1-Main Title-Alternate 2.05
2-The Lincoln/Patti Jean 1.40
3-Car Chase 4.32
4-Sgt. Garfield/Follow Me 1.43
5-I'll Call You/Tokarev Slug 0.38
6-Empty Bottle/Phone Booth 1.15
7-Chinatown Chase/The Car 3.48
8-Your Fault 0.45
9-Donna & Jay-Revised 3.10
10-Tailing Spota-Revised No.1 3.48
11-Waterhouse Fight 9.00
12-Impatient to Say Goodbye/
End Credits 4.54

The Extras

13-Main Title-Original Version 2.05
14-The Lincoln-Alternate 0.12
15-Donna & Jay 2.00
16-Tailing Spota-Revised No.2 3.48
17-March "National Emblem"
(Edwin Eugene Bailey) 1.11

Musique  composée par:

Bruce Broughton

Editeur:

Intrada Special Collection vol. 298

Musique conduite et produite par:
Bruce Broughton
Producteurs exécutifs pour Intrada:
Douglass Fake, Roger Feigelson
Direction de la musique pour
Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Coordinateurs soundtrack:
Kim Seiniger, Eric Ybanez
Orchestrations:
Mark McKenzie, Bruce Broughton
Monteur musique:
Curt Sobel
CD masterisé et monté par:
Douglass Fake
Manager de production:
Regina Fake
Assistant éditorial:
Frank K. DeWald

Artwork and pictures (c) 1988 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***
THE PRESIDIO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Bruce Broughton
Peter Hyams s’est fait connaître tant dans le domaine de la science-fiction que dans celui des thrillers d’action, signant entre autre des classiques du genre tels que « Capricorn One » (1978), « Outland » (1981), « The Star Chamber » (1983) ou « 2010 » (1984). Dans les années 80, Hyams semble même s’être davantage concentré sur les polars musclés, car après « The Star Chamber », le cinéaste new-yorkais renoue avec le genre dans « Presidio », sorti en 1988. Prévu à l’origine pour Tony Scott avec Lee Marvin et Jeff Bridges dans les rôles principaux, le film fut finalement remanié à confié à Hyams, qui choisit de mettre en scène Sean Connery et Mark Harmon dans les rôles principaux (Harmon est connu pour son rôle-clé dans la série policière NCIS). On y suit l’histoire de Jay Austin (Harmon), inspecteur de la police de San Francisco qui se retrouve obligé de travailler avec son ancien patron, le prévôt divisionnaire et lieutenant-colonel Caldwell (Connery) qui travaille à la base militaire du Presidio, suite au meurtre d’une ancienne collègue militaire d’Austin et de la mort de deux policiers au cours d’une course-poursuite avec des cambrioleurs venus dévaliser le cercle des officiers du Presidio. Au cours de cette enquête difficile, Austin se lie avec Donna (Meg Ryan), la séduisante fille de Caldwell, qui ne voit guère d’un très bon oeil cette liaison inattendue. L’enquête piétine alors que les deux juridictions indépendantes – policières et militaires – s’entrechoquent et que les deux hommes ont du mal à collaborer ensemble en raison de leur rivalité et d’un passé compliqué (lorsqu’il était dans la police militaire, Jay Austin aurait arrêté de manière abusive le colonel Lawrence, provoquant un vif désaccord avec Caldwell). Et tandis que la relation entre Austin et Donna évolue tant bien que mal, l’enquête va de l’avant avec un nouvel indice qui pourrait conduire les deux hommes sur la piste d’un groupe d’officiers corrompus mêlés à un mystérieux trafic. Ainsi donc, « Presidio » se présente comme un polar ordinaire mêlant romance, enquête et une trame scénaristique assez banale reproduisant le schéma habituel des buddy movies très à la mode dans les années 80 : deux individus totalement opposés, obligés de collaborer sur une même affaire. Le tandem Sean Connery/Mark Harmon fonctionne parfaitement ici, tandis que la jolie Meg Ryan (qui verra sa carrière décoller au début des années 90 avec des comédies romantiques) constitue l’atout charme du film (incluant deux scènes d’amour hot avec Mark Harmon), dans le rôle d’une fille délaissée par un père militaire et qui tente de reprendre sa vie en main.

« Presidio » marque la première collaboration entre Peter Hyams et le compositeur Bruce Broughton en 1988, les deux hommes ayant aussi travaillé ensemble sur les films « Narrow Margin » (1990) et « Stay Tuned » (1992). Il faut par ailleurs rappeler qu’avant « Presidio », Broughton et Hyams s’étaient déjà croisés sur « The Monster Squad » (1987) pour lequel Hyams officiait en tant que producteur. Selon les dires du compositeur, ce serait d’ailleurs sa partition symphonique pour « Silverado » (1985) qui aurait amené Hyams à choisir Broughton sur « Presidio ». A la première écoute, pas de surprise particulière, c’est un Bruce Broughton visiblement assez sûr de lui qui officie sur « Presidio », livrant un score d’action/suspense très orchestral, agrémenté de quelques synthétiseurs très années 80, le tout baignant dans un style action assez proche des travaux de Jerry Goldsmith à la même époque (Goldsmith ayant collaboré par le passé à plusieurs films de Peter Hyams). Pour parvenir à ses fins, Bruce Broughton utilise un orchestre réduit au minimum, illustrant ainsi l’aspect militaire du récit, mais aussi l’action urbaine, le suspense et la romance entre Jay et Donna dans le film, intrigue secondaire dans l’histoire comme dans la musique mais pas absente du score de Broughton. Le score s’articule autour d’un thème central utilisé partiellement durant une bonne partie du film, le compositeur ne conservant que les quatre premières notes du thème, qui sera finalement exposé dans son intégralité à la toute fin du film. A noter que ces quatre fameuses notes font curieusement penser à un motif similaire écrit par Jerry Goldsmith dans « The Omen » (et notamment le début du fameux « The Piper Dreams »). Tout l’intérêt du score de « Presidio » réside dans la façon dont Bruce Broughton modèle ce thème tout au long du film, le variant et le manipulant à sa guise suivant les différents aspects du film : militaire lorsqu’il est porté par une trompette plaintive, romantique lorsqu’il est confié au clavier et aux cordes, ou énergique lorsque l’orchestre s’empare de la mélodie durant les scènes d’action et de poursuites du film.

Pour les besoins de sa partition, Broughton fait donc appel à un orchestre limité à un grand groupe de cordes, 4 cors, 4 trompettes, 3 claviéristes, une guitare (interprétée par l’incontournable George Doering) et un ensemble de 4 percussionnistes, sans oublier le synthétiseur. Ici, pas de bois, de trombones ni de tuba, mais un choix intéressant de certaines couleurs instrumentales – les puissantes trompettes et les cors, la masse des cordes – qui dénotent d’une réflexion sur le son de l’orchestre à l’écran. Autre élément notable : une bonne partie des morceaux ont été remaniés et modifiés par le compositeur à la demande d’un Peter Hyams visiblement très exigent selon les dires du compositeur dans une note du livret de l’album publié par Intrada. C’est ce qui explique pourquoi certains morceaux entendus dans le film sont présentés sur l’album avec la mention « revised » ou « alternate », les versions d’origine ayant été reléguées à la toute fin de la galette. Finalement utilisée avec parcimonie dans le film, la musique de Broughton intervient dans les moments-clés du récit, à commencer par le traditionnel générique de début, qui présente deux idées majeures du score : une série de notes rapides et mystérieuses du piano et du clavier, symbolisant l’idée de l’énigme policière et du suspense (au tout début du « Main Title – Alternate » et du « Main Title – Original Version »), idée que Broughton reprendra d’ailleurs en partie dans sa musique pour le thriller « Narrow Margin ». Viennent ensuite les quatre premières notes du thème principal à la trompette à 0:32 qui pose d’emblée le ton de la partition avec ce côté militaire indissociable de « Presidio », alors que l’ambiance de cette ouverture se veut à la fois calme, sombre et mystérieuse, les cloches dès la première minute annonçant de façon funèbre le crime à venir au début de l’histoire.

Le fameux crime en question est illustré dans « The Lincoln/Patti Jean », où l’ancienne collègue militaire de Jay Austin est assassinée au cours d’un cambriolage au Presidio qui tourne mal. Broughton suggère ici le suspense et la tension à l’aide de cordes sombres et tendues sur fond de nappes synthétiques discrètes, de quelques petites percussions, d’un rappel au motif de piano et de quelques allusions au thème principal, repris ici par des cordes mystérieuses. Le meurtre débouche ensuite sur la scène de la poursuite en voiture avec les policiers dans l’excellent « Car Chase », l’un des morceaux-clés du score de « Presidio ». Pendant plus de 4 minutes, Broughton rythme la scène à l’aide d’un thème d’action constitué d’une répétition de 8 notes rapides introduites d’abord aux synthés dès 0:15 puis aux trompettes dès 0:52. Le compositeur donne ici du fil à retordre aux quatre trompettistes qui s’en donnent à coeur joie tout au long du morceau, avec une partie rythmique assez technique et virtuose typique de Broughton, le tout sur fond de percussions synthétiques à la Jerry Goldsmith et d’un sample de guitare électrique. On connaît le goût du compositeur pour les grandes musiques d’action syncopées, complexes et très techniques, dont la précision rythmique est généralement impressionnante, « Car Chase » ne dérogeant pas à la règle. On retrouve ce style dans la poursuite avec Lawrence dans « Chinatown Chase/The Car », qui s’avère être une variante énergique et musclée de « Car Chase », avec quelques ponctuations martiales et de nombreux rebondissements rythmiques complexes, et toujours ce thème d’action aux trompettes sur fond de percussions électroniques.

Les scènes accompagnant le déroulement de l’enquête de Jay et Caldwell permettent à Broughton de développer le thème principal, tandis que le musicien fait même quelques concessions aux musiques pop/électroniques kitsch des années 80 dans « Sgt. Garfield/Follow Me » pour la scène où Donna défie Jay en voiture dans les rues de San Francisco. Le motif de piano revient dans « I’ll Call You/Tokarev Slug », juxtaposé ici au motif principal. « Empty Bottle/Phone Booth » reste plus atmosphérique, avec son clavier plus intime, tout comme « Your Fault » qui reprend le thème principal dans un joli contrepoint tragique des cordes, symbolisant la tension entre Jay et Caldwell après la mort de Lawrence (la trompette étant associée à Sean Connery dans le film). Dans « Donna & Jay », Broughton évoque la scène d’amour entre les personnages de Mark Harmon et Meg Ryan avec l’apport indispensable du clavier 80’s, d’une guitare et de cordes plus chaleureuses reprenant le thème sous un angle plus romantique et tendre, un très bel arrangement qui rappelle le talent de Broughton pour les mélodies plus lyriques et touchantes. Jay et Caldwell suivent alors Spota dans « Tailing Spota – Revised No. 1 », l’enquête avançant alors à grand pas jusqu’à la fusillade finale durant les 9 minutes intenses et agressives de « Waterhouse Fight », ultime morceau d’action/suspense de « Presidio » de très bonne facture, assez impressionnant dans son ambiance de jeu du chat et de la souris plein de tension et de sursauts rythmiques développant le thème d’action de « Car Chase » et « Chinatown Chase ». Enfin, le film se termine sur le superbe « Impatient to Say Goodbye/End Credits » qui dévoile enfin le thème principal dans son intégralité durant les scènes de funérailles finales.

Le thème prend ici une dimension élégiaque et poignante très réussie et fort touchante, arrivant malheureusement un peu tard à la toute fin du film (on aurait aimé en entendre davantage !). Le final est alors suivi du générique de fin (« End Credits ») qui reprend les deux thèmes du score, incluant le motif de piano. Bruce Broughton signe donc un très bon score d’action/suspense pour « Presidio », qui, sans être une musique particulièrement originale ou même très mémorable, contribue grandement au rythme et à la dynamique du film en propulsant les scènes d’action avec une technicité et un savoir-faire évident, tout en accentuant l’émotion des scènes plus intimes toujours illustrées avec une certaine retenue mais un goût sûr pour un sentimentalisme très juste et plein de pudeur, même si la priorité est ici donnée à l’action et au suspense policier. L’album récemment publié par Intrada nous permet enfin d’apprécier ce score de Bruce Broughton resté longtemps inédit en CD (hormis un ancien album promotionnel déjà publié à l’époque par Intrada), et enfin restauré et présenté dans son intégralité, révélant un travail solide de la part de Broughton, qui signera néanmoins une partition bien plus aboutie et intéressante pour « Narrow Margin » en 1990.



---Quentin Billard