Musique  composée par:

James Horner

Editeur:


Réalisateur:
Michael Lessac
Genre:
Drame
Avec:
Kathleen Turner,
Tommy Lee Jones,
Asha Menina.

(c) 1993 A&M Films/Penta Pictures.

Note: **1/2
HOUSE OF CARDS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Petit film totalement méconnu, 'House of Cards' (Le château de cartes) de Michael Lessac (réalisateur tout aussi méconnu de séries télé) raconte l'histoire émouvante de la jeune Sally Matthews (Asha Menina, jeune actrice qui malgré son âge nous livre ici une interprétation remarquable de son personnage) qui, après la mort accidentelle de son père au Mexique s'est réfugié dans son propre monde, muré dans le silence. De retour aux Etats-Unis, Sally commence à montrer des symptômes inquiétants d'un début d'autisme et sa mère Ruth (Kathleen Turner) va tenter de tout faire pour la ramener à la réalité. Intervient alors Jake Beerlander (Tommy Lee Jones), le psychiatre envoyé par l'école de Sally pour tenter de la soigner et de l'aider à sortir de son étrange silence. Mais Ruth s'obstine, refusant l'aide de ce psy qu'elle n'écoute même pas, persuadé qu'elle seule pourra aider sa fillette à sortir de son monde dans lequel elle s'est enfermé elle même. Sally construit un soir un château de cartes qui va lui permettre (dans son monde à elle) de rejoindre la lune, là où elle croit que son père se trouve. Intrigué par cette magnifique construction, sa mère (qui est architecte) va construire quand à elle une passerelle similaire à celle que sa fillette a élaboré avec des cartes en espérant pouvoir l'aider à guérir elle même sa fille. Le message du film est clair (surtout à la fin du film): lorsqu'un enfant a des problèmes, seul l'amour des parents reste le meilleur moyen pour aider ces enfants à guérir. (et ce même si Beerlander fait faire d'énorme progrès à la fillette au cours de ses thérapies) Pour un film censé parler d'autisme, on est un peu déçu. On s'attend à quelque chose dans le style du 'Rain Man' de Barry Levinson, et l'on arrive au final sur un film bizarre qui aborde du sujet mais ne le développe presque pas. Le film se concentre surtout sur la relation entre Ruth et sa fille pour qui elle va élaborer une stratégie afin de l'aider à sortir de son monde. Kathleen Turner est très touchante dans son rôle de mère au bout du rouleau qui commence à douter d'elle alors que les jours passent et que la situation n'évolue pas. La petite Asha Menina est elle aussi remarquable et très convaincante. En revanche, le personnage de Tommy Lee Jones est incroyablement sous-développé dans ce film et sert pratiquement de décoration dans le film. Son personnage n'a aucune utilité dans l'histoire et ne fait pas avancer les choses même si le réalisateur lui confie deux ou trois scènes montrant comment il soigne ses jeunes patients. On a plutôt l'impression que le réalisateur a tenu à placer en tête ces deux grands acteurs que sont Kathleen Turner et Tommy Lee Jones pour tenter d'appâter le public et de rendre son petit film plus attrayant. Mais au final, Michael Lessac échoue en nous livrant un film qui, à force d'être trop modeste, fini par manquer réellement de conviction, de détermination à traiter un sujet. Sur une mise en scène molle et quelconque, Lessac se plante alors que le sujet était pourtant très intéressant. Une déception qui ne fait qu'expliquer pourquoi le film est aussi méconnu de la part du public en général.

'House of Cards' est un film parfait pour James Horner. L'histoire convient parfaitement au style dramatique/intime du Horner de 'Field of Dreams' ou de 'Searching for Bobby Fischer' (composé la même année). 'House of Cards' est un petit score orchestral intime qui s'ouvre sur le thème principal joué par des flûtes péruviennes (on retrouve ici les solistes habituels de Horner: Tonny Hinnigan, Ian Underwood, etc...) sur un ostinato rythmique léger et envoûtant et des nappes de synthé assez mystérieuses. Ce thème péruvien sera très vite associé au souvenir du père qui hante la mémoire de cette petite fille qui s'enferme dans son monde pour tenter de le rejoindre sur la lune. Ce long Main Title (structuré en deux parties comme le générique de début du film qui est un peu trop long d'ailleurs...) développe ce thème mystérieux avec ces quelques notes de piano qui flottent dans l'air et ce synthé mystérieux et sombre. Les flûtes donnent ce côté 'exotique' car le film se passe au début à Mexico, l'endroit où meurt le père de Sally alors que ce dernier était en train d'escalader une temple Maya. Ce morceau envoûtant (on pense par moment au Main Title de 'When The River Runs Black' de Horner) illustre quelque part aussi le côté 'mystique' du début du film alors qu'un homme du coin est en train d'expliquer à Sally que son père n'est pas mort mais que son esprit est monté vers les étoiles et qu'il veille toujours sur elle. La petite fille est évidemment encore naïve, mais elle croit sincèrement à tout ce que l'homme lui dit. Le reste du score va un peu laisser tomber ces textures synthétiques pour vite laisser la place à un style orchestral qui nous envoie aux moments intimes/dramatiques de 'The Man Without A Face' (aussi composé la même année, en 1993). La musique se veut très discrète dans les quelques moments intimes au début du film, surtout ceux qui évoquent la relation entre Sally et sa mère qui s'inquiète de plus en plus pour elle et cherche à résoudre son problème. Mais la musique est hélas un peu trop discrète pour qu'elle arrive à capter un tant soi peu notre attention, et à force de se faire trop discret, le score fini par rejoindre le gros problème du film: un manque sérieux de motivation. Heureusement, certains passages ressortent plus que d'autres et notamment lorsqu'Horner reprend son thème sur un synthé mystérieux (on sent toujours ici l'influence de 'Field of Dreams') pour la scène où l'ouvrier sauve la petite fillette montée dans une grue. (cet homme semble lui rappeler son père pendant un bref moment, d'où -probablement- la reprise discrète mais néanmoins présente du thème principal)

Horner conserve ce ton lent et assez dramatique dans toute la première partie du film, avec un moment un peu plus sombre lorsque Sally escalade le toit de la maison pour récupérer la balle. La musique commence à prendre un autre tournant dans la séquence où Ruth prend des photographies du château de cartes de Sally. Le morceau prend un certain élan orchestral qui ressort bien dans cette scène en traduisant l'étonnement de la mère face à la quasi perfection de "l'oeuvre " construite par sa fille. On retrouve un morceau similaire lorsque Ruth fabrique un modèle en réalité virtuelle du château de cartes afin de pouvoir ensuite le concrétiser pour tenter de trouver une solution, et c'est la seconde partie du film qui permet à la musique de devenir un peu plus 'claire', un peu plus 'lumineuse'. La musique évoque les progrès de Sally qui semble se rapprocher de plus en plus de la réalité, même si des gros progrès restent encore à faire, et c'est le happy-end final qui permet finalement à Horner de développer son deuxième thème plus intime avec quelques vents et des cordes lyriques, morceau qui brillera particulièrement dans le 'End Title' où le compositeur reprendra son thème péruvien (sans oublier le fait qu'il utilise par moment une flûte de pan qui fait parfois penser à certains passages de 'Willow'). Bref, rien de très accrocheur dans ce petit score tout aussi méconnu que le film et qui n'a jamais été édité à ce jour. De toute l'année 1993 (où Horner a été très productif puisqu'il a quand même réussi à mettre 10 films en musique!), 'House of Cards' reste probablement le score le moins réussi de tout le lot, une petite partition sympathique mais tout à fait quelconque, sans originalité et sans inspiration. Dommage, d'autant qu'Horner se débrouille généralement sur ce style de film. Mais on ne peut pas écrire des grandes oeuvres à chaque fois!


---Quentin Billard