1-Seduced 2.40*
2-A Warm Beginning 3.22
3-Burning Amongst
The Gravestones 1.23
4-Dark Tabernacle 2.31
5-One Step Away
From A Dream 1.11
6-The Tip Of The Iceberg 1.03
7-A Frozen Moment 0.57
8-The Major Could Help 1.39
9-Polly Wooly Doodle 2.18*
10-Don't Buy The Nightmare 1.53
11-The Ice Is Cracking Up 1.03
12-Two Moments Alone 1.21
13-A Question Of Elocution 0.45
14-The Question Is Re-Asked 0.52
15-Everything Is Possible 1.43
16-No High Like
A True Confession 3.45
17-Time Bomb On
A Motorcycle 1.13
18-On Top Of The Mountain 1.13
19-A Hot Time In The
Old Town Tonight 2.44*
20-A Final Summation 3.10
21-Sympathy &
Acknowledgment 8.17

*Interprété par Leon Redbone
Produit par Beryl Handler

Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

Virgin Records
CDV 2619

Album produit par:
Mark Isham
Producteur exécutif de l'album:
Ray Williams
Superviseur de la musique:
Ray Williams
Musique additionnelle de:
Leon Redbone
"Seduced"
Ecrit par:
Gary Tigerman

Artwork and pictures (c) 1990 Orion Pictures Corporation. All rights reserved.

Note: ***
EVERYBODY WINS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
Avec 'Everybody Wins' (Chacun sa chance), le réalisateur Karel Reisz prend le parti pris de tourner un thriller en évitant la violence habituelle et les clichés sanguinolents propre à ce style de production. Ici, c'est le scénario qui est clairement mis en valeur entre intrigue, trouble, suspense et rebondissements multiples. Nick Nolte interprète le détective privé Tom O'Toole qui, à la demande d'une certaine Angela Crispini (Debra Winger) décide de mener une enquête sur la mort d'un certain docteur Daniels, Angela étant persuadé que son cousin Felix Daniels (Frank Military) accusé du meurtre de son oncle est en réalité innocent. Tom va très vite tomber amoureux d'Angela et plus son enquête va avancer, plus l'histoire va se compliquer et devenir confuse. Tom ne va pas tarder à comprendre qu'Angela lui cache des choses et qu'elle ne lui dit pas toute la vérité. En partant sur la trace d'un mystérieux Jerry (Will Patton), Tom va découvrir que beaucoup de personnes sont mouillées dans cette affaire et qu'une bonne partie de la police de la ville et certains avocats du tribunal sont corrompus (le titre du film est d'ailleurs très ironique à ce sujet - voyez la fin, vous comprendrez!). Tom comprendra finalement qu'Angela est une femme torturée, une ancienne prostituée hantée par son passé avec de sérieux troubles de la personnalité. Un grand bravo à l'actrice Debra Winger qui campe son personnage d'Angela Crispini avec brio. L'histoire est suffisamment captivante pour nous maintenir en haleine durant les deux heures du film, le film se dégustant comme un véritable petit roman policier avec son lot de mystère, d'intrigue et de rebondissements. Rien d'extraordinaire ici, mais un bon petit polar qui nous change un peu des thrillers sanguinaires habituels.

En 1990, Mark Isham n'est pas encore spécialement connu, et même si aujourd'hui encore il a du mal à se faire accepter comme un véritable grand compositeur du cinéma Hollywoodien, cela n'empêche qu'à cette époque ci il était encore un parfait inconnu pour les béophiles, et ce malgré le succès relatif de sa partition électronique pour 'The Hitcher' de Robert Harmon. Le score de 'Everybody Wins' ne fera sûrement rien pour contribuer à rendre Mark Isham plus connu. Malgré tout, on ne peut s'empêcher de constater une fois encore à quel point la musique du compositeur (aussi modeste soit elle) est en parfaite adéquation avec les images du film. Ecrit pour orchestre avec une grande part de synthétiseurs, le score de 'Everybody Wins' retranscrit à merveille le côté mystérieux de l'histoire sans omettre l'aspect plus sombre de l'histoire. A noter que le chanteur/guitariste Leon Redbone a écrit la musique additionnelle du film sous forme de chansons entendues par ci par là dans le film (rien de bien fameux malgré le côté assez sympathique de ces petites chansons folk/blues un brin rétro sur les bords). 'A Warm Beginning' permet au compositeur de démarrer l'histoire en douceur. Nous ne sommes encore qu'au début du film et comme le titre du morceau l'indique, c'est un début bien chaleureux pour une aussi sombre histoire, le morceau décrivant la relation amoureuse qui s'installe progressivement entre Tom et Angela. Pour ce faire, Isham utilise tout simplement quelques cordes chaleureuses et harmonieuses (on pense parfois au style que l'on retrouvera plus tard dans le score de 'Nell').

En revanche, 'Burning Amongst The Gravestones' est nettement plus inquiétant. Après avoir installé un tapis de cordes sombres, Isham utilise un petit motif rythmique de synthé, le compositeur utilisant ici son matériau électronique pour créer une ambiance intriguante dans sa musique. Tom vient de se rendre au garage de Jerry et découvre que des bouts d'os ont été brûlés près du garage. Le mystère est total, le trouble s'accentuant encore plus alors qu'Angela commence à avoir un comportement de plus en plus étrange (à noter ce bref élan de cordes plus dissonant, plus dans l'esprit d'une musique de thriller habituelle). 'Dark Tabernacle' est un autre passage atmosphérique où le compositeur réutilise son motif rythmique de synthé (motif très intriguant) qui sera très vite rejoint par une mystérieuse trompette qui donnera une couleur particulière au morceau. Le morceau suit l'enquête de Tom en évoquant le trouble qui entoure toute cette affaire, le détective suivant quelques traces intéressantes entre les dires d'Angela et les révélations de Jerry. A noter ici l'importance des textures électroniques plus glauques et qui servent à retranscrire tout le mystère de l'intrigue, 'Dark Tabernacle' étant de loin l'un des plus sinistres morceaux du score (l'utilisation de la trompette est vraiment très intéressante ici).

A partir de ce morceau, Isham va développer de plus en plus le côté sombre voire dissonant de sa musique sans jamais vraiment tomber dans la terreur pure et dure. On retrouve le thème de cordes chaleureux de 'A Warm Beginning' dans 'One Step Away from a Dream' décrivant une fois encore la relation agitée entre Tom et Angela, une femme torturée qui cache de bien sombres secrets en elle. A noter ces cordes torturées entendues dans 'The Major Could Help' décrivant une scène entre Jerry et Tom où le compositeur reprend l'atmosphère électronique sinistre de 'Dark Tabernacle', Isham ayant parfaitement réussi à évoquer dans sa musique le côté à la fois inquiétant et étrange du personnage de Jerry qui, à l'instar d'Angela, semble cacher en lui quelques sombres secrets qu'il va très vite être disposé à partager avec Tom. La trompette revient dans 'The Ice is Craking Up', une trompette faussement sensuelle, faussement jazzy qui semble une fois encore évoquer le trouble lié à Angela. A noter cette écriture de cordes toujours très mystérieuses et torturée dans des pièces telles que 'Two Moments Alone' ou 'A Question of Elocution'. Tout est fait pour que la musique nous fasse ressentir le trouble et le malaise lié à la personnalité torturée d'Angela et à l'enquête de Tom qui avance très difficilement.

On retrouve une fois encore l'ambiance sinistre de 'Dark Tabernacles' avec ces textures électroniques inquiétantes dans 'No High Like A True Confession'. Le morceau s'attache aussi à évoquer le personnage de Jerry et des secrets qu'il est maintenant près à partager avec Tom mais en réclamant la compagnie d'Angela qui va alors refuser l'entrevue. La musique est entendue dans une autre scène se déroulant dans l'église en construction de Jerry (avec cette statue religieuse mystérieuse). On retrouve aussi cette trompette mystérieuse qui semble être la touche 'polar' idéale pour le score (un vieux cliché qu'Isham semble avoir parfaitement assimilé dans sa musique - on pense par exemple à une musique de polar genre 'Chinatown' de Goldsmith). Dans 'Time Bomb On A Motorcycle', Jerry a pris sa décision: il est maintenant prêt à se confesser auprès du juge pour que Felix soit finalement libéré. Le morceau prend un certain élan, un rythme orchestral avec des cordes torturées et la trompette, la pièce faisant alors monter la tension pour la séquence de la moto au sein d'une très astucieuse écriture orchestrale jouant sur des intervalles très accidentés retranscrivant à merveille le côté troublant de la scène. Finalement, l'histoire va se conclure sur un 'A Final Summation' libérateur, le morceau exprimant une sorte de sensation de soulagement, un repos bien mérité pour Tom O'Toole. Isham réutilise le thème de cordes de 'A Warm Beginning' avec néanmoins une petite 'réserve' vers le milieu du morceau nous faisant clairement comprendre que le détective ne pourra aller jusqu'au bout de ses désirs de justice.

Petite BO pleine de mystère et de trouble, 'Everybody Wins' ne restera sûrement pas dans les annales de la musique de thriller. Néanmoins et malgré le côté parfois quelconque de la musique d'Isham, 'Everybody Wins' possède quelques sérieux atouts comme par exemple une atmosphère électronique sinistre et très réussie ou une écriture de cordes de qualité, sans oublier l'apport immense de la trompette 'polar'. Un score très mystérieux, sombre, lent, parfois torturé, à réserver de préférence aux fans purs et durs de Mark Isham.


---Quentin Billard