1-Générique 2.35
2-Prélude au mariage 1.39
3-Les apartements secrets 0.28
4-La chasse à l'oiseau 1.10
5-Chanson du mois de
mai no 12: boîte à musique 1.13*
6-Chanson du mois de
mai no 38: la lecon
des oiseaux 0.29*
7-Berceuse paternelle 1.40*
8-La polka des lions 1.36
9-Le petit clown 0.52
10-Les deux rois 0.31
11-Les grands ateliers du roi 3.16
12-La bergère et
le ramoneur 5.50
13-Le portrait du roi 3.09
14-L'escalier aux
cent-mille marches 1.41
15-La marche nuptiale 1.03
16-Carillon 1.05
17-La complainte de
l'aveugle 3.25
18-La révolte des fauves 3.08
19-La fin du grand automate 1.37
20-Epilogue 1.49
21-Générique fin 2.36

Titres Bonus:
"La Table Tournante"

22-Générique 2.06
23-La table tournante 1.35
24-Le fou du roi 2.11

*Ecrit par Joseph Kosma,
Paroles de Jacques Prévert

Musique  composée par:

Wojciech Kilar

Editeur:

Play-Time PL970936
Edition limitée

Plage 5: voix de Fabien Loris
Plage 7: voix de Jean Martin
Plages 5 et 6:
Enregistrements mono de 1948
Plages 5, 6 et 7:
(c) Editions Enoch et Compagnie
La Table Tournante:
(c) 1988 Les Films Paul Grimault
Album conçu et réalisé par:
Stéphane Lerouge
Produit par:
Thierry Wolf
pour FGL

Artwork and pictures (c) 1979 Les films Paul Grimault. All rights reserved.

Note: ***1/2
LE ROI ET L'OISEAU
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Wojciech Kilar
Considéré comme LE classique du film d'animation français par excellence, 'Le Roi et l'Oiseau' est un film très réussi, réalisé par un Paul Grimault qui faillit bien ne jamais tourner ce film. Pour comprendre la genèse de ce film, il faut d'abord le remplacer dans le contexte de l'époque: c'est après la 2ème Guerre Mondiale que le fameux poète français Jacques Prévert rencontre Paul Grimault et lui propose une adaptation de 'la bergère et le ramoneur', le fameux conte de Hans Christian Andersen (écrivain danois auteur de nombreux contes et histoires pour enfants). La création du film commença alors en 1949 mais à cause de sérieux problèmes d'argent, Paul Grimault se vit contraint de quitter le projet qui sortira finalement quelques années plus tard sous le titre 'le berger et le ramoneur'. Refusant de signer cette version, les deux hommes se retrouveront 20 ans plus tard pour reprendre et modifier ce film qui sortira alors en France sous le titre de 'Le roi et l'oiseau' et qui connaîtra alors un vif succès en 1979. Les principales modifications apportés au film proviennent essentiellement autour du personnage du roi et de l'oiseau qui deviennent finalement les véritables protagonistes principaux du film, arrivant même à éclipser la bergère et le ramoneur, pourtant héros du conte originel. Le roi devient alors le symbole de la tyrannie, de la dictature et de l'oppression. L'oiseau devient à son tour l'allégorie de la liberté s'opposant constamment au régime totalitaire et despotique du roi Charles V et 3 font 8 et 8 font 16 (sans blague: c'est réellement son nom!) qui domine le royaume de Takicardie. Porteur de valeurs anti-totalitaire sûres, le film rencontre très vite son public et s'impose comme le film incontournable de Paul Grimault, fameux réalisateur de dessins animés français aux côtés de René Laloux (à qui on le compare quelque fois même si Laloux est plus orienté vers le domaine du fantastique et de la science-fiction, étant l'auteur de deux films français incontournables dans ce domaine, 'La Planète Sauvage' ou de 'Gandahar'. 'Le roi et l'oiseau' est un film amusant qui ne manque pas d'humour et d'ironie. Même si beaucoup de passages ont tendance parfois à traîner en longueur (les scènes avec le roi sont souvent assez irritantes. On a souvent envie de filer des claques à ce personnage abruti), le film se laisse regarder avec un certain plaisir. Tout y est: l'oiseau gentil porteur d'un message de paix et de liberté: il est père de 4 petits oisillons et arrive à se libérer de ses chaînes après avoir été emprisonné avec le ramoneur. Finalement, il arrivera à provoquer lui même une révolte avec les lions qui l'aideront à renverser le pouvoir du tyran pour que l'amour et la liberté triomphent. Tout le film évoque alors cette éternelle lutte de la liberté et de l'amour contre l'oppression et la cruauté, mais vu avec un certain humour (le roi est un personnage qui, en plus d'être imbu de lui même, est très expéditif: les personnes qui le dérangent finissent toujours par tomber dans des trappes, d'où une scène hilarante où un de ses sbires sait qu'il va avoir droit à un tel traitement et tente d'éviter les trappes en sautant partout). A noter cependant que même si le film est destiné aux enfants, il est fort probable que ces derniers n'arriveront certainement pas à saisir tout le sens du film. Certains trouveront même que plusieurs passages sont un peu trop sérieux pour des enfants. La séquence du robot est inattendue et renforce la fantaisie imaginaire du film (et ces anachronismes - le téléphone, le robot, l'ascenseur futuriste, le réalisateur s'étant alors amusé à mélanger les deux époques pour mieux faire véhiculer son message allégorique: passé -costumes et certains décors du film évoquant par moment Rome ou un Venise 'baroque'- et futur -la technologie du roi -). En conclusion, 'Le roi et l'oiseau' (couronné à juste titre par le prix Louis-Delluc en 1979) est finalement un film inventif, poétique, amusant et très attachant. Un grand classique du dessin animé français.

Le compositeur polonais Wojciech Kilar a composé pour le film de Grimault l'une de ses plus belles musiques de la fin des années 70, évoquant à la fois l'humour et la poésie du film. Après le travail effectué par Joseph Kosma sur 'La bergère et le ramoneur' (1952), Kilar signe une partition symphonique lyrique et étonnante, qui retranscrit tous les sentiments du film: la poésie de l'amour et de la liberté, l'oppression du tyran, l'ironie de certaines séquences, etc...(Kilar composera aussi la musique du dernier film de Grimault, 'La table tournante' en 1988, une autre adaptation du conte d'Andersen, co-réalisé cette fois ci avec Jacques Demy). Le score de Kilar s'axe autour d'un magnifique thème principal introduit dès l'ouverture du film, une très belle mélodie écrite pour piano avec cordes avec un certain classicisme d'écriture et un style mélodique très clairement européen d'esprit. Ce très beau thème principal assez poétique sera associé durant tout le film à l'amour qui lit la bergère et le ramoneur, le thème évoquant aussi cette idée de liberté. Après cette très belle ouverture du générique, on entre dans l'univers du royaume de Takicardie: la séquence du portrait du roi est illustré de manière humoristique avec des pizzicati sautillants et un petit thème de violon assez léger (et toujours avec un côté très 'classique' et frais dans le style mélodique), le morceau se moquant quelque du roi avec un soupçon d'ironie de la part du compositeur. Pour la chasse à l'oiseau au début du film, Kilar a écrit une petite fanfare de cuivres typique avec appel de cors de chasse.

Les grands moments ne manquent pas dans ce score: la poursuite avec le berger et le ramoneur (le roi offre une récompense à qui les capturera) est illustré avec un morceau très rythmé reprenant en fait le thème principal sous une forme plus agressive et frénétique, avec des tambours et des timbales déchaînés pour cette séquence de poursuite. Le thème se partage entre cuivres épiques et cordes amples pour évoquer une fois encore avec énergie cette lutte pour la liberté. A noter que l'on retrouve le thème de la séquence du portrait du roi dans l'excellent 'Prélude au mariage'. Pour ce passage, Kilar s'est amusant à réécrire son petit thème léger sous une version orchestrale évoquant très clairement un certain classicisme autrichien façon Mozart (on se croirait ici reparti dans 'Les Noces de Figaro'), Kilar s'amusant alors à calquer les orchestrations et les harmonies chères au célèbre compositeur autrichien. Parmi les passages plus sombres, on notera l'impressionnant 'les grands ateliers du roi' pour la séquence où l'oiseau et le ramoneur sont envoyés dans les ateliers du roi où ils doivent subir le travail forcé à la chaîne. Le morceau repose sur des percussions diverses et agressives (martèlement de timbales et percussions métalliques) et des piccolos avec vents stridents, Kilar faisant quelque peu monter la tension avec une certaine fantaisie pour évoquer ce monde oppressant et stressant du travail à la chaîne. (le morceau est une sorte de marche furieuse et agressive)

On a aussi tout le côté humoristique parfaitement exprimé à travers 'La polka des lions' (l'aveugle jouant de la musique sur sa boîte à musique pour divertir les lions dans la prison), une polka sautillante et amusante composé dans le style des polkas Viennoises de Johann Strauss. En fait, Kilar a écrit quelques valses de style 'Viennoise' pour toute la séquence avec l'aveugle et les lions (il joue une petite valse légère pour sa première apparition et joue une valse plus mélancolique à la trompette et l'orchestre lors du 'speech' de l'oiseau devant les lions pour les amener à se révolter contre le tyran). A noter aussi une 'Marche Nuptiale' totalement folle et fantaisiste diffusée dans le petit orchestre mécanique incorporé dans le robot, Kilar s'amusant à faire un 'remake' délirant de la célèbre Marche Nuptiale du 'Lohengrin' de Wagner retranscrite ici de manière dissonante et chaotique avec un gros tuba bien lourd et des sonorités orchestrales volontairement 'fausses' et 'chaotiques'. Kilar évoque finalement la destruction finale avec une petite pièce pour percussions seules (timbales martelées et gong) retranscrivant la sauvagerie de cette scène finale avant de déboucher sur une marche chaotique pour la fin du grand robot. Le superbe 'Epilogue' est écrit pour cordes seules dans un style lyrique assez poignant, évoquant alors la sensation d'une paix et d'une liberté enfin retrouvée, Kilar reprenant finalement son thème principal pour piano et cordes dans le 'Générique de fin'. Partition fraîche et inventive, 'Le roi et l'oiseau' est l'illustration musicale parfaite pour le film de Grimault. Considéré comme l'une des plus belles partitions du compositeur (malheureusement difficile à obtenir en CD, bien qu'il y'ait eu en 1997 un tirage limité à 2000 exemplaires), 'Le roi et l'oiseau' est une partition incontournable à découvrir si vous ne connaissez pas encore cette BO très sympathique!


---Quentin Billard