Décidément, le film de procès est un genre particulièrement prisé par le cinéma américain, et ce depuis de nombreuses années. Inutile de rappeler tous les films de ce genre tant ils sont nombreux dans ce domaine (et même encore aujourd'hui). Michael Apted nous propose aussi sa vision du genre avec 'Class Action', film dans lequel Gene Hackman et Mary Elizabeth Mastrantonio incarnent respectivement Jedediah Tucker Ward et Maggie Ward, deux avocats de San Fransisco qui se retrouvent un jour opposé sur une affaire difficile concernant le constructeur automobile Argo. Maggie est chargée de défendre le patron d'Argo tandis que Jedediah sera l'avocat général. Evidemment, Jedediah tente de convaincre sa fille d'abandonner ce procès et de céder la place à quelqu'un d'autre, mais elle refuse, voyant là une occasion de défier son père et de régler ses comptes avec lui. Les choses s'aggravent entre eux après la mort de la mère de Maggie. 'Class Action' est un film lent et mou, peu intéressant à moins d'être un fan obstiné de ce genre de film. Certes, l'interprétation dramatique et particulièrement tendue entre Hackman et Mastrantonio est plutôt réussie, mais cela ne suffit pas à sauver le film d'un certain ennui. Dommage!

C'est à partir de son score pour 'Field of Dreams' (1988) que James Horner va continuer à développer son style électronique dans certaines de ses partitions du début des années 90 (on pense par exemple à 'Thunderheart' et 'Unlawful Entry' en 1992, sans oublier un style plus proche de 'Field of Dreams' pour le méconnu 'Jack The Bear') Le score de 'Class Action' est entièrement interprété sur des synthétiseurs avec un piano (interprété par Horner lui même) et un saxophone soliste. On retrouve donc ce style de synthé avec instrument acoustique que l'on trouvait déjà dans 'Field of Dreams' qui aura décidément eu une importance capitale dans le changement de style d'Horner au début des années 90 (après tout, le style synthé de ce score ne peut qu'être justifié par les décors urbains - et donc froids - du film). Le score nous annonce l'unique thème principal du score dans le 'Main Title', confié au synthé avec le saxophone pour la mélodie du thème, un thème principal assez dramatique évoquant la relation conflictuelle entre Jedediah et Maggie, conflit accentué par la mort dramatique de la mère de Maggie. Ce thème très quelconque n'a rien de franchement bien marquant et ne rentrerait pas dans notre esprit si Horner s'acharnait à le répéter autant tout au long du film. Ainsi donc, le principal défaut du score est la répétition trop lourde et trop fréquente de ce thème tout le long du film, quelque chose qui est vraiment très exagéré, et ce même si le compositeur nous propose quelques variations intéressantes du thème. Mais construire une partition entière sur un seul thème développé dans tous les morceaux, et ce jusqu'à la fin du film est quelque chose d'un peu faible musicalement et aussi quelque chose de très contestable. Autant dire tout de suite que le compositeur n'a pas du tout été inspiré par le sujet du film et s'est contenté d'accoucher d'un score synthétique lent et assez inintéressant.

Le score de 'Class Action' crée une ambiance dramatique très répétitive dans le film, et l'on pourra noter au passage des moments plus sombres et tendus comme dans 'Stolen Files' lorsque Maggie s'aperçoit que les dossiers qu'elle avait mis dans son bureau ont disparus. Ces passages plus tendus évoque les moments difficiles de ce procès avec l'utilisation elle aussi très présente tout au long du film d'un motif de piano (électrique) qui évoque le côté (vaguement) suspense du film, motif assez intriguant mais repiqué très clairement de 'Gorky Park' (1983), 'Red Heat' (1988) et 'Another 48 Hrs.' (1990). Le problème du score de 'Class Action' est le même que celui du film: la partition d'Horner dégage un certain ennui à l'écoute, ennui déjà présent dans ce film mou où la musique d'Horner n'arrange pas les choses. Il est assez bizarre que le compositeur ait pris un tel parti-pris de répéter inlassablement son thème du début jusqu'à la fin sans apporter aucune variété particulière si ce n'est les quelques passages plus sombres avec le motif de piano. Au final, le score de 'Class Action' crée une certaine lenteur dramatique dans le film, un climat plus ou moins sombre (et froid) dans cette confrontation père/fille sur fond de procès. Mais l'ensemble manque étonnamment d'inspiration et n'égale nullement ce qu'Horner avait fait par exemple sur 'Field of Dreams' (de plus, le film pourrait très bien se passer de la musique d'Horner qui n'apporte rien de particulier au film, à part illustrer très vaguement les moments dramatiques ou sombres du film, et encore). Pour conclure, nous dirons que 'Class Action' n'est intéressant que pour ceux qui veulent découvrir une autre facette d'Horner, sûrement pas sa meilleure facette d'ailleurs, surtout lorsque le compositeur fait autant preuve comme ici d'un manque d'inspiration incroyable.


---Quentin Billard