1-Lifeboat 2.20
2-Mary's Theme 2.13
3-Canned Heat 3.12
4-Vampire Hunters/Drac
Loves Lucy/Break-In 3.22
5-Brotherly Love 4.10
6-Hot Cross Buns/L2K/
Vamp on a G String/
Trimmin' The Bush 7.10
8-The Sun Also Rises 2.19
9-Gang Fang 1.02

Musique  composée par:

Marco Beltrami

Editeur:

Edition promotionnelle
MBCD 01

Producteur exécutif de l'album:
John J.Alcantar III
Album produit par:
Marco Beltrami, Ford A.Thaxton
Superviseur de la musique:
Ed Gerrard
Monteurs:
Bill Abbott, Denise Akimoto
Directeurs en charge de
la musique pour Miramax:
Randy Spendlove,
David Schulhof
Rachel Levy

Artwork and pictures (c) 2001 Miramax Film Corp. All rights reserved.

Note: ***
DRACULA 2000
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami
'Dracula 2000' est le type même du film totalement surfait qui essaie de reprendre une vieille histoire pour la réadapter à la sauce pop culture pour teen-agers américains superficiels à en mourir. Produit par Wes Craven et réalisé par Patrick Lussier (monteur de certains films de Wes Craven), 'Dracula 2000' remet au 'goût' du jour le thème du vampire et du célèbre Dracula, sujet déjà bien usé mais remixé ici avec ce côté 'à la mode' qui séduira sans aucun doute tous les ados basiques et autres moviegoers qui inondent nos sales de cinéma. Indéniablement, ce film est fait pour eux. En revanche, tout ceux qui espèrent voir un bon film d'horreur peuvent passer leur chemin. On sent clairement ici la 'commercialisation' de plus en plus massive de ce genre de film pour ados qui surfent sur la vague des clichés grand-guignolesques, de la musique heavy-metal /techno fade et bien commerciale et de la violence gratuite sans le côté effrayant et terrifiant que nous connaissions avant dans les vieux classiques des années 80 (Peter Jackson et George A.Romero ont donnés leur lettres de noblesse aux films d'horreur). Nous savons tous que les films d'horreur souffrent aujourd'hui d'une importante asphyxie scénaristique et d'un excès de clichés déjà vus trois cent milliards de fois auparavant. Récemment, 'Halloween H20' de Steve Miner a été là pour nous le prouver. Pourtant, les producteurs américains signent et persistent devant le succès commercial de ces films qui attirent un public plus jeune friand de sang et de gore spectaculaire sur fond de musique toute droit sortie d'une compilation MTV. C'est ainsi que l'on pourrait décrire 'Dracula 2000' qui est une véritable insulte à l'oeuvre originale de Bram Stoker (auquel le film fait de nombreuses fois référence, de manière parfois peu respectueuse d'ailleurs) totalement pillé et massacré pour accoucher d'un produit dérivé très 'marketing'. Sur le plan des acteurs, Gerard Butler campe un Dracula fort convaincant avec un Johnny Lee Miller qui en fait des caisses dans le rôle du héros-antiquaire qui va venir en aide à Mary Heller (campé par une ravissante Justine Waddell), la fille du célèbre Matthew Van Helsing (Christopher Plummer), le chasseur de vampire qui a sacrifié sa vie pour traquer et tuer Dracula. Ressuscité dans l'année 2001, Dracula parcourt notre monde à la recherche de Mary qui est victime constamment d'hallucinations où elle voit cet être monstrueux dans ses cauchemars. Pourtant, Dracula est bien réel et il vient la chercher car, ayant reçu son propre sang, elle lui appartient désormais. Simon Sheppard et Mary vont tout faire pour tenter de l'arrêter. Sur le plan scénaristique, c'est donc la routine habituelle du bien contre le mal avec des excès en tout genre (le film fait une énorme publicité à Virgin avec du heavy-metal à fond les gamelles. Les plans sont montés à une vitesse frénétique avec des effets de mise en scène très 'clips MTV' bien à la mode, le film étant saturé d'images rapides et de séquences totalement inutiles). On appréciera néanmoins l'idée que Dracula est en réalité Judas Iscariot, celui qui trahit le Christ dans la Bible, une idée intéressante bien que totalement différente de la version de Bram Stoker, le réalisateur ayant clairement choisi de suivre ici une toute autre voie (la dernière partie laisse se conclut comme une sorte d'affrontement biblique entre le bien -Jésus Christ- et le mal -Judas-). La conclusion vient finalement d'elle même : si vous êtes fans de ce style de film, 'Dracula 2000' (retitré 'Dracula 2001' en Europe) est fait pour vous. Pour tous les autres qui en ont ras le bol de tous ces films d'ados clichés et ridicules qui envahissent nos écrans de cinéma (et de télévision), 'Dracula 2000' est à déconseiller massivement. Difficile de croire que le grand Wes Craven ait pu produire un film aussi médiocre et surfait. Une production de triste mémoire à rajouter dans l'univers des nanars Hollywoodiens.

C'est devenu une habitude malheureusement. A Hollywood, lorsqu'un jeune compositeur brille dans un registre, la tradition veut que ce musicien soit attaché à ce genre cinématographique pendant de très nombreuses années jusqu'à ce qu'un réalisateur ait un jour la bonne idée de lui confier autre chose. C'est le cas d'Elia Cmiral qui met en musique des thrillers/films d'horreur depuis ses débuts, c'est aussi le cas de John Ottman qui a tendance à se laisser enfermer dans ce même registre, sans parler d'un Marc Shaiman qui lui, s'est spécialisé dans les musiques de comédie. Marco Beltrami est quand à lui un spécialiste des musiques de film d'horreur/thriller comme Elia Cmiral. Depuis le succès de 'Scream', Beltrami s'est laissé enfermer dans le registre des musiques de film d'horreur, un genre dans lequel il brille depuis quelques années même si aujourd'hui le compositeur semble être arrivé à bout de ce qu'il avait à dire pour tous ces films. 'Dracula 2000' ne renoue pas avec l'exploit de 'Scream' et tombe au contraire dans les facilités en tout genre. La première écoute de 'Dracula 2000' nous donnera une très nette impression de déjà entendue. Le compositeur nous ressort toutes ses formules orchestrales et électroniques toutes droit sorties de 'Scream', 'Mimic' ou 'The Faculty'. Le score de 'Dracula 2000' s'axe autour de l'orchestre avec une importante rythmique des synthétiseurs, un choeur pour le côté gothique et ténébreux du score, une voix arabe soliste (interprétée par la chanteuse iranienne Mamak Khadem) et même la présence d'un orgue noyé dans cette très lourde masse sonore. Extrêmement dissonante et chaotique, cette sinistre partition maintient une atmosphère de terreur fortement palpable tout au long du film. Si les séquences 'sursauts' totalement stéréotypés ne nous font plus sursauter depuis fort longtemps, la musique de Beltrami s'avère être nettement plus convaincante même si on se croirait de nouveau reparti dans un 'Scream' ou dans un 'Mimic'. Après une sombre introduction posant les bases de la partition du compositeur (orchestre aux sonorités lugubres et synthés atmosphériques et glauques), la voix arabisante fait son entrée pour décrire le thème principal, thème mystérieux associé au personnage de Mary et qui évoque à la fois la mélancolie et le côte noir de l'histoire de Mary (notons aussi l'utilisation de percussions un peu ethniques à la fin du morceau avec un choeur puissant dans 'Lifeboat'). Un autre motif sera associé un peu plus tard au comte Dracula, un motif descendant de trois notes assez menaçant.

Après un début sinistre et macabre où Beltrami maintient une atmosphère sinistre, glauque et étouffante (séquence où le groupe descend dans la crypte de Van Helsing pour s'emparer du cercueil de Dracula) avec ses sonorités orchestrales/électroniques habituelles, c'est la terreur qui va très vitre prendre le dessus surtout avec la 'résurrection' de Dracula qui va alors commettre ses premiers méfaits sanguinaires dans la séquence de l'avion. Avec des cors hurleurs, des cordes agressives, de la percussion violente et des rythmiques de synthé frénétiques, Beltrami décrit cette ambiance de terreur très prenante dans le film même si l'ensemble ne brille d'une originalité folle. On sent bien que le compositeur tente de retrouver le chemin de ses anciennes partitions en élaborant des textures sonores fortement similaires à 'The Faculty' ou 'Mimic' mais sans la petit plus qui faisait le charme de ses anciennes partitions. L'action va très vite culminer entre deux passages de suspense plus glauques avec cette ambiance lourde, massive et suffoquante qui crée un sentiment de malaise fort réussi dans le film. 'Brotherly Love' reprend le thème vocal de Mary avec une importante percussion, le thème apportant une touche assez dramatique et mélancolique plus ou moins proche de celle du magnifique thème de Sidney pour 'Scream' (Beltrami n'atteignant malheureusement pas ici la qualité de son thème pour 'Scream'). Un morceau comme 'Movable Feast/Come To Daddy' est un bon exemple du talent du compositeur pour illustrer des séquences de terreur avec des orchestrations chaotiques, des percussions frénétiques (tambours, percussions métalliques, timbales, etc...), des cuivres agressifs et des cordes extrêmement dissonantes. Petit à petit, Beltrami fait monter la tension et évoque avec fureur et violence l'affrontement entre Simon/Mary et Dracula et ses sbires. Dans ces passages d'action (surtout dans 'Vampire Hunters/Drac Loves Lucy/Break-In'), Beltrami développe ses rythmiques synthétiques un peu techno pour renforcer le côté frénétique et violent de ces parties d'action chaotiques. Les choeurs sont aussi toujours assez présents pour renforcer le côté noir, ténébreux et gothique de cette partition sinistre et chaotique, et un morceau comme 'The Sun Also Rises' fait la part belle aux parties vocales dans un final plus grandiose et 'libérateur' alors que Judas/Dracula meurt en brûlant sous la lumière du jour, pendu au dessus du vide en rappel de son ancienne traîtrise envers le Christ. A la fois puissant et dramatique, le morceau décrit la 'rédemption' de Judas par le feu à l'aide d'un choeur puissant secondé par la voix soliste, le morceau finissant sur un puissant crescendo orchestral libérateur.

'Dracula 2000' n'a rien de franchement original mais ravira sans aucun doute les fans du compositeur. Certes, la musique crée un très fort sentiment de peur et de terreur dans le film, mais l'ensemble manque cruellement d'inspiration pour un compositeur qui doit impérativement changer de registre s'il veut continuer à s'épanouir dans la musique de film. Avec des orchestrations massives et une importante rythmique atmosphérique du synthé, de l'orgue, des choeurs, de la voix arabe et des percussions, Marco Beltrami crée le son adéquat pour le film, mais une fois encore, on ne pourra que regretter le manque d'inspiration d'un compositeur qui fait bien son travail sans plus (mais vu la nullité du film qu'il a du mettre en musique, peut-on vraiment lui en vouloir?). L'album promotionnel d'une trentaine de minutes restitue bien les principales ambiances du score. A réserver essentiellement aux fans pur et dur du compositeur, les autres risquant fort d'être déçu par cette partition de film d'horreur assez quelconque.


---Quentin Billard