1-A Heavy Burden 2.51
2-Forrest of Death 2.38
3-Leaving the Station 3.35
4-Two Comrades Embrace 3.44
5-Crossed Paths 2.59
6-The Strain Begins To Show 2.43
7-Tracking Chikatilo 2.26
8-Arrest 3.01
9-Finally A Clue 2.27
10-Finale 3.11

Musique  composée par:

Randy Edelman

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-5601

Album produit par:
Randy Edelman

Artwork (c) 1995 Asylum Films/Citadel Entertainment/HBO. All rights reserved.

Note: **1/2
CITIZEN X
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Randy Edelman
Adapté du livre « The Killer Department » de Robert Cullen et réalisé par Chris Gerolmo, le téléfilm « Citizen X » nous raconte l'histoire vraie d'un médecin/détective et d'un colonel enquêtant sur une série de meurtres atroces commis par le tueur en série ukrainien Andrei Chikatilo (surnommé « le monstre de Rostov ») qui sévit en URSS entre 1978 et 1990, principalement dans la région de Rostov-sur-le-Don. L'acteur irlandais Stephen Rea et le canadien Donald Sutherland interprètent respectivement le lieutenant détective Viktor Burakov et le colonel Mikhail Fetisov. Ce dernier a crée le département d'enquête sur les tueurs et engage Burakov sur cette sinistre affaire de meurtres en série, enquête qui débuta à partir de 1982 avec la découverte de huit corps atrocement mutilés. Point commun : les victimes avaient toutes entre 10 et 17 ans. L'enquête est longue et s’éternise alors que les supérieurs de Burakov ne cessent de lui mettre des bâtons dans les roues. Le film nous montre ainsi la misère de cette Russie des années 80 où le système bureaucratique est complètement désordonné, dirigé par des gens irresponsables et orgueilleux. C'est ce qui explique alors que l'enquête ait duré autant d’années. Mais Burakov a les nerfs solides même s'il craque parfois, d'autant que le colonel Fetisov est toujours là pour l'épauler et l'aider à poursuivre son enquête. Le tueur fut finalement arrêté quelques années plus tard, en 1990 puis condamné à mort le 15 octobre 1992 et exécuté d’une balle dans la nuque le 14 février 1994. On a ainsi dénombré pas moins de 52 victimes dont plus de la moitié étaient des jeunes enfants. Les supérieurs de Burakov n'ont cessé de contester son enquête, ne croyant nullement à la théorie d'un serial-killer qui, selon eux, n'existe que dans les pays occidentaux. Ils commirent évidemment une grave erreur qui aurait put être évitée s'ils avaient accepté d'épauler Burakov dans son enquête et de lui fournir le matériel qu'il souhaitait.

Pour un téléfilm de ce calibre, « Citizen X » s’avère être très intéressant, servi par l’interprétation brillante de Stephen Rea (acteur fétiche du réalisateur Neil Jordan), remarquable dans le rôle d'un inspecteur complètement éprouvé par cette terrible enquête et qui finit par avoir la mort de toutes ces jeunes victimes sur la conscience. Le film aborde d’un regard complètement réaliste cette enquête laborieuse et éprouvante, s’éloignant sensiblement du style des thrillers hollywoodiens habituels. La majeure partie du film de Chris Gerolmo décrit ainsi cette longue traque qui dura plus de huit ans. A l'image de ce pauvre inspecteur qui doit se battre pour faire avancer son enquête et stopper le massacre malgré les ennuis que lui causent ses supérieurs, on en vient même à souhaiter ardemment que le tueur soit appréhendé à temps. Le téléfilm épouse un rythme extrêmement lent et éprouvant, suggérant très clairement l’idée du temps qui passe inlassablement sans le moindre espoir d'arrêter le tueur fou. Et comme le mentionne d’ailleurs la tagline du téléfilm : « vous ne voulez pas savoir ce qu'il fait, vous voulez juste savoir quand il se fera attraper ! ». C'est un parfait résumé de l'intérêt de ce petit téléfilm qui vient nous rappeler que le phénomène des serial-killer existe malheureusement un peu partout dans le monde. Pour finir, signalons que « Citizen X » a remporté plusieurs récompenses dont celui du meilleur téléfilm aux Prix Edgar Allan Poe en 1996. Enfin, un nouveau film sorti en 2006, « Evilenko », réalisé par David Grieco, relate de nouveau l’histoire du « monstre de Rostov », avec l’excellent Malcolm McDowell dans le rôle d’Andrei Chikatilo.

Randy Edelman signe un score assez fonctionnel pour « Citizen X », évoquant le caractère dramatique et sombre de cette sinistre enquête en mettant l'accent sur le caractère tragique des nombreux meurtres évoqués dans le film. On y retrouve le style habituel du compositeur, à savoir son goût pour des thèmes et des harmonies très simples et l'utilisation de ses sempiternels synthétiseurs doublant l'orchestre, apportant une couleur très reconnaissable à la musique du compositeur. Ne vous attendez donc pas à quelque chose de très original sur « Citizen X' ». Randy Edelman fait son travail de façon correcte, sans plus. Le film s'ouvre sur le thème principal, une mélodie de cordes plutôt dramatique évoquant le caractère tragique de l’histoire, mais sans atteindre encore la profondeur tragique du second thème, beaucoup plus mélancolique et résigné. Chose étonnante mais que l'on retrouve souvent dans certaines partitions d'Edelman, le thème repose sur des harmonies très tonales contenant quelques enchaînements d’accords techniquement très douteux, un problème qui revient d’ailleurs assez souvent chez Randy Edelman - certains passages de « Gettysburg » ou de « Dragonheart » contiennent de véritables maladresses d’écriture difficilement pardonnables de la part d’un compositeur professionnel ! Quoiqu'il en soit, ce thème principal apporte une véritable émotion dramatique au film sans verser pour autant dans la noirceur totale. Dans le film, il tendrait plutôt à illustrer l’enquête difficile des deux enquêteurs russes.

Randy Edelman pose les bases dans un premier temps d’une atmosphère plutôt sombre, et plus particulièrement lors des scènes du début où l'on assiste aux meurtres du tueur. On retrouve alors l'utilisation de percussions synthétiques (comme dans « Daylight » par exemple) qui évoquent la violence qui hante ce personnage torturé (interprété par Jeffrey DeMunn, aperçu entre autre dans « The Shawshank Redemption » et « The Green Mile » entre autre). Le compositeur illustre ces scènes de meurtre par le biais d’une impressionnante montée de tension orchestrale à faire froid dans le dos, le tout renforcé par les quelques percussions qui apparaissent surtout dans ces séquences de suspense laissant présager le pire. D’une façon générale, Randy Edelman met peu l'accent sur le suspense et privilégie davantage le caractère dramatique et tragique du téléfilm de Chris Gerolmo. Puis, avec l'aide d'un deuxième thème plus poignant, le compositeur décrit la véritable tragédie au coeur même de cette sombre histoire. Le thème apparaît dans le film lorsque Burakov annonce la mort des jeunes adolescents à leurs parents tout en leur montrant des photos de leurs enfants pour les besoins de l’enquête. Résigné, ce thème dramatique crée l'essence même du score de « Citizen X » tout en insistant clairement sur l’aspect lent et sombre de cette sinistre histoire. Le film contient peu de musique et la participation d'Edelman à « Citizen X » ne doit guère dépasser les 50 minutes de musique - ce qui est peu pour un téléfilm américain de ce genre ! En revanche, c’est amplement suffisant pour permettre au compositeur de créer le ton juste et approprié pour le film.

Finalement, la dernière partie du film permet à la musique de devenir plus sombre, plus tendue et plus intense alors que la traque contre le tueur s'intensifie. Le thème principal de cordes revient à plusieurs reprises pour suivre le déroulement de l’enquête tout en évoquant la souffrance intérieure et la frustration de Burakov, obsédé par son enquête et bouleversé par le nombre sans cesse grandissant de victimes. La traque finale s'achève enfin lors d’un final qui nous permet de respirer tandis que le compositeur reprend le thème principal, avec une dernière montée de tension qui nous permet clairement de comprendre le sort que l'on réserve à Chikatilo, le tueur. Partition triste, sombre et lente, « Citizen X » est un score totalement méconnu de Randy Edelman, une oeuvre mineure et pas vraiment mémorable mais qui réussit malgré tout à trouver le ton juste et approprié au film. On pourra toujours reprocher au compositeur d'avoir écrit un thème tout à fait quelconque, bien loin de la qualité musicale des grandes mélodies dont Edelman possède le secret. Malgré cela, « Citizen X » n’en reste pas moins un petit score fonctionnel sans prétention, qui apporte une noirceur et une émotion nécessaire au téléfilm de Chris Gerolmo. Après tout, c'est le principal !



---Quentin Billard