1-The Castle 1.32
2-Irwin Arrives 2.18
3-The Rock Pile 5.03
4-Get Behind The Mule 5.54*
5-Let's Go Ladies 2.40
6-Full Alert 2.54
7-Military Justice 2.22
8-The Count Down 2.20
9-Hold Them 1.52
10-Taking Command 3.36
11-The Flag 5.54
12-September 11, 2001 -
Theme From The Last Castle 2.46
13-Chiseled In Stone 3.48**

*Ecrit par Tom Waits,
Kathleen Brennan
Interprété par John Hammond
**Ecrit et interprété par:
Dean Hall

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Decca Records
440 016 193-2

Produit par:
Jerry Goldsmith
Monteur de la musique:
Ken Hall
Assistant de Mr.Goldsmith:
Lois Carruth
Directeur en charge de la
musique pour
DreamWorks Pictures:
Todd Homme
Directeur en charge du
soundtracks pour
Universal Pictures:
Kathy Nelson
Chairman,
Universal Classics Group:
Chris Roberts
Music Business Affairs:
Lenny Wohl,
Cindy Zaplachinski

A&R Direction:
Randy Dry
Coordinateur du soundtrack:
Meredith Friedman,
Leah M.Panlilio

Artwork and pictures (c) 2001 DreamWorks, L.L.C. All rights reserved.

Note: ***
THE LAST CASTLE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
'The Last Castle' (Le dernier château) est encore un de ces films qui provoque de nombreux débats entre les différents spectateurs, surtout en ce qui concerne les habituels 'clichés' de patriotisme américains typiquement Hollywoodien. Le film de Rod Lurie place Robert Redford dans le rôle du Lieutenant Général Eugene Irwin incarcéré dans une prison de haute sécurité dirigée par le Colonel Winter (James Gandolfini). Général réputé et hautement respecté (même par le Colonel Winter lui même qui va tout faire pour se montrer le plus hospitalier possible envers lui), Irwin impose le respect tout autour de lui. Très vite, le général va désapprouver les méthodes de Winter en le défiant sans arrêt jusqu'à ce qu'une mutinerie éclate. Pour Irwin, Winter est un planqué, un type qui ne mérite pas ses étoiles et qui est une véritable honte pour l'uniforme qu'il porte. Irwin a participé à de nombreuses guerres, ce qui lui a valu moults décorations, mais pour le général, Winter n'a jamais mis les pieds sur un champ de bataille (il n'est pas un vrai militaire selon lui). Il commence alors à ressentir toute l'injustice de ses méthodes et pour le défier, il lui demande sa démission. Evidemment, Winter ne le prend pas au sérieux et pense à un coup de bluff. Mais Irwin est déterminé et va alors commencer à enrôler tous les prisonniers du 'château' afin de les former pour prendre le contrôle de la prison et renverser Winter. En organisant un plan astucieux, Irwin se prépare à la prise de contrôle du 'château' avec l'aide des 1200 détenus. La prison se transformera finalement en champ de bataille, la dernière bataille que livrera Irwin dans sa vie.

Le film nous propose un très bon équilibre entre drame, action (surtout dans la longue séquence finale vraiment captivante) et réflexion. Le film a connu quelques problèmes à sa sortie, notamment à cause de l'ancien poster du film qui nous montrait le drapeau américain à l'envers, un signal de détresse pour la nation. Après les attentats du 11 Septembre, les producteurs du film ont pensés qu'une telle métaphore n'était peut être pas la bienvenue dans le contexte actuel des choses. Quelque part, la fin est un bien beau message d'espoir (le drapeau américain est hissé à l'endroit) nous montrant le fait que, quoiqu'il puisse se passer, la nation est toujours là pour se relever et aller de l'avant (ceci est aussi valable pour toutes les nations!). C'est un message d'espoir positif qui semble avoir échappé à beaucoup de monde. En France, le film de Rod Lurie a fait un bide monstrueux (il est resté à peine une ou deux semaines à l'affiche), probablement à cause du patriotisme américain qui dégoûte habituellement la plupart des français (l'anti-américanisme primaire n'arrangeant pas les choses). Les américains se sont sûrement plus senti concernés par 'The Last Castle', et même si le film a été tourné avant les événements du 11 Septembre, le film est porteur d'un message positif: savoir conserver son respect et sa dignité même lorsqu'on pense avoir tout perdu, et continuer à croire en ce qui nous fait avancer dans notre vie. Evidemment, les critiques ont incendiés le film pour le côté un peu trop patriotique de l'histoire qui a même agacé certains spectateurs américains si l'on en croit les revues que l'on peut trouver un peu partout sur le net. Si le film a donc inspiré dégoût et nausée à plus d'un spectateur (critiquant aussi les invraisemblances de certaines parties du scénario), d'autres ont vu là une réelle surprise pour un film de prison dans la plus pure tradition du genre. Evidemment, le film possède pas mal de défaut (les prisonniers semblent adhérer un peu vite à la 'cause' d'Irwin et son brusque changement d'idée arrive un peu trop rapidement. D'autre part, pourquoi utiliser l'excellente actrice Robin Wright Penn pour une seule et unique scène -très cliché- du film qui ne dure même pas plus d'une minute?), mais dans l'ensemble, il reste une production honnête injustement incendié par les critiques. Pour beaucoup, il est temps que les nations se débarrassent de leurs drapeaux souillés par le sang et par la merde -comme le disait Gustave Flaubert- le genre de propos qui nous permet de mieux comprendre les réactions 'logiques' du rejet habituel de ce genre de film souvent qualifiés de ridicules, lamentables, manipulateurs et dangereux. Loin de moi l'envie de rentrer dans ce genre de débat, mais si vous êtes à même de voir 'The Last Castle' sous un autre angle, vous y découvrirez un film quelque peu surprenant. A vous de voir.

Rod Lurie a fait appel à Jerry Goldsmith pour ce film sur lequel le maestro a livré une composition honnête sans plus, un score qui ne restera malheureusement pas gravé dans les mémoires. Il faut néanmoins signaler en premier lieu une chose importante à propos de ce score: le thème principal (très utilisé tout au long du film, pour ne pas dire 'trop' utilisé) a en fait été composé après les attentats du 11 Septembre 2001 à New-York. Goldsmith en avait fait une pièce pour orchestre composé à la mémoire des victimes de ces attentats et alors que la post-production du film touchait à sa fin, Goldsmith décida de réadapter ce thème et d'en faire le thème principal de son score pour 'The Last Castle'. Ainsi, le thème du 'château' est aussi celui en mémoire aux victimes des attentats du 11 Septembre. Certains ont critiqués "l'opportunisme" de Goldsmith (souvent à tort et à travers) mais d'autre y ont vu la marque du maître qui nous livre ici un nouveau grand thème qui, à défaut d'être particulièrement génial, rend un bien bel hommage aux victimes du 11 Septembre. Mais il ne faut pas oublier que ce thème est avant tout utilisé dans le film où il représente le général déchu qui, après avoir vécu tant d'années passé sur les champs de bataille, se retrouve enfermé dans une prison sans ses grades qu'il a gagné durement au combat. Si l'on poussait la comparaison plus loin, on pourrait dire que le thème représente donc une double 'chute', celle du général Irwin et celle des tours du World Trade Center (ne voyez ici aucun jeu de mots douteux). Le thème sera très présent tout au long du film comme une véritable balise nous rappelant constamment quel est l'enjeu de l'histoire du film.

Le film s'ouvre donc comme prévu ('The Castle') au son de ce thème patriotique, solennel et dramatique à la fois confié à la trompette de Malcolm McNab sur un fond plus sombre et quelques cordes plus froides et résignées. L'arrivée d'Irwin à la prison ('Irwin Arrives') est illustré avec un bref passage rythmique où l'on retrouve les sempiternels sons de synthé du compositeur (très proche ici du style plus sombre/action de 'US Marshals' ou de 'Executive Decision') avec l'orchestre et la trompette soliste. Rien de bien accrocheur pour l'instant mais un début plus qu'honnête qui nous plonge déjà dans le côté dramatique et patriotique du film. 'The Rock Pile' illustre la scène du mur de pierre lors de la punition d'Irwin infligé par Winter qui veut en faire une punition exemplaire. On retrouve par moment ici des harmonies ressemblantes à 'First Blood' ou d'autres scores de ce genre, Goldsmith gardant toujours en tête son thème principal qu'il utilisera tout au long du film avec une multitude de développements (dommage cependant que le thème soit un peu trop utilisé de manière quasi systématique dans le film). 'Let's Go Ladies' est un autre passage avec les sons de synthé action typiques du compositeur pour évoquer le début des troubles qui commencent à apparaître dans la prison. A noter un 'Full Alert' typique du style action de Goldsmith (on pense à 'US Marshals' ici) et un 'Military Justice' alors qu'Irwin commence à contester la politique de Winter (on retrouve quelques développements du thème principal confié aux cors ici).

'Hold Them' évoque le début des hostilités et de la prise de contrôle du 'château' par Irwin et les prisonniers. On retrouve ici quelques cuivres action plus dans le style de 'Air Force One' (c'est assez flagrant), Goldsmith arrivant à faire monter la tension dans ces scènes avec une maestria toujours aussi épatante (à défaut d'être une musique originale). L'action atteindra alors son paroxysme dans le superbe 'Taking Command', longue séquence d'action pour la prise de contrôle de la prison organisé selon une stratégie minutieuse. On retrouve une fois encore le grand Goldsmith de la musique d'action avec un passage qui sonne de manière assez intense dans cette séquence. Finalement, l'histoire se conclura sur un 'The Flag' assez sombre pour l'ultime affrontement avec Winter qui est bien décidé à ne pas laisser Irwin lui marcher sur les pieds (séquence du drapeau). A noter ici les cordes dissonantes et tendues pour faire monter la tension dans cette confrontation Irwin/Winter. Le film finira sur une reprise très patriotique du thème principal, symbole de ce général déchu qui livrera son dernier combat au sein de ce château et offrira un beau message d'espoir pour le peuple (le drapeau est hissé à l'endroit, cela signifie que quelque part, la nation sera prête à se relever - difficile de ne pas faire le rapprochement avec le 11 Septembre même si le film a été fait un peu avant ces événements tragiques). Goldsmith nous réserve une très belle reprise intégrale de son thème dans la piste 12 de l'album, de nouveau confié à la trompette avec l'orchestre.

Pour un thème écrit à la mémoire des victimes du 11 Septembre, le thème de 'The Last Castle' n'est certainement pas le thème profond et inoubliable auquel on était en droit de s'attendre. Au lieu de voir cela sur le plan humain, Goldsmith a préféré cerner le côté plus patriotique de ce triste événement symbole de la connerie humaine (d'où le côté solennel du thème et l'utilisation de la trompette) plus en adéquation avec le film de Rod Lurie. Cependant, on pourra critiquer le fait que l'événement ait été vu par Goldsmith sous le côté patriotique avant le côté humain; en gros, et sans vouloir être méchant (car personnellement, cette tragédie m'a beaucoup touché), cela reviendrait à dire que ce ne sont pas de gens qui sont morts lors du 11 Septembre, juste une nation qui a été blessée dans sa fierté. C'est typique de l'esprit américain qui risquera une fois encore d'en agacer plus d'un et de provoquer moults débats acharnés sur le sujet (il faut replacer ce thème dans son contexte pour bien le comprendre et ressentir toute l'émotion qui s'en dégage). Sans vouloir rentrer dans ce genre de discussion, nous pourrons simplement considérer que le thème principal de 'The Last Castle' est très beau en soi, même si l'on était quand même en droit de s'attendre à quelque chose d'un peu plus profond, d'un peu plus poignant. Quand à savoir si Goldsmith s'est montré opportuniste avec ce film, c'est une autre histoire. 'The Last Castle' n'est pas le nouveau chef-d'oeuvre du maître mais un bien bel effort couronné par un thème principal assez obsédant à défaut d'être inoubliable (à l'instar même de tout le score de Goldsmith). Pour finir, nous citerons ces quelques lignes passionnées du réalisateur reprises du livret de l'album, un Rod Lurie qui a visiblement été profondément touché par le thème de Goldsmith:

"24 notes, toutes en Do mineur - 24 notes qui n'ont cessées de me hanter depuis - 24 notes qui m'ont fait pleurer - 24 notes en hommage aux soldats, aux marins, aux américains - 24 notes qui, je pense, aideront à sacrer Jerry Goldsmith comme le plus grand maître de notre temps."


---Quentin Billard