1-Logos 0.49
2-The Revelation 2.41
3-Main Titles 2.59
4-The Cell 3.26
5-The Old Mansion 4.45
6-The Address 1.41
7-We're Different 1.25
8-The Note 2.47
9-Enter The Dragon 5.52
10-Threats 2.23
11-Tiger Balls 1.32
12-Love On A Couch 5.08
13-Devouring The Dragon 3.43
14-The Fire 4.33
15-The Book 0.34
16-He's Back! 6.07
17-End Credits Suite 6.45

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Decca Records
289 473 248-2

Album produit par:
Danny Elfman, Ellen Segal
Orchestrateur superviseur:
Steve Bartek
Montage musique:
Ellen Segal
Superviseur et préparation:
Marc Mann
Assistant montage:
Melissa Ferguson
Musique préparée par:
Julian Bratolyubov
Préparations additionnelles:
Ron Vermillion
Directeurs en charge de la
musique pour Universal Pictures:
Kathy Nelson, Harry Garfield
Chairman,
Universal Classics Group:
Chris Roberts
Music Business Affairs:
Phil Cohen, Mark Cavell
Coordinateur du soundtrack:
Meredith Friedman

Artwork and pictures (c) 2002 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***
RED DRAGON
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Pour le troisième bouquin écrit par Thomas Harris et donnant ainsi suite à 'Silence of The Lambs' et 'Hannibal', Michael Mann avait déjà réalisé sa propre adaptation cinématographique dans son 'Manhunter' (1986) qui mettait en scène William Petersen dans le rôle de l'agent du FBI Will Graham sur les pistes d'un redoutable serial-killer et qui vient demander de l'aide au psy cannibale qu'il a lui même attrapé et fait jeter en prison, le docteur Hannibal Lecktor (dans les autres versions, son nom deviendra 'Lecter'). Brian Cox nous proposait une interprétation intéressante du personnage de Lecktor/Lecter même si ce dernier n'apparaissait que pendant 5 ou 10 minutes dans le film. Evidemment, l'acteur ne vaut pas l'interprétation magistrale d'Anthony Hopkins qui est à fond dans la peau de ce personnage à la fois inquiétant et fascinant. Des années plus tard, c'est finalement le réalisateur Brett Ratner qui nous propose une nouvelle version du livre de Thomas Harris donnant ainsi suite aux opus de Jonathan Demme et de Ridley Scott. Réalisateur peu inspiré de 'Money Talks', 'Rush Hour', 'Rush Hour 2' et Family Man', Ratner nous propose une version assez intéressante de 'Red Dragon' même si l'ensemble n'a ni le charme ni la puissance de 'Manhunter' (qui était beaucoup moins 'gros', plus 'stylé' et plus personnel que le film à la mise en scène passe-partout de Ratner). Le script nous propose quelques vagues changements par rapport à la version de Mann (il faut quand même noter l'excellente introduction avec l'affrontement entre Graham et Lecter, séquence introductive absente du film de Mann qui commençait tout de suite sans évoquer le personnage d'Hannibal Lecter) mais semble traîner un peu trop en longueur vers la fin alors que celui de Mann allait droit au but (peut être même un peu trop). Evidemment, le film n'a ni le charme gothique et sanguinaire d'Hannibal ni le côté psychologique et tendu de 'The Silence of The Lambs'. Les acteurs sont quand à eux excellents, que ce soit Anthony Hopkins, Edward Norton, Ralph Fiennes, Harvey Keitel (qui a ici un rôle vraiment très mineur), Emily Watson, Philip Seymour Hoffman ou Mary-Louise Parker. On notera un petit clin d'oeil du réalisateur à son fidèle compositeur qui a déjà écrit pour lui les scores de 'Money Talks', 'Rush Hour' et 'Rush Hour 2': Lalo Schifrin. A l'instar du 'The Man Who Know Too Little' d'Hitchcock, Schifrin dirige l'orchestre au début du film, juste avant la scène de dîner où Hannibal sert comme d'habitude une de ses victimes en repas à ses invités. Le film met finalement assez peu l'accent sur le personnage d'Hannibal Lecter (qui intervient tout de même plus ici que dans le film de Michael Mann) et curieusement, c'est le serial-killer interprété avec brio par un Ralph Fiennes étonnant qui ressort plus particulièrement du film, sans être le véritable héros de l'histoire bien entendu. On est loin ici de la qualité de la mise en scène étouffante du mythique 'Silence of The Lambs' de Jonathan Demme, et même si le film est certainement plus subtil que le film l'Hannibal de Ridley Scott, l'ensemble demeure franchement moyen et assez faible par rapport à ce qui a déjà été fait auparavant. Dommage, car l'esprit du roman est pourtant parfaitement bien restitué.

Après sa participation au gentillet 'The Family Man', Danny Elfman revient sur un nouveau film de Brett Ratner, 'Red Dragon'. Pour ce thriller, Elfman a écrit un score sinistre, étouffant, pesant et très sombre, un score orchestral assez lourd qui intervient quasiment en non-stop dans le film. (comme d'habitude il y'a beaucoup trop de musique dans ce film) Après un 'Logos' assez sombre (on retrouve le style sombre de 'A Simple Plan' avec cette écriture typique d'Elfman pour flûte/cordes assez froide et une allusion assez brève ici au thème principal exposé au piano) et un 'The Revelation' particulièrement flippant évoquant l'affrontement sanglant entre Graham et Lecter au début du film (scène qui sert de prologue au film avant le Main Titles) tout cela au sein d'une ambiance de terreur orchestrale très réussie (les orchestrations de Steve Bartek privilégient comme d'habitude l'aspect massif des cuivres et les traits souvent 'aiguisés' comme des couteaux pour les cordes dans les moments de terreur), on entre ensuite dans le vif du sujet avec un 'Main Titles' sombre et tendu à la fois. Comme d'habitude chez Elfman, le 'Main Title' est très réussi et constitue une fois encore un morceau majeur du score (et de l'album), pièce sombre qui nous introduit le thème principal entouré de quelques petits motifs sombres, comme par exemple ce petit motif qui ouvre le morceau ou ces traits de cordes typiques (notons ici cet espèce de son métallique grave et assez étrange que l'on retrouvera quelques fois dans certains passages atmosphériques du score) et très rapidement, comme c'était déjà le cas dans le 'Main Title' de 'Spider-Man', Elfman crée une ambiance qui se modèle petit à petit, qui semble prendre forme tout en surgissant des profondeurs jusqu'à ce que l'orchestre atteigne l'apogée en évoquant le côté sombre et terrifiant de cette sinistre histoire. Le thème principal est typique d'Elfman: extrêmement bien camouflé tout au long de sa partition et au sein des orchestrations habituelles du compositeur, un thème peu mémorisable à la première écoute qui nous rappelle bien une fois de plus à quel point le compositeur aime mettre de côté tout aspect mélodique mémorable un peu facile pour se concentrer sur un travail souvent assez complexe d'atmosphère, construit minutieusement comme une araignée qui tisse sa toile. Le 'Main Titles' de 'Red Dragon' en dit long sur la suite de la partition et nous incite déjà à en écouter plus, comme c'est souvent le cas dans la plupart des grands 'Main Titles' d'Elfman (le maître des ouvertures?).

Très vite, le compositeur nous plonge dans l'ambiance sombre et atmosphérique de son score (et par conséquent du film) avec un 'The Cell' plutôt sombre avec ses cordes froides et un 'The Old Mansion' qui évoque bien le côté plus inquiétant de l'enquête de Graham, le morceau intervenant ici dans la scène où Graham va se rendre dans le manoir des Leeds pour enquêter sur le massacre sanguinaire qu'a commis le mystérieux tueur surnommé 'la petite souris'. On retrouve ici l'étrange sonorité métallique grave du 'Main Titles' qui renforce le côté sombre du morceau avec toute une série de couleurs orchestrales: flûte grave, cordes et cuivres pesants, vents, harpes, piano, etc. A noter le sursaut de terreur plutôt exagéré à l'écran mais tout de même intéressant dans la scène où Graham découvre le lit des Leeds couvert de sang (Elfman évoque le côté horrifique de cette scène en exagérant au possible l'effet effrayant d'une telle vision). Dans 'The Address,' des voix de femmes mystérieuses et lointaines interviennent pour évoquer le côté inquiétant et sombre du morceau (Graham continue de mener son enquête). Sans vraiment reposer sur une ambiance suspense traditionnel pour ce genre de film, la musique reste souvent assez pesante dans l'esprit de ce que le compositeur a fait sur 'Dolores Claiborne' (1995), surtout grâce au travail des cordes avec tout le reste des instruments (plus quelques rappels des petits motifs que l'on trouvait déjà dans le 'Main Titles' mais qui échapperont sûrement à l'oreille de l'auditeur/spectateur à la première écoute). L'enquête progresse dans 'The Note' où Elfman fait un usage assez intéressant du synthé sur les sonorités métalliques échappées du 'Main Titles' et qui viennent contribuer à renforcer le caractère toujours extrêmement pesant du score (là, Graham et ses amis cherchent à déchiffrer l'énigme du mystérieux message inscrit sur le papier toilette).

On notera un petit clin d'oeil d'Elfman lui même à Lalo Schifrin avec le titre de l'un de ses morceaux, 'Enter The Dragon' (score que composa Schifrin pour un film du même nom en 1973) pour la première apparition assez inquiétante du personnage de Francis dans le film. L'ambiance ne cesse de s'alourdir, surtout avec des morceaux comme 'Threats' (notons cette utilisation intéressante d'un balancement de quelques notes sur une harpe en arrière-plan et qui donne un côté assez envoûtant au morceau) ou 'Devouring The Dragon'. D'un autre côté, on a quelques rares moments plus calmes mais qui maintiennent quand même l'aspect sombre et pesant de la musique. 'Tiger Balls' et 'Love On A Couch' sont légèrement moins sombres avec l'utilisation de cette flûte grave échappée de 'A Simple Plan'. Très vite, la partition va aller crescendo pour s'enfoncer de plus en plus dans la terreur qui va trouver son apogée avec le superbe 'The Fire', pièce orchestrale chaotique pour la séquence de l'incendie qui nous propose vers la fin un autre rappel du thème principal, assez présent vers la fin du film. 'The Book' fait lui aussi référence au thème principal entre les cordes pesantes et le piano après la scène de l'incendie de la maison et c'est 'He's Back!' qui évoque l'affrontement final avec le tueur dans une ultime pièce de terreur, Elfman se montant plus particulièrement efficace dans ces quelques moments de frisson. 'He's Back!' refait appel aux sonorités métalliques du 'Main Titles', sonorités amplifiées ici pour les besoins dramatiques de la scène et de la tension qui trouvera son apogée ici dans ce morceau/climax. Finalement, c'est le traditionnel 'End Credits Suite' qui permet au compositeur de retravailler l'atmosphère de son score et les motifs issus du 'Main Titles' avec ces cordes pesantes à la Herrmann (notons ici l'emploi discret d'un violoncelle soliste qui semble être perdu au sein de la multitude des cordes) et les autres couleurs orchestrales habituelles du style post-95 d'Elfman.

En bref, le score d'Elfman est à l'image même du film: une grande montée de tension qui va aller progressivement crescendo, jusqu'à "l'explosion" finale inexorable. Malheureusement, la partition composé par Elfman n'a rien d'une BO franchement mémorable et n'a pas le charme du score d'Hannibal de Zimmer. On est plus proche ici du style de 'The Silence of The Lambs' d'Howard Shore mais sans le côté psychologique et dramatique de la BO de Shore. 'Red Dragon' est encore une de ces partitions moyennes de la part d'un compositeur qui semble stagner depuis quelques années à l'heure où beaucoup de compositeurs à Hollywood suivent malheureusement le même chemin (il y'a heureusement des exceptions, et l'on pense notamment au très inspiré James Newton Howard). Certes, la partition composée par Elfman trouve une certaine cohérence de construction avec des motifs délicats à retenir dans l'oreille et camouflés de manière souvent complexe au sein des orchestrations pesantes de la musique dans le film, mais l'ensemble manque trop clairement d'inspiration. L'ensemble est très répétitif (du en partie au fait qu'il y a beaucoup trop de musique dans ce film) et parfois assez ennuyeux dans le film, même si certains passages de terreur permettent de relever un peu le niveau. En clair, pour 'Red Dragon', Elfman reste fidèle à lui même tout en écrivant un score qui sent la routine, sans être véritablement inintéressant en soi, puisque la partition colle déjà très bien au film et adopte à merveille le côté atmosphérique pesant cher au compositeur fétiche de Tim Burton. Reste à espérer qu'Elfman trouvera enfin un de ces quatre un projet réellement excitant où il sera amené à faire quelque chose de plus original et surtout de plus recherché!


---Quentin Billard