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1-Opening Titles 4.20
2-Coma 4.24 3-Hospital Visit 1.09 4-1st Vision-2nd Sight 1.33 5-Lost Love 1.23 6-Drowning Vision- Through The Ice 2.46 7-School Days 2.14 8-In The Snow-Hope 2.22 9-Alone 3.57 10-Political Death 2.27 11-Rally-Meet Your Local Candidate 3.52 12-Realisation-Destiny 2.15 13-Death Of A Visionary 2.12 14-Civic Duty & Sacrifice 1.48 15-The Dead Zone 2.39 16-Coda To A Coma- The Balcony 2.25 Musique composée par: Michael Kamen Editeur: Milan Records 73138 35694-2 Produit par: Michael Kamen Musique préparée par: Vic Fraser Supervision et production de l'album: David Franco Producteurs exécutifs de Milan: Emmanuel Chamboredon, Toby Pieniek Artwork and pictures (c) 1983 Paramount Pictures/1994 Milan Entertainment, Inc. All rights reserved. Note: *** |
THE DEAD ZONE
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Michael Kamen
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Que feriez-vous si vous aviez le pouvoir de voir le passé et l'avenir des gens que vous rencontrez, et surtout, que feriez-vous si vous aviez le pouvoir de changer l'avenir? C'est la question que pose ce film un peu à part dans l'oeuvre cinématographique de David Cronenberg, inspiré ici d'une nouvelle de Stephen King. 'The Dead Zone' raconte l'histoire incroyable de Johnny Smith, un professeur de littérature qui, après être ressorti indemne d'un profond coma de plus de 5 ans, se retrouve en possession d'un mystérieux pouvoir psychique dont il ignore tout de l'origine: lorsqu'il prend la main de quelqu'un, il lui arrive de voir en flash un bout du passé ou de l'avenir de cette personne ou d'une personne qui lui est proche. A son réveil, Smith voit sa vie complètement bouleversée : la femme qu'il aimait s'est remarié et son comportement psychique n'est plus le même. Comme si cela ne suffisait pas, il doit en plus suivre des séances de rééducation physique pour apprendre à remarcher, l'homme ayant échappé de justesse à un handicap physique irréversible. Au fur et à mesure qu'il va 'exploiter' ses nouveaux pouvoirs, Smith va comprendre que s'il peut voir l'avenir des gens, il peut intervenir sur cet avenir et le modifier. Après avoir aidé le shérif Bannerman (Tom Skerritt) a résoudre une enquête difficile et après avoir sauvé la vie d'un enfant en lui prédisant un grave accident, Smith va se retrouver malgré lui en contact avec Greg Stillson (Martin Sheen), un homme politique qui se présente à ce moment là aux élections présidentielles. Après lui avoir serré la main involontairement, Smith a eu une vision terrifiante: devenu président, Stillson provoquera un terrible conflit nucléaire qui détruira le monde. Johnny n'a plus qu'une seule solution: s'il veut éviter cela, il doit changer le cours des choses et tuer Stillson. C'est ainsi qu'il résume sa pensée sous une interrogation simple mais directe adressée à son médecin, le Dr. Sam Weizak: 'si vous aviez la possibilité de revenir dans le passé, iriez-vous tuer Hitler en Allemagne en sachant qu'il provoquera la seconde guerre mondiale, et ce même si vous risquez de mourir à coup sûr?'. Evidemment, un tel pouvoir laisse rêveur mais on finit alors par se demander s'il serait réellement souhaitable pour un homme de posséder un tel pouvoir? Comment un individu seul peut gérer une telle chose? Comment prétendre s'en servir à bon escient? Si l'on pousse la réflexion plus loin, qu'est ce qui empêcherait cet homme de faire le mal par un tel pouvoir et de briser l'avenir d'honnêtes gens? 'The Dead Zone' est en fin de compte un excellent thriller dramatique pour un film de Cronenberg finalement assez différent de son style habituel, loin de ses 'pulsions' gores, sanguinaires, hallucinées ou sexuelles.
Si Cronenberg travaille d'habitude avec le compositeur Howard Shore, c'est Michael Kamen qui a été choisi cette fois ci (la même année, Shore signait la sinistre musique électronique de 'Videodrome' de Cronenberg), Kamen nous livrant ici un score à la fois dramatique, envoûtant, sombre et mystérieux. En 1983, Kamen en était encore au début de sa carrière. Certes, il avait déjà signé la musique de 'The Next Man', son premier long métrage en 1976 avant de composer pour quelques films méconnus à la fin des années 70. 'The Dead Zone' est incontestablement LA première grande BO Hollywoodienne de Kamen, celle qui sortait alors du lot et commençait déjà à annoncer le grand Kamen des années 80/90 avec une écriture orchestrale toujours très dense et soignée et un style mélodique facilement reconnaissable. Le score de 'The Dead Zone' se concentre autour de deux motifs qui seront omniprésents tout au long du film. Le film s'ouvre donc avec l'Opening Titles qui annonce déjà la thématique du score: un premier motif de 6 notes (entendu avec une clarinette et des cordes) assez mystérieux évoquant plutôt le côté sombre du film et un second motif plus mélodique entendu avec une excellente combinaison cordes graves/basson avec des cordes toujours aussi sombres et des orchestrations plus amples et denses (à noter ce petit arpège d'accompagnement plus rythmique confié à une harpe avec quelques cordes). Kamen met très vite en place les différentes textures orchestrales qui feront tout l'intérêt de sa partition reposant sur une écriture symphonique remarquable pour un jeune compositeur qui débutait alors (il n'a que 35 ans à l'époque). La musique de 'Dead Zone' est à la fois sombre et mélancolique, Kamen ayant parfaitement retranscrit le côté tragique de l'histoire de Johnny Smith et de son amour perdu que l'on retrouve parfaitement dans une pièce comme 'Coma' ou 'Lost Love', et ce grâce au thème plus mélancolique lui aussi très présent tout au long du film. C'est '1st Vision/2nd Sight' qui fait intervenir le côté plus terrifiant de la musique de Kamen (comme dans 'Drowning Vision-Through The Ice' lorsque Smith voit l'enfant se noyer sous la glace), un élément qui apparaît nettement lors des scènes de vision qui apparaissent subitement de manière brutale. Afin de retranscrire l'apparition brutale et inattendue de ces étranges visions, Kamen utilise des sursauts de cordes souvent aiguës et stridents (renforcé par d'autres effets de cordes plutôt sinistres dans une écriture atonale remarquable), un élément troublant qui provoque sursaut et terreur (on retrouve aussi ce passage dans la scène où le tueur se suicide avec une paire de ciseau: Kamen utilise alors brièvement des cordes sinistres incroyablement stridentes pour cette scène); dans une anecdote racontée à l'intérieur du livret de l'album, Kamen parle du fait qu'à l'époque où il composait cette partie de sa musique sur son piano, il avait terrorisé ses voisins avec cette sombre musique. ..bien sûr, c'est un peu exagéré étant donné que ce n'est qu'une petite partie du score de 'The Dead Zone', néanmoins, je pense que ces propos non teintés d'humour permettent mieux de cerner l'une des caractéristiques du score de Kamen: les sursauts de terreur à la fois étrange et inquiétants, des sursauts finalement peu nombreux puisqu'ils n'interviennent que lors des scènes de vision. Certains ont très vite fait le rapprochement avec le style psychologique de Bernard Herrmann, et effectivement, l'influence de Herrmann est incontestable ici sans être écrasante: Kamen arrive parfaitement à véhiculer son style d'écriture et sa manière de composer des thèmes avec des orchestrations de qualité, un atout majeur pour bon nombre de ses partitions. (on retrouvera ce style orchestral sombre dans un score tel que 'Shining Through') C'est le thème de 6 notes qui sera le plus présent tout au long du score, ce thème venant rappeler sans cesse le côté à la fois mystérieux et inquiétant des pouvoirs psychiques de Smith. Kamen nous proposera de nombreuses variantes orchestrales autour de ce thème qui s'adapte facilement au différent morceau, Kamen n'hésitant pas à retranscrire la gravité de certains moments avec des cordes toujours très sombres et parfois dramatiques ou mélancoliques, l'aspect atonal et terrifiant étant finalement assez restreint par rapport au reste de la partition, plus mystérieux et sombre que réellement terrifiant. Le compositeur installe une atmosphère tout au long du film, et c'est avec une maestria rare qu'il arrive à jongler avec ses deux motifs pour évoquer soit le côté tragique de l'histoire de Smith, soit le côté plus sombre et mystérieux de l'intrigue du film. La dernière partie du film permet à Kamen de nous faire ressentir la fatalité de l'issue tragique de Smith tout en faisant monter la tension de manière inexorable pour la scène finale, concluant la partition sur une apogée de la tension et du drame. Moins connue que certaines partitions plus récentes du compositeur, 'The Dead Zone' n'en reste pas moins un premier bel effort qui, grâce à l'édition de Milan Records nous permet finalement de redécouvrir ce Kamen méconnu, preuve du talent du compositeur lorsqu'il s'agit d'élaborer une musique orchestrale sombre et atmosphérique, en parfaite adéquation avec le film. Ne vous attendez pas à quelque chose d'inoubliable avec 'The Dead Zone'. Ce score n'est certainement pas un chef d'oeuvre du compositeur, mais il serait tout de même assez injuste de le mettre de côté tant le compositeur a mis du coeur dans son premier grand ouvrage pour le cinéma. Les fans de Kamen ne pourront de toute évidence qu'apprécier ce score sombre, mélancolique et atmosphérique. Les autres devraient apprécier ce premier effort d'un compositeur particulièrement à l'aise avec son matériau orchestral. ---Quentin Billard |