tr> |
1-Summer 6.24
2-Going Out 1.17 3-Mad Summer 2.55 4-Night Mare 1.49 5-Kindness 1.57 6-The Rain 5.38 7-Real Eyes 3.14 8-Angel Bell 3.11 9-Two Hearts 2.00 10-Mother 2.11 11-River Side 6.12 12-Summer Road 3.08 Musique composée par: Joe Hisaishi Editeur: Polydor POCH-1788 Musique arrangée et produite par: Joe Hisaishi Coordinateur de production et Management Office: Wonder City Inc. A&R Directeurs: Makoto Morimoto, Akira Watanabe(Fujipacific Music Inc.) Mitsuru Komatsu (Polydor K.K.) A&R Superviseurs: Takafumi Muraki (Polydor K.K.) Superviseurs: Akira Sasajima (Fujipacific Music Inc.) Hiroshi Itsuno, Koichi Nakagawa (Polydor K.K.) Producteurs exécutifs: Ichiro Asatsuma (Fujipacific Music Inc.) Ikuzo Orita (Polydor K.K.) Masayuki Mori (Office Kitano Inc.) Artwork and pictures (c) 1999 Polydor. All rights reserved. Note: **** |
KIKUJIRO NO NATSU
|
|
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
|
|
Music composed by Joe Hisaishi
|
|
Après le succès du superbe 'Hana-Bi', Takeshi Kitano frappa de nouveau très fort avec 'L'été de Kikujiro', film poignant racontant l'histoire de la très belle amitié entre un vieux yakuza brutal et un jeune garçon qui part avec lui rechercher sa mère à travers le Japon. Délaissant cette fois ci ces ambiances mélangeant brutalité sanguinaire et poésie mélancolique, le très inspiré Kitano se concentre sur cette histoire pleine de fraîcheur et d'innocence tout en conservant son style habituel que l'on trouve toujours dans tous ses films: mise en scène lente, 'obsession' des scènes au bord de la mer, nostalgie des moments paisibles, etc...et l'on pourra même trouver quelques moments qui pourraient devenir violents si Kitano n'avait pas fait exprès de suggérer ces quelques rares moments de violence d'une manière fortement ironique, encore plus lorsque l'on sait à quel point les polars du réalisateur sont souvent brutaux et très violents. Dans 'L'été de Kikujiro', l'histoire est vu du point de vue de l'enfant (à travers son petit album souvenir où il retrace les principaux moments de son été avec Kikujiro le yakuza) et l'innocence qui en découle annihile complètement toute forme de violence graphique, même dans les quelques moments plus tendus: scène où l'on voit Kikujiro se bagarrer au loin avec un camionneur, scène où il se fait casser le gueule dans la fête foraine et même une scène avec un homme pervers où Kitano semble vouloir nous rappeler que malgré l'innocence de l'histoire, la réalité est souvent cruel pour les innocents. Effectivement, le réalisateur a tenu à glisser quelque part cet épisode assez dérangeant dans le contexte enfantin de l'histoire du vieil homme pervers qui tente de faire des 'choses' avec Masao au moment où Kikujiro arrive et règle le problème. Rassurez vous, cela ne va pas plus loin mais l'idée est claire: Kitano veut rendre son récit le plus réaliste possible tout en montrant les dangers du monde dans lequel le jeune garçon vit, et ce même s'il est entouré d'un yakuza qui le protégera quoiqu'il arrive. C'est aussi cela qui fait que le film de Kitano est tout sauf niais comme on pourrait s'y attendre.
Poétique et très comique par moment (la scène où il crève le pneu d'une voiture qui dérape et se plante dans un fossé est vraiment très amusante), 'L'été de Kikujiro' est un film magnifique, un film magique et poétique qui nous prouve une fois encore le talent de Kitano à raconter des histoires simples, sincères et touchantes tout en apportant ici une certaine nostalgie poignante du monde de l'enfance (Kikujiro passe de bons moments avec Masao où il va tout faire pour le divertir et participer avec lui à des jeux d'enfants. On retrouve dans ce film le style de 'Sonatine' - les séquences qui se déroulent au bord de la plage -), Kitano nous invitant à partager cet agréable petit voyage pittoresque à travers le Japon, le temps d'un été en compagnie du jeune garçon qui recherche désespérément sa mère. Mais le film s'appelle 'l'été de Kikujiro' et au lieu de prendre en considération Masao, le jeune héros du film, c'est le personnage de Kitano qui est réellement mis au centre du film. En réalité, ce n'est pas l'été de Masao (puisqu'il est question au début du film qu'il parte en vacance avec sa mère) mais bien l'été de Kikujiro, un yakuza pas très subtil, agressif et grossier (il traite tous les types qu'il croise sur son chemin de 'ducon', même ceux qui ne lui ont rien fait, ce qui est assez bizarre d'ailleurs mais qui donne un ton plutôt humoristique et décalé à ce véritable pastiche ambulant de tous les personnages un brin voyou sur les bords que Kitano a campé dans la plupart de ses polars) qui va apprendre à devenir plus humain et surtout plus tendre au contact de ce jeune garçon adorable qui ne souhaite qu'une chose: retrouver sa mère. En mélangeant comédie, tendresse, humour (on rigole très franchement dans cette petite aventure tendre et délirante à la fois), nostalgie et moments plus sombres (mélanges typiques du réalisateur) , Kitano accouche d'un film qui nous va droit au coeur, une belle aventure que l'on n'oubliera pas de sitôt, un film réalisé avec une profonde sincérité et une réelle envie de nous rendre plus heureux à la sortie du film, comme si l'on avait pris un bon bain de jouvence. Le personnage de Kitano semble par moment retomber en enfance dans ce film (comme dans 'Sonatine'), évoquant ainsi une autre idée intéressante du film: une sorte de retour aux sources, un retour au monde innocent de l'enfance (d'où les quelques scènes au bord de la mer - nostalgie de l'enfance du réalisateur - et surtout le nom de 'Kikujiro', puisqu'il s'agit en réalité du nom de son père), idée accentuée aussi par la recherche de la mère, les deux héros du film ayant ce même but ayant en commun - Kikujiro retrouve sa vieille mère dans une scène clé du film, une scène très sobre et pourtant très poignante dans la manière dont elle est filmée. Enfin, et c'est probablement ce qui a fait le succès du film, 'l'été de Kikujiro' est un film radicalement différent de ce que le réalisateur avait fait jusqu'à maintenant, surtout en ce qui concerne le domaine de ses polars ultra violents et mélancoliques. (Violent Cop, Sonatine, Hana-Bi, etc.) Et malgré ce changement radical de registre, le réalisateur reste fidèle à son style tout en rendant hommage quelque part à son propre univers cinématographique. On remarque même ici l'envie qu'a le réalisateur de surprendre son public, (un public qui ne s'attendait probablement pas à voir un tel film) de même que la bonne humeur apparente de 'l'été de Kikujiro' et son humour parfois décalé semblent avoir totalement conquis le public. Maître de son art cinématographique, Kitano continue à créer une oeuvre à la fois simple et complexe, simple dans la manière réaliste et sobre des mises en scène du réalisateur, complexe dans les nombreux messages et métaphores de la plupart de ses films toujours très riches et creusés. Sans conteste, 'l'été de Kikujiro' est LE classique par excellence de Kitano, probablement l'un des plus grands réalisateur japonais de notre époque. Ce magnifique film est aussi l'occasion pour Takeshi Kitano de retrouver à nouveau son fidèle complice Joe Hisaishi, qui collabore avec lui depuis 'A Scene At The Sea' (1992). Pour 'l'été de Kikujiro', Hisaishi a probablement composé là sa meilleure BO pour un film de Kitano, un score aussi touchant que le film, un score d'une grande simplicité minimaliste alliant la fraîcheur mélodique à un fort sentiment de nostalgie inhérent au film lui même. Composé pour un petit ensemble instrumental, cordes, piano, violon, violoncelle et quelques touches de synthé, le score du compositeur développe ce climat d'innocence et de tendresse à travers une musique qui nous va droit au coeur, une musique sobre qui nous parle. L'inoubliable thème principal du score ouvre le film dans 'Summer' avec des cordes et un piano, la mélodie étant ensuite reprise de manière légère par des pizzicati de violons. Le thème de 'l'été de Kikujiro' est étonnant de simplicité et de fraîcheur et décrit le côté à la fois innocent et léger de cette belle aventure. Le second thème apparaît au piano soutenu par un synthé discret et quelques cordes. Tout aussi mélodique que le thème principal, le second thème décrit quand à lui l'amitié touchante qui va se créer entre Masao et Kikujiro. La suite de 'Summer' prend une tournure légèrement plus dansante avec le piano et les cordes pour exprimer la jovialité de Masao et de son jeune ami au début du film, Hisaishi créant pour ce petit prologue une certaine ambiance de légèreté quasi enfantine saupoudrée d'une forte touche de nostalgie vibrante, un sentiment nostalgique qui se dégage particulièrement de ce très beau second thème, le thème de l'amitié. Masao et Kikujiro entament tout les deux leur petite ballade au son du superbe thème principal repris au piano/cordes dans 'Going Out' (on pourra peut être reprocher au compositeur d'utiliser un peu trop ses deux thèmes durant le film, thèmes qui ne sont d'ailleurs pratiquement jamais développés hormis à travers quelques changements d'instrumentation. Mais ces deux mélodies sont tellement touchantes que l'on ne peut que les apprécier à chacune de leurs apparitions dans le film) et c'est 'Mad Summer' qui montre réellement le côté décalé et amusant de cette ballade à partir de la scène où Kikujiro vole le taxi avec Masao avant de tomber en panne quelques kilomètres plus loin. Pour accentuer le côté léger du thème, Hisaishi réutilise ici les pizzicati de cordes pour sa mélodie (soutenu par une sonorité plutôt étrange du synthé) suivie ensuite d'une reprise au piano. Morceau à part dans le score (et plutôt anecdotique), 'Night Mare' décrit la scène du cauchemar de Masao où le compositeur n'utilise que le synthé pour créer ici une ambiance à la fois mystérieuse et vaguement fantastique dans cette scène à la fois étrange et surréaliste. Evidemment, le morceau rompt totalement avec le contexte tendre et doux du reste du score, mais on ne pourra qu'apprécier cette petite 'pause' dans la petite partition du compositeur. 'Kindness' nous permet de retrouver le très beau thème de l'amitié au piano (décidément l'instrument intime par excellence) avec des cordes toujours très chaleureuses pour accentuer la tendresse qui naît entre les deux héros qui vont apprendre à s'apprécier tout au long du voyage, et c'est le superbe 'The Rain' qui apporte une touche de poésie poignante au score. Basé sur une très belle mélodie confiée ici à un violon soutenu par un piano et un peu de synthé discret, le morceau décrit la séquence où les deux héros attendent à l'arrêt de bus sous la pluie (notons la reprise de la mélodie par un violoncelle). On retrouve ici cette idée de tendresse allié ici à un profond sentiment de nostalgie quasi rêveur et typique des musiques d'Hisaishi pour les films de Kitano, qui délaisse ici la mélancolie de scores tels que 'Hana-Bi' ou 'Sonatine' pour se concentrer ici sur une atmosphère de nostalgie tendrement poignante. Notons à la fin du morceau la reprise du thème principal par un violon avec piano et cordes. 'Real Eyes' marque une scène clé du film et se diffère lui aussi du reste de la partition par son temps plus résigné et dramatique, lors de la scène où Masao découvre que sa mère n'habite pas à l'adresse qu'il a noté et désespérant alors de ne plus jamais la revoir. Avec quelques cordes résignées et une harpe, on retrouve ici le style plus mélancolique proche des partitions comme 'Hana-Bi', même si 'Real Eyes' est ici le seul morceau possédant vraiment ce caractère mélancolique. Dans 'Angel Bell', Hisaishi reprend une fois encore le thème de l'amitié entre piano et cordes comme dans 'Two Hearts' qui accompagne toujours l'amusante ballade de nos deux héros, pleine de tendresse et de fraîcheur, tandis que le compositeur retrouve le thème de 'The Rain' dans le très beau 'Mother' avec un violoncelle rêveur. Dans 'River Side' (ballade au bord de la mer), le thème principal refait son apparition d'abord aux cordes puis au piano dans la séquence où les deux héros s'amusent avec les deux motards et le voyageur au bord de la mer, et c'est le moment des adieux dans une ultime reprise du thème principal pour 'Summer Road'. Partition d'une simplicité émouvante matinée d'un soupçon de légèreté quasi enfantine, 'l'été de Kikujiro' est de loin un sommet dans la collaboration Hisaishi/Kitano. La musique du compositeur est une fois de plus en parfaite symbiose avec le chef d'oeuvre de Kitano est dire que l'émotion du film serait radicalement plus froide sans la musique d'Hisaishi est une parfaite évidence. Certes, on pourra toujours reprocher au compositeur d'utiliser tout le temps les mêmes thèmes, mais c'est évidemment dans un souci de simplicité et de minimalisme (un élément caractéristique des oeuvres d'Hisaishi pour les films de Kitano). A l'image du film, le score de 'l'été de Kikujiro' est une véritable bouffée de fraîcheur, une petite partition modeste qui respire la jovialité innocente de l'enfance et la tendresse nostalgique de cette petite ballade d'été à travers le Japon. Loin des ambiances mélancoliques et souvent un peu plus dramatiques pour les polars de Kitano, 'l'été de Kikujiro' nous permet de retrouver la fraîcheur et la spontanéité du style mélodique du compositeur plus proche ici des atmosphères plus tendres de certaines de ses partitions pour films de Myazaki. Incontestablement, 'l'été de Kikujiro' aura été une véritable réussite sur toute la ligne, aussi bien sur le plan cinématographique que musical avec la BO d'un compositeur qui nous prouve qu'il n'y a pas besoin d'en faire de trop pour créer une oeuvre forte et émouvante (sans compter que le thème principal est difficile à oublier même après la première écoute). Un chef d'oeuvre à découvrir de toute urgence! Un score qui respire la fraîcheur, la tendresse, l'émotion, la simplicité...bref, une musique vraiment très humaine, dans le bon sens du terme! ---Quentin Billard |