1-Hana-Bi 3.45
2-Angel 2.44
3-Sea Of Blue 3.32
4-...And Alone 2.31
5-Enter Love 2.17
6-Painters 5.59
7-Smile and Smile 2.58
8-Heaven's Gate 5.01
9-Tenderness 2.33
10-Thank You...
For Everything 7.12
11-Hana-Bi (Reprise) 3.42

Musique  composée par:

Joe Hisaishi

Editeur:

Polydor POCH-1672

Producteurs exécutifs:
Ichiro Asatsuma
(Fujipacific Music)
Ikuzo Orita
(Polydor)
Mamoru Fujisawa
(Wonder City)
Masayuki Mori
(Office Kitano)
Superviseurs:
Akira Sasajima
(Fujipacific Music)
Nobumasa Uchida
Yuji Takahashi

(Polydor)
Promotion Planner:
Hiroyuki Uetake
(Polydor)
Management:
Yukio Yamashita
(Wonder City)
Management Office:
Wonder City

Artwork and pictures (c) 1998 Studio Polydor K.K. All rights reserved.

Note: ***1/2
HANA-BI
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joe Hisaishi
Lion d'or au Festival de Venise en 1997, ' Hana-Bi' marqua le retour en force du grand Takeshi Kitano sur un nouveau polar intime dans la lignée de ce que le réalisateur/acteur japonais a fait sur 'Sonatine' en 1993. Après le plus dramatique 'Kids Return' en 1996, Kitano renoue avec le style de 'Sonatine' pour ce que l'on considère généralement comme son meilleur film et aussi son oeuvre la plus populaire en tant que réalisateur. 'Hana-Bi', dont le nom ne vient pas de Kitano, signifie deux choses. En japonais, 'Hana' est une fleur symbole de la vie tandis que 'Bi' veut dire le feu. L'idée est astucieuse puisqu'à travers le titre du film, Kitano évoque les deux facettes de son film: le côté poétique et intime de l'histoire lié à tout ce que le personnage du flic Nishi (Kitano) fait pour son ami Horibe, paralysé à la suite d'une fusillade (le matériel pour la peinture -Horibe peint souvent des animaux mixés avec des fleurs - 'Hana' - qu'il lui achète en empruntant de l'argent à une bande yakuzas) et la tendresse entre lui et Miyuki, la femme d'Horibe pour qui il va tout faire afin de la rendre heureuse, le deuxième aspect de l'histoire étant le côté ultra violent et réaliste du film -'Bi'-, des scènes chocs s'introduisant entre deux moments de poésie et dont on ressent très nettement le côté troublant au début du film pour la première scène où Nishi frappe un homme en train de laver sa voiture - la belle musique de Joe Hisaishi s'arrêtant alors brusquement ce qui est évidemment très représentatif du choc que produisent la plupart des scènes violentes dans ce film - ou les autres scènes de fusillade sanguinaires typiques du style violent du réalisateur (mais un style toujours très réaliste et cru). On retrouve dans Hana-Bi tous les éléments traditionnels du réalisateur: rythme lent du film, côté réaliste des scènes de violence sanguinaire (on a de nombreux plans montrant des éclaboussures de sang), montage et transitions souvent assez subtiles, dialogues ultra concis mais percutants, plans de bord de mer - une marque de fabrique du réalisateur - et aspect intime et poétique de l'histoire avec Horibe et de Nishi veillant sur sa femme. Peut être moins inspiré que 'Sonatine' (après tout, 'Hana-Bi' ne fait que reprendre les éléments de 'Sonatine' mais de manière peut être plus amplifiée), 'Hana-Bi' est une fois de plus la preuve du talent de l'un des plus grands réalisateur japonais de notre époque, un réalisateur qui, petit à petit, se forge une oeuvre cinématographique très personnelle et aussi très efficace, une oeuvre que l'on ne peut pas oublier de sitôt et qui reste vite gravé dans notre mémoire, preuve que le cinéma asiatique a d'autres alternatives -cent mille fois meilleure - à nous proposer par rapport à tout ce qui se fait dans le cinéma plus commercial de Hong Kong. Un film dur, un film émouvant: un pur film de Takeshi Kitano!

Quatrième collaboration entre Kitano et son fidèle compositeur Joe Hisaishi, 'Hana-Bi' représente une fois de plus l'accomplissement du compositeur nippon qui nous rappelle une fois encore combien le cinéma de Kitano sait l'inspirer au plus haut point. Dans la lignée des partitions intimes de 'A Scene At Sea' ou 'Sonatine', le score de 'Hana-Bi' évoque le côté poétique et intime du film avec une certaine lenteur, une mélancolie très présente et aussi un côté toujours très simple, sobre, modeste, comme c'est souvent le cas dans les BO d'Hisaishi pour les films de Kitano. Une fois encore, Hisaishi prend le parti pris de délaisser totalement le côté violent du film pour se concentrer autour de l'aspect intime de cette très jolie histoire. Le compositeur a donc écrit une oeuvre reposant autour d'un petit groupe d'instrumentistes assez restreint, quelques cordes, un basson, une clarinette, un hautbois, une flûte, un piano et un harmonica qui donne un côté mélancolique et nostalgique à la musique d'Hisaishi. Le film s'ouvre sur le thème principal du score (celui de 'Ever Love'), mélancolique et nostalgique comme dans la plupart des scores d'Hisaishi pour Kitano, avec un piano et quelques cordes douces. Le thème évoque l'histoire émouvante de cet homme rongé par la culpabilité à la suite de la fusillade de son ami Horibe qu'il n'a pas sut protéger et pour qui il va tout faire afin de rendre plus heureux son ami qui déprime, lui et sa femme. Quelqu'un disait à propos de ce score qu'il évoquait à la fois la tristesse et l'espoir. C'est un bien beau résumé de la musique d'Hisaishi que l'on pourra retrouver à travers les deux grands thèmes du score, le poignant 'Hana-Bi' et le très nostalgique 'Ever Love', le tout avec une sobriété et une retenue toujours très touchante. Le thème d'Hanna-Bi est confié à des cordes raffinées et romantique à la fois, sans oublier une certaine mélancolie qui envahit vite le film et qui évoque le côté triste de cette histoire.

'Sea of Blue' rejoint un des thèmes favoris du cinéma de Kitano: la mer et les bords de plage. Hisaishi décrit ces scènes quasi nostalgiques au bord de la plage avec une poésie toujours très touchante. Le piano donne ici un côté à la fois rêveur et intime et qui évoque aussi la relation pleine de tendresse entre Nishi et Miyuki, le piano étant vite rejoint par la douceur des cordes et des vents. Mais le score alterne ainsi entre moments intimes et parties plus tristes comme dans 'Angel' et ses cordes torturées et parfois dissonantes. (après tout, Horibe n'est pas le seul à déprimer dans le film. Nishi est un flic hanté par le souvenir de la mort de l'un de ses collègues, un souvenir qui ne cesse de revenir inexorablement dans son esprit sans arriver à l'oublier. Nishi doit donc se battre entre ses démons intérieurs et son sentiment de culpabilité qu'il ressent pour Horibe)

Dans 'Painters', le compositeur apporte une petite touche d'espoir et de légèreté à travers un petit ostinato mélodiques des vents légèrement plus enjoué pour le passage où Nishi prépare le taxi pour faire le braquage de la banque (et ainsi ramener de l'argent pour continuer à aider son ami paralysé) et qu'Horibe, de son côté, reçoit et utilise son matériel de peinture. Ici aussi, la musique évite d'en faire de trop en gardant une certaine retenue; notons ce petit motif de 4 notes assez sombre qui intervient dans la scène où Horibe regarde des fleurs et s'imagine des peintures qu'il pourrait en tirer en combinant les fleurs avec des corps d'animaux. Le côté poétique de cette scène est mis en parallèle avec le côté plus sombre de la musique d'Hisaishi qui souligne la déprime apparente du personnage, le tout avec une simplicité toujours déconcertante. 'Smile and smile' reprend le thème principal cette fois ci confié à un hautbois suivi du piano et de quelques cordes (notons ces effets surprenants de trémolos qui donnent un côté un peu plus dramatique au morceau), la reprise du thème évoquant ici l'évolution de la situation et la relation de complicité amoureuse entre Nishi et Miyuki, sans oublier l'utilisation de l'harmonica qui renforce toujours le côté nostalgique de ces morceaux, comme c'est le cas pour les séquences au bord de la mer.

'Tenderness' apporte une petit touche de légèreté en faisant allusion au thème d'Hana-Bi à travers quelques pizzicati sautillants qui viennent une fois de plus évoquer la relation pleine de tendresse entre Miyuki et Nishi. Finalement, l'histoire se conclut sur le très beau 'Thank You...for Everything' et ses cordes à la fois mélancoliques et dramatiques, Miyuki remerciant Nishi pour tout ce qu'il a put faire pour elle et pour son mari. Mais on sent néanmoins une certaine tristesse prendre très vite le dessus à la fin du film, de même que la musique s'arrête brutalement après le choc final des coups de feux, qui en disent bien sur le film qu'un simple discours, Hisaishi reprenant alors pour le générique de fin le très poignant thème d'Hana-Bi. Au final, le score d'Hisaishi pour Hana-Bi apparaît comme une nouvelle grande BO du compositeur alliant la poésie avec une certaine mélancolie nostalgique, le tout avec une retenue et une simplicité vraiment émouvante dans la lignée directe de 'Sonatine'.



---Quentin Billard