1-Catch Me If You Can 2.41
2-The Float 4.58
3-Come Fly With Me 3.19*
4-Recollections
(Father's Theme) 5.16
5-The Airport Scene 2.26
6-The Girl From Ipanema 5.15**
7-Learning The Ropes 8.44
8-Father and Son 3.15
9-Embraceable You 2.50***
10-The Flash Comics Clue 1.47
11-Deadheading 2.25
12-The Christmas Song 3.10+
13-A Broken Home 4.25
14-Doctor, Lawyer, Lutheran 3.12
15-The Look Of Love 3.31++
16-Catch Me If You Can
(Reprise) 5.14

*Interprété par Frank Sinatra
**Interprété par Stan Getz
et Joao Gilberto avec
Antonio Carlos Jobim
***Interprété par Judy Garland
+Interprété par Nat King Cole
++Interprété par Dusty Springfield

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Dreamworks Records
0044504102

Album produit par:
John Williams
Musique montée par:
Ken Wannberg
Directeur en charge de
la musique:
Todd Homme

Artwork and pictures (c) 2002 Dreamworks L.L.C. All rights reserved.

Note: ***
CATCH ME IF YOU CAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Décidément, Steven Spielberg est un réalisateur infatigable. A peine sorti d'un 'Minority Report' sympa sans plus, le voilà reparti vers un registre de comédie plus légère. Pour 'Catch Me If You Can' (Arrête-moi si tu peux), Spielberg s'est inspiré de l'histoire vraie et incroyable de Frank Abagnale Jr., un jeune arnaqueur de 16 ans qui décide de survivre par ses propres moyens en s'inventant de nouvelles identités, de nouvelles professions et en encaissant des chèques frauduleux à travers plus d'une vingtaines de pays du monde entier (l'histoire se passe dans les années 60). D'abord 'transformé' en professeur le temps d'une journée, Abagnale se fera ensuite passer pour un pilote de ligne de la Pan Am, un médecin et un avocat. Grâce à ses faux chèques qu'il fabriquait lui même dans une presse pirate en France (sa mère est française, originaire de Montrichard), Abagnale a accumulé un butin de plus de 2,5 millions de dollars, ce qui n'est pas rien, vous en conviendrez. Une question nous vient alors à l'esprit: comment ce jeune homme talentueux a t'il pu berner autant de monde partout où il allait? Tout simplement avec son incroyable force de conviction et son génie de manipulateur. Totalement maître de lui même, Abagnale arrivait à berner tout le monde. Mais c'était sans compter sur l'intervention de Carl Hanratty (Tom Hanks), un flic du FBI tenace et obstiné. En 1969, Hanratty et la police française mette la main sur Abagnale alors que ce dernier se trouvait à Montrichard en train de fabriquer ses chèques bidons. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Abagnale sortira de prison plus tôt que prévu en étant engagé par le FBI pour aider les inspecteurs à résoudre des cas de chèques frauduleux. Quelques années plus tard, cet astucieux individu mettra même au point un système de chèque sécurisé et fondera une entreprise spécialisée dans la prévention des crimes de nature commerciale ou industrielle. DiCaprio nous prouve une fois de plus à quel point il est un grand acteur, de même que Tom Hanks campe un flic obstiné véritable pastiche vivante de l'agent lambda du FBI. A noter que c'est Nathalie Baye qui interprète Paula Abagnale, la mère de Frank d'origine française (il était donc logique que Spielberg choisisse une actrice française pour interpréter son rôle). Dans le rôle du père, c'est Christopher Walken qui change un peu de registre pour une fois, l'acteur s'étant essentiellement spécialisé dans les rôles de tueur, de psychopathe ou d'individu dangereux en tout genre.

Le film est certes un peu long puisqu'il avoisine les 140 minutes (soit près de 2 heures 20) mais vous pouvez être sur que l'on ne s'ennuie pas une seule seconde. Il y'a longtemps que Spielberg n'a plus rien à prouver avec près de trois décennies passées au service du cinéma hollywoodien, mais avec 'Catch Me If You Can', il nous montre comment éviter de tomber dans le piège du conte anecdotique en transformant le récit des périples d'Abagnale en aventure légère et passionnante en plein dans la folie sixties américaine. Pour bien comprendre l'histoire, il est important de la resituer dans son contexte: si Frank a pu berner autant de monde, c'est en partie grâce à l'état d'esprit des gens de l'époque: si vous portiez un beau costume ou si vous montriez quelques chèques ou une bonne tenue, on vous écoutait automatiquement sans se poser de questions. Il y'avait une certaine naïveté à l'époque, une naïveté que le réalisateur s'est superbement amusé à retranscrire tout au long du film. Heureusement, la police veille au grain et l'escroc finira par être démasqué et arrêté. Mais plus son histoire avance, plus sa situation commence à changer. En tombant amoureux d'une jeune fille, Brenda Strong (Amy Adams), Frank va commencer à comprendre que ce qu'il fait ne peut plus durer et que cela ne le mènera nulle part. Tôt ou tard, il sait qu'il devra arrêter sa supercherie et avouer la vérité à sa fiancée, Abagnale projetant alors de se marier avec Brenda. Mais Hanratty est sur ses trousses et l'étau se resserre de plus en plus. C'est la désillusion pour Frank lorsque ce dernier apprend la mort de son père pour qui il avait une profonde estime. Abagnale devra affronter un deuxième coup dur lorsqu'il découvrira que sa mère s'est remarié avec un autre homme après avoir divorcé (principale cause de sa fuite hors du domicile de ses parents - à 16 ans, ce n'est pas rien quand même!). C'est dans ce moment là que DiCaprio se montre poignant, comme dans la scène où il observe les deux parents de Brenda, serré tendrement l'un contre l'autre en train de nettoyer la vaisselle. Frank pense à la famille qu'il n'a pas eu la chance d'avoir, au bonheur de vivre dans une famille unie et posée. Inévitablement, Abagnale sait qu'il devra arrêter un jour sa supercherie quitte à se rendre s'il le faut. Entre lui et Hanratty se créera une certaine amitié. Le flic a beau être un type tête et obstiné qui ne lâche pas prise aussi facilement, il sait très bien que l'individu qu'il poursuit n'est qu'un gosse et qu'il est en train de foutre en l'air une bonne partie de sa vie avec ses supercheries. Carl sait que si Frank se fait attraper, il passera une bonne partie de son adolescence en prison étant donné la gravité de ses escroqueries. Quelque part, le flic s'inquiète pour ce gamin. Aujourd'hui, Carl et Frank sont toujours amis mais il est amusant de penser que 40 ans auparavant, Carl lui courrait après à travers une bonne partie de la planète. On sent clairement que Spielberg et son équipe se sont bien amusé sur ce film, chacun apportant sa contribution à cette histoire somme toute assez incroyable. En conclusion, 'Catch Me If You Can' est finalement un petit film drôle et intime qui surprendra tout ceux qui pensaient que Spielberg ne savait faire que des grosses productions pleines d'effets spéciaux. Une petite surprise étonnante (le générique de début très kitsch est un pur régal!) qui marque l'envie du réalisateur d'aller vers des projets plus originaux ou plus audacieux.

Evidemment, qui dit Spielberg dit inévitablement John Williams. Le fidèle complice de Spielberg marque ici sa 19ème collaboration avec le réalisateur, collaboration qui naquit en 1974 avec le méconnu 'Sugarland Express', l'un des premiers grands films de Spielberg après que ce dernier ait réalisé quelques courts métrages et autres téléfilms à petits budgets ('Duel' fait déjà partie de ses classiques - 1971). 'Catch Me If You Can' a permit à Williams de sortir un peu de son style symphonique habituel pour écrire un score plus léger reposant sur trois thèmes essentiels, un thème léger, amusant et vaguement mystérieux pour Carl Hanratty, un thème plus naïf et innocent pour Frank Abagnale et un thème plus mélancolique au saxophone. Cette dualité entre le thème espiègle de Hanratty et la mélodie plus légère de Abagnale évoque très clairement cette idée du jeu du chat et de la souris (ou du 'gendarme et du voleur'), Williams s'étant amusé ici à écrire un score aux sonorités plus jazzy (l'histoire se passe dans les années 60 aux Etats-Unis), faisant appel au saxophone de Dan Higgins. Le 'Main Title' du film s'ouvre au son du mystérieux thème léger et espiègle de Hanratty. La seconde partie du morceau (avec des orchestrations légères et furtives) part dans un style très jazzy avec le sax et une partie de walking-bass typique du jazz. Cela faisait longtemps que le compositeur n'avait pas abordé ce registre dans sa musique. Ses musiques jazzy remontent essentiellement aux années 60/70, bien avant que le compositeur ne rentre dans l'univers épique et symphonique de 'Star Wars', 'Superman' ou 'Indiana Jones'. (devons-nous rappeler que le compositeur fut pianiste de jazz dans sa jeunesse?) D'une manière générale, l'orchestre est nettement plus restreint ici que dans la plupart des grosses partitions orchestrales que Williams écrit habituellement pour les films de Spielberg. Le compositeur a parfaitement cerné le côté drôle et léger du film, le Main Title ('Catch Me If You Can') étant là pour nous le prouver avec panache et énergie. Cette ouverture risque fort de surprendre tout ceux qui commençaient à se lasser des dernières partitions orchestrales du compositeur que l'on critique de plus en plus pour son manque d'originalité et sa tendance à utiliser de manière quasi systématique les mêmes formules. Le thème de Hanratty est combiné avec un amusant duo saxophone/vibraphone auquel vont très vite se rejoindre des cordes et quelques vents furtifs, sans oublier les quelques claquements de main des musiciens pour donner un côté encore plus 'cool' à ce petit morceau aux accents jazzy.

'The 'Float' nous permet alors d'entendre le thème de Frank, le morceau étant entendu dans le générique de fin du film. Après un petit passage de sax avec walking bass jazzy, Williams nous fait entendre ce petit thème innocent avec ce petit côté innocent à la 'Home Alone' avec ses habituels mélange vibraphone/piano avec harpes et quelques vents sautillants et un piano toujours très furtif, 'The Float' étant sans aucun doute l'un des morceaux phare du score. Le troisième thème intervient dans 'Recollections (The Father's Theme)', thème de saxophone plus mélancolique exprimant le côté un peu plus dramatique de l'histoire, puisqu'à l'origine, Frank met une partie de son 'butin' de côté afin d'aider son père à s'en sortir financièrement puisque ce dernier est harcelé par le FISC. A partir de là, les trois thèmes seront répétés sous diverses variations tout au long du film (et du score), constituant plus de 90% du score du film. Le thème de Frank évoque l'espoir d'un avenir meilleur pour le jeune garçon qui à 16 ans décide de subvenir lui même à ses besoins en devenant un escroc hors pair. Williams a parfaitement retranscrit tout le charme et l'innocence du personnage. On retrouve le thème mélancolique dans 'Father & Son' dans une scène où Frank retrouve son père dans un café, Williams faisant de nouveau intervenir le sax avec un piano plus intime. Dans 'The Flash Comics Cue', on retrouve une fois encore cette idée du jeu du chat et de la souris puisque le thème de Hanratty et de Abagnale s'alternent de manière très furtive pour évoquer la poursuite entre les deux protagonistes. (ici, le morceau intervient dans la scène où Hanratty découvre qu'un des nombreux faux noms de Frank provient d'un comics - il en déduit ainsi que le mystérieux escroc n'est autre qu'un gamin) 'A Broken Home' nous refait entendre le thème mélancolique de sax pour évoquer la séparation avec sa famille (son mère a divorcé et s'est remarié, son père a des ennuis avec le FISC et mourra finalement quelque temps après son arrestation - derrière le côté léger et drôle du film, il n'y a néanmoins un aspect plus dramatique et poignant dans cette histoire hors du commun). Dommage cependant que le morceau n'apporte rien de nouveau par rapport à 'Father & Son' où on pourra entendre une reprise tout à fait similaire de ce thème de sax. On a aussi quelques moments plus sombres et notamment dans 'The Airport Scene' alors que les flics viennent arrêter Frank à l'aéroport. On pourra entendre ici quelques cordes plus sombres et des orchestrations un peu plus menaçantes, mais rien de très marquant par rapport au reste de la partition.

Point d'envolées orchestrales ici ou de pièces d'action tonitruantes, 'Catch Me If You Can' est un petit score intime tout à fait calme, sympa sans plus. L'ensemble est assez original par rapport à ce que Williams a fait récemment, mais on ne pourra certainement pas considérer cette 19ème collaboration avec Spielberg comme la plus réussie ou la plus inspirée. Néanmoins, le score de 'Catch Me If You Can' n'en reste pas moins très attachant, modeste, sympa et par moment plus sombre ou mélancolique, un petit score plus intime où l'on sent très bien que le compositeur a pris un certain plaisir à renouer avec un style jazzy plus typique de sa période années 60/70. On pourra regretter le côté un peu simpliste et quelconque du thème de Frank, un thème qui finalement intervient de manière un peu trop monotone tout au long du film, sans véritable variation particulière. A la limite, je dirais que le thème le plus intéressant reste celui de Hanratty entendu dans 'Catch Me If You Can', le Main Title du score, probablement LE morceau du score avec 'The Float' qui résume quand à lui toutes les idées de la partition de Williams. Avis aux fans du compositeur, c'est un Williams un peu différent que vous pourrez entendre sur ce nouveau Spielberg, le compositeur ayant sauté sur l'occasion de nous dévoiler une autre facette mois connue de son talent de compositeur/musicien. Pas de cuivres héroïques ou triomphants, pas de grandes envolées symphoniques épiques, juste un petit score intime avec trois thèmes qui résument parfaitement l'esprit du film. Un score anecdotique dans la carrière de Williams mais sans aucun doute une petite surprise pour tout ceux qui se lassent de ses grosses partitions symphoniques habituelles.


---Quentin Billard