Après le succès du premier 'The Rescuers' (Les aventures de Bernard et Bianca) considéré comme l'un des grands classiques des films d'animation de chez Disney, une suite était plus qu'inévitable. Nous revoilà reparti pour une nouvelle aventure dans 'The Rescuers Down Under' (Bernard et Bianca au Pays des Kangourous). Ce second volet met encore plus l'accent sur l'aventure et est vraiment encore plus impressionnant. Il s'agit de la première suite réalisé pour un film Disney et aussi du premier film d'animation réalisé entièrement par ordinateur (pour les couleurs et certains effets visuels). On y retrouve donc nos deux héros souris agents de la RSA, Bernard et Miss Bianca qui doivent partir cette fois ci en Australie pour aller secourir Cody, un jeune garçon kidnappé par McLeach, un odieux braconnier qui sévit dans la région. Les répliques sont parfois amusantes, le personnage de Wilbur est parfois assez marrant (il faut le voir danser le rock vers le début du film!) même si une fois encore, on ne pourra que regretter le fait que les producteurs mettent toujours un personnage agaçant dans leur film (ici, Frank). Enième fable écologique qui enseigne aux enfants le respect des animaux et de la nature sur fond d'humour et d'aventure (ici, la protection des grands oiseaux et de leur progéniture), 'The Rescuers Down Under' est de toute évidence le film qui séduira les petits comme les grands (pour peu, une fois encore, que l'on ait gardé quelque part notre âme d'enfant).

Après un premier score écrit par Artie Butler, Carol Connors (qui a écrit les paroles des chansons) et Sammy Fain, c'est Bruce Broughton qui signa la musique de 'The Rescuers Down Under', un score d'aventure soutenu par quelques grands thèmes mémorables et typique de l'esprit mélodique du compositeur. On n'évite pas certains clichés comme les passages de mickeymousing traditionnels mais l'essentiel du film est parfaitement résumé dans la musique de Broughton. Le 'Main Title' nous plonge d'entrée dans les décors sauvages du film avec l'utilisation de percussions exotiques (tambours principalement avec petites percussions en bois) avec une flûte pour évoquer les paysages d'Australie. Les cors annoncent brièvement au son de leur rythme le côté aventure de l'histoire (et de la musique). Avec 'Answering Faloo's Call', le personnage de Cody apparaît pour la première fois au tout début du film. Broughton nous fait entendre brièvement quelques bribes du thème principal qui sera associé aux deux héros de l'histoire, Bernard et Bianca. Avec quelques percussions exotiques légères, le morceau prend une tournure plutôt légère et sautillante, les cordes avec les vents étant renforcés par quelques parties de flûtes et les petites percussions en bois. Mais la musique prend véritablement son envol avec l'incontournable 'Cody's Flight' qui nous fait entendre le superbe thème de l'aigle alors que le jeune Cody vient délivrer l'aigle. Broughton va développer pendant quelques temps ce thème avant que ce dernier prenne son envol lors de la séquence du vol au dessus des plaines de l'Australie. Majestueux et noble d'esprit, ce très beau thème prend son 'envol' pour délivrer toute la magie de cette très belle séquence. Les orchestrations sont amples et très réussies, nous permettant de mieux ressentir toute l'émotion de l'aventure. Broughton est toujours aussi à l'aise dans son écriture orchestrale et le superbe 'Cody's Flight' est là pour nous le prouver: 6 minutes de magie symphonique qui nous rappellera à quel point le compositeur sait rendre un orchestre ample et majestueux. A noter aussi la manière dont le compositeur s'amuse à développer ce thème tout au long du morceau, finissant d'une manière plus tendre et intime lors de la scène où Cody est dans le nid de son nouvel ami l'aigle. (le thème passe très librement d'un instrument à l'autre, entre cordes, trompettes, flûte, clarinette, basson ou hautbois, sans oublier l'utilisation plus discrète de la petite flûte exotique)

'Message Montage' développe le thème attribué aux deux héros, thème à la fois héroïque et léger. Majestueux et très énergique, le morceau décrit toute l'organisation qui se met en place autour de la RSA, les souris communiquant leur message d'un pays à l'autre afin d'alerter le QG de la situation: le rapt de Cody. Une fois encore, Broughton est très à l'aise lorsqu'il s'agit de développer ses thèmes et c'est avec une grande facilité que le compositeur développe le thème héroïque à la fois majestueux et déterminé. (toujours avec des orchestrations pleine de fraîcheur) C'est là que les deux héros font leur apparition dans 'The Restaurant', petit passage de mickeymousing assez amusant et plein de légèreté et de vie (pour la séquence où Bernard et Bianca sont au restaurant). Dans 'Wilbur Takes Off', c'est la rencontre avec Wilbur, l'oiseau-avion. Après un bref passage mickeymousing, Wilbur prend son envol au son d'une formation instrumentale rock (batterie/basse/guitare) mélangée à l'orchestre. Cette brève touche d'humour surprenante évoque en réalité l'attrait qu'a Wilbur pour le rock'n roll (cf. scène d'avant). A noter un 'The Landing' (séquence d'atterrissage en catastrophe pour Wilbur) très amusant, lui aussi dans un style mickeymousing vivant, inventif et plein d'énergie.

On change tout de suite d'ambiance avec un 'McLeach Threatens Cody' nettement plus sombre alors que le méchant braconnier vient de kidnapper Cody pour le forcer à lui révéler l'emplacement exact où se cache l'aigle. Avec des sonorités nettement plus menaçantes (et un bref motif de cordes sombres attribué à Joanna, le lézard de McLeach) et quelques sursauts orchestraux plutôt sinistres, Broughton nous fait admirablement bien ressentir la menace qui pèse sur le jeune Cody et son ami l'aigle 'Marahute'. En variant les ambiances, Broughton arrive à obtenir une petite BO pleine d'émotion, puisqu'après un passage sombre et un passage plus léger, le compositeur arrive à nous glisser un bref passage romantique dans 'Bernard Almost Proposes' lorsque Bernard est sur le point de demander Bianca en mariage (bref passage avec le thème romantique de Bernard et Bianca avec piano et flûte) avant qu'un sursaut orchestral ne vienne rompre le charme de la scène (Jack monte sur le dos d'un immense serpent qu'il va utiliser pour se déplacer). A noter que le morceau finit sur une petite reprise plus énergique de ce thème romantique. (les héros partent à la recherche du jeune Cody) 'Frank's Out' est un autre passage de mickeymousing délirant alors que Frank arrive à sortir de la prison avant de se retrouvé confronté à Joanna. On trouvera même un petit passage plus de style chevauchée héroïque de western, une petite touche d'humour du compositeur pour la scène où Frank monte sur le dos de Joanna comme s'il montait sur le dos d'un cheval. A noter ici l'énergie que le compositeur déploie pour donner du rythme à cette scène agitée (avec des orchestrations toujours très inventives).

On entre dans la dernière partie du film avec 'Cody Finds The Egg' (comme d'habitude, il manque plusieurs morceaux, et en particulier tous les passages rythmiques liés à l'énorme machine de McLeach), qui commence de manière plutôt tendre avec une belle reprise lente aux vents du superbe thème de l'aigle alors que Cody va cherche les oeufs au moment où McLeach lui tend un piège. L'histoire sur conclura sur 'Bernard The Hero', dernier grand morceau d'aventure très rythmé. Le morceau permet à Broughton de développer une dernière fois le thème héroïque lié ici aux exploits de Bernard avant que le morceau finisse de manière triomphante avec une superbe reprise finale du thème de l'aigle qui prend alors son envol, libéré de sa cage. Broughton réutilise une dernière fois le thème romantique pour la déclaration finale de Bernard et Bianca. Bref, le happy-end magique comme on pouvait s'y attendre déjà bien à l'avance. Le 'End Credits' récapitule les différentes idées du score en reprenant les percussions du 'Main Title', le thème héroïque, le thème de l'aigle et le thème romantique pour une conclusion remarquable de ce score incontournable de Bruce Broughton. Saluons au passage la réédition de Walt Disney Records qui nous permet finalement de redécouvrir cet excellent petit score (on aurait néanmoins apprécié entendre plus de nouveaux morceaux sur ce nouvel album). Une petite réussite d'un compositeur visiblement inspiré par le sujet!


---Quentin Billard