défendant les deux Navajos, avec comme ultime ordre de les exécuter s'ils venaient à être livrés aux japonais, afin que les ennemis n'obtiennent jamais le code.

Evidemment, 'Windtalkers' n'évite pas les clichés habituels du genre et semble même se noyer sous une tonne de stéréotypes en tout genre, que ce soit le patriotisme, l'héroïsme, la bravoure et surtout, chose la plus gonflante, le fait que les japonais soient montrés comme des bêtes sanguinaires et inhumaines, comme des machines de guerre et des cibles à abattre alors que, à l'instar des soldats américains, ils ne faisaient qu'obéir à des ordres. Manichéen, 'Windtalkers' l'est assurément et si jusqu'à maintenant cela ne faisant que très moyennement ressentir dans certains films de guerre ('Black Hawk Down' ou 'Saving Private Ryan'), le cas de 'Windtalkers' est largement excessif dans ce domaine là. De plus, on constatera une utilisation de la musique souvent très décalée et maladroite, osant carrément retranscrire les scènes de bataille violentes en séquences d'action spectaculaires et excitantes, ce qui est assez choquant pour un film historique de cet acabit. C'est avec ce genre de chose que l'on comprends mieux pourquoi la plupart des critiques étaient déjà inquiets avant même de voir le film, puisque, connaissant le style ultra chorégraphique et parfois très superficiel de John Woo, 'Windtalkers' ne pouvait pas échapper à ce goût du spectaculaire qu'entretient le réalisateur depuis ses premiers grands succès cinématographiques, surtout depuis qu'il est à Hollywood. Un film de guerre finalement très moyen, passable et bourré de défauts. Décidément, on se demande un jour si un autre réalisateur saura renouer avec l'exploit du magnifique 'The Thin Red Line' de Terrence Malick!

John Woo aura fait appel à divers compositeurs depuis ses débuts à Hollywood et même bien avant, que ce soit Michael Gibbs sur 'Hard Boiled', Graeme Revell sur 'Hard Target', John Powell sur 'Face/Off' ou bien encore Hans Zimmer sur 'Broken Arrow' et 'Mission: Impossible 2'. Cette fois, c'est au tour de James Horner de participer à une nouvelle aventure cinématographique du réalisateur d'origine chinoise. Horner a écrit un score sans aucune surprise et que l'on saura oublier très vite. La musique d'Horner repose exactement sur les mêmes défauts que le film de John Woo, à savoir une volonté délibérée de rendre les séquences de bataille spectaculaires et excitantes et d'accentuer le côté plus émotionnel du film de manière un peu fade et surfaite. Pourtant, nul ne peut nier qu'une fois encore Horner a sut trouver le ton juste au sein du film. Mais cela ne fait malheureusement pas tout. Le score orchestral d'Horner repose au tour d'un unique thème principal qui est malheureusement une fois encore très proche d'un autre score d'Horner, à savoir ici de 'The Perfect Storm' dans lequel le compositeur semble s'être plus ou moins inspiré pour certains passages du score. L'autre élément important à signaler, c'est l'utilisation de flûte indienne pour évoquer les personnages des deux Navajos, Yahzee et Whitehorse. Malheureusement et une fois de plus, Horner semble s'être inspiré ici d'une autre de ses anciennes partitions, 'Thunderheart' où Horner faisait une utilisation similaire de la flûte indienne, les ressemblances entre ces deux scores étant finalement assez troublantes. Mais les sempiternelles 'inspirations' du compositeur s'arrêtent ici, même si le style de certains passages rappellent toujours certaines anciennes BO d'Horner, ce qui est normal après tout étant donné que le compositeur possède un style personnel et fort dans chacune de ses partitions, même dans ses pires oeuvres.

'Navajo Dawn' ouvre ainsi le film avec des voix lointaines d'indiens et quelques cordes qui font vaguement penser au tout début de 'Enemy At The Gates', un autre film de guerre pour lequel Horner a écrit une partition typiquement 'Hornerienne' et ce dans tous les sens du terme. Très rapidement, le compositeur va nous faire entendre son thème principal qu'il ne cessera pas de réutiliser tout au long du film. A ce propos, on pourra d'ailleurs reprocher au compositeur d'avoir un peu trop utilisé ce thème (comme dans 'Enemy At The Gates' ou dans 'Legends of The Fall' par exemple où un même thème avait tendance à revenir 5 ou 6 fois en l'espace d'une vingtaine de minutes, ce qui est énorme). Mais comme c'est souvent le cas chez Horner, le thème est tellement répété qu'il en devient vite envoûtant voire parfois obsédant. Tout spectateur qui aura vu le film et qui aura fait suffisamment attention à la musique ne pourra qu'avoir ce thème en tête tant le compositeur l'a mis en avant tout au long du film afin d'évoquer cette histoire de bravoure et de courage sur un thème plutôt solennel, souvent confié à des cordes ou à des vents. On a quelques passages plus lents et plus intimes au début du film, avant que les deux Navajos camarades partent au front. Mais très vite, la musique se glisse dans un registre plutôt dramatique sans sonner véritablement encore tragique. On trouve par moment quelques passages plus solennels où l'on retrouve l'écriture de cordes avec dissonances brèves typique des compositions dramatiques d'Horner mais ce sont les nombreux morceaux d'action qui prédominent tout au long du score, le premier apparaissant ainsi pour la première scène de bataille du film, dans les îles Salomon au tout début du film. La première demie heure du film sert à préparer le thème principal qui sera au centre de tous les grands moments du film et qui évoque très clairement la mission périlleuse de Enders et Anderson, un thème plutôt majestueux avec un côté solennel mais qui, finalement, apparaît bien décevant et loin des grands thèmes auquel le compositeur nous a autrefois habitué (le compositeur semble avoir un peu manqué d'inspiration sur ce thème).

Plongé au coeur de l'enfer, des morceaux comme 'ou 'Taking The Beachhead' apparaissent beaucoup plus sombres dans un registre d'action excitant et plein de fureur. 'Taking The Beachhead', l'un des meilleurs morceau d'action du score, décrit une des scènes de bataille sur l'île de Saipan où Enders se montre héroïque en protégeant du mieux qu'il peut Yahzee et sa troupe de marines. Ce morceau est une assez bonne pièce d'action décrivant toute l'intensité et la fureur des combats. On y retrouve un travail de cordes intéressants avec des cuivres dissonants et agressifs et un pupitre de percussions toujours omniprésent. Notons le fait que le thème revient souvent dans ses morceaux d'action, surtout pour évoquer les héros de ce film. Ici, le thème réapparaît à la flûte indienne à la 'Thunderheart' pour évoquer Enders et Yahzee son 'protégé'. Le problème de ce morceau est qu'il semble parfois être de trop dans ces longues scènes de bataille. J'avoue que la première apparition d'un morceau d'action dans la scène de bataille au début du film m'a un peu choqué, le morceau surgissant brusquement en plein milieu de ce déluge de sons d'explosions, de tirs et de cris. L'approche est à la fois peu subtile et très grossière pour un film de guerre qui ne devrait pas privilégier autant le côté spectaculaire de ces scènes de guerre brutales.

C'est aussi le cas pour les autres grands morceaux d'action du score tels que les explosifs 'Marine Assault', 'Losses Mounting' ou 'Friends In War', des pièces souvent brutales retranscrivant de manière sombre et excitante toute la rage des combattants et la violence des affrontements. Assez étrangement, les morceaux d'action ne font pas énormément penser au style action de 'Titanic' ou 'Ransom' comme on aurait put s'y attendre. Le compositeur semble avoir très clairement mûri dans son écriture, surtout dans ces larges passages de déchaînements orchestraux où le compositeur privilégie des écritures virtuoses de cordes, des percussions et des cuivres sauvages, mais l'on ne retrouve pas certains tics tels que le 'clic' rythmique déjà maintes fois entendu dans 'Sneakers', 'Deep Impact' ou 'Apollo13', etc. On ne retrouve pas non plus les éternels clusters de piano dans le grave, quelque chose qu'Horner faisant pourtant dans 'Apollo13', 'Ransom', 'Titanic' ou 'The Pelican Brief', etc. Bref, Horner n'a pas vraiment changé de style mais paraît aujourd'hui plus mûr dans son écriture et ses orchestrations (Horner a déjà plus de 20 ans de métier tout de même!). On est ici aussi assez loin du style action de l'époque de 'Aliens' et 'Star Trek II'. 'Windtalkers' possède un style action qui doit plus à ses récentes BO telles que 'The Perfect Storm' ou 'Enemy At The Gates' mais en encore plus évolué. Mais cela n'empêche pas au compositeur de tomber en plein dans le piège de la mise en scène spectaculaire du réalisateur qui transforme ces scènes de combat en véritables chorégraphies de violence.

'A Sacrifice Never Forgotten' évoque les derniers combats pour Enders qui fera tout pour protéger Yahzee quitte à mourir pour lui en plein coeur du combat. Le thème revient souvent dans ces larges parties d'action souvent sur une forme plus déterminée et brave, l'action atteignant un climax dans ce morceau intense. 'Calling The Wind' nous permet finalement de conclure le film en retrouvant les voix d'indiens du générique de début avec les flûtes qui viennent conclure le film sur l'élément indien du score, décidément très mis en avant tout au long de la musique (à ce propos, on notera 'First Blood Ceremony' et sa flûte incantatoire et envoûtante pour une scène de rituel indien avec Yahzee et Whitehorse, avant que les marines ne retournent au combat le lendemain). Le score oscille donc ainsi entre action et moments plus calmes et plus dramatiques, voire quelque fois plus intimes (lorsqu'Horner évoque l'amitié naissante entre Yahzee et Enders) mais avec un manque d'inspiration flagrant, malheureusement. Au final, 'Windtalkers' n'apporte aucune subtilité au film qui aurait bien mérité un traitement musical moins radical. Malheureusement, c'est le réalisateur qui décide et Horner à du se plier à sa volonté. Le score possède tout de même de grands moments, surtout dans les parties d'action magistrales, la musique étant moins intéressantes et beaucoup plus fades dans les passages plus dramatiques et plus sombres. Avec un thème quelconque et omniprésent et un style action très excitant, 'Windtalkers' fait encore partie des scores d'Horner qui susciteront l'admiration des fans et le dégoût des autres. Bilan plus que mitigé donc pour un score très attendu et finalement assez décevant malgré quelques bons points.


---Quentin Billard