1-Underwater Grave 2.38
2-Lost Communication 2.57
3-Collision Course 1.15
4-Boarding 3.47
5-Wet Repairs 2.26
6-Let's Make A Deal 6.54
7-Wall Of Water 3.19
8-Leila's Gone 2.05
9-E Ticket 3.37
10-Hang On 2.55

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Hollywood Records
HR-62120-2

Album produit par:
Jerry Goldsmith
Monteur de la musique:
Ken Hall
Assistant de Mr.Goldsmith:
Lois Carruth
Directeur en charge de la musique
pour The Walt Disney Motion pictures group:
K.Neslon, B.Green
Directeur en charge de la musique
pour Hollywood records:
Mitchell Leib
Manager producteur pour
Hollywood records:
Charlie d'Atri
Coordinateur pour la production
à Hollywood records:
Judy Kemper

Artwork and pictures (c) 1998 Hollywood pictures company. All rights reserved.

Note: ***1/2
DEEP RISING
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
On a put assister à la fin des années 80 à une vague de grosses productions horrifiques se passant dans les milieux aquatiques et autres Océans. Depuis cette bonne vieille époque où l'a put apercevoir quelques bons gros navets du genre ('Deep Star Six', 'La Grieta', etc.), le film d'horreur aquatique était un peu tombé en désuétude depuis quelques années déjà. Voilà que le réalisateur Stephen Sommers décida de revenir aux bonnes vieilles série-B d'horreur d'antan avec 'Deep Rising' (Un Cri dans l'Océan), film horrifique mettant en scène un groupe de mercenaires confrontés à une créature gigantesque pleine de tentacules broyeuses d'hommes. Evidemment, le film est archi-conventionnel, incluant toutes les situations déjà vues maintes et maintes fois et des personnages vides et stéréotypés au possible. L'autre gros point faible du film reste l'aspect technique puisque le monstre est réalisé en images de synthèse bidons qui ne valent pas un clou. Grotesques, les mouvements du monstre sont totalement exagérés au possible ce qui n'arrange rien au film qui doit se contenter d'un monstre ridicule qui est tout sauf effrayant (il faut voir la gueule qu'il se tire à la fin du film...le designer du monstre, Rob Bottin, a déjà été plus inspiré autrefois!). Le film possède aussi une mise en scène quelconque et banale avec des personnages vides même si les acteurs sont tout à fait convaincants. En ce qui concerne l'histoire, c'est aussi plat qu'une limande: Finnegan (Treat Williams) est un type qui loue ses services à des mercenaires sans même leur demander le but de leur mission, ce qui va lui jouer un sacré tour puisque son 'client' Hanover (Wes Studi) et sa bande de pirates/mercenaires vont décider de prendre le contrôle de sa vedette pour se diriger tout droit vers l'Argonautica, un luxueux et gigantesque paquebot que les pirates espèrent bien piller. Malheureusement, leur arrivée dans le paquebot ne se passe pas comme ils l'avaient prévus puisque les passagers du bateau semblent tous avoir disparus. Finnegan et les autres ne vont pas tarder à comprendre qu'il s'agit en fait d'un monstre qui les dévore en suçant tous leur liquides corporels pour les recracher ensuite après les avoir 'digérés'. Pris au piège, Finnegan, son pote Pantucci et la bande d'Hanover vont devoir lutter contre le monstre omniprésent dans le bateau afin de pouvoir ressortir vivant de cet enfer. Voilà en gros pour une histoire basique par excellence et bourrée de clichés et de trucs téléphonés comme c'est pas croyable. 'Deep Rising' est non seulement un film d'action/aventure, mais aussi un bon petit film d'horreur à l'ancienne avec de gros effets gore franchement risibles mais néanmoins assez distrayants (cf. scène du type à moitié digéré ou des bouts de cadavres en morceaux dans un couloir couvert de morceaux de chair et de tripes, etc.). Reste qu'au final, ce film est le style de navet ridicule un peu amateur sur les bords (les films de Stephen Sommers n'ont jamais vraiment brillé de par leur subtilité) mais franchement distrayant et très agréable à regarder, même si vous pouvez être sur que les 100 minutes que vous allez consacrer au film ne seront pas faites pour vous faire beaucoup réfléchir.

On pourra dire tout ce que l'on veut du film, mais ce n'est pas une raison pour occulter le score de Jerry Goldsmith qui a écrit un très honnête score d'action explosif et vraiment entraînant, même si c'est loin d'être ce que Goldsmith a fait de mieux dans le domaine. Le score de Goldsmith se structure autour d'un thème évoquant très clairement le monstre et son aspect dangereux et menaçant, un motif de trombones fondé sur l'intervalle symbolique du tritons, le fameux 'diabolus in musica' (le triton a souvent été le symbole du diable ou du mal dans la musique) parfait pour évoquer un monstre. Dans 'Underwater Grave', qui se trouve être une partie du Main Title du film (la seconde partie est un thème action entendu étrangement que dans le générique de fin du film) installe un climat de suspense pesant sinistre et une atmosphère de mystère glauque avec des sonorités profondes du synthé tandis que le début du film se passe dans un cimetière sous-marin dans lequel le monstre erre entre deux carcasses de bateau. Le thème du monstre (que l'on pourrait considérer comme le thème principal) et son motif de 5 notes descendantes sur un triton est un véritable leitmotiv dont le compositeur va proposer un très intéressant travail de développement tout au long de sa partition.

Orchestrale, la musique de Goldsmith fait aussi une belle utilisation des différentes et habituelles sonorités du synthétiseur, le compositeur étant très réputé pour trouver les textures électroniques adéquates pour l'ambiance de chacun de ses films dans lesquels il utilise le synthé. Pour 'Deep Rising', les sons du synthé sont tous très bien choisis, certains ponctuant les parties d'action avec des sonorités plus métalliques, d'autres évoquant l'atmosphère tendue et sinistre du score comme ce son profond au début de 'Wet Repairs' et qui servira très clairement à Goldsmith pour créer cette ambiance de suspense pesant. Une fois encore, Goldsmith nous prouve qu'il sait se montrer très habile avec les textures électroniques qu'il utilise, le synthé étant ici un élément majeur du score en particulier dans l'élaboration d'une atmosphère sonore parfaite pour le film. La seconde partie de 'Underwater Grave' nous permet d'entendre un très entraînant thème d'action que l'on ne retrouvera que dans le générique de fin du film (il est étrange que Goldsmith n'ait pas décidé de l'utiliser une seule fois dans le film) ponctué par de formidables percussions exotiques (le film se passe dans les Mers du Sud) qui reviendront souvent dans certains passages d'action du score. On retrouvera ce thème d'action assez entraînant à la fin de 'Hang On'.

Dans 'Lost Communication', Goldsmith prolonge le climat de suspense et de tension du début du film alors qu'un mystérieux personnage vient pirater le système de sécurité du paquebot tandis qu'une forme gigantesque apparaît sur le radar du bateau et se rapproche dangereusement du navire, la collision étant alors imminente. On appréciera la manière dont Goldsmith maintient la tension tout au long du morceau (notons ce son de synthé en écho au début du morceau) jusqu'à la faire éclater à la fin du morceau dans une banale mais efficace montée de tension. Le premier morceau d'action du score intervient dans 'Collision Course' alors que le bateau de Finnegan percute des rochers et doit faire face à d'importants dégâts matériels à bord de sa vedette. Après avoir utilise un thème d'aventure plus entraînant pour une des premières séquences où l'on voit le bateau de Finnegan qui faisait déjà intervenir les percussions exotiques, (morceau malheureusement absent du CD), Goldsmith les réutilise dans 'Collision Couse' (principalement des tambours) avec une rythmique orchestrale typique de ce que le compositeur fait dans ce genre de morceau. 'Boarding' évoque alors l'abordage du bateau, bien avant que les pirates comprennent qu'ils auraient mieux fait d'éviter ce paquebot. Hanover décide alors de prendre possession du bateau de Finnegan pour mener lui même l'opération sans son aide. Cela démarre ainsi avec un sursaut brutal de percussions avant que Goldsmith n'installe un ostinato rythmique avec caisse/timbales et effets de synthé en écho (comme dans 'Lost Communications') pour évoquer le début de 'l'opération' d'abordage, la caisse donnant ici un côté un peu militaire à cette séquence.

Mais c'est à partir de ce moment là que la musique prend une tournure plus atmosphère et franchement plus sombre. C'est aussi à partir de ce moment là que la créature va faire ses premières victimes. Dans le très sombre 'Wet Repairs', la créature dévore Leila, la copine de Pantucci, qui est resté sur le bateau de Finnegan afin de réparer les dégâts. On trouve au début de 'Wet Repairs' ce son sinistre du synthé évoquant le côté glauque, sombre et mystérieux pour ces séquences de suspense. Ici, Hanover et sa bande arrivent dans la salle des commandes elle aussi complètement désertée. On trouvera une nouvelle et brève allusion au motif du monstre avant que le morceau ne prenne une tournure encore plus tendue au moment où le monstre va faire sa première victime en prenant Leila. (le motif du monstre réapparaît dans un brusque sursaut de terreur orchestral au moment où un cadavre pourri surgit de l'eau...Goldsmith fait habilement allusion par petites touches au motif du monstre en nous faisant clairement comprendre que la créature qui infeste le paquebot est à l'origine de ce carnage)

L'action prend une tournure frénétique dans 'Let's Make A Deal' alors que la bande à Hanover et Finnegan doivent affronter le monstre qui les poursuit dans les moindres recoins du paquebot. Installant un petit ostinato rythmique sauvage (on retrouve encore les sons glauques du synthé et des rythmiques électroniques du plus bel effet), le morceau part dans l'action avec un sentiment de terreur renforcé par la séquence du corps à moitié digéré de Billy pour laquelle la musique devient clairement terrifiante avant de repartir sur d'autres ostinati rythmiques avec un sens du rythme percutants et typique du compositeur. 'Let's Make A Deal' évoque donc l'affrontement entre les héros et le monstre redoutable, ce qui permet donc à Goldmsith de développer le thème du monstre d'une manière beaucoup plus élaboré que dans les morceaux précédents. Le motif est omniprésent dans ce morceau et ce sous diverses formes, que ce soit des variantes plus lentes ou des formules plus rapides adaptées du thème. Goldsmith nous propose ainsi un très intéressant travail de développement d'un leitmotiv tellement omniprésent tout au long de la musique qu'il finit par coller de manière inconsciente dans l'esprit de l'auditeur/spectateur qui y associe très rapidement l'idée d'un monstre menaçant. De plus, le caractère omniprésent de ce motif passe-partout renforce aussi l'idée que le monstre est partout et que le danger est omniprésent et peut frapper à tout moment. Goldsmith relance donc l'action en faisant varier ses formules rythmiques tout en les rendant toujours plus excitantes les unes que les autres. (séquence où la tentacule se fait fusiller de tous les côtés, séquence où Trillian alias Famke Janssen sauve Finnegan, etc.) Le morceau finit de manière très sinistre alors que les héros découvrent la salle dégueulasse où le monstre entasse les cadavres de ses victimes. (on retrouve encore les sons sinistres du synthé qui crée une atmosphère étouffante du plus bel effet)

Goldsmith a donc installé l'action et le frisson et ne va cesser d'emploi son matériau jusqu'à l'inévitable conclusion de l'histoire. 'Wall Of Water' commence sur une formule rythmique de trombones/cordes/percussions (notons le contrepoint entre trombones et cordes qui se répondent sur le même motif de manière décalée) basée une fois encore sur un dérivé rythmique du thème du monstre alors que l'eau commence à envahir et inonder les couloirs du paquebot. Goldsmith prolonge alors l'action en lançant une nouvelle rythmique action excitante avec des timbales sauvages. Le motif du monstre est toujours présent mais sous des formes camouflées et développées qui nécessiteraient une étude technique plus approfondie pour découvrir toutes les acrobaties auxquelles Goldsmith se livre afin de modeler et de remodeler sans cesse ce thème qui semble être partout même lorsque l'on ne s'en aperçoit pas. Heureusement, on a une petite touche d'émotion non négligeable au sein du malheureusement trop bref 'Leila's Gone'. Le morceau s'ouvre avec une reprise triste et lente du thème d'aventure confié ici à un hautbois mélancolique et quelques cordes alors que Pantucci pleure sa Leila disparue à tout jamais. Le morceau devait continuer sur une reprise du thème d'aventure alors que lui et Finnegan tentent de réparer le bateau afin de partir d'ici. Malheureusement, ce passage intéressant est absent du CD et l'on enchaîne tout de suite après à la séquence où le traître Canton (Anthony Heald, qui fait très rarement des rôles de type sympa) tente de flinguer Trillian, ne voulant pas laisser de témoin de ses 'méfaits'. Goldsmith reprend alors le thème d'aventure entraînant avec les percussions exotiques au moment où Canton tire une fusée sur Trillian qui tente alors de lui échapper. Dommage que le compositeur n'ait pas inclus sur le CD un autre passage touchant comme le début de 'Leila's Gone' ce qui aurait permit de donner un peu de relief à un score finalement assez bourrin.

'E Ticket' est le dernier grand morceau d'action où Finnegan et Trillian vont fuir hors du paquebot en utilisant un jet-ski, poursuivis par une tentacule du monstre (qui va à une vitesse incroyable...vive la crédibilité!). Le morceau commence de manière assez brutale (Canton saute du paquebot pour atterrir tout en bas sur le bateau de Finnigan en s'ouvrant alors mortellement une jambe) et continue avec une rythmique excitante des percussions exotiques qui va devenir de plus en plus frénétique au fur et à mesure que la course poursuite entre les héros et le monstre va s'amplifier. On retrouve une fois encore le thème du monstre qui fait ici de grandes pirouettes aux trombones et cordes (notons ces descentes sauvages de trompettes au début de la mise en place du rythme de percussions) le morceau atteignant alors une sorte de climax au moment où le bateau de Finnigan contenant un missile heurte le paquebot et le fait exploser avec le monstre à l'intérieur, la conclusion de l'histoire arrivant avec 'Hang On', lorsque Finnegan et Trillian sortent indemnes du paquebot, Goldmsith reprenant une dernière fois le thème d'aventure (finalement peu présent dans le CD, étant donné qu'il manque énormément de bons morceaux du score dans le film...) avec une rythmique exotique (notons les sons de steel band tropicaux en arrière-fond) pour finir le film avec une touche plus paisible et relaxante, et ce avant la reprise du thème action de 'Underwater Grave' pour le générique de fin.

Au final, Deep Rising apparaît comme un très solide score d'action/suspense manquant un peu de relief mais finalement plus intéressant qu'il n'y paraît au premiers abords. Injustement descendu en flèches par la plupart des béophiles (et notamment à cause du bide total qu'a fait le film), le score de Deep Rising mérite néanmoins qu'on lui réserve une seconde chance, tant l'écriture action y brille une fois plus, Goldsmith ayant réussi à créer une fois encore l'atmosphère musicale parfaite pour le film de Stephen Sommers. Même si les thèmes auraient gagnés à être plus marquants et plus développés (hormis le thème du monstre, qui reste l'exemple même d'un intéressant travail de développement que le compositeur peut fournir au sein d'une partition de musique de film), le score possède de grands moments d'action vraiment prenants et des parties de suspense sinistre (on est loin du style terrifiant d'Alien, mais le résultat y est quand même!) qui nous plonge vraiment au coeur de cette banale histoire de monstre aquatique mangeur d'hommes. Reste que l'on regrettera une fois de plus l'absence de nombreux bons morceaux du film, (l'attaque dans le couloir des cadavres, le confrontation finale entre le monstre et Finnegan, les parties incluant le thème d'aventure au début du film, etc.) l'album étant finalement beaucoup trop court et amputé de grands moments de la partition du maestro. Quoiqu'il en soit, 'Deep Rising' reste un bon score action/suspense dans la lignée de ce que Goldsmith fait depuis le début des années 80.


---Quentin Billard