1-Amandla! 3.36
2-Main Title 3.23
3-Pride of The S.A.P. 1.28
4-The Depot 5.35
5-"Necklaced" Effigy/
Micah Moves To
The Compound 3.51
6-Micah & Rosie/
Indefinite Detention 6.49
7-Nightfall 3.05
8-"Arrest The Children" 4.43
9-Estrangement 1.32
10-Uprising 3.54
11-Torching Micah's House 3.55
12-A Shattered World 2.37
13-Naledi Saves Zweli 1.46
14-Theme From Bopha!/
Amandla! 6.02

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Big Screen Records
9 24535-2

Album produit par:
James Horner
Montage de la musique:
Jim Henrickson
Coordination de l'album:
Nan Sexton

Artwork and pictures (c) 1993 Paramount Pictures/Giant Records. All rights reserved.

Note: **1/2
BOPHA!
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Unique réalisation de l'acteur Morgan Freeman, 'Bopha!' est une autre production traitant des ravages de l'apartheid dans l'Afrique du Sud, l'histoire se déroulant cette fois ci en 1980. Danny Glover interprète Micah Mangena, un policier noir qui fait respecter l'ordre et la loi depuis plus d'une vingtaine d'années. Respectueux de l'ordre établi, ces policiers noirs sont formés pour maintenir la paix et l'autorité du pouvoir en place. Pourtant, nous sommes dans les années 80 et les choses commencent à changer dans le pays. Les jeunes étudiants se révoltent petit à petit et veulent briser le système en combattant le règne de terreur de l'apartheid. Accusé de traîtrise par les autres noirs, Mangena et sa femme commencent à être rejetés par les gens de leur quartier alors que les policiers ont procédés un soir à une série d'arrestations ('bopha' dans la langue des zoulous). Zweli, le fils de Micah et de Rosie (Alfre Woodard) part de la maison et refuse de s'engager dans la police. Il va lui aussi rejoindre les jeunes étudiants et participer au mouvement de rébellion. Mais la police épaulé par deux agents des services spéciaux continue de mener sa politique de répression en traquant systématiquement les membres du mouvement de révolte. Le peuple noir cher à conquérir sa liberté et l'histoire du film nous laisse pour une fois entrevoir la possibilité d'une éventuelle victoire du peuple noir contre l'oppression et la dictature des amerikaners qui font régner la terreur depuis de nombreuses années dans le pays. Mais les choses vont aller trop loin et Micah va voir son propre fils arrêté et détenu en prison. L'homme qui jusqu'ici avait prêté serment de faire respecter l'ordre coûte que coûte se retrouve alors dans un terrible dilemme: continuer à mener son travail ou assurer son devoir de père. Ecoeuré par la manière brutale dont les jeunes sont traités lors de ces arrestations et de ces incarcérations, Micah démissionnera de la police et partira rejoindre sa femme lors d'une ultime cérémonie en la mémoire des victimes de ces 'rafles'. Mais Micah aura malheureusement pris sa décision un peu tard et devra subir la colère de ces semblables. Dans la lignée de films tels que 'The Power of One' ou 'A World Apart', 'Bopha!' est une excellente reconstitution du cauchemar de l'apartheid dans l'Afrique du sud qui, en 1980, est à l'aube de la future victoire du peuple noir qui va se rebeller et mettra fin à l'apartheid en 1991 grâce au concours des pays démocratiques du monde entier qui isoleront finalement le pays, l'obligeant à abolir définitivement l'apartheid. (en 1990, Nelson Mandela sera libéré après 27 ans passé en prison. Il deviendra le premier président noir en Afrique du sud en 1994) Morgan Freeman s'est probablement senti concerné par l'histoire de ce film et cela se sent. Il nous livre finalement un témoignage réaliste et authentique de cette gigantesque connerie inhumaine que fut l'apartheid. Un film dur et fort, très convaincant!

James Horner débute les années 90 en mettant en musique quelques films dramatiques, d'abord en 1989 avec une reconstitution d'un épisode de la guerre de Sécession dans 'Glory', puis une histoire émouvante sur l'amitié entre un homme défiguré et un jeune garçon dans 'The Man Without a Face', le modeste et méconnu 'House of Cards' sans oublier l'excellent 'Searching for Bobby Fischer'. Le score de 'Bopha!' est typique du style électronique du Horner du début des années 90 qui a petit à petit mis en place le synthétiseur dans ses compositions depuis son fameux score pour 'Field of Dreams' (1989). Ont suivi ensuite des scores entièrement électroniques tels que 'Class Action', 'Thunderheart' ou 'Unlawful Entry'. 'Bopha!' se rapproche beaucoup plus ici du style sombre de 'Thunderheart', Horner réutilisant à peu près le même genre de sonorité. Le compositeur s'entoure aussi de ses solistes habituels avec une trompette (pour le thème principal), la sempiternelle shakuhachi de Kazu Matsui, quelques flûtes exotiques, des percussions et le reste au synthé. Horner retranscrit surtout le côté sombre du film en mettant en avant l'aspect plus dramatique à travers son thème principal très solennel exposé dès le début du film avec des percussions en bois évoquant le son des instruments à percussions africains. Avec quelques sonorités synthétiques plutôt sombres, le thème intervient à la trompette, un thème solennel qui rappelle un peu le style du thème de 'Glory', surtout lorsque la mélodie est accompagné par une basse de synthé comme dans le 'End Credits' de 'Glory' (Horner fera aussi la même chose plus tard dans le 'End Credits' d'Apollo13). A noter que le compositeur nous propose une reprise finale particulièrement réussie de son thème dans le générique de fin avec 'Amandla!' où Horner utilise un choeur africain et quelques solistes dans un hymne grandiose à la liberté. Le thème principal de 'Bopha!' évoque finalement cette idée du combat du peuple noir pour sa liberté, un thème solennel qui aurait mérité un véritable traitement orchestral digne de ce nom. Horner s'en servira tout au long de son score comme balise musicale avec des variations souvent plus sombres et plus ambiguës.

Le reste du score est constitué essentiellement d'éléments sombres et atmosphériques dans la lignée de 'Thunderheart' (le score qui se rapproche décidément le plus du style de 'Bopha!'), Horner utilisant des sons percussions métalliques ou en bois lors des passages un peu plus agités ou de style action. Un morceau comme 'The Depot' représente très bien ce style atmosphérique/suspense particulièrement sombre avec des sonorités métalliques menaçantes et des nappes de synthé toujours très glauques, évoquant la tension dans toutes les scènes d'arrestation (ici dans la séquence du dépôt vers le début du film). La musique donne un côté très noir à ces scènes où la police traque les jeunes étudiants. Le reste du score sera dans le même ordre d'idée avec des passages plus calmes et intimes évoquant la relation avec Micah et sa femme ('Micah & Rosie') où le compositeur utilise le piano avec quelques sons de synthé plus calmes et doux. 'Arrest The Children' permet aussi au compositeur d'utiliser les percussions en bois avec la shakuhachi qui intervient comme d'habitude pour renforcer le côté sombre et agressif de ces quelques passages d'action avec des nappes de synthé toujours très sombres (les policiers reçoivent alors l'ordre d'arrêter tous les étudiants voire de les abattre s'il le faut) évoquant clairement le règne de la terreur et la politique d'oppression de l'apartheid. Dans 'Uprising', Horner nous refait entendre son thème principal alors que les noirs se soulèvent de plus en plus contre l'ordre établi, quand au sombre 'Torching Micah's House' (des noirs brûlent la maison de Micah en guise de vengeance), il nous fait entendre ces rythmes de percussions en bois avec des nappes de synthé toujours très sombres et le côté plus agressif de la shakhuachi. Ce sera finalement 'Theme From Bopha!/Amandla!' qui viendra conclure le film en beauté avec une superbe reprise finale du thème principale, plus déterminé que jamais avec le choeur africain et les solistes, le compositeur conservant même la manière de chanter de ces musiciens afin de conserver le côté authentique du morceau lié avec la flûte, les percussions et le synthé plus occidental d'esprit (le morceau pourrait ainsi évoquer le côté universel de cette lutte pour la liberté et contre l'oppression dans n'importe quel pays du monde), ce thème étant finalement très présent tout au long du film même si le compositeur n'hésite pas à le rendre parfois très sombre en utilisant par exemple la mélodie de trompette sur une nappe de synthé plus dissonante.

En fin de compte, si vous avez aimé 'Thunderheart' (un score très moyen de la part d'un compositeur plus inspiré dans le domaine de l'orchestre), vous apprécierez probablement 'Bopha!'. On aurait pourtant aimé entendre quelque chose d'un peu plus approfondi par rapport au côté dramatique du film finalement peu présent tout au long du score et ce malgré quelques rares passages plus calmes et intimes. Très atmosphérique, la partition de 'Bopha!' est loin du style authentique et vocal du fameux 'The Power of One' de Hans Zimmer. On pourra donc entendre ici une autre vision totalement différente de la musique d'un film traitant du drame de l'apartheid en Afrique du Sud. Comme dit précédemment, on aurait préféré entendre une version orchestrée du thème d'Amandla! qui prend une tournure hymnique et grandiose dans le générique de fin. Très atmosphérique et sombre, la musique de 'Bopha!' est un peu trop ressemblante à celle qu'a déjà fait Horner sur 'Thunderheart'. D'autre part, le compositeur n'a jamais particulièrement brillé dans ses compositions électroniques même s'il a eu une période synthétique importante au début des années 90. 'Bopha!' rejoint malheureusement la qualité quelconque de ses autres scores du même genre, même si la musique colle bien au film (on a par contre du mal à se faire au début du film au cliché plus martial de la trompette solennelle du thème). Un score finalement assez décevant malgré quelques bons passages. Rien de bien indispensable.


---Quentin Billard