1-Lost In The Fog 2.59
2-Carl's Fishing Net 2.52
3-Moran Finds The Boat 1.12
4-Hatsue & Ishmael Kiss 1.42
5-Kendo 0.51
6-Driftwood Hideaway 1.49
7-The Strawberry Field 3.54
8-The Worst Kind Of News 1.07
9-Seven Acres 1.53
10-The German Soldier 3.13
11-Snowstorm 1.53
12-Coast Guard Report 1.12
13-Typeset 1.39
14-The Evacuation 6.34
15-Courtroom Montage 1.34
16-Susan Marie Remembers 1.36
17-The Defense 1.46
18-Snow Drive 1.29
19-Typing 1.41
20-Tarawa 4.09
21-The Battery 0.46
22-Carl & Kazuo Negotiate 1.44
23-Humanity Goes On Trial 4.47
24-New Evidence 1.23
25-Snow Angels 2.30
26-Can I Hold You Now? 4.47
27-End Titles 6.14

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Decca Records
289 466 818-2

Produit par:
James Newton Howard,
Jim Weidman

Directeur en charge de la
musique pour Universal Pictures:
Harry Garfield
Directeur du soundtrack pour
Universal Classics Group:
Nancy Zannini
Score électronique
produit par:
J.T.Hill
Monteurs de la musique:
Jim Weidman, David Olson
Coordinateur du soundtrack:
Randy Dry,
Trevon Kezios,
Kristen Turner

Artwork and pictures (c) 1999 Universal Studios/The Decca Record Company Limited. All rights reserved.

Note: ****
SNOW FALLING ON CEDARS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Drame poignant et intense, 'Snow Falling On Cedars' (La neige tombait sur les cèdres) est la dernière grande réussite du réalisateur Scott Hicks qui s'était surtout fait connaître grâce à 'Shine' (1996), sorte de biographie romancée sur la vie du pianiste David Helfgott. Pour 'Snow Falling On Cedars', Hicks s'inspire cette fois ci d'un roman de David Guterson pour nous livrer là un drame émouvant, l'histoire d'un homme qui ne peut oublier son seul et premier amour: un amour de jeunesse. L'histoire se passe en 1950 sur île près du Pacifique Nord. Ishmael Chambers (Ethan Hawke) est le fils de Arthur Chambers (Sam Shepard), fameux journaliste local qui couvrait les sujets les plus brûlants sur les japonais durant l'attaque japonaise de Pearl Harbor (et ce qui lui valut de se faire quelques ennemis dans les environs tout en s'attirant la sympathie des habitants japonais du coin). Tout commence pour Ishmael le jour où un pêcheur américain est retrouvé mort dans la mer. Une brève expertise conclura très vite que le pêcheur a été assassiné et c'est son ami Kazuo Miyamoto (Rick Yune) qui est suspecté de ce meurtre. Commence alors un long procès difficile et mouvementé où chacun va tenter de défendre coûte que coûte son opinion sur le sujet. La nouvelle femme de Kazuo n'est autre que Hatsue (Youki Kudoh), celle qu'Ishmael aima follement lorsqu'ils étaient enfants. Mais il faut croire que les plus belles et les plus grandes histoires d'amour ont toujours une fin tragique puisqu'Hatsue décida un jour d'écrire une lettre à Ishmael pour lui annoncer qu'elle ne l'aimait plus et que tout était fini entre eux (réaction probablement du à sa déportation dans un camp de Manzanar après la guerre). Mais Ishmael ne pouvait se résoudre à l'oublier et fera tout pour pouvoir l'approcher à nouveau. Ce procès sera alors pour lui l'occasion de lui prouver une dernière fois sa sensibilité et sa grande générosité en enquêtant lui même sur cette mystérieuse affaire afin de découvrir la vérité et pouvoir innocenter Kazuo. Evidemment, tout au long du film, une seule question revient: est-il coupable ou innocent? Et dans ce cas précis, pourquoi reste t'il aussi silencieux? Peut être parce qu'il sait qu'étant donné qu'il est japonais, il fait un coupable tout désigné dans cette affaire difficile. Mélange subtil entre film de procès et drame à double face (un drame sur les préjugés raciaux anti-japonais en temps de guerre avec le Japon et un drame sur un amour perdu et impossible), 'Snow Falling On Cedars' est une bien belle surprise qui saura vous toucher profondément pour peu que vous soyez réceptif à ce style de film. A noter un montage fort audacieux qui passe entre des nombreuses séquences de flash-back et des effets de montage saccadés et parfois assez troublants. Construit sous la forme d'un roman, le film de Hicks met un point d'honneur à retranscrire tout l'aspect narratif du récit d'origine de Guterson avec quelques effets de style et de montage que certaines critiques ont très vite qualifié de 'maladroits' et 'lourdingues'. Pour peu que l'on soit capable de ressentir toute la puissance dramatique de ce récit poignant, ce genre de détail nous paraîtra très vite superflu. Voilà bien un film magnifique injustement passé inaperçu à sa sortie en salle et qui mérite d'être redécouvert et apprécié à sa juste valeur, pour une fois qu'un réalisateur nous brosse un drame original et loin du traditionnel académisme propre à ce genre de productions larmoyantes.

James Newton Howard nous prouve avec le magnifique score de 'Snow Falling On Cedars' qu'il a décidément l'étoffe d'un très grand compositeur. Le score de 'Snow Falling On Cedars' est de loin la plus belle BO que le compositeur ait pu écrire au cours de ces 10 dernières années. Plus poignant que 'The Man In The Moon', plus puissant que 'The Prince of Tides', 'Snow Falling On Cedars' réunit les meilleurs atouts du style d'un compositeur complètement inspiré par son sujet et qui nous livre là une partition riche et d'une puissance émotionnelle rare. Pas de grands élans de cordes romantiques à la 'The Prince of Tides' ici. 'Snow Falling On Cedars' joue à la fois sur la retenue pour mieux faire ressortir la puissance émotionnelle de la musique du compositeur. Howard utilise l'orchestre avec une superbe écriture de violoncelle soliste qui apporte une dimension dramatique essentielle dans sa musique. A noter aussi l'utilisation de la shakuhachi (flûte japonaise) pour souligner le contexte japonais de l'histoire renforcé par quelques petites percussions exotiques sans oublier l'apport immense de la part électronique et surtout d'un choeur au dimension parfois épique, tragique, funèbre et quasi religieuse. Après un 'Lost In The Fog' plutôt atmosphérique et mystérieux, 'Carl's Fishing Net' nous introduit après l'ouverture du film au premier grand thème de la partition, un thème de violoncelle plutôt sombre et mystérieux où le compositeur annonce la 'couleur' de sa musique. Ce superbe thème mélancolique semble flotter dans les airs soutenu par un 'bourdon' de cordes. Les percussions exotiques (principalement en bois avec quelques gongs ou des tambours qui résonnent de manière profonde et sombres) sont vite rejointes par la shakuhachi qui offre sa couleur asiatique au score d'Howard et décrit l'univers japonais du film (l'histoire se passe du côté du Pacifique Nord). 'Moran Finds The Boat' nous permet de retrouver le violoncelle soliste mélancolique dans une très belle écriture avec cordes quasi élégiaques et tout en retenu, alors que le shérif Moran raconte au procès ce dont il se souvient lorsqu'il découvrit le bateau de Carl, la victime. Le morceau apporte ici une certaine tristesse surprenante comme pour évoquer l'amertume du shérif apparemment profondément touché par cette mort - quelque part, la musique d'Howard est ici à résonance psychologique puisqu'elle reflète pendant quelques minutes les pensées intimes du personnage et non la situation à proprement parler puisqu'il ne s'agit qu'une d'une simple séquence de flash-back évoquant le début de l'enquête.

'Hatsue & Ishmael Kiss' est le premier grand morceau plus dramatique du score où le compositeur utilise discrètement les choeurs avec quelques percussions exotiques et des cordes plus amples, 'Hatsue & Ishmael Kiss' nous permettant aussi d'entendre le deuxième grand thème du score, reconnaissable par sa mélodie plutôt sombre de 7 ou 8 notes. Le morceau évoque aussi cette scène de baiser entre Ishmael et Hatsue au coeur du tronc d'un cèdre (leur lieu de rencontre privilégié), une scène filmée avec une poésie rare mais tout en évoquant le côté dramatique de cet amour impossible et qui sera incontestablement contrarié par la guerre et les effets du rejet des japonais et de leur culture (ils seront ensuite envoyés dans des camps comme si les américains voulaient se venger de ce qu'ils ont vécus au cours de la tristement célèbre attaque surprise de Pearl Harbor). On retrouve les sonorités asiatiques dans la scène du 'Kendo' avec quelques sonorités électroniques toujours employées avec justesse par Howard au sein de son orchestre, le morceau conservant toujours ce côté sombre, lent et assez grave. 'Driftwood Hideaway' est un autre passage intime et poétique pour une nouvelle scène dans le creux du tronc d'un cèdre entre Hatsue et Ishmael qui se remémore ses moments magiques qu'il passa en compagnie de cette fille. On retrouve une certaine tristesse dans le superbe 'The Strawberry Field' où le compositeur utilise un violon avec des cordes résignées et nostalgiques, un morceau quasi rêveur où Ishmael songe une fois de plus à son unique amour: Hatsue (qu'il aperçoit comme hypnotisé le jour du défilé d'une parade dans la rue), Howard utilisant ici un superbe thème de violon nostalgique et poignant pour symboliser cet amour rêveur et envoûtant.

Moran doit annoncer la mort de Carl à sa femme dans la séquence de 'The Worst Kinds Of News', Howard trouvant ici un excellent compromis entre sonorité électronique discrète et cordes plaintives toutes en retenues, le tout parcouru par un violoncelle toujours très gracieux, le violoncelle apportant sa couleur instrumentale incomparable pour renforcer la dimension dramatique de la musique d'Howard. Le temps passe et la neige commence à tomber sur la ville. 'Snowstorm' permet ainsi au compositeur de reprendre son thème de violoncelle mélancolique, toujours aussi vibrant et poignant de par sa simplicité et sa retenue exemplaire (et pourtant fort émouvante). A noter un morceau nettement plus sombre pour 'Coast Guard Report' lorsqu'Ishmael recherche un indice dans les rapports des gardes de côté le jour de la mort de Carl Heine. Pendant quelques instants, on retrouve ici le style plus sombre que le compositeur nous fait plutôt entendre dans des thrillers ou d'autres productions de ce genre mais sans tomber ici dans les clichés de la musique dissonante ou stridente, bien entendu. 'Typeset' est alors l'occasion pour le compositeur de reprendre son mystérieux thème dramatique de 7 notes renforcé ici par un choeur discret en arrière-plan avec les cordes (ce thème évoque à merveille tout le côté à la fois sombre et dramatique du film) et le climax émotionnel est probablement atteint au milieu du film dans le magnifique et incontournable 'The Evacuation', long morceau aux sonorités orchestrales et chorales quasi funèbre pour la scène où les japonais doivent quitter l'île en direction des camps. James Newton Howard évoque clairement ici la gravité de la situation et utilise une longue tenue grave de cordes plutôt résignées dans un passage où le choeur apporte ici une nouvelle dimension funèbre et quasi religieuse à cette scène, séquence clé où le réalisateur a privilégié au maximum la musique d'Howard en supprimant quasiment tout bruitage sur la scène. Simple et épuré, 'The Evacuation' nous fait ressentir une certaine amertume, une tristesse, une résignation renforcée par une chorale magnifique et sans aucun effets grandiloquents gratuits. Autant dire que 'The Evacuation' est la preuve irréfutable du talent du compositeur qui a parfaitement su retranscrire ici toute l'émotion de cette sombre dramatique sans tomber dans les clichés des élans symphoniques larmoyants. Les cordes se font plaintives ici avec une qualité d'écriture remarquable au niveau des cordes et de ces choeurs qui résonnent tels un requiem funèbre. (à noter ces tambours qui résonnent de manière grave comme s'ils annonçaient une exécution)

'Courtroom Montage' évoque quand à lui le déroulement du procès avec un ton toujours morose et sombre, Howard reprenant son thème dramatique de 7 notes. 'Susan Marie Remembers' est un autre grand moment dramatique du score où l'on trouve ici des cordes à la fois lyriques, torturées et poignantes lorsque Susan Marie se souvient de ses derniers instants intimes avec Carl (la musique apporte une certaine intensité dramatique dans la scène). A noter une nouvelle utilisation assez puissante du choeur dans 'Snow Drive' (la chorale est aussi là pour évoquer les horreurs de la guerre en plus de renforcer le côté tragique de la musique). A noter une superbe reprise du thème dramatique au choeur dans le puissant 'Tarawa' où la chorale résonne une fois de plus de manière quasi religieuse comme un requiem poignant illuminant les séquences dramatiques avec une certaine intensité remarquablement poignante. Plus terre à terre, 'The Battery' nous fait revenir au procès avec l'intrigue concernant le mystère de la batterie dans le bateau de Carl et Kazuo (on retrouve un côté plus mystérieux et sombre ici, un peu comme au début de 'Lost In The Fog'). Le violoncelle mélancolique refait son apparition lors du plaidoyer de Nels Gudmundsson (Max Von Sydow), le vieux avocat fatigué de Kazuo qui fait un discours remarquable devant les jurés avant que ces derniers délibèrent. C'est finalement 'Can I Hold You Now?' qui conclut l'histoire en beauté avec des cordes lyriques et plus paisibles pour une conclusion à la fois nostalgique et sereine, le thème de violoncelle revenant une dernière fois en guise d'ultime rappel de la thématique du score (suivent ensuite un 'End Titles' assez émouvant et qui résume bien tout l'esprit de cette superbe composition).

'Snow Falling On Cedars' est incontestablement une grande réussite de James Newton Howard, une composition plutôt morose, sombre, lyrique, dramatique et parfois même déprimante, une partition qui joue sur la retenue sans éviter certains passages plus puissants, notamment lorsque le compositeur utilise ces choeurs quasi spirituels, des voix qui hantent la partition et résonnent de manière fort poignante. Intense tout au long du film, cette magnifique musique est la preuve incontestable du talent d'un compositeur toujours très à l'aise dans tous les genres. Même si James Newton Howard nous avait prouvé avec ses dernières grandes compositions qu'il était un grand maître des musiques suspense/thriller et d'action/aventure ('The Sixth Sense', 'Stir of Echoes', 'The Postman', etc.), il continue de nous démontrer toute l'étendue de son talent en accouchant d'une partition fort émouvante pour cet excellent film sous-estimé de Scott Hicks. Avec 'Snow Falling On Cedars', James Newton Howard aborde la fin des années 90 en beauté, toujours en plein dans sa période d'inspiration qu'on lui connaît depuis plusieurs années déjà. Une partition à l'écriture instrumentale remarquable (l'écriture du pupitre des cordes et des solos de violoncelle sont fort mémorables), riche et assez intense, à découvrir de toute urgence!


---Quentin Billard