1-The Discovery 1.53
2-Falling Apart 1.55
3-The Arctic Warrior 1.37
4-The Deal 3.16
5-The Antonio Graza 3.18
6-Welcome Aboard 1.53
7-How's It Going Up There? 0.56
8-Falling Through 0.55
9-Touring The Ship 2.14
10-The Marie Celeste 1.36
11-I Saw A Little Girl 1.45
12-No Unexpected Guests 2.12
13-Bullet Holes 1.08
14-Cabina Di Capitano 0.57
15-Katie Appears 1.47
16-Meeting The Captain 2.44
17-The Bodies 1.23
18-Francesca Appears 1.29
19-The Freezer 1.10
20-Finding Gold 1.30
21-Work To Do 1.53
22-Santos Dies 1.23
23-My Little Box 4.09*
24-Go To Hell 1.55
25-Bon Appetite 1.58
26-Katie's Dolls 1.22
27-The Ballroom Reverts 1.37
28-Francesca's Theme 1.00
29-Epps Meets Katie 1.44
30-Survivor 1.12
31-Katie Disappears 1.14
32-The Fight 2.33
33-Repairs 1.29
34-Underwater 1.59
35-Greer's Body 0.59
36-Murphy's Body 1.19
37-I Guess It's Over 5.33
38-The Graza Explodes 0.39
39-The Soul Ascend 3.24

*Ecrit par John Frizzell,
Gabriel Rutman, Micha Lieberman

Musique  composée par:

John Frizzell

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6419

Album produit par:
John Frizzell
Co-produit par:
Tom Trafalski
Producteur exécutif:
Robert Townson
Monteur:
Tommy Lockett
Assistant montage:
Doug Taylor
Coordinateur du scoring:
John McBride

"My Little Box"
Produit par:
John Frizzell

Artwork and pictures (c) 2002 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***1/2
GHOST SHIP
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Frizzell
Que dire d'une production aussi navrante que « Ghost Ship » (Le vaisseau de l'angoisse), réalisé par un énième tâcheron hollywoodien Steve Beck (réalisateur de « Thirteen Ghosts ») ? Pas grand chose si ce n'est qu'après une ouverture bien gore à souhait, le film tombe dans l’anonymat le plus total et ennuie plus qu’autre chose. Certes, les fans du genre passeront sûrement un bon moment devant ce film, à condition de ne pas trop faire attention aux nombreuses invraisemblances du scénario, mais le tout est tellement gros et stéréotypé au possible qu'il apparaît vraiment difficile de pouvoir considérer ce film comme une réussite du genre. En calquant le principe de films tels que « Deep Rising », « Virus », « Event Horizon » ou « The Haunting », Steve Beck accouche d'un produit de divertissement totalement surfait qui joue sur les formules déjà bien établies dans « Virus » et « Deep Rising », deux films ‘référence’ qui se déroulaient déjà à bord d'un navire fantôme. Pour « Ghost Ship », rien de bien nouveau donc : l'équipage du remorqueur Arctic Warrior mené par le capitaine Shawn Murphy (Gabriel Byrnes) est contacté par Jack Ferriman, un pilote canadien qui a repéré dans la mer de Béring l'épave de l’Antonio Graza, un splendide paquebot italien disparu depuis plus de 40 ans. En voulant réparer l'épave pour la ramener au port, Murphy, Maureen Epps (Julianna Margulies) et ses hommes vont devoir monter à bord pour inspecter les lieux et vérifier si effectivement le navire est bien désert comme il semble l'être. Mais l'équipage va faire d'étranges découvertes et les problèmes commenceront dès lors que les esprits des anciens passagers du navire vont se manifester et semer la pagaille. La mort s’emparera de chacun des membres de l'équipage : seule Epps ira jusqu’au bout pour découvrir les terrifiants secrets de l’Antonio Graza, afin de faire la lumière sur les terribles événements survenus il y'a 40 ans sur ce navire. Rien de bien nouveau pour cette production Ghost House produite par Robert Zemeckis, série-B horrifique qui donne une forte impression de déjà vu. Si vous êtes fans des films d'horreur typiques de notre époque et des séquences bien gore (surtout au début du film), « Ghost Ship » est fait pour vous. Pour les autres : circulez, il n’y a rien à voir !

Après avoir composé la musique du précédent film de Steve Beck, « Thirteen Ghosts », John Frizzell revient dans le registre de l'horreur avec « Ghost Ship » pour lequel il a écrit un score fort sympathique, qui semble en dire bien long sur le talent de ce jeune compositeur américain prometteur, mais encore trop englué dans le registre de l’épouvante. Le score est écrit dans la même veine que le sinistre « Thirteen Ghosts », confié à un orchestre symphonique avec la panoplie habituelle de synthétiseurs, percussions et parties vocales assurées par la chanteuse Dessislava Stefanova. Le score de « Ghost Ship » mélange terreur pure, suspense glauque claustrophobique (tout le film se déroule à l'intérieur de l’épave hantée) et passages plus dramatiques et lyriques, avec un très beau thème associé au fantôme de Katie, la petite fillette qui hante le navire. A noter aussi que le compositeur a écrit une partie de la source music du film puisque le morceau pour la séquence avec Francesca s’apparente à une petite sérénade pour violon et piano joué par l'orchestre du bateau (« Francesca's Theme »), sans oublier la chanson « My Little Box » : à noter d’ailleurs que le film s'ouvre de façon surprenante avec un titre tout en rose pas vraiment approprié pour le style de film - un peu d'humour ne fait pas de mal - surtout que l'on enchaîne tout de suite après avec LA séquence gore du film. John Frizzell annonce la couleur avec « The Discovery » lorsque l'équipage du Arctic Warrior découvre le navire fantôme perdu en pleine mer. Avec des cordes sombres qui rappellent un peu le style des passages plus calmes de « Alien Resurrection », « The Discovery » utilise un motif descendant évoquant clairement le mystère entourant le bateau, et c'est avec l'excellent « Falling Apart » que Frizzell nous plonge tout de suite dans l'horreur pour la terrifiante musique illustrant le prélude sanguinaire du film. Avec des sonorités électroniques sinistres, des cordes dissonantes et glauques, ce premier morceau atonal macabre illustre parfaitement l'horreur de la scène. A noter ici l'utilisation intéressante de sonorités vocales synthétiques qui renforcent le caractère oppressant de cette séquence choc.

« The Arctic Warrior » est un bref passage d'action/aventure assez excitant pour la scène où l'équipage arrive à bord de l'Arctic Warrior. C'est aussi le premier morceau qui introduit le thème principal du score, qui sera très présent tout au long du film tandis que « The Deal » illustre les préparatifs des plans visant à réparer le bateau pour le ramener à bord. Le morceau nous fait déjà ressentir ici un certain sentiment de menace avec des sonorités orchestrales assez sombres qui en disent long sur la suite de l'histoire. John Frizzell s'acharne donc à nous faire ressentir l’aspect sinistre du navire et ses terribles secrets, une vision musicale glauque et oppressante de ce paquebot abandonné depuis 40 ans en pleine mer et qui flotte mystérieusement sans une seule trace de vie à bord. Les sonorités électroniques ont pour objectif de renforcer le climat sinistre et pesant de la musique, le compositeur nous rappelant par la même occasion qu'il est décidément très à l’aise dans le maniement des textures électroniques incorporées à l'orchestre - « Alien Resurrection » ou le récent « Stay Alive » en sont des exemples parfaits - Ambiance glauque et gothique, mystère oppressant et atmosphère pesante sont les principales caractéristiques des morceaux tels que « Touring The Ship » ou « The Marie Celeste » (Murphy explique qu'il connaissait un navire qui connut le même destin que celui de l'Antonio Grazia), Frizzell réussissant une excellente fusion hybride entre l'orchestre et les synthétiseurs. Dans « I Saw A Little Girl », et alors qu’Epps parle de la petite fille qu'elle a aperçue dans le bateau, John Frizzell introduit pour la première fois le thème de la petite Katie, thème mélodique et touchant qui évoque clairement l'innocence et la fragilité de cette mystérieuse fillette qui hante le navire. Confié à un piano délicat doublé par un cor et quelques cordes chaleureuses, « I Saw A Little Girl » permet d'apporter un peu de relief et d'humanité au sein d’un score sinistre et oppressant. Frizzell apporte aussi un soupçon d’émotion à sa partition dans l’élégiaque et tragique « Santos Dies », pour la mort de l’un des membres de l’équipage. Le compositeur nous délivre ici un thème tragique et poignant écrit pour un violoncelle mélancolique et la voix plaintive de la soliste Dessislava Stefanova aux consonances orientales. A noter un morceau plus particulier, « The Ballroom Reverts », dans lequel John Frizzell expérimente de façon plus conceptuelle le travail sur le son, faisant jouer l’intégralité d’une de ses pièces à l'envers pour la scène où Greer voit la salle de bal s'animer soudainement devant lui. Surprenante, l’astuce de « Ballroom Reverts » consiste en réalité à nous faire entendre à l'envers un motif qui est alors joué ici à l'endroit. Dommage cependant que le compositeur n'ait pas pu pousser plus loin sur le film ce début timide de concept musical.

L’affrontement final permet à John Frizzell de renouer avec le style action plus agressif et martial de « Alien Resurrection » avec des morceaux tels que « I Guess It's Over » et « The Graza Explodes ». Finalement, l'histoire aboutit à une conclusion plus magique et grandiose dans « The Souls Ascend », morceau grandiose dans lequel le compositeur reprend le très beau thème de Katie interprété ici par l’ensemble de l'orchestre, quelques sonorités électroniques plus planantes et des parties vocales quasi fantomatiques lorsque les âmes s'envolent et quittent définitivement le navire, libérées pour de bon du Antonio Graza. Ainsi donc, « Ghost Ship » marque le retour du grand John Frizzell dans le registre des musiques de film d’horreur, une partition sinistre, mystérieuse et oppressante parsemée de quelques touches plus intimes, et qui apporte une réelle noirceur au film de Steve Beck. Sans révolutionner le genre, la musique de Frizzell est nettement plus intéressante que le film en lui-même et nous prouve une fois encore qu'un compositeur peut parfaitement écrire une excellente musique pour un film médiocre.



---Quentin Billard