1-Main Titles 3.36
2-After The "Kid" 1.45
3-Crime Spree 1.54
4-Breathless's Theme 2.13
5-Big Boy/Bad Boys 2.10
6-Tess' Theme 1.09
7-Slimy D.A. 1.41
8-Breathless Comes On 2.54
9-Meet The Blank 1.43
10-The Story Unfolds 1.59
11-Blank Gets The Goods 2.25
12-Rooftops 2.01
13-Tess' Theme - Reprise 1.17
14-The Chase 2.57
15-Showdown/Re-United 4.07
16-Finale 1.00

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Sire Records
9 26264-2

Album produit par:
Danny Elfman, Steve Bartek,
Bob Badami

Montage:
Bob Badami
Assistant montage:
Andrew Silver
Coordinateur du scoring:
Andy Hill
Danny Elfman's Film Music
Representation:
Richard Kraft, ICM
Danny Elfman's Management:
Mike Gormley, Laura Engel,
LA Personal Development

Artwork and pictures (c) 1990 Walt Disney Pictures/Sire Records Company/WEA International Inc. All rights reserved.

Note: ***
DICK TRACY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
'Dick Tracy' est à la base un fameux comics américain crée par le dessinateur Chester Gould en 1932 et qui obtint très vite un certain succès auprès des lecteurs américains, à tel point que les aventures de l'un des plus célèbres inspecteurs de police de comics virent très vite le jour au cinéma sous la forme de divers long-métrages tentant alors de restituer les exploits du héros à l'imperméable jaune en guerre contre la pègre de sa petite ville. Mais de toutes les versions qui existent, celle de Warren Beatty reste la plus connue, le film ayant cartonné au box-office américain à sa sortie en salle en 1990. En plus de réaliser le film, c'est Beatty lui-même qui campe le rôle de Dick Tracy, l'inspecteur de police au grand coeur qui part en guerre contre la bande de voyous de Big Boy Caprice (excellent Al Pacino qui campe ici un méchant mafieux bossu et quasiment méconnaissable) qui a pris le contrôle de la ville et entend bien déclarer la guerre à son tour à la police de la ville. Mais Tracy n'est pas sorti d'affaire, alors qu'il doit mener sa traque de la pègre en même temps qu'il tente de demander sa fiancée Tess (Glenne Headly) en mariage. Aidé de son nouvel adjoint, le 'Kid' (Charlie Korsmo), un jeune orphelin fasciné par son nouveau héros et qui le suivra jusqu'au bout de ses aventures, Dick Tracy aura à faire face à une série de personnages hauts en couleurs et tous plus étranges les uns que les autres. Le principal intérêt du film de Beatty c'est bien évidemment de restituer l'univers de la bande dessiné en misant essentiellement sur l'aspect visuel et graphique du film: l'un des aspects majeurs de 'Dick Tracy' reste incontestablement le mélange des couleurs qui donnent un côté très 'graphique' au film, très BD. A ce sujet, il est important de rappeler que le réalisateur n'a fait que conserver les principales couleurs du comics: le rouge, le bleu, le jaune, le vert, le orange, le violet, le noir et le blanc. En mettant en valeur ce véritable artifice de couleurs, Beatty restitue tout l'univers visuel de la bande dessiné d'origine. Impossible aussi de ne pas mentionner le look totalement excentrique et fantaisiste des nombreux méchants du film avec des maquillages très réussis et des personnages souvent difformes et repoussants. Avec des décors qui font très pièce de théâtre (autre effet pour restituer l'univers visuel de la BD), des personnages hauts en couleur et des maquillages splendides, 'Dick Tracy' assure complètement sur le plan visuel en délaissant le script qui ne se contente juste que d'illustrer la confrontation de Tracy contre Big Boy et ses sbires. A ses côtés, Beatty a réussi à réunir une pléiade de stars pour sa grosse production avec des acteurs tels que Al Pacino, la sulfureuse Madonna (qui rend hommage ici aux femmes fatales des films noirs/polars de l'âge d'or Hollywoodien), Seymour Cassel, William Forsythe, Dustin Hoffman, Paul Sorvino, Henry Silva, James Caan, Kathy Bates, etc...bref, un casting de qualité et des décors artificiels qui flattent bien l'oeil pour un gros blockbuster sympathique même si l'on n'aura aucun mal à l'oublier après la première vision.

A peine sorti du succès de sa partition mythique pour 'Batman' (1989), Danny Elfman revient en force dans le film de comics/super-héros, un genre auquel il aura aussi participé la même année avec le sombre 'Darkman' (1990) de Sam Raimi. Evidemment, c'est sa collaboration avec Tim Burton sur 'Batman' qui a permit à Elfman d'atterrir sur le film fantaisiste et coloré de Warren Beatty. Elfman lui même dit à ce propos que le film lui a permit d'écrire quelque chose d'énorme, avec un bon vieux romantisme à l'ancienne. C'est tout le résumé de cette partition symphonique qui va osciller entre pièces d'action tonitruantes et thème romantique d'ambiance un peu kitsch, façon années 30. A ce sujet, le compositeur cite Georges Gershwin comme compositeur de référence pour situer le style de ce 'Love Theme' (n'oublions pas que Gershwin a composé la plupart de ses grandes oeuvres vers cette époque là qui correspond à peu près à l'époque dans laquelle se déroule l'histoire du film. N'oublions pas aussi que le compositeur est mort en 1937 après avoir connu la gloire à Hollywood donc par rapport à la musique américaine de cette époque, il reste une référence quasi absolue, surtout au niveau de ses pièces jazzy). Mais 'Dick Tracy', c'est avant tout un bon thème principal, mélodie à la fois posée et entraînante, thème héroïque qui rappelle un peu le style du thème de 'Batman', avec l'utilisation du mineur et un côté très cuivré, un peu pompeux et assez fantaisiste d'esprit, une sorte d'héroïsme "sombre" très Elfmanien, d'où un certain point commun avec l'esprit du fameux thème de 'Batman' (mais aucune ressemblance sur le plan mélodique, je vous rassure). Ce thème action évoque clairement Dick Tracy et sa lutte contre le crime et correspond très bien à l'univers fantaisiste du film, Elfman apportant lui même sa propre touche fantaisiste à ce film, surtout au niveau des orchestrations habituelles toujours supervisées ici par son fidèle collaborateur de toujours Steve Bartek et Shirley Walker (qui a aussi dirigé l'orchestre sur 'Batman'). Comme c'est souvent le cas chez Elfman, le 'Main Title' est imposant et nous plonge tout de suite dans le vif du sujet avec un style action très coloré et ce thème typique du Elfman de la fin des années 80 (le compositeur crée encore des thèmes facilement mémorisables à cette époque, ce qui n'est plus le cas depuis le milieu des années 90 où Elfman a opéré un changement de style assez radical, peut être en réaction contre les excentricités de ses musiques de la fin des années 80). N'oublions pas non plus de mentionner le fait que le compositeur a du réécrire une grande partie du 'Main Title' à cause du changement de dernière minute de l'ouverture du film, imposé par le réalisateur lui même. (ainsi, la version du 'Main Title' du film est différente de celle sur l'album)

'After The Kid' souligne la rencontre entre Tracy et le 'Kid' au début du film et continue de développer le thème ou une cellule issue du thème toujours avec les orchestrations agitées habituelles du compositeur et qui nous renvoie une fois encore au style orchestral de 'Batman' (les deux partitions sont décidément assez proches d'esprit). On ne pourra pas passer à côté de l'excellent 'Crime Spree' qui rend superbement hommage à la musique américaine de l'époque, composé comme une sorte de grande pièce jazzy/swing avec l'esprit d'un ragtime agité (un genre auquel Elfman nous a rarement habitué au cours de ses diverses compositions pour le cinéma). Le superbe 'Crime Spree' évoque avec cette ambiance exubérante, son piano, sa batterie et sa section de cuivres (avec les sourdines typiques de ce style de musique) la progression du crime dans toute la ville avec la bande de Big Boy qui s'empare progressivement de tous les casinos de la ville et empoche un paquet de millions de dollars grâce ses méfaits. (on sent déjà ici l'influence de Gershwin et des compositeurs de jazz de cette époque) Le 'Tess's Theme' est en fait le 'Love Theme' du score, thème nostalgique et lent dans l'esprit jazzy de Gershwin mais avec une touche romantique avec ses cordes mielleuse faite à l'ancienne et des harmonies jazz, dans l'esprit du romantisme Hollywoodien de certains polars des années 30/40. Ce très beau thème offre une touche sentimentale intéressante au sein de ce score d'action/aventure assez enlevé (et malheureusement assez répétitif) en illustrant la relation sentimentale entre Tracy et Tess, sa promise. Tout le reste du score tournera ainsi autour de cette alternance entre pièces d'action et romantisme jazzy à l'ancienne. Le problème de ce score, c'est l'aspect répétitif et souvent assez banal des pièces d'action qui ne maintiennent pas suffisamment l'intérêt pour pouvoir hisser ce thème au rang de partitions du même genre comme 'Batman'. On tombe très vite dans un style action orchestral répétitif et maintes fois entendus chez Elfman, et même si la musique illustre bien les aventures de Dick Tracy dans le film, l'ensemble reste assez décevant pour un compositeur qui de toute évidence, cherche à réexploiter une dernière fois le filon 'Batman' avant de passer à autre chose dans les années 90 (et après avoir dit adieu au style Batman dans le superbe 'Batman Returns'). A partir de 'Big Boy/Bad Boys', on replonge dans l'action avec l'art orchestral d'Elfman au service des aventures de Tracy luttant contre les méfaits de son adversaire Big Boy. Avec un style toujours agité, sombre et mystérieux, le score développe le thème de Tracy qui trouve son apogée dans 'Rooftops' (séquence se déroulant la nuit sur le toit d'un immeuble par où Tracy essaie de rentrer discrètement) et 'The Chase', morceau d'action frénétique mettant bien en valeur l'extravagance instrumentale habituelle du compositeur (surtout au niveau des cuivres qui doivent souvent effectuer quelques acrobaties périlleuses afin de restituer la fantaisie orchestrale de la partition) et c'est avec 'Showdown/Re-United' qu'Elfman évoque l'affrontement final entre Tracy et Big Boy, affrontement qui se conclut de manière excessivement ringarde (mais assez second degrès dans la manière dont la scène est filmée) sur l'inévitable happy-end du film avec une reprise du 'Love Theme' dans toute sa splendeur pour le final du film.

Le score d'Elfman pour 'Dick Tracy' est souvent resté assez impopulaire auprès des béophiles et même auprès des fans du compositeur qui ont toujours reprochés au compositeur d'avoir tenté de réexploiter le style de 'Batman' mais sans succès et surtout, sans inspiration particulière. Ne rejoignant pas ce constat un peu exagéré, mon avis est que 'Dick Tracy' est un score qui a du mal à ressortir dans le film tant le réalisateur n'arrête pas d'interrompre sans cesse la partition du compositeur afin de laisser place aux numéros musicaux des chansons écrites par Stephen Sondheim (et généralement plus appréciées que le score lui même) qui sont un peu trop nombreux dans le film à mon avis (on a parfois l'impression de voir un clip musical tout droit sorti de MTV, même si le style des chansons est loin d'être le style commercial de ce qu'on entend sur MTV...). Bref, tout cet ensemble de chose n'arrange rien à l'affaire. Avec un peu de recul, on pourra mieux cerner tout le charme de la partition d'Elfman qui, sans être d'une grande originalité par rapport à tout ce qu'il a déjà fait ('Crime Spree' est un peu une exception ici...), apporte un petit 'plus' indéniable à l'univers coloré et excentrique du film, de même que le compositeur respecte à 100% son style fantaisiste habituel même si on est loin ici des délires de 'Beetlejuice' ou 'Nightbreed'. Pour cerner le score de 'Dick Tracy', on pourra finalement résumer cela à un mix entre 'Batman' et 'Darkman' servi par deux grands thèmes mémorables sans être inoubliables. Alors si vous ne connaissez pas encore ce score sympathique, donnez lui au moins une chance!


---Quentin Billard