1-A Distant Discovery 3.52
2-Crucial Rendezvous 3.57
3-Our Best Hope... 13.20
4-The Comet's Sunrise 5.02
5-A National Lottery 8.21
6-The Wedding 3.56
7-The Long Return Home 4.40
8-Sad News 3.42
9-Leo's Decision 3.03
10-The President's Speech 4.25
11-Drawing Straws 10.37
12-Goodbye And Godspeed 11.34

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Sony Classical
SK60690

Album produit par:
Simon Rhodes,
James Horner

Monteur superviseur de la musique:
Jim Henrikson
Monteur de la musique:
Joe E.Rand
Album monté par
Simon Kiln,
Caroline Haigh

Artwork and pictures (c) 1998 Dreamworks L.L.C & Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***
DEEP IMPACT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
1998 aura décidément été l'année des météorites à Hollywood, puisqu'en l'espace de quelques mois, deux grosses machines hollywoodiennes se sont affrontées sur le terrain du box-office U.S. avec un sujet similaire: 'Armageddon' de Michael Bay et 'Deep Impact' de Mimi Leder. Le premier était une grosse production d'aventure épique et prenante, le second étant un film plus dramatique, qui s'interroge sur la survie des êtres humains après le crash d'une gigantesque météorite sur la terre. On a beaucoup critiqué les comparaisons systématiques qui se sont très vite opérées entre les deux films, et pourtant, difficile de ne pas penser à 'Armageddon' quand on voit 'Deep Impact', et ce même si ce dernier s'éloigne finalement des stéréotypes patriotiques du film de Michael Bay. Dans 'Deep Impact', la réalisatrice de 'The Peacemaker' montre une série d'individus aux prises avec une gigantesque catastrophe mondiale. Après qu'un scientifique ait découvert qu'une énorme météorite (surnommée Wolf-Biederman, du nom de celui qui l'a découvert) se rapprochait dangereusement de la terre, le gouvernement américain est sur le qui-vive. Une journaliste de NBC nommée Jenny Lerner (Téa Leoni) s'intéresse alors de très près au scandale qui a touché un sénateur de la maison blanche, concernant sa relation avec une certaine 'Ellie'. Apparemment, elle semble avoir touché un point sensible puisque des agents du gouvernement l'interceptent et l'emmènent pour rencontrer le Président Tom Beck (Morgan Freeman) en personne. Jenny ignorait en fait qu'Ellie était le nom donné secrètement à la comète qui se rapproche de la terre et qui menace d'entrer en collision d'ici quelque temps. Le gouvernement opte donc pour une solution radicale: emmener une équipe d'astronautes à bord d'un vaisseau baptisé 'Le messie', qui aura pour but de poser une importante charge nucléaire sur la météorite afin de la mettre définitivement hors d'état de nuire. Mais, après l'échec tragique de la mission et la mort de l'un des astronautes dirigés par le vétéran 'Fish' Tanner (Robert Duvall), le Président sait que la catastrophe est désormais inévitable, surtout après une tentative ratée de tirs de missiles nucléaires sur la comète. Désormais, la comète est constituée de deux bouts qui se sont formés après l'explosion de la charge nucléaire. Le premier s'écrasera d'ici quelques heures, le second balaiera toute forme de vie sur son passage. Afin de préserver une bonne partie de la race humaine, le Président Tom Beck a fait construire d'immenses abris souterrains qui pourront abriter près de 800000 personnes et 200000 scientifiques choisis au hasard lors d'une loterie. Au même moment, on assiste à l'histoire du jeune Leo Beiderman (Elijah Wood), qui vient tout juste de se marier avec Sarah Hotchner (Leelee Sobieski), et qui s'est juré de la retrouver avant le crash de la première comète.

'Deep Impact' nous propose donc un traitement plus dramatique et émotionnel de cette banale histoire de comète qui s'écrase sur la terre. Seulement voilà, comme toujours, on a du mal à le croire, d'abord parce que le film est parsemé d'invraisemblances en tout genre (style décors de studio pour la séquence - pourtant impressionnante - sur la comète), comme par exemple le fait que la télévision reçoive un peu plus tard en moins d'une seconde les transmissions du 'Messie' alors que la journaliste a bien précisé que le délais pour recevoir les images sur terre était au moins de 20 secondes. Par ailleurs, la partie du gigantesque raz-de-marée final a beau être techniquement très impressionnant, il n'en demeure pas moins assez fade visuellement, l'informatique montrant ici ses limites en même temps que ses exploits techniques (la texture de l'eau et le déplacement de certains objets dans les vagues ne sont pas toujours très heureux). Evidemment, cela ne reste qu'un film, avec tout ce que cela comporte de trucages, d'invraisemblances, etc. Hélas, un bon casting ne fait pas tout, et même si l'on retrouve ici des stars telles que Robert Duvall, Téa Leoni, Elijah Wood, Morgan Freeman, Vanessa Redgrave, Maximilian Schell, James Cromwell, Leelee Sobieski, Blair Underwood ou encore Dougray Scott, impossible de passer à côté des idioties du film et d'un final à l'idéologie patriotique assez doute, qui nous fait clairement comprendre que l'humanité peut renaître à partir du moment que la maison blanche est reconstruire (c'est pourtant le dernier plan que l'on voit dans le film). Certaines critiques se sont plaintes des excès de patriotisme et d'héroïsme dans 'Armageddon', mais pourquoi diable personne ne s'est autant plaint du final de 'Deep Impact'? (D'autant que, comme d'habitude, quand une comète vient s'écraser sur terre, il faut toujours qu'elle choisisse les Etats-Unis!) Il y avait pourtant matière à faire quelque chose de grandiose, et malgré des moments assez poignants (scène où Jenny fait la paix avec son père avec de mourir ensemble sous l'immense vague), 'Deep Impact' semble avoir raté une marche en se cassant littéralement la figure, plongeant dans les niaiseries hollywoodiennes habituelles et une accumulation agaçante d'invraisemblances en tout genre. Et que dire d'une mise en scène sans imagination, qui égale tout juste les plus banals films catastrophes/série-B des années 70? On dit bien souvent que 'Deep Impact' est nettement supérieur à 'Armageddon'. Permettez-moi d'en douter!

Habitué aux films catastrophes depuis le succès colossal de 'Titanic', James Horner remplaçait au pieds levé Hans Zimmer sur la nouvelle grosse production de Mimi Leder, un Horner en petite forme sur 'Deep Impact', mais qui nous livre néanmoins le strict nécessaire pour évoquer le drame humain et l'émotion du film. Grande partition symphonique dans le style des précédentes musiques dramatiques du compositeur, 'Deep Impact' nous livre quelques thèmes forts pour ponctuer la musique d'une certaine puissance dramatique tout au long du film. On débute ainsi dans 'A Distant Discovery' pour l'ouverture sereine du film qui s'ouvre au son d'un cor et d'un premier motif de piano un peu léger, qui n'est pas sans rappeler 'To Gillian on Her 37th Birthday' (influence majeur de ce score dans la plupart des passages intimistes de 'Deep Impact'). Quelques touches d'électronique un peu discrètes, quelques tenues du traditionnel choeur d'enfants (présent dans les musiques d'Horner depuis 'Krull') et de cordes annoncent une ambiance intimiste chaleureuse et paisible (les enfants observent le ciel au début du film), avant qu'un morceau d'action frénétique ne rompe violemment l'ambiance paisible du début du morceau, pour la mort du scientifique qui découvre la comète dans le ciel. Horner installe alors un certain climat de tension et d'urgence avec ses traditionnelles formules d'ostinato rythmique, ses cordes agitées, ses cuivres à la 'Legends of The Fall', etc. rien de bien neuf pour cette banale ouverture peu inspirée, mais au moins la confirmation qu'Horner reste toujours égal à lui-même.

'Crucial Rendezvous' apporte un peu d'espoir en introduisant le thème du 'Messie', thème de cordes/trompettes avec les traditionnelles basses de piano, un tic d'écriture tout à fait caractéristique du compositeur. Le thème du 'Messie' se veut plus majestueux, plus solennel, sans être pour autant totalement héroïque. A l'image des astronautes de cette périlleuse mission, il représente l'unique espoir de survie pour l'humanité, le succès de la mission étant déterminant pour la suite des évènements. Le troisième thème apparaîtra assez tardivement dans le film, Horner l'annonçant déjà par une flûte à la fin de 'Crucial Rendezvous'. Ce très beau thème plus mélancolique et lyrique évoque la romance entre Leo et Sarah. C'est là que revient le motif de piano de l'introduction, apportant son côté plus intimiste à la relation entre les deux personnages. 'Our Best Hope...' accompagne alors la scène où Jenny explique au cours d'un flash info en quoi consistera précisément la mission du 'Messie'. On retrouve là aussi les traditionnelles touches électroniques d'Horner, héritées ici de 'Titanic', sur fond d'un petit motif de piano plutôt entêtant et inquiétant. Grâce à la musique, on ressent ici une certaine appréhension. Le public sait que la mission sera difficile, que l'espoir est faible, mais malgré tout, personne ne veut croire que la catastrophe puisse arriver, d'où le titre du morceau, 'Out Best Hope...' (notre meilleur espoir). La seconde partie du morceau, un peu longuette, accompagne la séquence où le vaisseau du 'Messie' se rapproche et atterrit sur la comète. Horner maintient continuellement une certaine tension tout au long de la scène, avec ses tics d'écriture habituels (traits de cordes en ostinato, touches électroniques, petites percussions dans les transitions, jeux de trompettes en duo, développement thématique morcelé, etc.). Le thème du 'Messie' revient aux cordes, mais, contrairement à ce que l'on pourrait croire, il est loin d'être dominant ici. A noter que l'ambiance générale du morceau rappelle beaucoup le score de 'Apollo 13' (sujet 'spatial' oblige!).

La tension monte tout au long du morceau, Horner évoquant le danger qui se rapproche des astronautes au cours de leur périlleuse mission (le soleil menace de rendre le terrain explosif sous l'effet de la pression). La tension aboutit à un excitant et massif morceau d'action chaotique et frénétique à la fin de 'Our Best Hope...', qui se prolonge dans 'The Comet's Sunrise', le seul véritable morceau d'action du score de 'Deep Impact', 'The Comet's Sunrise' restant une fois de plus tout à fait représentatif du style action de Horner, avec ses enclumes martelés (cf. 'Uncommon Valor', 'Courage Under Fire', 'Titanic', 'Aliens', 'Jumanji', 'Ransom', etc.) et ses cordes/cuivres dissonants et chaotiques. Une fois encore, la musique donne ici une sensation de déjà-entendu, l'inspiration semblant faire défaut au compositeur, et ce malgré les grandes qualités d'écriture déployées tout au long de cette partition. La seconde partie de 'The Comet's Sunrise' se veut plus sombre, plus pessimiste. La mission a échoué, pour 'Le Messie', c'est terminé (d'où l'utilisation de ces trompettes solitaires et de ces cordes mélancoliques tout en retenue). On retrouve une ambiance similaire dans le sombre 'A National Lottery', pour la séquence de la loterie qui désigne les habitants qui devront aller se réfugier avec leur famille dans les abris souterrains. Heureusement, l'humanité ressurgit avec le joli 'The Wedding', où Horner développe le sympathique thème romantique. Grâce à ce très beau thème, Horner joue sa meilleure carte et sait qu'il captivera l'attention de l'auditeur/spectateur avec un thème gracieux et inspiré, dont les premières notes ne sont pas sans rappeler le thème du premier mouvement de la 9ème symphonie de Gustav Mahler (une coïncidence, probablement?!). Le thème est développé ici par des cordes amples et la sempiternelle basse de piano avec un bref duo de trompettes pour l'occasion. Horner transcende la séquence du mariage entre Leo et Sarah avec cet excellent thème, et, par la suite, ce dernier deviendra le thème de l'humanité, la mélodie qu'Horner utilisera pour évoquer la victoire de l'humanité sur le drame. En attendant, on pourra profiter ici d'un très joli développement de ce thème tout au long du morceau.

La suite de la partition va permettre à Horner d'affirmer et de développer les idées énoncées au cours de ces six premiers morceaux qui résument à eux tous seul tout l'esprit du film de Mimi Leder. Ainsi, 'The Long Return Home' est emprunt de mélancolie et d'une certaine lenteur à la fois sombre et sereine. Le thème romantique est énoncé ici par une trompette solitaire dans un style intime typique d'Horner, pour la séquence où l'équipage du 'Messie' opte pour une solution finale radicale, un sacrifice qui sauvera peut-être l'humanité de l'anéantissement total. Plutôt que de mettre en avant des cuivres héroïques ou des traditionnelles touches triomphantes, Horner opte ici pour une approche plus dramatique et émotionnelle, le genre de musique auquel on était forcément en droit de s'attendre de la part d'un compositeur pour qui l'émotion prime plus que jamais (et qui lui vaut parfois le superlatif de 'emotionalist', terme parfois un peu réducteur). Le très beau 'Sad News' représente à merveille ce côté intimiste/émotionnel du score de 'Deep Impact', Horner accompagnant avec une certaine finesse l'annonce des mauvaises nouvelles, lorsque Jenny apprend la mort de sa mère. Le thème romantique/de l'humanité revient une fois encore, mais c'est ici la fin de la pièce qui retiendra notre attention, Horner mettant alors en avant le piano avec quelques vents et quelques cordes pour un passage tout en retenue assez poignant, utilisé dans la scène où Jenny vient chercher les effets personnels de sa mère. La tristesse qui se dégage ici de ce passage dans le film est assez poignante, Horner évitant fort heureusement les envolées dramatico-lyriques qui auraient été ici de bien mauvais goût. L'utilisation du piano et le petit motif de clarinettes/hautbois à la fin du morceau est quant à lui directement repiqué du final de 'To Gillian on Her 37th Birthday'.

'Leo's Decision' évoque la détermination obstinée de Leo, prêt à tout pour retrouver Sarah et partir avec elle avant que la météorite ne détruise tout sur son passage. 'The President's Speech' s'écarte quant à lui des traditionnels clichés patriotiques habituels liés aux speechs du Président américain, qui prend ici la parole pour annonce une bien mauvaise nouvelle: la mission organisée pour stopper la comète a échoué, l'humanité va dorénavant faire face à l'inévitable catastrophe. Sombre, 'The President's Speech' met en avant un sentiment de tristesse, de résignation, de pessimisme, mais fort heureusement, l'humanité reprendra le dessus dans le superbe 'Goodbye and Godspeed', avec, au passage, un 'Drawing Straws' plus dramatique et agité, mais qui annonce déjà un futur espoir. Evidemment, c'est l'incontournable 'Goodbye and Godspeed' qui attirera finalement notre attention, Horner accompagnant avec beauté la fin et le générique de fin de 'Deep Impact'. L'atmosphère est à l'espoir de jours meilleurs, à la renaissance de l'humanité. C'est le thème du Messie de et celui de l'humanité qui reprendront finalement le dessus, ce dernier étant exposé aux cordes avec quelques cors pour un final majestueux et quasi solennel (reconstruction de la Maison-Blanche). Cette idée d'humanité transparaît finalement dans la superbe reprise finale du thème de l'humanité exposé ici par un superbe choeur d'enfants pour un final particulièrement grandiose et émouvant, Horner nous invitant à assister en musique à la renaissance de l'humanité (d'où l'utilisation du choeur d'enfants, les voix d'enfants exprimant astucieusement l'idée d'un nouveau départ, d'une nouvelle naissance).

Si vous êtes un inconditionnel de James Horner, il ne fait nul doute que 'Deep Impact' vous ravira au plus haut point, tant on retrouve tout ce qui fait le style habituel des grandes partitions dramatiques/intimes du compositeur. Horner a toujours particulièrement brillant à travers les films dramatiques, épiques et sombres, et 'Deep Impact' n'échappe évidemment pas à la règle. Seulement voilà, le constat global est quand même loin d'être aussi positif, car, si le compositeur a de toute évidence trouvé un superbe thème de l'humanité pour sa partition, l'ensemble n'en demeure pas moins assez quelconque par rapport à quelques grandes oeuvres précédentes du compositeur. Comme très souvent, Horner se contente de reprendre des idées préexistantes ou de les réadapter dans sa nouvelle partition, suivant sa théorie de la musique en évolution perpétuelle dans ses oeuvres, d'une partition à l'autre (reprendre des idées préexistantes et les améliorer continuellement). Ce procédé devient vite fatigant à la longue, la musique d'Horner tendant dangereusement à s'uniformiser au fil des années, faute d'idées nouvelles et de nouveaux défis innovants pour le compositeur. 'Deep Impact' est une partition très routinière dans l'univers musical d'un compositeur qui ne cesse de susciter de nombreuses polémiques parmi la communauté béophile, surtout dans ses sources d'inspiration parfois très flagrantes. Malgré tout, on retrouve ici tout le génie du compositeur qui, même à travers une musique relativement peu inspirée et guère originale, arrive à susciter notre attention et à nous émouvoir malgré tout. Sans être un grand-chef d'oeuvre impérissable, la musique de 'Deep Impact' aura au moins le mérite de propose un excellent complément émotionnel indispensable au film de Mimi Leder, Horner en profitant pour nous rappeler au passage qu'il est tout de même l'un des maîtres des grandes musiques dramatiques hollywoodiennes!


---Quentin Billard