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1-Dîner de cons 2.44
2-Le temps ne fait rien à l'affaire (G.Brassens) 2.07 3-Dîner de cons (version Philip Catherine) 3.31 4-Christine et Brochant 0.58 5-Manciniade 3.20 6-Cheval, contrôleur fiscal 2.14 7-Con à grande vitesse 2.15 8-Nincompoop 1.57 9-Pignon décomposé 1.21 10-Marlène Sasseur, nymphomane 1.27 11-Départ de Christine 1.06 12-Dîner de cons (version Romane) 3.31 13-Louche connexion 2.41 14-Allo, Henry! 3.15 15-Juste Leblanc 1.29 16-Dîner de cons 6.03 Musique composée par: Vladimir Cosma Editeur: Larghetto Music 952422 Album produit par: Vladimir Cosma. Artwork and pictures (c) 1998 Gaumont/TF1 Productions. All rights reserved. Note: ***1/2 |
LE DÎNER DE CONS
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Vladimir Cosma
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Véritable classique incontournable de la comédie française et grand succès commercial de l’année 1998, « Le Dîner de cons » est de loin l’une des meilleures comédies de Francis Veber, un film qui ne nous avait pas fait autant rigoler depuis l’inénarrable duo Pierre Richard/Gérard Depardieu sur le triptyque « Les Compères/Les Fugitifs/La Chèvre ». Adapté d’une pièce de théâtre de Francis Veber lui-même et déjà interprétée à l’origine par Jacques Villeret, « Le Dîner de cons » reste encore à ce jour une référence absolue de la comédie française à ses sommets. L’histoire reste totalement inchangée par rapport à la pièce de théâtre d’origine : tous les mercredis, Pierre Brochant (Thierry Lhermitte), un éditeur parisien, organise avec ses amis ce qu’il appelle un « dîner de cons ». Le but est de permettre à chaque organisateur d’amener avec lui un « con » qu’il a trouvé par hasard. Puis, pendant la soirée, les organisateurs se moquent du con à son insu, et à la fin de la soirée, on choisit finalement le champion des cons. C’est alors que Brochant est contacté par l’un de ses amis, qui semble lui avoir déniché la perle rare : François Pignon (Jacques Villeret), un modeste employé à l’administration des impôts qui se passionne pour la construction de maquettes en allumettes. Pignon se rend alors chez Brochant, mais hélas, ce dernier s’est fait un tour de rein et ne peut plus bouger. Mais ce qui s’annonçait comme une soirée hilarante tournera rapidement au cauchemar pour Brochant alors que l’incroyable bêtise de Pignon va entraîner une série de catastrophes pour le pauvre éditeur parisien, qui se retrouve alors piégé à son propre jeu. Véritable chef-d’oeuvre d’humour et de dérision, « Le Dîner de cons » atteint ainsi des sommets en nous proposant des situations totalement hilarantes (l’arrivée du contrôleur fiscal Cheval, le renvoi de la femme de Brochant, l’arrivée de la nymphomane, les bourdes énormissimes de Pignon au téléphone, etc.) et des répliques cultes (« Il s’appelle Juste Leblanc » - « Ah bon ? Il n’a pas de prénom ? »), le tout servi par l’interprétation remarquable de Thierry Lhermitte et Jacques Villeret, sans oublier toute la partie hilarante avec Daniel Prevost dans le rôle du contrôleur fiscal et la présence de Francis Huster, Alexandre Vandernoot et Catherine Frot. Francis Veber reprend une nouvelle fois son personnage emblématique de François Pignon qui apparu pour la première fois dans « L’Emmerdeur » d’Edouard Molinaro avec Jacques Brel (1973), et que l’on retrouva ensuite dans la peau de Pierre Richard dans « Les Compères », « La Chèvre » et « Les Fugitifs », puis interprété par Daniel Auteuil dans « Le Placard », Gad Elmaleh dans « La Doublure » et enfin Patrick Timsit dans le remake de « L’Emmerdeur » sorti en 2008. Même si « Le Dîner de cons » partage de nombreuses similitudes avec « L’Emmerdeur », on rit à gorge déployée tout au long du film. Un classique !
Francis Veber retrouve son grand complice d’antan, Vladimir Cosma, qui signe une musique fraîche et entraînante pour cette comédie hilarante, bien qu’étrangement quasi absente du film. Cosma a composé de nombreuses minutes de musique pour « Le Dîner de cons », mais seulement 5 ou 6 minutes ont été utilisées au final. Signalons simplement que ce choix de ne mettre quasiment pas de musique dans le film provient d’un choix personnel du compositeur en accord avec le réalisateur, Cosma ayant considéré que le film de Veber n’avait pas besoin de musique, étant essentiellement basé sur les dialogues à l’instar de la pièce de théâtre d’origine. Du coup, l’album nous permet vraiment d’apprécier le travail du compositeur dans son intégralité, Cosma ayant écrit plusieurs morceaux dédiés spécifiquement à l’album, afin de prolonger son travail et d’offrir une plus grande cohérence d’écoute de sa musique sur CD - Jerry Goldsmith procéda d’ailleurs de la même façon sur l’album de sa musique pour le film « Fierce Creatures ». Si le film s’ouvre de façon hilarante sur la chanson de Georges Brassens « Le temps ne fait rien à l’affaire » (chanson qui résume parfaitement l’univers des cons), le reste du score de Cosma oscille alors entre une certaine légèreté mélodique et un humour constant teinté de dérision. La partition du « Dîner de cons » s’articule essentiellement autour d’un très sympathique thème principal extrêmement frais et entraînant, aux allures populaires - comme souvent chez Vladimir Cosma, qui possède un talent de mélodiste indéniable. Le compositeur utilise la guitare soliste de Philip Catherine et des cordes entraînantes pour un morceau s’apparentant à une sorte de jazz manouche hérité de Django Reinhardt. A noter que Vladimir Cosma connaît bien le répertoire du jazz, puisqu’il écrivit lui-même dans sa jeunesse de nombreux arrangements jazz pour l’orchestre de son père à Budapest. Quand à Philip Catherine, fameux guitariste de jazz belge, il nous offre quelques solos particulièrement brillants et inspirés pour les passages incluant le thème principal sur l’album. A ce sujet, il faut savoir que Philip Catherine connaît bien la musique de Georges Brassens et le jazz de Django Reinhardt. Ce n’est donc certainement pas une coïncidence si Vladimir Cosma a fait appel à lui sur « Le Dîner de cons », qui contient des références à ces deux grands musiciens respectifs. A noter que le compositeur nous offre aussi une deuxième interprétation de son thème par le guitariste parisien Romane (de son vrai nom Patrick Leguidecoq), autre spécialiste du jazz manouche et de la musique de Django Reinhardt, et qui nous offre ici de très beaux solos pour les besoins de l’album du « Dîner de cons », une version pour trois guitares absolument savoureuse. Le premier morceau du score entendu dans le film est en réalité « Con à grande vitesse », scène durant laquelle un ami de Brochant croise le chemin de François Pignon. Le morceau est écrit ici dans un style similaire au thème, du jazz manouche à la Django Reinhardt avec, au passage, un nouveau rappel du thème principal à la guitare soliste. Cosma se fait plaisir et apporte une certaine bonne humeur et un rythme savoureux (mais trop bref dans le film) à cette scène qui sert d’introduction au personnage interprété par Jacques Villeret dans le film. Le générique de début commence ensuite avec la chanson de Brassens. Puis, on pourra ensuite apprécier un peu plus loin le sympathique « Christine et Brochant » lorsque Brochant s’est fait un tour de rein et que Christine vient l’aider à s’asseoir. Cosma reprend ici sa mélodie de façon plus lente et posée avec un clavier électrique sur fond de cordes plus légères. Même chose pour « Manciniade » (hommage au compositeur Henry Mancini, autre grand spécialiste du jazz), un morceau écrit spécialement pour l’album et qui reprend le thème dans une orchestration plus minimaliste, légère inventive, incluant harpe, marimba, pizz et clavier électrique (on y retrouve clairement le côté rafraîchissant et léger des musiques de comédie de Vladimir Cosma !). De la même façon, « Départ de Christine » reprend le thème d’une façon similaire à « Christine et Brochant » lorsque Christine tente de revenir chez Brochant mais repart finalement de plus belle suite à une bourde de la part de Pignon. Le compositeur verse alors dans l’ironie grinçante avec le très inattendu « Cheval, contrôleur fiscal », véritable morceau de suspense glauque à l’hollywoodienne qui cite explicitement le célèbre thème de « Jaws » de John Williams et les rythmes martelés de piano du « Predator » d’Alan Silvestri (le compositeur cherchait sans aucun à suggérer ironiquement que le personnage de Daniel Prevost serait comme une sorte de...requin !). Le morceau est dominé par de sombres trilles de cordes, des notes furtives d’harmoniques de violons en trémolos, et d’un piano qui martèle des notes graves de façon un brin caricaturale et menaçante. Le morceau accompagne ici la scène où Cheval (Daniel Prevost), le contrôleur fiscal, se rend chez Brochant. Cosma s’amuse ainsi à se moquer gentiment du personnage de contrôleur fiscal à qui le sort va jouer un bien mauvais tour (à l’instar du personnage de Brochant avec Pignon : tel est pris qui croyait prendre !). Dans le film, l’effet comique est clairement assumé et fonctionne à merveille - sans aucun doute d’ailleurs l’un des passages musicaux les plus réussis dans le film. « Cheval, contrôleur fiscal » apporte en tout un suspense et une tension à cette scène où Brochant comprend qu’il a eu tort d’inviter un contrôleur fiscal chez lui, et commence à angoisser à l’idée de ce qui pourrait arriver. Cosma poursuite ensuite en nous offrant quelques morceaux inédits non utilisés dans le film : « Louche connexion » (allusion humoristique au film « French Connexion ») et son piano jazzy savoureux, « Nincompoop » et son lougne kitsch très 70s, « Pignon décomposé » et sa guitare nostalgique et mélancolique, sans oublier la guitare rétro lougne de « Marlène Sasseur, nymphomane ». Vladimir Cosma signe donc au final une partition très agréable et rafraîchissante pour « Le Dîner de cons », une musique à découvrir absolument sur l’album, le film ne contenant finalement que très peu de musique. Fidèle à son style mélodique frais et inspiré, Vladimir Cosma nous offre pour « Le Dîner de cons » une nouvelle musique d’une légèreté étonnante mais jamais niaise, servie par l’interprétation remarquable du guitariste Philip Catherine, une musique simple et honnête écrite avec beaucoup de coeur : la classe, tout simplement ! ---Quentin Billard |