Danny De Vito a retracé l'histoire vraie de Jimmy Hoffa, l'un des plus célèbres syndicalistes de camionneur des Etats-Unis dans les années 70 qui n'avait peur de personne et défia toutes les autorités, même le président lui même. Pour un rôle aussi fort, il fallait un acteur à la hauteur de ce personnage: Jack Nicholson campe ainsi un Hoffa haut en couleur, grande gueule et rentre-dedans, prêt à tout pour défendre la cause des camionneurs, espérant ainsi former un syndicat puissant qui pourra contrer l'exploitation de patrons sans scrupules. Hoffa fait de nombreuses négociations en s'alliant avec Bobby Ciaro (Danny De Vito) son fidèle bras-droit qui le soutiendra jusqu'au bout, des négociations qui tournent parfois en de violents affrontements (scène des affrontements vers le début du film), n'hésitant pas à soutenir la pègre pour imposer la puissance de son syndicat. Hoffa disparu en 1975 et bien que l'on ne l'ait jamais retrouvé, certains pensent qu'il devenait trop gênant et aurait été en fait assassiné. C'est en tout cas la thèse que supporte De Vito pour son film. Nicholson est formidable une fois de plus, nous rappelant toute l'étendue de son talent et la manière forte et inimitable dans laquelle il campe la plupart de ses personnages. Nicholson est véritablement l'atout majeur d'un film dont la mise en scène est somme toute fortement quelconque (on préfère cent mille fois plus De Vito en acteur qu'en tant que réalisateur) et le film tout à fait oubliable. Le film a d'ailleurs été un échec commercial...la faute au réalisateur qui n'a peut être pas su rendre cette histoire suffisamment passionnante pour qu'on accroche bien, et ce même si Nicholson donne à travers le film une leçon d'acteur magistrale.

Après avoir collaboré sur les deux précédents films de De Vito, 'Thow Mamma From The Train' (1987) et 'War of The Roses (1989)', David Newman revient sur le troisième film de De Vito (qui a auparavant réalisé quelques téléfilms et des épisodes de séries TV) pour lequel il n'a certainement pas écrit son chef d'oeuvre mais un score plutôt sombre et dramatique qui colle bien à l'histoire de ce film. Entièrement orchestral, la partition de Hoffa évoque avec un côté parfois solennel l'histoire de l'un des hommes les plus puissants des Etats-Unis durant les années 70, Newman utilisant deux thèmes qu'il développera essentiellement dans la dernière partie du film. Le thème principal possède ce thème à la fois noble et solennel, thème entre les cuivres (essentiellement les cors ici) et les cordes et que Newman développe de manière splendide dans le générique de fin même si le thème fait déjà brièvement son apparition vers le début du film (scène avant les émeutes). A ce sujet, c'est probablement pour la violente séquences des affrontements que Newman a écrit son morceau le plus percutant et le plus excitant, le reste naviguant entre passages dramatiques évoquant essentiellement la lutte d'Hoffa contre ses ennemis (surtout à la Maison Blanche).

C'est ainsi que l'on trouve quelques passages plus mélancoliques lorsqu'Hoffa quitte son QG pour partir en prison (Newman renforce ici les cordes et les vents) tandis que le thème solennel refait une apparition émouvante dans la scène où les partisans d'Hoffa lui rendent hommage au moment où un camion l'emmène en prison. Ce thème évoque donc le personnage fort qu'incarne Nicholson dans le film, une sorte de thème qui rend hommage à un homme que certains considèrent comme un véritable 'héros américain'. Le thème est beaucoup plus solennel que réellement héroïque, Newman évitant tout de même ce cliché là qui serait probablement fortement exagéré dans le contexte du film...après tout, Hoffa n'était pas un type tout blanc non plus! Le deuxième thème est plus mélodique et est un peu moins présent dans le score mais il reste lui aussi attaché à la lutte et les moments dramatiques de l'histoire d'Hoffa (qui finit très mal comme on pourrait s'en douter), la majorité du score étant finalement assez sombre et par moment plus dramatique. A noter pour finir que le compositeur lui même a écrit la musique pour le trailer du film, chose qui est suffisamment peu courante pour que cela mérite de le mentionner.

Certes, 'Hoffa' n'a rien d'un score monumental, épique ou inoubliable, c'est un petit score assez sombre retranscrivant cette épopée mouvementée avec un certain charisme surtout au niveau du thème principal qui est somme toute relativement assez intéressant mais peut être pas assez développé par le compositeur dans sa partition. 'Hoffa' fait partie de ses BO du compositeur dont on parle parfois mais dont on n'en connaît pas toujours exactement le contenu. Score moyen mais réussi dans le film, 'Hoffa' est intéressant pour la simple raison qu'il montre la facette plus sombre et dramatique d'un compositeur généralement habitué au registre des comédies en tout genre.


---Quentin Billard