1-Main Title 2.47
2-Bedtime Story 3.01
3-Docking 2.55
4-No Water 2.26
5-The Message 4.33
6-Break Out 3.13
7-Kay's Theme 3.17
8-The Station 3.30
9-The Snake 3.37
10-The Long Climb 3.53
11-The Letter 2.52
12-The Celebration 3.04

L'album contient aussi
le score de 'Outland'
de Jerry Goldsmith.

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

GNP Crescendo Records
GNPD 8035

Producteur exécutif:
Neil Norman
Producteur de l'album:
Neil Norman
Producteur de l'album:
Jerry Goldsmith
Assistant du producteur:
Lois Carruth

Artwork and pictures (c) 1993 GNP Crescendo Records. All rights reserved.

Note: ***
CAPRICORN ONE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Basé sur l'intéressante idée d'une mission sur Mars tournée pour de faux dans un studio de cinéma et ce afin de mentir au public américain pour des raisons économiques, 'Capricorn One' est l'un des premiers grands film du réalisateur Peter Hyams qui tournera trois ans après son fameux 'Outland', version spatiale d'un western de 'High Noon', fameux western de Fred Zinnermann de 1952. Avec 'Capricorn One', Hyams nous raconte l'histoire de trois astronautes, Brubaker (James Brolin), Willis (Sam Waterston) et Walker (O.J. Simpson - fameux footballeur américain devenu acteur et accusé en 1994 du meurtre de sa femme, meurtre n'ayant jamais été prouvé) qui devaient partir pour une expédition sur Mars et qui sont immédiatement évacués par Kelloway (Hal Holbrook), le responsable des opérations, quelques secondes avant le décollage de la fusée, et c'est alors une fusée 'vide' qui part vers Mars. Bien entendu, les opérateurs et les techniciens de la NASA n'en savent rien, tout comme le public américain. On demande alors aux trois astronautes de participer au tournage de ce faux atterrissage sur Mars dans un studio, Kelloway leur expliquant les raisons de cette mise en scène en leur précisant aussi qu'ils doivent jouer le jeu s'ils ne veulent pas avoir de problème, eux et leurs familles. Horrifié par une telle chose, les trois astronautes sont contraints de participer à cette vaste supercherie (derrière lequel se cache des raisons économiques et politiques) et doivent donc mentir à tout le monde, même à leurs propres femmes. Les choses changent alors que les responsables de cette supercherie décident alors que les trois astronautes meurent dans l'explosion de leur capsule pour leur retour sur terre. Les trois astronautes comprennent alors que leurs jours sont comptés. Mais Brubaker n'est pas d'accord avec cette 'mise à mort' forcée et après avoir tourné les scènes d'atterrissage sur Mars retransmises dans toutes les télévisions du pays entier, l'astronaute et ses deux compagnons décident de s'enfuir afin de rejoindre leurs familles et de tout leur expliquer. Les hommes de Kelloway se lancent alors à leur trousse à travers le désert, Brubaker espérant qu'il y'aura au moins un des trois qui réussira à s'enfuir pour faire éclater la vérité au grand jour. Pendant ce temps, le journaliste Robert Caulfield (Elliott Gould) enquête sur des événements mystérieux qui lui mettent la puce à l'oreille et lui font comprendre que le voyage vers Mars était en fait bidon. Sur une idée intéressante, Peter Hyams se plante en chemin sur un thriller très moyen dont l'issue de l'histoire aurait pu être intéressante (voir les conséquences de telles révélations sur le plan politique du pays et auprès du public américain), malheureusement, on doit se contenter d'une mise en scène pleine de lourdeurs (le passage où Willis monte le long de la paroi rocheuse en parlant tout seul est un peu trop long) et d'incohérences dans le scénario (par exemple: comment les premiers pas des astronautes sur Mars peuvent ils être filmés par une caméra alors qu'ils viennent juste d'arriver sur la planète?). On sent bien l'amertume dramatique que ressentent les cosmonautes face à cette gigantesque supercherie dans laquelle on les force à être les acteurs, mais la fin est totalement bâclé et ampute finalement le film d'une fin qui aurait pu être grandiose et finit de manière ringarde et un peu cul-cul sur les bords (le style de fin que l'on a aussi à la fin de 'Outland'). Quel dommage! Il y'avait un réel potentiel dans ce scénario que Peter Hyams n'a pas su bien exploiter.

Jerry Goldsmith a écrit un score assez sombre pour 'Capricorn One', et ce trois ans avant que le maestro ne compose sa musique pour 'Outland'. La partition orchestrale de Goldsmith nous permet de retrouver son style thriller des années 70 avec deux grands thèmes principaux considérés comme des classiques dans la musique de film du Goldsmith des années 70. Le Main Title (honteusement raccourci dans le film) nous fait entendre le premier thème principal, thème très rythmé par un motif rythmique assez excitant (percussions et cuivres en avant soutenus par des cordes avec basse de piano) qui évoque toute l'étendue de cette vaste supercherie avec un côté puissant comme pour signaler qu'il sera difficile pour les trois astronautes d'en échapper. (thème qui inspirera apparemment James Horner pour certains passages de son fameux score d'Aliens. Le second thème est introduit par des cordes romantiques dans la partie centrale du morceau (malheureusement, le morceau coupe bien avant dans le générique de début), le morceau évoquant en fait la famille de Brubaker (Goldsmith l'attribue à sa femme et l'intitule 'Kay's Theme', morceau dans lequel le compositeur nous propose une version inédite du thème - version absente du film - avec une batterie plus 'pop' très 70's d'esprit par dessus la partie orchestrale qui interprète ce très beau thème). Le 'Kay's Theme' possède un côté nostalgique et tendre qui illustre l'ultime but que recherche Brubaker: rejoindre sa famille et pouvoir tout leur avouer, Brubaker voulant soulager sa conscience pour ne pas avoir à regarder son fils dans les yeux en lui racontant des mensonges à propos du voyage sur Mars. C'est donc ce besoin -symbolique ?- d'un retour à la famille, auprès de sa femme qu'évoque le 'Kay's Theme' qui, bien qu'il soit très peu utilisé durant le film, apporte quand même une touche d'émotion à un score très sombre et toujours très tendu. Goldsmith développe ce thème de manière plus lente et moins exalté dans 'Bedtime's Story' où Kay est avec son fils et lui raconte une histoire. Confié avec des cordes douces soutenues par le piano, le thème continue de véhiculer ce sentiment de nostalgie émouvante dans ces quelques rares scènes plus intimes du film.

Mais c'est tout de même le côté thriller/suspens du film qui ressort particulièrement ici. Dans 'Docking', Goldsmith décrit la préparation du décollage de la fusée 'Capricorn One' avec un style très tendu alors que Kelloway fait discrètement évacuer les trois cosmonautes. Les orchestrations de Goldsmith sont toujours très soignées: le compositeur utilise ici toutes les ressources orchestrales disponibles pour faire véhiculer le plus de tension possible à l'écran, afin d'amplifier la situation tendue et dramatique à la fois pour les trois héros du film. Notons donc l'accent mis sur les cordes et les cuivres sombres, avec ce xylophone intervenant par à-coup (quelque chose de typique dans l'écriture orchestrale du compositeur) et un rappel constant du motif rythmique constituant le thème principal. S'ensuit ensuite toute une série de pièces orchestrales nous renvoyant toute clairement à la situation extrêmement tendue et dangereuse pour les héros. Notons ainsi 'The Station' pour la découverte du studio où ils vont tourner le faux voyage sur Mars, morceau faisant intervenir un autre thème du score, un motif sur un balancement de deux notes que l'on trouvera très souvent aux cordes et qui évoque la menace qui pèse sur les trois héros du film. (thème très présent dans la scène de la poursuite dans le désert) Notons l'utilisation très sombre mais discrète du piano-thriller, quelque chose que Goldsmith banalisera beaucoup dans ses futures partitions thriller comme 'The River Wild' ou 'L.A. Confidential'.

L'action est évidemment au rendez-vous comme dans 'Break Out' pour la scène où les trois héros s'échappent en avion hors du studio où l'on retrouve le style et les orchestrations habituelles du compositeur. (à noter aussi la fameuse séquence de la poursuite entre le biplane et l'hélicoptère) Un moment particulièrement sombre intervient dans 'The Snake', morceau très tendu où l'un des trois astronautes se retrouve confronté à un serpent après s'être caché dans une grotte (notons ici le caractère très sinistre des cordes). 'The Long Climb' accompagne quand à lui la dure montée de la paroi rocheuse de Willis, avec cette tension toujours permanente dans la musique (il y'a beaucoup de musique dans le film et peu de moment de relâchement. L'impact émotionnel est tout de suite immédiat dans l'esprit du spectateur/auditeur: il nous fait comprendre que les trois cosmonautes sont pris dans un piège infernal dont il sera très difficile de trouver une issue, d'où le côté finalement assez répétitif de la musique dans le film) Avec une ambiance de tension durant tout le score, avec quelques passages plus agités (surtout pour la traque dans le désert), 'Capricorn One' est un score thriller typique du compositeur, peut être un peu trop monotone tout au long du film (malgré l'emploi de deux thèmes intéressants, le troisième, le 'Kay's Theme' étant à part sur le plan émotionnel) C'est le superbe 'The Celebration' qui apporte la conclusion au score avec une reprise puissante du 'Kay's Theme' sur des cordes un peu mielleuse mais qui exprime le retour du héros (vous ne vous y attendiez pas un peu, sincèrement?) en guise de conclusion (bâclée). 'Capricorn One' est au final une petite BO thriller assez sombre, peut être pas ce que Goldsmith a fait de mieux dans le domaine (et ce bien que l'on retienne le plus souvent les deux excellents thèmes principaux du score) mais la preuve incontestable que le compositeur sait toujours trouver la musique parfaite pour les films pour lesquels il compose, et ce n'est certainement pas 'Capricorn One' qui viendra contredire cette vérité. Un score thriller somme toute assez sympa sans être inoubliable.


---Quentin Billard