1-Prologue 0.58
2-Ivan Ooze 2.07
3-The Great Power 2.15
4-The Tengu's Attack 1.34
5-Zordon Is Dying 1.49
6-The Rangers On Phaedos 1.17
7-Dulcea To The Rescue 0.57
8-Journey To The Plateau 1.23
9-Summoning The Ninjetti 3.26
10-Jurassic Ride 2.55
11-The Monolith 1.26
12-Battle With Gatekeepers 3.43
13-Metamorphicons Confront
The Rangers 2.22
14-The Megazord Battle
15-"Leap To Our Doom" 1.46
16-Power Rangers Triumph 1.26
17-Freddy To The Rescue 0.57
18-Zordon Is Saved 2.35

Musique  composée par:

Graeme Revell

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5672

Produit par:
Graeme Revell
Producteur exécutif:
Robert Townson
Coordinateur technique:
Malcolm Luker
Montage de la musique:
Josh Winget

Artwork and pictures (c) 1995 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
MIGHTY MORPHIN' POWER RANGERS: THE MOVIE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Graeme Revell
Tout le monde le sait: il est toujours difficile d'écrire une revue un tant soi peu objective sur un gros navet pitoyable que l'on n'a même pas pris plaisir à regarder. Parler ainsi de 'Mighty Morphin Power Rangers: The Movie' sera donc une tâche particulièrement embarrassante d'autant qu'il existe quand même des fans de cette fameuse série télé (diffusée pour la première fois en France en 1985 sur Canal +), mais avant de parler du film, resituons le contexte: la série 'Power Rangers' a en fait été repiqué sur le principe de 'Bioman', production emblématique du 'sentaï', un type de série japonaise dans lequel un groupe de jeunes gens se battent continuellement contre des forces armées venues d'un autre monde (le 'sentaï' possède d'ailleurs une longue histoire vieille de plus de 25 ans et assez passionnante, histoire que vous pourrez retrouver sur les sites spécialisés sur internet). Le principe est toujours le même et est apparu pour la première fois en 1975 au Japon (la toute première série s'appelait 'Himitsu Sentai GoRanger' ou 'GoRanger, l'escadron de combat secret'). C'est le producteur d'origine Israélienne Haïm Saban qui a racheté les droits de 'Bioman' aux japonais ('Toei Company', producteurs japonais de ces séries) afin d'en proposer une nouvelle version ouverte au public occidental et américain. Rebaptisé 'Mighty Morphin Power Rangers', cette nouvelle série américaine parfaite copie de 'Bioman' a connu un succès phénoménal outre-Atlantique et ce malgré les nombreuses critiques qui ont reprochés (même encore aujourd'hui) l'opportunisme mercantile de Saban (qui a carrément racheté les droits des sentaï japonais qu'il bloque honteusement depuis 10 ans afin de s'assurer le monopole exclusif de ses productions dans le monde entier - bref, Saban a touché le gros lot) et la dégradation de la qualité de cette série (la première fournée a été diffusée aux USA de 1993 à 1996). N'en déplaise à Saban qui, fort du succès de sa série, décida de se lancer dans une adaptation cinématographique des aventures de ces six jeunes Power Rangers qui combattent les forces extra-terrestres qui veulent envahir et détruire notre monde, et c'est le réalisateur Bryan Spicer qui se lança dans cette production embarrassante (ironie du sort: c'est sa première réalisation pour le cinéma, le réalisateur ayant tourné de nombreuses séries TV auparavant). Pour l'histoire, c'est exactement la même chose que dans la série d'origine: les Power Rangers sont six jeunes, Aisha (Karan Ashley), Adam (Johnny Yong Bosch), Rocky (Steve Cardenas), Tommy (Jason David Frank), Kimberly (Amy Jo Johnson) et Billy (David Yost). Leur mentor s'appelle Zordon et c'est lui qui les a formé afin de protéger le monde contre tous ses envahisseurs. Le jour où des ouvriers d'un chantier de la ville d'Angel Grove tombent sur un mystérieux oeuf violet, les ennuis commencent. La bande de la méchante Rita Repulsa et de Lord Zedd se sont mis en tête de libérer le tyrannique Ivan Ooze, l'individu humanoïde enfermé dans cet oeuf et qui a le pouvoir de se transformer en bouillie liquide violette pour s'infiltrer là où il le désire. Ivan Ooze (interprété par Paul Freeman, le seul acteur un tant soi peu connu qui ait participé à cette production catastrophique - dire qu'il jouait la même année dans l'excellent 'Le Hussard sur le Toit' de Jean-Paul Rappeneau - l'acteur anglais n'ayant apparemment pas eu peur de jouer sa réputation sur ce film des 'Power Rangers') est un individu irrascible et mégalomane qui s'est mis en tête de conquérir le monde grâce au pouvoir de son 'Ooze,' un liquide violet qu'il produit dans une usine de la ville et qu'il distribue ensuite à tous les ouvriers du quartier afin que ces derniers, ensorcelés, l'aident à déterrer ces deux énormes Metamorphicons, deux gigantesques machines de destruction massive capable de ravager des villes entières. Mais c'est sans compter sur l'aide des Power Rangers qui devront aller se télétransporter sur la planète Phaedos où ils feront la connaissance de Dulcea, une ravissante guerrière qui les mettra sur le chemin du mystérie
ux pouvoir suprême, et après avoir acquis durement ce grand pouvoir par le biais de leurs nouveaux talents de Ninjettis, les six Power Rangers retourneront sur terre pour éliminer définitivement Ivan Ooze et ses plans diaboliques.

C'est une fois encore l'éternelle histoire de la lutte contre le bien et le mal dans une production désastreuse où les gentils sont beaux, sympas et cool et où les méchants sont laids, disproportionnés, mégalomanes et très méchants, et comme si ce manichéisme ringard ne suffisait pas, on rajoutera à cela des effets spéciaux bâclés (on voit que beaucoup de cascades ont été faite avec des câbles car même s'ils ne se voient pas toujours, certaines cascades sont tellement 'grosses' qu'on croirait apercevoir les câbles par moment. Et que dire des images de synthèse pitoyables, surtout lors de l'affrontement final contre les Métamorphicons. Autre chose: les scénaristes du film n'ont pas l'air de savoir qu'une comète est en gros une gigantesque boule de glace et non une boule de feu) et - cerise sur le gâteau - des dialogues d'une nullité affligeante se résumant en une succession de blagues pourries qui ne feront certainement rire que les gamins de moins de 10 ans - les véritables spectateurs de ce film, réservé essentiellement aux gosses immatures qui se gavent de ce genre de spectacles gnian-gnian et stupides à mourir. Et que dire de ce soi-disant sens de l'humour qui devient d'une lourdeur affligeante au bout d'un moment, surtout dans les scènes de combat interminables. On finit alors par se demander si les producteurs de ce genre de film ne prendraient pas les gens pour des imbéciles car devant une telle démonstration de la 'splendeur' de la nullité quasi totale d'un cinéma cul-cul, commercial, médiocre, vide et sans âme, on ne peut que se questionner à propos de la réelle utilité d'un tel navet, absolument consternant. Evidemment, 'Mighty Morphin' Power Rangers: The Movie' est un film réservé essentiellement aux fans de la série d'origine (sont-ils si nombreux que cela?) et qui tente de rapporter encore plus d'argent à un Saban déjà bien rodé grâce à sa 'poule aux oeufs d'or'. Pour tous les autres, cette production désastreuse est hautement déconseillé, le film laissant place à un certain ennui et une folle envie de baisser les yeux devant un spectacle aussi affligeant. Reste que le seul élément intéressant du film (en dehors de l'excellent score original de Graeme Revell) reste le personnage d'Ivan Ooze, un méchant plutôt amusant et sympathique dans son genre (même les six héros du film n'ont pas le quart de sa personnalité, alors c'est dire...). Un très mauvais film à ne surtout pas prendre au sérieux et à éviter si vous n'avez aucune envie de perdre votre temps avec des stupidités pareilles!

Graeme Revell nous aura finalement prouvé au cours de ces dix dernières années qu'il est le compositeur un peu malchanceux à Hollywood puisqu'il hérite la plupart du temps de tous les navets qui passent dans le coin. 'Power Rangers' n'échappe malheureusement pas à la règle et constitue une fois encore l'exemple même d'un job embarrassant pour un compositeur qui doit chercher à produire une musique originale un tant soi peu intéressante sur un film qui ne l'est pas. Pari tenu, pari réussi pour Graeme Revell qui en tant que grand professionnel de la musique de film s'est montré tout à fait à la hauteur du résultat attendu en nous livrant un excellent score symphonique (interprété par un 'West Australian Symphony Orchestra' plutôt énergique malgré quelques rares 'couacs' légers que vous pourrez surtout entendre sur l'album) entre aventure et action. 'Prologue' apporte une certaine touche de mystère en nous resituant brièvement l'histoire, le morceau se concluant sur un élan grandiose de cuivres et de choeurs épiques tout droit sorti du 'The Abyss' d'Alan Silvestri alors que le titre du film apparaît. 'Ivan Ooze' nous introduit quand à lui au grand méchant du film, les choeurs intervenant ici avec des cordes/cuivres plus mystérieux pour la scène de la découverte de l'oeuf dans lequel est enfermé Ivan Ooze. On retrouve par moment ici un style orchestral plus proche de 'Street Fighter' (1994). Le grand méchant violet apparaît alors au son d'un thème plus menaçant entre cordes et cuivres martelés, le thème d'Ivan Ooze étant le premier élément thématique du score et qui reviendra de temps en temps pour évoquer la menace de ce grand ennemi de l'humanité. On change complètement d'atmosphère dans le superbe 'The Great Power' où Revell nous introduit dans le côté plus épique et solennel de sa musique pour la séquence où les six Power Rangers découvrent le grand pouvoir. Après quelques cuivres dissonants pour la découverte du pouvoir, le frisson laisse place à la magie et à l'émotion avec des cordes plus solennelles et rêveuses, le magnifique thème du pouvoir faisant alors son apparition au son de cordes plus lyriques et majestueuses, vite rejointes par des cuivres nobles et amples. Le thème du grand pouvoir apporte une émotion non négligeable au sein de ce très bon score d'action/aventure dans la plus pure tradition du genre.

L'action est aussi au rendez-vous avec un morceau tel que 'The Tengu's Attack' pour l'attaque des guerriers Tengu volants dans la première séquence sur la planète Phaedos. On retrouve ici un style action orchestral très 'Revellien' d'espit (on pense une fois de plus à 'Street Fighter' ou à un score tel que 'No Escape') et suffisamment énergique pour capter toute notre attention. 'Zordon Is Dying' est plus mélancolique d'esprit, exprimant la gravité de la situation pour Zordon, le mentor des Power Rangers qui est en train de mourir. On repart vite vers l'aventure dans 'The Rangers On Phaedos' lorsque nos six héros sont sur la planète Phaedos (le morceau est plus mystérieux d'esprit avec une très belle écriture réservé aux cordes avec vents et cuivres) et après l'attaque des guerriers Tengu, Revell nous introduit au côté plus héroïque de sa partition avec l'excellent mais trop bref 'Dulca To The Rescue' lorsque la guerrière de Phaedos rentre en scène et vient en aide à nos six héros. Héroïque comme il se doit, cet excellent morceau cuivré nous fait aussi entendre le thème héroïque que le compositeur utilisera tout au long du score au côté du magnifique thème du pouvoir (et du thème d'Ivan Ooze qui sera un peu moins présent). 'Journey To The Plateau' nous fait repartir de plus belle vers l'aventure, cette séquence se concluant sur un superbe 'Summoning The Ninjetti', morceau incontournable de la partition de Revell pour la 'cérémonie' où Dulcea fait des six Rangers des Ninjettis aux nouveaux pouvoirs. On retrouve les cordes solennelles de 'The Great Power', doublées cette fois ci par un très beau choeur solennel qui rend cette scène beaucoup plus intense, le compositeur se permettant même de faire une brève allusion au thème du pouvoir aux violoncelles, dans la deuxième partie du morceau, lorsque chacun des six héros découvre l'animal auquel son pouvoir est attribué. A la fois noble, majestueux et solennel, 'Summoning The Ninjetti' est l'évocation parfaite de cette grande aventure que Revell semble avoir pris plus au sérieux que les réalisateurs/producteurs eux mêmes.

'Jurassic Ride' est un autre excellent morceau d'action dans la scène de la confrontation contre le squelette de dinosaure, Revell utilisant ici un excellent rythme de percussions (timbales, cymbales, petits tambours, etc.) avec des cordes et des cuivres énergiques et une excellente petite partie de xylophone. A noter un autre grand morceau d'action assez intense dans l'excitant 'Battle With The Gatekeepers' lors de la confrontation contre les gardiens en pierre du grand pouvoir. On retrouve le style action de 'The Tengu's Attack' largement amplifié ici avec des cuivres omniprésents et des traits de cordes énergiques comme il se doit, 'Battle With The Gatekeepers' évoquant une fois de plus le style action de 'Street Fighter'. On notera le retour du thème d'Ivan Ooze dans 'Metamorphicons Confront The Rangers', le thème laissant place à un nouveau passage d'action pour l'affrontement contre les héros et les deux gigantesques Metamorphicons, l'affrontement se poursuivant sur le superbe 'The Megazord Battle,' pièce d'action héroïque où Revell réutilise brièvement son superbe thème héroïque pour évoquer la détermination des héros qui sont bien décidés à éliminer définitivement Ivan Ooze et ses deux grosses machines de destruction. 'The Megazord Battle' est de loin l'un des morceaux d'action les plus intenses du score même si l'on pourra regretter une fois de plus la durée relativement courte de chacune des pièces. A noter une utilisation assez amusante des choeurs au début de 'Leap To Our Doom' évoquant l'ensorcellement des ouvriers qui se rapprochent dangereusement du ravin dans lequel Ivan Ooze leur a demandé de se jeter, le morceau se concluant avec la victoire tant attendue des héros (retour du thème héroïque), victoire qui se conclut dans le triomphant 'Power Rangers Triumph' qui évoque très clairement John Williams dans un mélange entre 'Star Wars' et 'Superman'. On notera un excellent retour du thème du pouvoir dans 'Freddy To The Rescue' et le superbe 'Zordon Is Saved', conclusion à la fois paisible et majestueuse nous permettant de retrouver l'ambiance plus solennelle et magique de 'The Great Power' avec un ultime retour du superbe thème du pouvoir exposé sous une forme puissante et noble avec des choeurs grandioses et enchanteurs (Zordon renaît de ses cendres et les dégâts d'Ivan Ooze disparaissent tous), une très belle conclusion pour ce film qui ne mérite pas une aussi bonne musique.

Quoiqu'on puisse penser du film, personne ne pourra nier que le compositeur a écrit là une musique orchestrale de qualité qui, sans être d'une grande originalité, nous prouve une fois de plus qu'un compositeur est tout à fait capable d'écrire une bonne musique sur un très mauvais film. Graeme Revell est décidément un compositeur touche à tout, mais entre les années 94/95, il nous aura livré quelques scores orchestraux sympathiques composés pour de très mauvais films: 'No Escape', 'Street Fighter' et 'Mighty Morphin' Power Rangers: The Movie', et malgré la qualité plus que douteuse de ces trois films, les compositions de Revell s'avèrent étonnamment satisfaites étant donné la qualité bien basse des films pour lesquels ces musiques sont composées. Si vous êtes fans du compositeur, vous ne pourrez certainement pas passer à côté de cet excellent petit score d'aventure teinté d'un héroïsme à la John Williams et d'un côté symphonique très soigné puisque le compositeur délaisse à l'occasion ses synthétiseurs habituels pour nous livrer là une petite partition orchestrale riche en aventure et en action. Dommage que ce bon score ait été écrit pour un aussi mauvais film, car cela finit par déteindre sur la 'réputation' même du score de Revell qui ne mérite absolument pas d'être enterré par les critiques comme le film. Alors si vous savez passer au delà de ce 'détail', vous découvrirez dans ce score la preuve incontestable du talent du compositeur qui possède décidément plus d'un tour dans son sac!



---Quentin Billard