Thriller de série-B tout à fait quelconque, 'Unlawful Entry' de Jonathan Kaplan (qui répond en VF au doux nom de 'Obsession Fatale', le genre de titre que l'on a l'impression d'avoir déjà entendu des centaines de fois) évoque la lutte d'un couple honnête confronté à un flic brutal et menaçant qui semble avoir complètement pété les plombs. A la suite d'un cambriolage chez Michael Carr (Kurt Russel) et sa femme Karen (Madelaine Stowe), deux policiers arrivent et viennent réconforter le couple. C'est le flic Pete Davis (Ray Liotta, superbe dans ce rôle du poulet qui pète les plombs, le style de rôle qui fit la réputation de cet acteur d'ailleurs) qui vient aider le couple à se remettre de leur traumatisme en leur installant un système de sécurité pour les protéger de toutes éventuelles attaques. Michael et Karen lui sont alors pleinement reconnaissant pour tout ce qu'il a fait pour eux, mais les choses commencent à changer un soir où Pete et son coéquipier Roy Cole décident d'emmener Michael avec eux pour qu'il puisse voir à quoi ressemble une nuit de boulot pour un flic. Cette nuit là, Pete arrête le cambrioleur qui a menacé Karen la nuit de leur cambriolage et commence à le tabasser sauvagement devant ses yeux. Michael, effrayé par la brutalité du policier, décide alors qu'il ne veut plus jamais le voir revenir chez lui. Mais Pete se montre de plus en plus collant alors qu'il parle à Karen en secret et commence à devenir de plus en plus inquiétant. Pete est en fait un dangereux psychopathe complètement dérangé et obsédé par Karen, et qui va tout faire pour pourrir la vie de Michael afin d'avoir Karen pour lui tout seul. Mise en scène quelconque, script faiblard et même musique totalement dénuée d'inspiration, 'Unlawful Entry' est ce style de navet hollywoodien que l'on oubliera très vite, une série-B à suspense faiblarde dont le seul intérêt réside dans l'interprétation remarquable de Ray Liotta dans la peau de ce flic psychopathe. Mais c'est bien peu pour sauver ce film très médiocre.

James Horner a composé un score inattendu pour 'Unlawful Entry', un score entièrement synthétisée (un peu comme son score de 'Thunderheart', composé la même année que 'Unlawful Entry') servi par un thème principal assez présent mais guère inspiré. Le score de 'Unlawful Entry' est assez bizarre dans le film. Horner souligne la tension permanente mais l'on se demande toujours pourquoi sa musique manque autant de 'punch' et de caractère, surtout dans les passages plus 'action' du film. Le 'Main Title' s'ouvre sur le thème principal au synthé avec une mélodie basée sur un motif de piano assez obsédant et un thème de saxophone tout à fait quelconque (et assez inspiré du 'Main Title' de 'Class Action' - 1991 - dans un style tout à fait similaire!). Le thème principal possède un côté vaguement dramatique qui évoque le couple qui va devoir subir les méfaits de Pete, tandis que le motif au piano (cela rappelle beaucoup ici aussi 'Thunderheart', et pas seulement qu'au niveau de l'utilisation du synthé) évoque plus l'obsession de Pete pour Karen (c'est ce qui explique le fait que ce motif soit aussi souvent répété tout au long du film). Atmosphérique et sombre, la musique d'Horner évoque la tension qui règne tout au long du film et rentre dans le vif du sujet avec une première partie action pour la scène du cambriolage au début du film, Horner faisant un usage assez intéressant ici des diverses percussions, surtout celles qui ont des sonorités plutôt métalliques et froides. D'une manière générale, 'Unlawful Entry' est un score froid dénué de toute émotion, puisque même le sentiment de la peur est quasiment absent de ce score peu inspiré.

On notera que l'on retrouve vaguement le fameux motif de 4 notes d'Horner (utilisé déjà depuis 'Brainstorm' en 1983 et que l'on retrouvera ensuite dans 'Star Trek II' et 'Willow' entre autre) dans 'Pete's Passion', scène des méfaits de Pete vers la fin du film, Horner conservant ici une de ses habituelles 'marque de fabrique' (sauf qu'entendre ici ce motif sur un synthé froid est assez étrange, alors que l'on a l'habitude de l'entendre de manière bien plus puissante aux cuivres ou aux cordes) en plus des quelques rares sont de 'crash' clusters de piano dans le grave, quelque chose qu'Horner utilisera beaucoup dans les parties action de BO telles que 'Ransom', 'The Pelican Brief' ou 'Titanic' pour ne citer que les exemples les plus évidents. La tension est assez mal entretenu par Horner qui ne semble pas du tout avoir été inspiré par ce thriller de série-B absolument anecdotique. Une partie plus 'action' intervient pour la scène où Pete tue son coéquipier, Horner utilisant ici aussi ces sons de synthé métalliques très inquiétants, probablement le seul aspect le plus réussi du score. Pour le reste, on doit se contenter de ce synthé avec piano tout à fait quelconque, qui sonne comme une vulgaire BO de série-B sans aucun talent ni marque d'inspiration. On s'étonnera aussi de l'incroyable manque d'énergie de la musique d'Horner dans la scène de la confrontation finale entre Pete et Michael dans sa maison, où Horner réutilise le thème principal qui ne semble pas du tout coller à cette scène violente, et ce même si les dernières secondes avant 'l'exécution' de Pete soient plus sombres dans le style.

'Unlawful Entry' est une incroyable déception pour tout ceux qui apprécient régulièrement les travaux d'Horner dans la musique de film. On sait que le thriller n'a jamais été le genre privilégié par Horner au cours de sa carrière, et même s'il a déjà composé quelques BO sympathiques pour ce style de film, il n'a jamais vraiment brillé dans ce domaine. Reprenant le style sonore de 'Field of Dreams' où Horner innovait en utilisant du synthé avec quelques instruments acoustiques (ici, principalement piano et saxophone), le compositeur accouche d'un score fade et d'une platitude étonnante alors que le compositeur nous habitue généralement à des scores de bonne qualité, étant donné le côté perfectionniste du compositeur. Mais tout le monde a droit à ses erreurs, et le score de 'Unlawful Entry' en fait partie. Un score déconseillé donc, à oublier!


---Quentin Billard