1-The Gift 2.50
2-She Was A Friend
To Me 3.52
3-Use Your Instincts 4.51
4-Blue Diamond 2.16
5-Cryptomnesia 5.43
6-Predictions 6.12
7-Clear Sensing 1.56
8-Fiddler Dream 3.44
9-Scottoma 2.05
10-Banshee 4.44
11-Ignis Fatuus 5.15
12-Empathy 7.21

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Will Records
33680

Produit par:
Flavio Motalla,
Christopher Young

Artwork and pictures (c) 2001 Will Records. All rights reserved.

Note: ***
THE GIFT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Thriller captivant de Sam Raimi (qui continue de nous prouver qu'il est très fort dans la mise en scène de thriller dramatique à la 'A Simple Plan'), 'The Gift' (Intuitions) est une sombre histoire se déroulant dans une petite ville au Sud des Etats-Unis. Annie Wilson (excellent Cate Blanchett) est une médium qui possède un don de perception extrasensorielle. Dans la ville, tout le monde fait appel à ses dons pour connaître son avenir et c'est ainsi qu'elle gagne sa vie en élevant seule ses trois enfants (son mari est mort il y'a quelques années dans un accident tragique). Parmi les personnes qui viennent la consulter, il y'a surtout Valerie (Hilary Swank), femme maltraitée et terrorisée par son époux Donnie Barksdale (Keanu Reeves), et surtout l'étrange Buddy Cole (Giovanni Ribisi dans un rôle surprenant où il est particulièrement à l'aise) qui souffre de terrifiantes crises d'angoisse. Un des fils d'Annie commence à avoir un mauvais comportement à l'école. Un jour, le directeur de l'école Wayne Collins (Greg Kinnear) convoque Annie à l'école pour venir lui parler de son fils qui s'est encore bagarré avec un élève de sa classe. Elle y rencontre alors Jessica King (Katie Holmes, tout juste échappée de 'Dawson's Creek'), la fiancée de Wayne, le couple devant se marier dans quelques mois. Mais sa première rencontre avec Jessica va lui laisser percevoir pendant quelques secondes d'étranges visions macabres. Au fond d'elle, Annie sait qu'il va se passer quelque chose de grave. Effectivement, quelques jours plus tard, Jessica disparaît mystérieusement. Incapable de trouver la moindre piste, la police locale décide alors de faire appel à ses 'dons' (et ce même si le shérif du coin n'y croit pas trop) pour tenter de retrouver Jessica. Les 'visions' d'Annie se révèlent être justes: elle avait vu un petit passage avec des fleurs blanches menant à un étang: il s'agit en réalité de l'étang de Donnie Barksdale où le cadavre de Jessica est alors retrouvé. Donnie sera alors accusé et emprisonné pour le meurtre présumé de Jessica (son caractère violent et impulsif n'arrangeant pas les choses). Pour Annie, c'est enfin le soulagement, d'autant que ce sinistre individu ne cessait de la menacer elle et ses enfants depuis quelques temps. Pourtant, l'histoire est loin d'être terminé en on rentrera dans la deuxième partie du film avec les nouvelles visions terrifiantes d'Annie qui sait au fond d'elle que le véritable coupable n'a pas été arrêté.

'The Gift' est un habile mélange entre drame, mystère et suspense macabre et glauque. Cate Blanchett campe le rôle d'une femme forte qui doit se battre pour élever seule ses trois enfants en essayant de repartir de l'avant pour tenter d'oublier la mort de son mari qui semble avoir traumatisé un de ses enfants qui pose beaucoup de questions. Entre les cas graves qu'elle doit aider (Buddy et Valérie) et les menaces constantes de Donnie Barksdale (campé par un Keanu Reeves surprenant dans le rôle de ce type violent, sec et brutal, totalement à l'opposé des héros qu'il interprète habituellement), Annie doit se montrer particulièrement courageuse. Très réaliste et dramatique dans la première partie du film (Annie n'est pas la super-héroïne Hollywoodienne habituelle mais bien une femme à la fois forte et fragile et dont la vie tourne subitement au cauchemar depuis quelques temps), le film laisse la place à des éléments plus surnaturels dans la seconde moitié du film, plongeant alors le spectateur dans l'univers de plus en plus étouffant de cette sombre histoire. C'est l'acteur Billy Bob Thornton qui a signé le scénario du film et grâce à un casting de qualité, le film se révèle être une bonne surprise. (à noter une petite apparition du compositeur Danny Elfman dans le rôle du violoniste au bord de l'étang lors d'une séquence de rêve d'Annie - à noter que Elfman a écrit la musique de deux précédents films de Raimi, 'Darkman' et 'A Simple Plan', sans oublier sa petite contribution à 'Army of Darkness' où la musique de Joseph LoDuca était déjà étonnamment très proche du style fantaisiste et massif de Elfman) Le suspense est habilement entretenu grâce à des effets de mise en scène simples (utilisation de sons de battements de coeur dans une scène de suspense vers le début du film) et l'intrigue est suffisamment captivante pour maintenir notre attention jusqu'à la fin du film. Maintenant, on appréciera ou pas l'utilisation plus banale des éléments surnaturels (on pense à des films tels que 'The Sixth Sense' ou 'Stir of Echoes') qui restent bien incorporés dans l'histoire. En tout cas, 'The Gift' est une nouvelle réussite d'un réalisateur toujours très inspiré.

Après avoir fait appel auparavant à Danny Elfman, Alan Silvestri dans 'The Quick & The Dead' et à Basil Poledouris dans 'For Love of The Game', c'est le maître du suspense Christopher Young qui signe un score assez surprenant pour 'The Gift' (Elfman devant composer à l'origine le score). Ce score orchestral se distingue par l'utilisation du fiddle soliste qui donne un côté celtique assez étrange à la musique, le fiddle donnant un côté à la fois paisible, étrange et troublant, contrastant avec le côté plus glauque et terrifiant des morceaux de terreur/suspense. Le but de Young était donc de faire ressortir à la fois le côté dramatique et terrifiant du film, mais la première partie du score s'attache surtout à créer un climat assez troublant et paisible avec le fiddle américain d'ambiance country. A l'instar de ce que le compositeur avait déjà fait dans 'Bright Angel', l'utilisation du fiddle évoque plutôt le son folklorique du 'Americana' (ou le son du sud des Etats-Unis), l'histoire se déroulant dans une petite ville du Sud des Etats-Unis (à noter aussi que le réalisateur fait une brève allusion à cet instrument en la personne de...Danny Elfman, puisque c'est le seul élément visuel que l'on aperçoit dans le film concernant cet instrument. Etrange d'ailleurs que le réalisateur ait choisi de faire apparaître cet instrument au centre du score de Young en utilisant Danny Elfman lui même). Le thème principal apparaît dès l'ouverture du film dans le générique de début ('The Gift'). Soutenu par une très simple mélodie de fiddle et des harmonies de cordes plutôt belles et paisibles, ce thème de violon surprend de par sa beauté encore très éloignée du style plus glauque et suffoquant que l'on pourra trouver par la suite (surtout dans la deuxième partie du score et du film). Young développe ce thème dans 'She Was a Friend To Me', le violon apportant une fois encore une sonorité très particulière au score et au film, avec la beauté à la fois étrange et paisible des harmonies. On peut vraiment parler de thème 'hantant' ici, cette très belle mélodie de violon semblant flotter dans les airs en amorçant une atmosphère paisible assez spéciale et inattendue pour ce style de film. Pour le début du film, Young a donc décidé de prendre le parti pris de ne pas ouvrir ce sinistre thriller sur les ambiances glauques et macabres entendues habituellement au début de la plupart des scores thriller/suspense du compositeur. L'effet peut paraître surprenant au départ et pourtant, le résultat est très réussi à l'écran, nous prouvant une fois de plus que le compositeur possède plus d'un tour dans son sac.

Plus l'histoire avance, et plus la musique va s'assombrir considérablement. Suivant la 'descente aux enfers' de l'héroïne, la musique de Young nous invite progressivement à plonger dans cet univers glauque et sinistre en utilisant au passage le fiddle qui servira habilement de transition entre le côté paisible du début du score et l'aspect plus sinistre de la seconde partie de la musique. 'Use Your Instincts' est en ce sens particulièrement révélateur, introduisant d'abord le fiddle jusqu'à ce que le morceau prenne une tournure plus inquiétante (Annie revoit sa grand-mère qui lui demande d'utiliser ses dons) avec des cordes plus sombres et dissonantes et un piano à la 'Copycat' (à noter l'utilisation sinistre et chaotique de voix à la fin du morceau pour créer le trouble dans une séquence de cauchemar d'Annie, Young ayant toujours brillé dans l'utilisation des parties vocales dans certains de ses scores d'horreur/thriller). Très à l'aise dans ce genre d'ambiance mystérieuse et inquiétante, Young sait comment faire véhiculer le suspense et le faire éclater à l'écran. On notera la brillante réutilisation plus assombrie du fiddle lors de la scène où Donnie vient chercher sa femme chez Annie, le fiddle étant utilisé ici d'une manière plus sombre avec des intervalles plus durs et des dissonances plus sèches et inquiétantes sur un bourdon de violon sinistre. (excellente transition effectué par le compositeur à partir du fiddle paisible du début) 'Fiddler Dream' est un autre exemple d'atmosphère troublante où le morceau finit sur un fiddle frénétique pour une autre séquence de rêve où Annie voit l'étang brumeux de Donnie avec le mystérieux violoniste au bord de l'eau. D'un autre côté, 'Cryptomnesia', 'Clear Sensing' nous font ressentir le côté plus terrifiant du score, Young créant la sensation de malaise parfaite pour le film. 'Cryptomnesia' utilise de manière fort habile les cordes stridentes dissonantes avec un fiddle qui semble 'hanter' le morceau et quelques cordes plus sombres pour créer une solide ambiance de suspense pour évoquer dans un premier temps les menaces de Donnie (Young s'attachant ensuite à décrire la terreur des cauchemars hallucinés d'Annie Wilson).

'Scottoma' et 'Banshee' nous rapprochent de plus en plus de la révélation finale dans le film. La tension et le suspense ne cessent de progresser pour aboutir sur un superbe 'Ignis Fatuus' pour la scène du rebondissement final, Young utilisant ici les cordes dans une pièce atonale stressante nous renvoyant tout droit aux expériences avant-gardiste du Penderecki des années 60. Effets d'harmoniques, clusters agressifs, trémolos divers, glissendi, atonalité chaotique, tout est fait pour créer un sentiment de terreur fort dans le final du film où Annie se confronte au véritable tueur de Jessica. Comme d'habitude, Young nous prouve qu'il est le maître du suspense et de la terreur en ayant recours à une écriture atonale de qualité, digne des grands maîtres de la musique atonale 'contemporaine' des années 60/70. Le score trouvera alors sa résolution sur le superbe 'Empathy' qui reprend le thème principal de fiddle avec un orchestre particulièrement harmonieux en symbiose parfaite avec le violon qui semble avoir retrouvé le sentiment de 'paix' du générique de début. 'Empathy' nous renvoie au côté paisible de 'The Gift' mais avec une très forte sensation de 'libération', une idée de paix retrouvée après avoir traversé un terrifiant cauchemar. On retrouve le thème principal dans un final orchestral émouvant plus proche du style tonal du compositeur, dans la lignée de scores lyriques tels que 'Murder In The First'.

'The Gift' est un autre grand score thriller/suspense du compositeur qui semble avoir pris un malin plaisir à alterner ambiance calme avec le fiddle soliste et suspense glauque dans la seconde partie du score. L'intérêt de 'The Gift', c'est surtout d'apporter un peu de relief à la musique (et au film), relief qui fait parfois cruellement défaut dans certains scores thriller du compositeur, souvent très répétitif (genre 'The Glass House'). 'The Gift' est l'illustration parfaite du cauchemar que vit Annie Wilson durant le déroulement de cette sombre histoire, et comme à l'accoutumée, Christopher Young sait comment suggérer la peur, la tension et le suspense. Sans la qualité des classiques du frisson comme 'Copycat' ou 'Jennifer 8', 'The Gift' est un score sympathique de la part d'un Christopher Young qui maîtrise amplement son sujet et nous livre une composition assez surprenante à la première écoute mais qui correspond parfaitement bien à l'ambiance du film de Sam Raimi.


---Quentin Billard