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1-Main Title Montage 4.56
2-Fearing Exposure 2.16 3-The Adversary 3.32 4-House of Silence 3.53 5-Riding In Solitude 3.21 6-Casting Shadows 3.12 7-Sacrificing Reality 2.21 8-Invisible Violence 1.57 9-Mistress Marianne 1.52 10-Dark Humanity 2.28 11-Double Life 3.14 12-Sinking in a Mystery 3.42 Musique composée par: Angelo Badalamenti Editeur: Milan Records 198 935-2 Musique produite par: Angelo Badalamenti Superviseur de la musique: Valérie Lindon Assistant de Mr.Badalamenti: Phil Mann Producteur exécutif: Emmanuel Chamboredon Artwork and pictures (c) 2002 Editions Milan Music. All rights reserved. Note: ***1/2 |
L' ADVERSAIRE
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Angelo Badalamenti
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En compétition au Festival de Cannes 2002, 'L'Adversaire' de Nicole Garcia (qui nous prouve ici ses talents en tant que réalisatrice après la réussite de 'Place Vendôme' ) signe un film dur et tragique, au ton lent, monotone et profondément dramatique. Le film s'inspire d'un terrible fait divers survenu en France en 1993: c'est l'histoire vraie de Jean-Claude Romand, un homme qui a menti pendant plus de 18 ans sur son identité et qui tua sa femme, ses deux enfants et ses parents. Pour les besoins du film, certains noms ont été changés mais l'histoire reste toujours la même. Daniel Auteuil interprète de manière saisissante Jean-Marc Faure, un homme profondément malheureux et qui fit croire à tout le monde qu'il était médecin et travaillait à l'OMS à Genève. S'enfonçant de plus en plus dans une profonde souffrance morale et une véritable torture psychologique dans laquelle il n'arrivera jamais à sortir, Jean-Marc Faure craque le 9 Janvier 1993 et tue ses enfants, sa femme et ses parents, tout ceux qu'ils aimaient mais dont ils ne supportaient plus leur présence devenue trop pesante pour lui. Le plus incroyable dans cette histoire est que cet homme passa presque 20 ans à mener cette fausse vie sans que personne ne se doute de quelque chose (il n'était pas médecin. En fait, il ne travaillait pas du tout). Imaginez un peu: 20 ans à raconter tous les jours le même mensonge à votre entourage; à ce train là, comment Faure pouvait-il éviter de péter un plomb au bout de ces quelques vingtaine d'années interminables? L'issue de son histoire semble donc à la fois inévitable et inexorablement fatale pour lui.
Daniel Auteuil interprète d'une manière profondément intense cet homme torturé et malheureux, l'acteur nous offrant une performance ahurissante et qui sera probablement récompensé d'un prix pour ce rôle difficile. Auteuil se glisse complètement dans la peau de ce personnage et nous décrit un homme isolé, emprisonné lui même dans sa propre solitude et qui doit passer une bonne partie de sa vie à mentir, sans que l'on comprenne vraiment qu'est ce qui l'a poussé à agir ainsi tout au long de ces vingtaines d'années. La réalisatrice ne prend aucun parti pris pour ce personnage et nous le décrit d'une manière froide et analytique. La mise en scène privilégie un ton lent et monotone, quasiment déprimant, pour mieux nous faire ressentir ce qu'il se passe dans la tête de cet homme malheureux. Garcia surprend par la maîtrise de sa mise en scène et par sa direction irréprochable (et ce même si le film a tendance à traîner un peu en longueur dans certains passages) et évoque ce personnage pourtant entouré de ses parents, sa famille et ses amis comme un être abandonné avec lui même, seul dans sa tête et fatalement malheureux, un homme sans aucun espoir, Daniel Auteuil étant véritablement l'axe central de ce film très dur pour le moral, mais qui ne mérite pas les critiques mitigés qu'il a reçu à sa sortie à Cannes en 2002. Compositeur attitré de David Lynch, c'est Angelo Badalamenti qui a composé le score profondément triste et morose pour le film de Nicole Garcia. 'L'Adversaire' était le film fait pour Badalamenti. Effectivement, le compositeur lui même avoue que son monde musical intérieur est très noir, et que ce qu'il apprécie le plus c'est la beauté tragique dans la musique. 'L'Adversaire' lui a ainsi permit de renouer avec ce style dans lequel le compositeur se sent toujours très à l'aise. Il est très facile de décrire la musique de 'L'Adversaire' puisqu'à l'instar du film lui même, le score est profondément triste, froid, parfois plus sombre mais toujours lent et morose. Fans des musiques joyeuses et autres festivités, passez votre chemin! 'L'Adversaire' est le style de BO qui fait déprimer de par son caractère irrémédiablement triste et sa profonde morosité. Entièrement écrite pour synthétiseur, la musique de Badalamenti se structure autour d'un seul thème principal que le compositeur répétera énormément tout au long du film, sans même vraiment essayer d'apporter le moindre développement à ce thème. Badalamenti a pris le parti pris de créer un score qui soit à la fois répétitif et terriblement monotone afin d'évoquer l'idée de cet homme qui est enfermé dans sa douleur et qui n'en sortira jamais, le temps passant inlassablement sans que quelque chose change pour cet individu malheureux. Le générique de début ('Main Title Montage') introduit immédiatement le ton de la musique avec ce synthé froid et planant et ce thème poignant, triste et solitaire, le thème parfait pour évoquer ce personnage secret et torturé. Morceau poignant, pièce émouvante, ce magnifique thème principal apparaît sur fond d'un décor enneigé (symbolique du monde intérieur froid et glacial dans lequel Jean-Marc Faure s'enferme lui même?) et donne le ton profondément triste de la partition qui ne varie presque jamais. Le second thème apparaît dans 'Fearing Exposure' et ne sera pas développé lui aussi. Même si ses apparitions sont moins fréquentes dans le film (le thème principal apparaît décidément de très nombreuses fois, peut être même de manière un peu excessive), ce thème est important car il apporte une touche beaucoup plus sombre et mystérieuse à l'ensemble de la musique. Ce thème sombre évoque la crainte qu'a Jean-Marc Faure que quelqu'un le démasque un jour. Il évoque aussi le côté profondément mystérieux et secret de ce personnage torturé. 'House of Silence' est un autre morceau poignant dans lequel le compositeur utilise une voix féminine samplée pour doubler une mélodie résolument triste et qui évoque la solitude dans lequel le personnage s'enferme (de même qu'il se trouve tout seul au début du film isolé dans une maison apparemment déserte). le thème du silence, de la monotonie, de la souffrance et de la solitude sont abordés avec une maestria incomparable, même si le compositeur se contente souvent de ne faire que se répéter ses morceaux et son thème principal jusqu'à ce que l'ensemble en devienne très vite hypnotisant et envoûtant, à tel point que le thème principal finit par ne plus pouvoir se décoller du personnage principal lui même. On sent une certaine asphyxie -volontaire- dans la musique qui, à force de devenir répétitive et de ne jamais varier son ambiance - froide en plus, d'où le choix du synthétiseur pour une musique aussi morose que la vie du personnage lui même - finit par créer une sensation d'isolement étouffante, la réalisatrice ayant d'ailleurs fortement privilégié la très belle musique de Badalamenti tout au long de son film. On notera le fait que la musique a tendance à se faire plus discrète au fur et à mesure que le film avance, jusqu'à ce que la situation devienne extrêmement grave pour Faure. 'Mistress Marianne' évoque sa relation torturée auprès de Marianne (Emmanuelle Devos), sa maîtresse auprès de laquelle il tente désespérément de trouver un peu de réconfort afin d'essayer de donner un sens à sa vie (mais sans y arriver, d'autant que Marianne ne semble pas vraiment ressentir les mêmes choses que lui). 'Mistress Marianne' refait intervenir le thème sombre de 'Fearing Exposure' et 'Riding In Solitude' avec toujours cette longue basse en pédale plutôt angoissante et ce climat plus mystérieux et plus inquiétant. Finalement, c'est 'Sinking In A Mystery' qui nous permet de réentendre le thème principal venant conclure de manière très sombre et dramatique cette histoire bouleversante (le compositeur nous réserve un petit récapitulatif des principales atmosphères de son score en réutilisant ses deux thèmes principaux). 'L'Adversaire' est une nouvelle preuve irréfutable du talent du compositeur a créer des atmosphères intenses dans ses films, Badalamenti s'étant souvent exercé à ce style là à travers la plupart des films de David Lynch. 'L'Adversaire' n'est pas un score fait pour être agréable à écouter. Atmosphérique et d'une grande tristesse, cette musique lente, monotone et froidement synthétique offre le climat musical parfait pour le film de Nicole Garcia. Mais attention à la déprime! ---Quentin Billard |