1-The Invasion 1.37
2-Come Live With Me
(Film Version)* 5.40
3-Now Is The Winter Of
Our Discontent 1.01+
4-The Mortuary 1.26
5-Bid Me Farewell/
I'll Have Her 1.21++
6-Clarence's Dream 3.04
7-Crimson 3.13
8-Clarence's Murder 2.05+++
9-The Tower 2.06
10-The Blessing 0.27**
11-Conspiracy 0.35
12-Toe Tappers 2.14
13-Let Sorrow Haunt
Your Bed 1.29***
14-The Reach Of Hell/
Long Live The King 1.15
15-Good Angels
Guard You 0.28***
16-Coronation Haze 1.11
17-Prelude From Te Deum# 1.41
18-The Golden Dew
Of Sleep 0.30##
19-My Regret 2.46
20-Pity Dwells Not
This Eye 0.25+
21-Westminster 3.14
22-My Most Grievous Curse 0.49
23-The Duchess Departs 0.52
24-The Devil's Temptation 0.54
25-Richmond 0.52
26-Defend Me Still 2.47
27-I Did But Dream 0.45
28-Elizabeth & Richmond 1.37###
29-My Kingdom For A Horse 0.39+
30-Battle 4.42
31-I'm Sitting On Top
Of The World 1.49####
32-Come Live With Me
(Location Version) 5.18*

*Interprété par The Vile Bodies
et Stacey Kent
**Inclu dialogues de
Ian McKellen, Maggie Smith
***Inclu dialogues de
Annette Benning
+Inclu dialogues de
Ian McKellen
++Inclu dialogues de
Ian McKellen, Kristin Scott Thomas
+++Inclu dialogues de
Nihem Hawthorne, divers
#Composé par M.A.Charpentier
##Inclu dialogues de
Kristin Scott Thomas
###Inclu dialogues de
Kate Stevenson-Payne et
Dominic West
####Interprété par Al Jolson
Ecrit par Ray Henderson,
Joe Young et Sam Lewis.

Musique  composée par:

Trevor Jones

Editeur:

London Records
422 828 719-2

Producteur exécutif de la musique:
Mike Batt
Coordinateur de la musique
pour CMMP:
Victoria Seale
Chansons arrangées par:
Trevor Jones, Geoff Alexander,
Julian Kershaw, Colin Good

Artwork and pictures (c) 1995 British Screen/United Artists/London Records. All rights reserved.

Note: ***
RICHARD III
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Trevor Jones
Le célèbre 'Richard III' fait partie des ouvrages de Shakespeare les plus adaptés au cinéma. La première version date de 1908 dans un film muet résumant partiellement l'oeuvre du célèbre dramaturge anglais. Suivirent ensuite différentes versions dont une des plus populaires reste celle réalisé par Laurence Olivier en 1955 (avec Laurence Olivier lui même dans le rôle de Richard III). C'est le réalisateur anglais Richard Loncraine qui réalisa cette version modernisée de l'oeuvre datant de 1995 avec un script écrit par Ian McKellen lui même, qui joue ici le rôle de Richard III dans le film. Ian McKellen. Avant d'être Gandalf dans la trilogie de 'Lord of The Rings' de Peter Jackson et Magneto dans le 'X-Men' de Bryan Singer, le fameux acteur anglais campait le rôle du sombre Richard, le plus jeune frère du roi Edward. Transposé dans l'Angleterre des années 30, 'Richard III' permet à Ian McKellen de signer une prestation remarquable dans la peau du sinistre héros de cette tragédie typiquement Shakespearienne. Si Ian McKellen s'est autant investi dans ce film (en plus d'avoir écrit le scénario, McKellen était aussi producteur délégué du film), c'est avant tout parce qu'en tant qu'acteur de théâtre, il a toujours eu une certaine passion pour l'oeuvre de Shakespeare. (en 1972 il interprétait Hamlet pour la télévision et en 1979 c'était Macbeth) Dans 'Richard III', McKellen nous offre un numéro d'acteur saisissant. Cruel, cynique, hypocrite, orgueilleux, prétentieux et impitoyable, le sinistre personnage de Richard de Gloucester trouve enfin écho dans la peau de l'acteur anglais totalement maître de son jeu. Avec un grand respect apporté au texte original, 'Richard III' retranscrit à merveille l'univers sombre et tragique de l'oeuvre de Shakespeare qui parle une fois encore de meurtres, d'orgueil, de pouvoir, de complot et de guerre. Effectivement, le film finit sur une grande séquence de bataille qui évoque très clairement la Seconde Guerre Mondiale. A ce sujet, on notera la manière dont le réalisateur s'est débrouillé pour transformer le roi Richard en une sorte d'Hitler puisque la scène du speech de Richard lors de sa victoire fait de nombreuses références au Régime Nazi d'Hitler (les gigantesques étendards rouges et blanc et autres drapeaux du nouveau royaume ressemblent étrangement au drapeaux Nazis avec la croix gammée, symbole maléfique du règne d'Hitler en Allemagne de 1933 jusqu'à la fin de la Guerre en 45). Outre l'aspect tyrannique et despotique de Richard proche d'un Hitler version Britannique, le personnage de McKellen est entouré d'autres grands acteurs du même ordre: Annette Bening dans le rôle de la Reine Elizabeth, Robert Downey Jr. dans le rôle d'Anthony, comte de Rivers (McKellen et Downey Jr. ont déjà joués ensemble dans 'Restoration' de Michael Hoffman ce qui lui permit d'obtenir le rôle dans 'Richard III') Kristin Scott Thomas dans le rôle tragique de Lady Anne, etc. Bref, un casting de choix pour une brillante retranscription modernisée de la sinistre tragédie de Shakespeare, mené par un Ian McKellen absolument remarquable.

Trevor Jones a composé une musique sombre et dramatique pour 'Richard III'. Le problème du score, c'est le caractère très morcelé de la partition qui est essentiellement composé de petits morceaux courts ne dépassant pas souvent plus de deux minutes. La musique met du temps à se mettre en place dans le film et toute la première partie (la plus intriguante) n'a rien de vraiment très accrocheuse. Avec des cordes sinistres et quelques solistes bien choisis (une flûte sombre, quelques trompettes en sourdines et un saxophone à la 'Angel Heart' qui vient rappeler le monde musical jazzy des années 30/40 en Angleterre où le jazz big-band de Al Jolson était très à la mode à cette époque, à tel point que le film inclut quelques pièces de l'époque interprétés par le célèbre chanteur de jazz), Jones retranscrit la noirceur du récit et la gravité des terribles méfaits de Richard. Le saxophone apporte une couleur assez surprenante dans la musique de cette première longue partie reposant sur un thème principal plutôt sombre. Le sax est un peu utilisé à contre-emploi dans la musique car au lieu d'évoquer la musique jazzy de l'époque comme on s'y attend tous, Jones décide d'utiliser l'instrument pour son timbre particulier associé ici à la folie destructrice de Richard (n'oulions pas que Jones l'avait déjà utilisé dans son sinistre score pour 'Angel Heart' où l'instrument retranscrivait là aussi le côté noir et étouffant du film). Le thème principal apparaît lors de la scène où Richard séduit la pauvre Lady Anne, osant se présenter en galant homme devant elle alors qu'il a tué son mari durant la guerre civile. Ici, a musique en dit long sur la noirceur et l'hypocrisie du personnage - le saxophone est associé au côté plaisant et agréable de la musique jazzy de l'époque mais l'instrument semble ici révéler le côté hypocrite et faussement gentillet de ce personnage dont la célèbre devise reste incarnée en une seule phrase: "je peux sourire et je peux tuer en même temps". Le problème de cette première partie, c'est le caractère finalement assez anecdotique de la musique de Jones. Loin du style épique et gothique du superbe 'Looking for Richard' d'Howard Shore, la première partie du score de 'Richard III' de Trevor Jones apporte uniquement une touche noire un peu répétitive car manquant cruellement de développement. Plutôt que de centrer son idée autour du thème pourtant annoncé dès le début de sa partition, Jones préfère utiliser des petits segments de une à deux minutes pour faire les transitions d'une séquence à l'autre, diminuant alors les qualités émotionnelles d'un score qui n'apporte finalement pas grand chose au film dans toute cette première partie (si ce n'est d'augmenter le côté sombre et noir du personnage de Richard et de l'histoire du film). Ceci dit, la musique de Jones n'a rien de mauvaise en soi et colle très bien à la noirceur du film, même si l'on est surpris du manque d'originalité et du caractère anecdotique de certains passages.

Un morceau comme 'Mortuary' (scène de la séduction de Lady Anne à la morgue) reflète la gravité de l'histoire avec ces cordes pesantes (on pense à certains passages du futur score de 'From Hell') et ce saxophone surprenant. Le passage de 'I'll Have Her' donne quand à lui un côté décalé au personnage avec un bref passage de jazz big-band pour évoquer la soudaine jovialité du personnage qui se complaît à penser au fait qu'il vient de faire tomber la pauvre Lady Anne dans son piège impitoyable. 'Clarence's Dream' permet à Jones d'utiliser des sonorités sinistres au sein de l'orchestre avec une flûte sombre reprenant le thème principal (on est pas très loin ici de l'ambiance glauque de 'From Hell' voire de certains passages de 'Angel Heart' avec ce sax hypnotisant). 'Crimson' est une pièce jazzy dans le style de la musique de l'époque (avec l'orchestre typique des big-band: trompettes en sourdine, saxophone, section rythmique, etc.) qui contraste évidemment fortement avec la noirceur de tout le début du score (le constate est d'autant plus fort qu'il rappelle une fois encore la double facette du personnage de Richard). La musique se fait de plus en plus 'grave' après un sinistre 'Clarence's Murder' (assassinat de Clarence par les deux hommes de main de Richard), 'The Tower' reprenant le style exactement le même style avec le thème entendu ici à une trompette lointaine au sein des cordes sombres et lentes (on est malheureusement encore ici dans le côté très répétitif et lent du score). 'Conspiracy' commence à annoncer un bref changement de ton dans le score avec un côté plus rythmique marqué ici par les cordes et quelques pizz (à noter que l'on retrouve le motif de pizz dans 'My Most Grievous Curse', petit thème associé au déroulement du plan diabolique de Richard) après un sax vaguement jazzy pour la séquence où le conseil du premier ministre avec les sbires de Richard se réunissent pour prendre une décision.

Avec 'The Reach of Hell Long Live The Ring', on assiste à la montée au pouvoir (d'ambiance très 'régime Nazi') de Richard et de son speech victorieux devant une foule triomphante, tout cela au son d'une masse de percussions martiales (voire sauvages) avec caisses, tambours et timbales débouchant sur le sombre 'Long Live The King'. 'Coronation Haze' développe une ambiance toujours aussi noire dans la scène du couronnement où Jones a la bonne idée de mélanger le célèbre thème très cérémonial du Te Deum de Charpentier sur un fond de nappes de cordes dissonantes. Le morceau crée une forte sensation de malaise, de trouble alors que l'on voit Lady Anne assister à la cérémonie le regard vide, presque maladif, mais un regard qui cache une haine profonde pour l'assassin de son mari qu'elle a eu la folie d'épouser. Dans cette seconde partie, Jones développe alors le petit motif de 'Conspiracy' lié au plan diabolique de Richard avant que Jones nous introduise dans la dernière partie de sa partition avec le superbe 'Richmond' où le compositeur utilise un ostinato rythmique et des cuivres/cordes guerriers pour évoquer le début de la bataille contre Richard. Jones utilise ici un thème de cuivres plutôt guerrier voire vaguement héroïque évoquant clairement la détermination des ennemis de Richard bien décidé à renverser définitivement le tyran. On entre finalement ici dans le côté plus épique de la partition, un côté que l'on était en droit d'attendre dès le début du film. Dans 'Defend Me Still', Jones apporte une touche d'espoir et de calme lors du mariage avec Richmond et la jeune Elizabeth avec des cordes lyriques, harmonieuses et émouvantes pour la séquence du mariage qui annonce déjà la fin du règne de terreur de Richard, Jones réutilisant ce très beau passage (trop bref, une fois encore) dans 'Elizabeth & Richmond', brève scène du réveil du couple au matin de l'ultime bataille, qui se poursuit alors dans l'excellent 'Battle' où Jones réutilise le thème de cuivres guerrier de 'Richmond'. Le style action du morceau rend la séquence de bataille vraiment excitante avec un excellent contrepoint entre les cordes et les vents qui créent ici la dynamique agressive du morceau avec ces cuivres guerriers déterminés, la partition atteignant finalement ici son climax.

Même si le score de Jones manque cruellement d'originalité et de développement (on aurait aimé entendre des thèmes plus développés et des morceaux un peu moins courts), l'ensemble reste bien ancré dans l'histoire sinistre de ce film-hommage à l'oeuvre tragique de Shakespeare. Partition sombre avec un final plus épique, 'Richard III' n'est pas ce que le compositeur a fait de mieux dans le domaine des films dramatiques et sombres. Mais l'on reconnaît quand même ici le style de Jones et une envie véritable de retranscrire l'ambiance de l'oeuvre de Shakespeare associé au côté moderne du contexte de l'histoire (l'Angleterre dans les années 1930). Partition moins connue du compositeur, 'Richard III' n'est pas un chef-d'oeuvre mais reste une BO sympathique de la part d'un compositeur décidément très à l'aise dans tous les genres.

---Quentin Billard